Selon CILSS (2012), la région du Sahel du Burkina Faso, située à l’extrême nord du pays, est la zone la plus dégradée. Cette région comprend les 4 provinces suivantes: Séno, chef lieu Dori ; Soum, chef lieu Djibo ; Oudalan, chef lieu Gorom-Gorom et Yagha, chef lieu Sebba. Pour cet auteur, dans cette région, les pluies durent environ 3 mois et sont mal réparties dans le temps et dans l’espace. La saison sèche est alors longue et dure 8 à 9 mois. Il existe de nombreux espaces où les arbres, les herbes et les animaux sauvages ont disparu. Cette situation a été causée par les sécheresses successives et les actions de l’homme. Après les sécheresses répétitives des années 70, 80, 90 et 2000 l’Etat et les Associations/ONG (notamment du Fonds de l’Eau et de l’Equipement Rural (FEER), de l’Association pour la Protection de la Nature au Sahel (APN/S), du Programme Agro-Ecologique (PAE)) à travers différents projets/ programmes ont appuyé les producteurs pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles. Il s’agit notamment du Programme Sahel Burkinabé, financement GTZ (PSB/GTZ), du Programme de Gestion des Ressources Naturelles du Seno et du Yagha, du Projet Sauvegarde de l’Environnement au Nord, du Projet de Récupération et de Restauration de terres dégradées pour la Sécurité Alimentaire (PRSA/Reach Italia), du Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger etc. Malgré ces contraintes d’ordre climatique, une des caractéristiques socio-économiques fondamentales du Sahel burkinabé réside dans la coexistence de l’agriculture et de l’élevage. Le Sahel burkinabé est une région essentiellement pastorale où l’élevage, plus qu’une activité économique, représente une tradition culturelle. L’élevage demeure la principale source de revenus réguliers des ménages de la région (Tamboura, 1983; CRPA, 1991; Boly et al, 2001). Cependant, dans la région du Sahel, cet élevage est dominé par la transhumance pratique, tributaire de la valorisation des ressources végétales naturelles à près de 95% (Grouzis 1988). Cet élevage constitue pourtant, l’activité économique de base des sahéliens (Thombiano, 2000). L’insuffisance quantitative et qualitative des ressources alimentaires constitue probablement l’un des plus importants sinon, le plus important goulot d’étranglement du développement de l’élevage des ruminants en milieu sahélien (Gnanda, 2008). Les espèces couramment élevées sont les bovins de type zébu, les ovins et les caprins dont les effectifs sont en augmentation ces dernières années (MRA, 2004). Cet accroissement aggrave la forte pression déjà observée sur les ressources naturelles limitées et provoque une dégradation du milieu naturel sahélien. Toute la région du Sahel est considérée comme une zone pastorale intégrale. La partie nord de la région du Sahel est pastorale en grande partie avec de grandes aires de transhumance. Dans la partie sud, l’activité pastorale se mêle à l’agriculture à cause des sols plus favorables.
SITUATION DES RESSOURCES
POPULATION
Les données du dernier recensement de l’Institut National de Statistique et de Démographie (INSD, 2006), relèvent que la population de la région du Sahel est d’environ de 968 442 habitants. Les femmes constituent 50,29% de cette population. La classe d’âge de la population de 14 ans ou plus représente 47,16% et ceux de plus de 65 ans 3,08%. Celle-ci est composée par plusieurs groupes ethniques, dont les principales sont les foulbé (44%), les foulcé (10,6%), les songhaï (10,3%), les gourmantché (10,1%), les touareg (7,1%) et les mossi (10,1%). La région connaît une dispersion assez forte de sa population dans les petites localités : en effet, seules cinq (5) localités enregistrent plus de 5000 habitants (PSB/DRED, 2003).
ELEVAGE ET RESSOURCES ALIMENTAIRES POUR LE BÉTAIL
La Région du Sahel est à vocation pastorale. Les ménages tirent la majeure partie de leur revenu de l’agriculture et de l’élevage. En 2003 l’agriculture a contribué pour 9,7% à la formation dudit revenu et l’élevage pour 61,9 %. L’élevage constitue la principale activité économique de la région, de même que la principale source de revenus pour les populations. L’agriculture qui est de façon générale la principale activité économique dans le pays se place en seconde position dans le Sahel. D’ailleurs, la région est qualifiée de zone très peu favorable à l’agriculture pluviale parce que les rendements y sont médiocres. La couverture en besoins céréaliers est très irrégulière, les déficits pluviométriques étant très importants (MED, 2005). A côté de ces deux domaines, s’exercent d’autres activités économiques connexes touchant les secteurs de l’environnement, de l’industrie, des mines, de la chasse et de la pêche (Conseil régional du Sahel, 2010). Le commerce, le tourisme et l’hôtellerie, l’énergie, les mines, les produits pétroliers et la recherche scientifique sont des secteurs qui soutiennent la production.
