SITUATION DE L’ELEVAGE OVIN DANS LE MONDE ET EN AFRIQUE
L’élevage des petits ruminants, notamment des ovins présente au niveau mondial cinq spécificités. D’abord, des conditions techniques extrêmement diverses selon la situation agro-économique, entraînant la diversité des prix dans le monde, la non-évolution vers la production intensive par rapport aux autres grandes productions (volaille, porc, lait de vache). Et paradoxalement, une production à triple fin selon la situation (viande, laine, lait). Enfin, vu leur petite taille, la nécessité de protection face aux prédateurs et l’impossibilité d’utilisation en animaux de trait. En revanche, il y a la facilité de manipulation.
Le cheptel mondial estimé à environ 1,2 milliard d’animaux, s’est accru d’un peu plus de 3 % en 2005. Trois quarts de cette hausse a été réalisé par la Chine (+/- 26 millions de têtes), premier pays producteur avec 26 % du cheptel mondial. Les effectifs sont restés pratiquement stables dans les 2ème et 3ème pays producteurs, l’Inde (+/- 0,5 %) et le Moyen Orient (+/- 0,2 %). En Australie, malgré une hausse de 1,7 %, les effectifs (103 millions de têtes) n’ont toujours pas retrouvé le niveau de 2000 118 millions de têtes, déjà en très net recul par rapport au début des années 90 (177 millions de têtes en 1990). Même si la croissance des effectifs était élevée dans les pays d’Europe de l’Est (+ 5,4 %) et dans les Républiques d’Asie Centrale de l’ex-URSS (+ 4,2 %), en Afrique du Sud (+ 7%), en Russie (+ 4,1%) ou encore en Nouvelle- Zélande (+ 2,3%), l’impact sur le troupeau mondial a été plus limité en raison de la moindre importance des cheptels (1) (Bourguignon Aurélie, 2006), la graphe 1 illustre la consommation mondiale de viande et de produits carnés de 1990 à 2002.
En Afrique, cinq pays africains figurent parmi les 15 plus gros pays en terme de petits ruminants à savoir Afrique du Sud, Ethiopie, Nigeria, Somalie et Soudan (cf. annexe I.1). Les petits ruminants y sont plus importants qu’ailleurs puisqu’ils représentent 21% du total des ruminants contre 15% en moyenne mondiale. Autour du Sahara, la production laitière est conséquente (40% à 65% du lait produit). Ailleurs, la production principale est la viande, sauf en Afrique du Sud où la production de laine priorise (cf. annexe I.2) Source : FAO.
Race des ovins
Plusieurs races ovines existent en zone tropicale. En Afrique, plusieurs races sont élevées comme les grands moutons des zones désertiques et nord-sahéliennes, les moutons des zones sahéliennes comme les moutons Peul du Soudan, les moutons moyens des zones arides d’Afrique de l’est notamment la race Red Maasai du Kenya, Djallonké du Maroc et les ovins de petit format des zones humides. La nature de la production dépend surtout de la race de mouton. Pour les deux premières races suscitées, elles sont surtout destinées à la production de viande et de peau. Tandis que le mouton moyen est surtout élevé pour la production de laine.
Production ovine dans le monde
La production ovine mondiale s’élève à 7.9 millions de tonnes. Les échanges mondiaux de viande ovine sont caractérisés par leur grande concentration et par une prééminence des exportations en provenance de Nouvelle Zélande et de l’Australie, respectivement 90 % et 84 % de leur production interne. Cette exportation a évolué par la vente de produit à forte valeur ajoutée tels que les gigots et la viande réfrigérée (chilled) plus facilement transportables que les carcasses.
Pathologie
Aujourd’hui, grâce à l’amélioration génétique, on assiste à l’introduction de races résistantes et/ou tolérantes aux maladies. Cependant, des expérimentations ont montré que de nombreuses races locales non améliorées d’Afrique (Red Maasai, Djallonké et Sabi), des Caraïbes (St Croix et Barbados Blackbelly), des USA (Florida Native et Navajo) et d’Inde (Garole) semblent être relativement résistantes ou tolérantes aux strongles gastro-intestinaux. (Baker et al 1992, Baker 1995).
GENERALITES SUR L’ELEVAGE OVIN DANS LE SUD DE MADAGASCAR
Le cheptel animal malgache est essentiellement composé des bovins, des porcins, des petits ruminants et des volailles. Sur les petits ruminants, le mouton tient une place importante. De plus, le climat du sud est propice à son développement. Les produits issus de cet élevage sont essentiellement la viande, le lait et la laine.
Importance et effectif du cheptel ovin
L’élevage ovin se pratique presque dans toute l’île. Toutefois la majeure partie du cheptel se rencontre dans la province de Toliara (86%). Il y tient la 3ème place après l’élevage bovin et caprin. Il constitue une forme d’ « argent de poche », une forme de thésorerie pour les éleveurs. Depuis 1997, on a constaté une croissance moyenne de la population ovine de 1,3% (cf. annexe II.1) pour atteindre le nombre de 859861 (10) en 2004 (cf. annexe II.2).
Actuellement, on estime le cheptel ovin à 985 000 contre 1 470 000 en ce qui concerne le cheptel caprin. Handicapé par les caractéristiques du sol sur le plan agricole, ces régions du sud sont propices à l’élevage de mouton. Personne ne se livre exclusivement à ce type d’élevage. Chacun se contente de posséder un petit troupeau qui peut varier de 6 à 30 animaux. C’est seulement après les activités menées par les organismes de développement dans ces régions que l’on a constaté une légère modification des habitudes de la population car certaines associations commencent à pratiquer cette activité en exclusivité. (cf. annexe II.3) .
