L’infection à VIH est une maladie chronique causée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui est un rétrovirus appartenant à la famille des lentivirus dont deux types ont été identifiés à ce jour (VIH-1 et VIH-2). Elle est la conséquence d’un déficit profond de l’immunité cellulaire qui est source de nombreuses infections opportunistes. Le SIDA constitue le stade évolutif terminal de la maladie.
Situation globale de l’infection dans le monde
L’infection à VIH a commencé à se répandre à travers le monde au début des années mille neuf cent quatre-vingt (1980). D’une part, dans la population masculine homosexuelle, bisexuelle de certaines zones urbaines d’Amérique, d’Australie et d’Europe occidentale, d’autre part, chez les hommes et femmes à partenaires sexuels multiples de certaines régions des Caraïbes, d’Afrique centrale et orientale. La propagation du virus s’est faite ensuite chez les usagers de drogue par voie intraveineuse. Dans certaines zones d’Europe et d’Asie, la diffusion du virus n’a commencé qu’au début des années mille neuf cent quatre-vingt-dix (1990). A la fin du 20ieme siècle, le VIH était présent dans tous les pays du monde, à des taux variables.
En 2013, l’épidémie mondiale du VIH/SIDA a causé la mort de 1,5 million de personnes et on estime à 2,1 millions le nombre de personnes nouvellement infectées. Ce qui porte à 35 millions (33,2 à 37,2 millions) le nombre de patients vivant avec le virus dans le monde .
Répartition mondiale de l’infection à VIH/SIDA
Afrique subsaharienne
La distribution des cas par zone géographique montre que l’Afrique subsaharienne est la plus touchée avec 24,7 millions (23,5 à 26,1 millions) de personnes vivant avec le VIH [Figure 1]. On estime à 1,5 million (1,3 à 1,60 million) le nombre de nouvelles infections et à 1,1 million (1,0 à 1,3 million) le nombre de personnes décédées du SIDA en 2013. Les conditions socioéconomiques et l’insuffisance de sensibilisation des populations vivant dans ce continent, ont contribué à maintenir ces taux d’infections élevés avec 70% du total mondial. En Afrique subsaharienne, on note d’une part, une prévalence beaucoup plus élevée chez les femmes et d’autre part, une susceptibilité d’être infectée par le VIH qui est huit (08) fois plus importante chez les femmes de 15 à 24 ans.
Asie et Pacifique
La prévalence du VIH dans les pays d’Asie et du Pacifique est faible par rapport à celle de certains autres continents, notamment l’Afrique. En 2013, Les dernières estimations montraient que le nombre de personnes vivant avec le VIH en Asie et en Pacifique était de 4,8 millions (4,1 à 5,5 millions) [Figure 1] et à 350 000 (250 000 à 510 000) le nombre des nouvelles infections à VIH dans la région. L’Indonésie est source de préoccupation car les infections y ont augmenté de 48% depuis 2005. Les infections à risque de plusieurs types continuent de provoquer de graves épidémies dans ces régions. La consommation de drogues injectables et les rapports sexuels non protégés et la prostitution, constituent les principaux facteurs favorisant l’infection à VIH en Asie et Pacifique.
Europe orientale et Asie centrale
Les épidémies en Europe et en Asie centrale continuent d’augmenter et affectent des franges de plus en plus importantes de la population de cette région. En 2013, le nombre de personnes vivant avec le VIH était estimé à 1,1 million (980 000 à 1,3 million) [Figure 1], le nombre de personnes nouvellement infectées par le virus était estimé à 110 000 (86 000 à 130 000) et le nombre de décès était estimé à 53 000 (43 000 à 69 000) personnes pour l’Asie centrale et l’Europe. Les nouvelles infections à VIH ont augmenté de 5% entre 2005 et 2013. La transmission par voie sexuelle représente la principale voie de contamination.
Amérique latine
Le nombre de malades porteurs du VIH en 2013 était estimé à 1,6 million (1,4 à 2,4 millions) de personnes [Figure 1] dont 94 000 (71 000 à 170 000) de nouvelles infections avec une mortalité à 47 000 (39 000 à 75 000) personnes. Deux facteurs conjugués de façon variable constituent les causes d’infection à VIH dans cette région : les rapports sexuels non protégés et la consommation de drogue par voie injectable.
Ampleur de l’infection à VIH au Sénégal
L’évaluation de l’étendue et de la progression de l’épidémie à VIH au Sénégal repose sur un système de surveillance sentinelle continue mis sur pied depuis 1989 avec l’appui de l’OMS. L’épidémie du VIH au Sénégal est de type concentré et la prévalence est faible dans la population générale (0.7%) ; selon l’enquête démographique de santé (EDS). Elle est élevée auprès des groupes vulnérables qui sont : les professionnelles du sexe (18,5%), les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (18,5%) et les consommateurs de drogues intraveineuses (10,2%). Les régions les plus touchées sont celles du Sud et Sud Est : Kolda (2,4%), Kédougou (1,7%), Tambacounda (1,4%), Sédhiou (1,1%), Kaolack (1,1%) et Ziguinchor (1%). L’épidémie se caractérise par une féminisation avec un taux de prévalence de 0.9% chez les femmes et 0,4% chez les hommes d’où un ratio femme/homme de 2,25. Les résultats de la surveillance sentinelle en 2013 donnent une médiane globale de 0,8% chez les femmes enceintes. Cependant, un dispositif national de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) passe par un dépistage systématique des femmes enceintes avec des CPN de qualité et une prise en charge médicale avec les antirétroviraux (ARV).