L’élevage
Dans le Sahel pastoral, l’élevage d’animaux domestiques est une façon privilégiée de tirer parti de régions faiblement arrosées où l’agriculture pluviale serait trop aléatoire (Sandford, 1983). L’unique saison des pluies ou << hivernage >>, quand elle est favorable, y est courte (de juin à septembre), mais suffisante pour assurer la croissance et la reproduction de pâturages herbacés où dominent les graminées annuelles (Thébaud, 1990).
Les effectifs du cheptel et évolution
Historiquement, le Sahel burkinabè a été longtemps perçu comme le berceau de l’élevage burkinabè par opposition à la zone Sud-Soudanienne considérée comme zone marginale au plan des productions animales. D’ailleurs, le projet de création de la première ferme d’élevage à Bobo-Dioulasso dans la zone Ouest (Banakeledaga) a été libellé sous le thème “développement de l’élevage en milieu défavorable” (Ouedraogo, 1991). L’Enquête Nationale sur l’Effectif du Cheptel (ENEC II) (MED et MRA, 2004), montre que la région du Sahel compte 20,6% des bovins, 14 % des ovins, 17% des caprins et 31% des équins du cheptel national. L’élevage est essentiellement de type extensif et transhumant, et concerne principalement les caprins, les ovins et les bovins. Avec l’appui des projets, des programmes, des ONG et des Services techniques, il se développe de nos jours un élevage semi-intensif. Dans ce secteur le rôle et la place de la femme semble relativement important; on note une proportion significative de femmes possédant du bétail; facteur important pour leur assurer l’indépendance économique. L’élevage constitue l’activité socio économique, la plus pourvoyeuse en revenus monétaires (Thébaud, 1998). L’éleveur tend à augmenter l’effectif du cheptel pour accroître les chances de reconstitution du troupeau en cas d’accident climatique. De ce fait le milieu surexploité n’est plus en mesure de répondre aux besoins du bétail surtout en saison sèche. Ce système d’exploitation caractérisé par une consommation d’espace, associé à la contrainte sécheresse, induit globalement une dégradation du milieu (Grouzis et Albergel, 1984).
Systèmes d’élevage
On distingue à nos jours essentiellement deux types d’élevage au Sahel :
L’élevage de type transhumant
Il est essentiellement entre les mains des pasteurs traditionnels et concerne les bovins, les ovins et les caprins. Ses caractéristiques essentielles sont la mobilité et la faible utilisation d’intrants et pas ou peu de concentrés. Ce type d’élevage basé sur l’exploitation des ressources naturelles, connait plusieurs amplitudes de mouvement.
L’élevage de type sédentaire
Ce type d’élevage est pratiqué par les agropasteurs suite au phénomène de transfert des troupeaux des pasteurs vers les agriculteurs d’une part et d’autre part par la sédentarisation des pasteurs traditionnels consécutive aux crises climatiques des années 70 et 80. Avec ce type d’élevage, il y a une meilleure intégration du troupeau dans le système agropastoral avec des opérations de complémentation alimentaire et de fumure des champs. Les déplacements sont restreints et ne concernent qu’une partie du troupeau. Dans ce système est pratiquée l’embouche de case ou embouche paysanne qui consiste à donner à certaines bêtes choisies une bonne conformation en vue d’améliorer leur valeur marchande. De même, quelques vaches sont entourées de soins particuliers et gardées dans les concessions pour la production de lait destiné à la consommation familiale et la vente. La sédentarisation est de plus en plus poussée dans la zone agropastorale saturée qui selon Kiema (2008) touche les provinces de l’Oudalan, du Soum et du Séno entre les isohyètes 400mm et 550mm. La densité humaine y est relativement élevée (25 habitants/km2). La pression foncière y est forte avec un taux d’occupation des sols cultivables avoisinant 50%. La densité animale y est également élevée avec 50 UBT/km² pâturables, soit moins de 2 ha/UBT/an.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Problématique de la recherche
Hypothèses de recherche
Objectifs de Recherche
