Madagascar est une grande île caractérisée par une diversité biologique unique au monde. Sa flore est particulièrement riche en plantes médicinales et aromatiques dont la plupart existent à l’état sauvage. Ces plantes aromatiques fournissent des essences intéressantes et recherchées sur le marché mondial, grâce à leurs propriétés thérapeutiques très vastes et leurs divers domaines d’applications. De plus, de nombreux opérateurs s’intéressent actuellement à la filière huiles essentielles. Celle-ci constitue une source importante de devise.
Ces dernières décennies, l’extraction des huiles essentielles s’est beaucoup développée à Madagascar. En effet, la filière d’exportation est basée essentiellement sur les produits traditionnels et sur certains produits innovateurs dont la production et la commercialisation n’ont pas encore atteint un niveau significatif. Ainsi, les huiles essentielles issues des espèces suivantes ont été choisies comme support de notre étude : Cinnamomum camphora, Eucalyptus citriodora et Pinus kesiya.
Un grand nombre de familles de plantes aromatiques renferment des substances odoriférantes. Les trois espèces précédentes appartiennent respectivement à :
• la famille des LAURACEES renfermant 2000 à 2500 espèces dont la plupart sont aromatiques et très répandues dans les zones tropicales.[21]
• la famille des MYRTACEES ayant 2500 à 3000 espèces. Un certain nombre produisent des essences et se développent dans les régions équatoriale, tropicale, subtropicale et même dans les zones tempérées.[9]
• la famille des PINACEES possédant 100 espèces environ avec de nombreuses variétés distribuées dans l’hémisphère Nord et dans les zones tropicales.
Généralités sur les huiles essentielles et plantes étudiées
La présente étude est destinée à la présentation des trois espèces étudiées : Cinnamomum camphora, Eucalyptus citriodora et Pinus kesiya. Elle inclut également divers facteurs influençant sur la qualité des huiles essentielles extraites de ces plantes. Les différents domaines d’application y sont traités par la suite.
Définitions
❖ Plante aromatique :
C’est une plante qui renferme une quantité suffisante de molécules aromatiques élaborées et stockées dans différents organes producteurs tels que les feuilles, les tiges, les fleurs, les fruits, les graines, l’écorce, les racines.
❖ Huile essentielle :
C’est une substance liquide volatile et odoriférante, obtenue généralement par distillation à la vapeur des plantes aromatiques. Elle a une composition chimique très complexe et contient en proportion variable des hydrocarbures terpéniques composés de monoterpènes (C10H16) et de sesquiterpènes (C15H24) ainsi que des composés oxygénés tels que : alcools, aldéhydes, cétones, esters, …etc.
❖ Hydrolat :
C’est l’eau distillée recueillie à la sortie de l’alambic après la récupération de l’huile essentielle. Elle est chargée de molécules aromatiques solubles de l’essence jusqu’à 5%.
❖ Concrètes et absolues :
-Les concrètes sont des concentrés aromatiques ayant une consistance cireuse et sont obtenus au moyen d’une extraction par solvant volatil non aqueux des plantes aromatiques fraîches.
-Les absolues sont des substances fortement concentrées et très odorantes, obtenues à partir des concrètes par extraction répétée avec de l’éthanol.
❖ Oléorésine :
-L’oléorésine est un baume extrait par perforation ou incision du tronc de certains arbres tels que le pin, le ravensara.
-L’oléorésine d’épices est une substance visqueuse ou semi-solide issue d’épices séchées, elle est obtenue par emploi de solvant volatil non aqueux.
Présentation des plantes étudiées
Systèmatique botanique des plantes
a) Cinnamomum camphora
-Règne : VEGETAL
-Sous règne : EUCARYOTES
-Embranchement : SPERMAPHYTES
-Sous embranchement : ANGIOSPERMES
-Classe : DICOTYLEDONES
-Sous classe : MAGNOLIIDAE
– Ordre : LAURALES
-Famille : LAURACEES
-Genre : Cinnamomum
-Espèce : camphora
-Noms vernaculaires : laurier du Japon, camphrier de Madagascar, ravintsara, ravintsaravazaha .