PHYSIOPATHOLOGIE
Agent pathogène
Le Virus d’Immunodéficience humaine (VIH) est un virus à ARN faisant partie du sous-groupe des lentivirus. Son matériel génétique est constitué de deux molécules d’ARN identiques et il possède une enzyme spécifique : la transcriptase inverse. Deux types sont actuellement connus :
– Le VIH-1 le plus commun de par sa répartition mondiale, découvert en 1983 à l’Institut Pasteur de Paris par l’équipe du professeur Luc Montagnier ;
– Le VIH-2 surtout présent en Afrique de l’Ouest, isolé en 1985 par des équipes françaises et américaines en collaboration avec l’équipe du Professeur Souleymane Mboup du Sénégal.
Le VIH est défini essentiellement par son mode de réplication, qui passe par une étape de rétrotranscriptase de son matériel génétique constitué de deux molécules d’ARN identiques en ADN. Cette étape, indispensable à la multiplication du virus, est possible grâce à l’action de la transcriptase inverse (ou RT, du terme anglo-saxon reverse transcriptase).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. DEFINITION
I.1. Situation globale de l’infection dans le monde
I.2. Répartition mondiale de l’infection à VIH/SIDA
I.2.1. Afrique subsaharienne
I.2.2. Asie et Pacifique
I.2.3. Europe orientale et Asie centrale
I.2.4. Amérique latine
I.3. Ampleur de l’infection à VIH au Sénégal
II. PHYSIOPATHOLOGIE
II.1. Agent pathogène
II.2. Structure du VIH
II.3. La réplication virale
II.3.1. Les cellules cibles
II.3.2. Les étapes de la réplication virale
II.3.2.1. Attachement
II.3.2.2. Entrée: Fusion
II.3.2.3. Transcription inverse
II.3.2.4. Intégration
II.3.2.5. Transcription du pro-virus
II.3.2.6. Libération du virus
II.3.3. Les conséquences de la réplication virale
II.4. Les réponses immunes à la réplication virale
II.4.1. Réponses immunes humorales
II.4.2. Réponses immunes cellulaires
III. LES MODES DE TRANSMISSION
III.1. La transmission sexuelle
III.2. La transmission par le sang et ses dérives
III.3. La transmission mère-enfant
IV. DEPISTAGE
IV.1. Les méthodes indirectes
IV.1.1. Les méthodes immuno-enzymatiques de type ELISA
IV.1.2. Les tests de confirmation
IV.1.2.1. Western blot : la technique de référence
IV.1.2.2. La radio-immunoprécipitation
IV.1.3. Les tests rapides
IV.2. Les méthodes directes
IV.2.1. La détection de l’antigène du virus
IV.2.2. La réaction de polymérisation en chaîne
IV.2.3. L’isolement viral
V. HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION A VIH
V.1. Phase de primo-infection
V.2. Phase asymptomatique
V.3. Phase symptomatique mineure de l’infection à VIH
V.4. Phase symptomatique majeure: SIDA
V.5. Les différentes classifications de l’infection à VIH/SIDA
V.5.1. Classification de l’OMS
V.5.1.1. Stade clinique 1
V.5.1.2. Stade clinique 2
V.5.1.3. Stade clinique 3
V.5.1.4. Stade clinique 4
V.5.2. Classification CDC
VI. PRISE EN CHARGE DE L’INFECTION A VIH/SIDA
VI.1. La prise en charge psychosociale
VI.2. La prise en charge nutritionnelle
VI.3. La prise en charge vaccinale
VI.4. La prise en charge médicale
VI.4.1. Bilan de base
VI.4.1.1. Interrogatoire
VI.4.1.2. Examen clinique
VI.4.1.3. Examens paracliniques
VI.4.2. Prise en charge des infections opportunistes
VI.2.1.1. La prophylaxie des IO par le cotrimoxazole
VI.2.1.2. Recommandations
VI.2.1.3. Les indications
VI.2.1.4. Schémas thérapeutiques
VI.2.1.5. Durée
VI.2.1.6. Suivi
VI.4.3. Traitement de l’infection à VIH par les ARV
VI.4.3.1. Objectifs
VI.4.3.2. Moyens
VII. LA PRÉVENTION
VII.1. Généralités
VII.2. La prévention de la transmission mère- enfant
VII.3. La pec des accidents d’exposition au sang et ses dérivés
CONCLUSION