Population et mode de vie
La population du Sud est constituée par les ethnies Antandroy, Mahafaly, Vezo, Antanosy, Bara, Masikoro, Betsileo et Merina. Les deux premières ont traditionnellement des vocations pastorales. Dans la région du Sud-Ouest, la population est à dominance Bara au nord et Masikoro entre les fleuves Onilahy et Mangoky. Dans la région d’Androy, c’est l’ethnie Antandroy qui y vive. Les autres ethnies se retrouvent dans l’ensemble des régions en minorité. Un point à noter est que pour la population Vezo, l’élevage de mouton est tabou.
Agriculture et élevage
Dans ces régions, l’élevage et l’agriculture forment les activités principales de la population. En effet, 70 à 80 % de la population les pratiquent. La prédominance de l’une ou de l’autre activité dépend de la nature du sol de la zone :
– En zone sédimentaire on y rencontre plus de cultivateurs que d’éleveurs
– En zone cristalline, les éleveurs dominent .
Une grande partie des éleveurs pratiquent, surtout, l’élevage bovin. Et pour de nombreux paysans, cette activité est leur principale source de revenu. L’agriculture est reléguée au second plan. Généralement, dans cette région, les ovins et caprins sont élevés avec les zébus. Les moutons suivent les bœufs au pâturage. En plus de ces activités principales, la pêche intéresse de plus en plus les paysans du littoral.
Importance et rôle social
Dans l’ex-province de Toliara, Le zébu a un rôle socio-culturel très important. En effet, c’est une marque de notoriété pour la population du Sud. C’est la personne qui possède le plus grand nombre de bovins qui est la plus respectée et écoutée par tout le village. Les zébus sont, aussi utilisés lors des évènements comme les mariage, enterrement. En second lieu viennent les moutons qui jouent aussi un rôle dans la tradition et les relations sociales (donation à un hôte de marque). Ils sont utilisés lors des différents rites comme offrandes et ils sont donnés en contrepartie aux personnes qui offrent des zébus lors des funérailles. Du fait de leur importance, les éleveurs préfèrent vendre d’abord une partie du cheptel caprin avant de vendre une partie des ovins pour subvenir aux besoins de la famille tels que l’achat de médicaments, achat de nourriture, …
Acquisition du cheptel
La majeure partie des effectifs est obtenue à partir de l’achat, ce qui explique le faible pourcentage des jeunes pratiquant cette activité. C’est par le fruit de leur travail qu’ils peuvent acquérir leur propre troupeau. Cependant, l’intérêt est moindre par rapport à l’acquisition des zébus à cause du poids de la tradition. Et c’est en complément à leur cheptel bovin que les paysans du Sud achètent des ovins. Les achats se font, pour la plupart, aux marchés locaux. Il est rare que cette acquisition provienne de dons des parents. Pour la région d’Androy, on note seulement 2,3% de don parental, 4,6% dans la région Sud-Ouest. Comme cheptel hérité, seulement 22% du cheptel dans la région d’Androy provient de ce genre de dotation.
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Table des matières
INTRODUCTION
I- Situation de l’élevage ovin dans le monde et en Afrique
I-1- Race des ovins
I-2- Production ovine dans le monde
I-3- Pathologie
II- Généralités sur l’élevage ovin dans le Sud de Madagascar
II-1- Importance et effectif du cheptel ovin
II-2- Population et mode de vie
II-2-1- Agriculture et élevage
II-2-2- Importance et rôle social
II-2-3- Acquisition du cheptel
II-3- Races exploitées
I-3-1- Historique
I-3-2- Races élevées
II-4- Acteurs de développement
II-5- Conduite d’élevage
II-5-1- Alimentation
II-5-2- Bergerie
II-5-3- Occupation pastorale
II-5-4- Berger
II-5-5- Reproduction
II-6-Destinée des animaux
II-7- Atouts et contraintes de l’élevage de petits ruminants à Madagascar
II-7-1- Analyse externe
II-7-2- Analyse interne
III- Maladies parasitaires dominantes des petits ruminants
III-1- Strongyloïdose ou Anguillulose des ruminants
III-1-1- Description
III-1-2- Epizootiologie
III-1-3- Symptômes
III-1-4- Lésions
III-1-6- Traitement
III-1-7- Prophylaxie
III-2- Les strongyloses gastro-intestinales des ruminants
III-2-1- Description
III-2-2- Epizootiologie
III-2-3- Symptômes
III-2-4- Lésions
III-2-5- Diagnostic
III-2-6- Traitement
III-2-7- Prophylaxie
III-3- Les paramphistomoses des ruminants
III-3-1- Description
III-3-2- Epizootiologie
III-3-3- Symptômes
i. La phase intestinale
ii. La phase gastrique
III-3-4- Lésions
III-3-5- Diagnostic
III-3-6- Traitement
III-3-7- Prophylaxie
III-4- La fasciolose ou Douve de foie des ruminants
III-4-1- Description
III-4-2- Epizootiologie
III-4-3- Symptômes
III-4-4- Lésions
III-4-5- Diagnostic
III-4-6- Traitement
III-4-7- Prophylaxie
III-5- Toxocarose
III-5-1- Description
III-5-2- Epizootiologie
III-5-3- Symptômes
III-5-4- Lésions
III-5-5- Diagnostic
III-5-6- Moyens de lutte
CONCLUSION