b) Eucalyptus citriodora
– Règne : VEGETAL
-S ous règne : EUCARYOTES
-Embranchement : SPERMAPHYTES
-Sous embranchement : ANGIOSPERMES
-Classe : DICOTYLEDONES
-Sous classe : ROSIDAE
– Ordre : MYRTALES
-Famille : MYRTACEES
-Genre : Eucalyptus
– Espèce : citriodora
-Noms vernaculaires : eucalyptus, eucalyptus citronné, kininina, kininin’oliva .
c) Pinus kesiya
Règne : VEGETAL
-S ous règne : EUCARYOTES
-Embranchement : SPERMAPHYTES
-Sous embranchement : GYMNOSPERMES
-Classe : PINOPSIDA
-Sous classe : CONIFERAE
– Ordre : PINALES
-Famille : PINACEES
-Genre : Pinus
– Espèce : kesiya ou khasya
-Noms vernaculaires : pin, pin à trois feuilles, kesika .
Description botanique et habitat
a) Cinnamomum camphora
– Origine et historique :
Le ravintsara est un arbre originaire de Chine, de Taiwan et du Japon. Il a été introduit à Madagascar au milieu du XIXème siècle pour son intérêt ornemental. Cette plante a été plantée sur les hautes terres malgaches : Antananarivo, Antsirabe, Moramanga, Ambositra,… etc. Traditionnellement, elle possédait de multiples usages dans la vie courante des Malagasy comme les soins de petits maux de la famille : grippe, fatigue, rhumatisme
– Caractéristiques morphologiques :
C’est un arbre de taille moyenne pouvant atteindre une hauteur de 20 mètres dont les feuilles sont simples, alternes et chacune avec trois nervures. Les inflorescences sont en panicules, de fleurs nombreuses avec des pétales caduques, de couleur blanc verdâtre et les fruits sont globuleux.
– Clarification entre le Ravensara aromatica et le ravintsara :
Ces deux plantes appartiennent à la même famille (Lauracée). Le Ravensara aromatica appelé communément havozo ou havozomanitra est une plante endémique de Madagascar. Il est reconnu facilement par ses petites fleurs vertes et son écorce rougeâtre fortement aromatique. De plus, ses feuilles sont très différentes de celles du ravintsara. La confusion entre ces deux espèces existe depuis longtemps cependant cette clarification est nécessaire pour l’intérêt des producteurs et consommateurs.
b) Eucalyptus citriodora
– Origine et historique :
L’eucalyptus citronné est une plante introduite, originaire d’Australie. Autrefois, cette plante a été cultivée comme arbre d’ornement très apprécié en sylviculture pour leur croissance rapide. Elle est très répandue dans les zones orientale et occidentale de Madagascar. Elle est utile contre diverses douleurs inflammatoires et présente l’avantage d’éloigner les moustiques et d’atténuer l’érosion du sol.
– Caractéristiques morphologiques :
L’eucalyptus citronné est un grand arbre à port net et à cime droite pouvant aller jusqu’à 50 mètres de haut. Son écorce lisse de couleur blanc grisâtre se décortique en petites plaques. Ses feuilles sont alternées et pétiolées, à forte odeur. Il possède des inflorescences terminales et groupées de 3 à 5 fleurs avec des fruits en capsule et de graines très petites .