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : SITUATION DES RESSOURCES AU SAHEL ET RISQUES LIÉS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
I.1. SITUATION DES RESSOURCES
I.1.1. POPULATION
I.1.2. ELEVAGE ET RESSOURCES ALIMENTAIRES POUR LE BÉTAIL
I.1.2.1. L’élevage
I.1.2.1.1. Les effectifs du cheptel et évolution
I.1.2.1.2. Systèmes d’élevage
I.1.2.2. Ressources alimentaires
I.1.2.2.1 L’eau dans le Sahel burkinabè
I.1.2.2.2. Les sous-produits agricoles et agro-industriels
I.1.2.2.3. Culture fourragère
I.1.2.2.4. Fauche et conservation des fourrages naturels
I.1.2.2.5. Ressources fourragères naturelles
I.1.2.2.6. Les pâturages
a. Les potentialités pastorales
b. Qualité des biomasses produites
I.1.2.3. Autres ressources
a. Les cultures de rente
b. La production maraîchère
c. La pêche et la chasse
L’Industrie
Les activités secondaires
L’artisanat
Le commerce
La cueillette
I.2. MANIFESTATIONS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
I.2.1. Généralités sur les changements climatiques
I.2.1.1. Contexte climatique dans la région du Sahel
I.2.1.1.1. Pluviométrie et Ressources hydriques
I.2.1.1.2. Température
I.2.1.1.3. Vulnérabilité des ressources sols et végétations
I.3. CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE: MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE II : MILIEU D’ETUDE
II.1. PRÉSENTATION DU MILIEU D’ÉTUDE
II.1.1. Situation géographique
II.1.2. Les caractéristiques physiques
II.1.2.1. Le climat et changements climatiques
II.1.2.1.1 Pluviométrie et température
a. Pluviométrie
b Température
II.1.2.1.2.Vents
II.1.2.1.3.Humidité
II.1.2.2. Sols
CHAPITRE III : MÉTHODES D’ÉTUDE
III.1. L’EXPLOITATION DES DOCUMENTS
III.2. LES ENQUÊTES
III.3. LES EXPERIMENTATIONS
III.5. ANALYSES DES DONNÉES
TROISIEME PARTIE: TRAVAUX DE RECHERCHES
CHAPITRE IV : PERCEPTION ET STRATEGIES D’ADAPTATION DES AGROPASTEURS ET BILAN DES INTRODUCTIONS DES RESSOURCES FOURRAGÈRES
IV.1 : PERCEPTION ET STRATEGIES D’ADAPTATION DES AGROPASTEURS DE LA REGION DU SAHEL AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Iv.1.1. Introduction
Iv.1.2. Méthodologie
Iv.1.2.1. Sites d’étude
Iv.1.2.3. Enquêtes
Iv.1.2.3.1. La collecte des donnees sur le terrain
Iv.1.2.4. Analyse et interprétation des données
Iv.1.3. Resultats
Iv.1.3.1. Principaux indicateurs des sites d’études
Iv.1.3.2. Perception
Iv.1.3.2.1. Caracteristiques socio-economiques
Iv.1.3.2.2. Changement climatique
Iv.1.3.3. Description historique des changements climatiques
Iv.1.3.4. Causes des changements climatiques selon les producteurs
Iv.1.3.5. Principales manifestations visibles des changements climatiques
Iv.1.3.6. Conséquences des changements climatiques sur les ressources naturelles
Iv.1.3.6.1. Les consequences des changements climatiques sur le dereglement de la saison
Iv.1.3.6.2 les consequences des changements climatiques sur les systemes de production agro-pastorale decrit par les producteurs
Iv.1.3.7. Pratiques d’adaptation des producteurs aux changements climatiques
Iv.1.3.7.1 pratiques d’adaptation dans le domaine agricole
Iv.1.3.7.2. Pratiques d’adaptation dans le domaine de l’elevage
Iv.1.4. Discussions
Iv.1.5. Conclusion
IV.2. BILAN DES AMÉLIORATIONS ET DE LA PRODUCTION DES RESSOURCES FOURRAGÈRES INTRODUITES EN MILIEU PAYSAN SAHÉLIEN : CAS DE YAKOUTA (BURKINA FASO)
Introduction
Site d’étude
Méthodologie
Méthodologie d’enquête
Analyses statistiques
Résultats
Profil socioéconomique des personnes enquêtées
Inventaire des structures d’appui au développement et des technologies d’alimentation des animaux
domestiques introduites
Formations
Adoption des technologies introduites dans le domaine de l’alimentation des animaux
Résultats obtenus
Le refus de cultiver certaines plantes fourragères locales
Attitudes négatives envers les plantes fourragères cultivées non comestibles
La non-disponibilité des semences améliorées
La méconnaissance du fonctionnement du matériel
Facteurs organisationnels
Formation et adoption des technologies
Facteurs limitant l’adoption des technologies
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
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