c) Pinus kesiya
– Origine et historique :
Le pin à trois feuilles est une des 25 espèces de pins introduites à Madagascar depuis l’arrivée des Européens. Cet arbre a été introduit en 1936, planté sur les hautes terres malgaches. Il se naturalise dans les zones subtropicales. C’est une plante originaire de Philippines, Inde, Birmanie, Thaïlande et Vietnam. Elle est utilisée traditionnellement pour soigner les toux et les catarrhes persistantes
– Caractéristiques morphologiques:
C’est un grand arbre pouvant atteindre une hauteur de 40 mètres, possédant un port pyramidal avec des branches maîtresses étalées. Son écorce est épaisse et profondément crevassée, de couleur gris rougeâtre. Les feuilles sont des aiguilles fines, longues (15 – 20 cm), groupées par 3 dans une gaine persistante de 15 millimètres. Ses fleurs monoïques sont groupées en inflorescences en chatons et ses graines ailées brunes sont très petites et ovoïdes.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Première partie
I- GENERALITES SUR LES HUILES ESSENTIELLES ET PLANTES ETUDIEES
1.1- Définitions
– Plante aromatique
– Huile essentielle
– Hydrolat
– Concrètes et absolues
– Oléorésine
1.2- Présentation des plantes étudiées
1-2-1- Systématique botanique des plantes
a)Cinnamomum camphora
b)Eucalyptus citriodora
c) Pinus kesiya
1-2-2- Description botanique et habitat
a) Cinnamomum camphora
– Origine et historique
– Caractéristiques morphologiques
– Clarification entre Ravensara aromatica et le Ravintsara
b) Eucalyptus citriodora
– Origine et historique
– Caractéristiques morphologiques
c) Pinus kesiya
– Origine et historique
– Caractéristiques morphologiques
1.3- Facteurs de qualité des huiles essentielles étudiées
1-3-1- Facteurs climatiques
1-3-2- Préparation du terrain de culture
1-3-3- Technique culturale
a) Cinnamomum camphora
b) Eucalyptus citriodora
c) Pinus kesiya
d) Suggestions d’amélioration
1-3-4- Modalités de collecte et de stockage
1-3-5-Procédés d’extraction et de conservation
a) Méthodes traditionnelles
– Enfleurage
– macération
b) Méthodes actuelles à Madagascar
– Distillation
– Extraction par solvant
– Extraction par expression
c) Processus de transformation des espèces étudiées
d) Suggestions d’amélioration
e) Analyse et conservation
1.4- Domaines d’utilisation des huiles essentielles
1-4-1- En aromathérapie
1-4-2- En parfumerie
1-4-3- En cosmétologie
1-4-4- En arôme alimentaire
Conclusion partielle
Deuxième partie
II- ASPECT ECONOMIQUE
2-1- Normes sur les huiles essentielles
2-1-1- Normes internationales
2-1-2- Norme nationale
a) Historique
b) Organismes de certification
c) Procédures de certification
2-2- Filière huiles essentielles dans le monde
2-2-1- Production mondiale et situation du marché
2-2-2- Caractéristiques du marché
2-2-3- Situation de l’offre et de la demande
2-3- Filière huiles essentielles à Madagascar
2-3-1- Historique
2-3-2- Etude du marché
a) Opérateurs dans la filière huiles essentielles
b) Pays importateurs et concurrents
c) Evolution des exportations d’huiles essentielles
– Exportations en quantité et en valeur de 1995 à 2002
– Exportation des principales huiles essentielles entre 2000 et 2002
d) Perspectives futures
e) Commercialisation des huiles essentielles étudiées
– Marché local
– Marché d’exportation
Cas du ravintsara
Cas d’eucalyptus citronné
Cas du pin
– Perspectives futures
2-3-3- Facteurs de blocage
2-3-4- Facteurs favorable
2-3-5- Recommandations
Conclusion partielle
Troisième partie
III- METHODOLOGIE D’ANALYSE DES EXTRAITS VEGETAUX
3-1- Screening phytochimique
3-1-1- Généralités
3-1-2- Résultats et interprétations
-Alcaloïdes –flavonoïdes et leucoanthocyanes –tanins et polyphénols –hétérosides cyanogènes – stérols insaturés et triterpènes –cardénolides et bufadiènolides –anthraquinones –saponines – polysaccharides
3-2- Extraction des huiles essentielles étudiées
3-2-1- Procédé d’extraction
3-2-2- Résultats des extractions
3-2-3- Discussions
3-3- Analyses physico-chimiques des huiles essentielles
3-3-1- Caractéristiques organoleptiques
3-3-2- Caractéristiques physiques
– Densité relative à 20°C
– Indice de réfraction
– Pouvoir rotatoire
3-3-3- Caractéristiques chimiques
– Indice d’acide
– Indice d’ester
3-4-Techniques chromatographiques
3-4-1- Chromatographie sur couche mince
3-4-2- Chromatographie liquide à basse pression
3-4-3-Chromatographie en phase gazeuse
a) Calcul des indices de Kovats
b) Méthode des ajouts
c) Calcul des indices d’ester
d) Résultats analytiques et discussions
-Cas du ravintsara
-Cas d’eucalyptus citronné
-Cas du pin
3-5- Techniques spectroscopiques
3-5-1- Spectrométrie de masse
3-5-2- Couplage CPG/SM
3-5-3- Spectrométrie RMN
3-5-4- Spectrométrie infrarouge
3-5-5- Spectrométrie ultra-violette
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes