La tuberculose est une maladie infectieuse, contagieuse, endรฉmo-รฉpidรฉmique ร transmission essentiellement interhumaine, causรฉe par le complexe Mycobactรฉrium tuberculosis incluant les espรจces Mycobactรฉrium tuberculosis hominis, Mycobactรฉrium bovis et Mycobactรฉrium africanum. Lโatteinte pulmonaire est la plus frรฉquente des localisations et reprรฉsente la source habituelle de transmission. Mais le bacille peut atteindre d’autres organes : cโest la tuberculose extra pulmonaire.
La tuberculose reprรฉsente encore un problรจme majeur de santรฉ publique ร lโรฉchelle mondiale, dont lโampleur requiert une attention particuliรจre. Une augmentation du nombre de cas de tuberculose a รฉtรฉ enregistrรฉe dans le monde au cours de la derniรจre dรฉcennie. Il a รฉtรฉ รฉtabli depuis longtemps que cโest la maladie des couches sociales dรฉfavorisรฉes, vivant dans des conditions dโhygiรจne prรฉcaire, ce qui est le cas de la majoritรฉ des populations des pays en voie de dรฉveloppement, singuliรจrement en Afrique.
Cette rรฉรฉmergence de la tuberculose est favorisรฉe par de nombreux facteurs dont les plus importants sont la pauvretรฉ galopante, lโaccroissement dรฉmographique et lโavรจnement du VIH .Lโassociation tuberculose-VIH est frรฉquente, dโoรน lโappellation de ยซ couple – diaboliqueยป ou couple maudit [1]. On note รฉgalement que sur 34 millions de personnes sรฉropositives pour le VIH dans le monde, le tiers est infectรฉ par la tuberculose [2]. En 2009, lโOMS a dรฉnombrรฉ 9,4 millions de nouveaux cas de tuberculose dont 1,1 million de personnes co-infectรฉs TB/VIH. Le taux dโincidence au niveau du continent africain a doublรฉ entre 1990 et 2007 du fait de lโimpact de lโรฉpidรฉmie du VIH sur le continent africain [3]. La majoritรฉ des nouveaux cas (80%) vit en Afrique et singuliรจrement en Afrique Sub-saharienne.
Au Sรฉnรฉgal, cette maladie sรฉvit de maniรจre endรฉmique. Elle constitue la plus frรฉquente des affections opportunistes au cours de lโinfection ร VIH. Selon le Programme National de lutte contre la Tuberculose, 11.061 nouveaux cas de tuberculose toutes formes confondues ont รฉtรฉ notifiรฉs en 2010, soit une incidence de 88 nouveaux cas pour 100 000 habitants [5]. Au cours de la pรฉriode 1999-2005, le Programme national a atteint trรจs tรดt les objectifs prรฉvus ร lโรฉchรฉance 2005 au niveau mondial, grรขce ร lโapplication de la stratรฉgie DOTS recommandรฉe par lโOMS : ยซDรฉtecter au moins 70% des cas de tuberculose pulmonaire contagieuse, et traiter avec succรจs au moins 85% de ces casยป. Cependant il existe des facteurs limitant, parmi lesquels le retard ร la consultation. Ce dernier a des consรฉquences sur la mortalitรฉ et la morbiditรฉ. En effet, les lรฉsions pulmonaires dโune tuberculose peuvent entraรฎner des sรฉquelles importantes qui entrainent un handicap respiratoire. Mรชme si la tuberculose, la maladie est bien traitรฉe, les patients ne sont pas ร lโabri dโรฉpisodes de surinfections pouvant รชtre nรฉfastes. La gestion de ces รฉpisodes nโest pas รฉvidente dans nos rรฉgions compte tenu du plateau technique et du contexte socio รฉconomique.
DEFINITION
La tuberculose est une maladie infectieuse transmissible et non immunisante due ร une mycobactรฉrie bacille acido-alcoolo-rรฉsistant (BAAR), aรฉrobie strict communรฉment appelรฉ bacille tuberculeux dont la variรฉtรฉ la plus rรฉpandue est reprรฉsentรฉe par le bacille de type humain [6], Mycobacterium tuberculosis. Il existe une dรฉfinition codifiรฉe de la tuberculose proposรฉe par lโorganisation mondiale de la santรฉ (OMS). Pour ce qui est de la tuberculose pulmonaire, son diagnostic tient compte de lโรฉtat du frottis dโexpectoration.
EPIDEMIOLOGIE
Situation de la tuberculose dans le monde
La tuberculose est la 5รฉ cause de dรฉcรจs par maladie. Lโincidence de la maladie varie de moins de 10/100 000 habitants (Amรฉrique du nord) ร plus de 300/100.000 habitants (Afrique subsaharienne). Elle croit avec le niveau de pauvretรฉ et lโincidence de lโinfection par le VIH. En 2010, le nombre de personnes qui ont contractรฉ la tuberculose est passรฉe ร 8,8 millions, aprรจs un pic de 9 millions en 2005.
Le nombre de dรฉcรจs par tuberculose est passรฉ ร 1,4 million en 2010, aprรจs avoir atteint 1,8 million en 2003. Le taux de mortalitรฉ a diminuรฉ de 40% entre 1990 et 2010 et, dans toutes les rรฉgions, ร l’exception de l’Afrique, la mortalitรฉ est en passe de diminuer de 50%d’ici 2015. En 2009, 87% des malades traitรฉs ont รฉtรฉ guรฉris. Au total, on dรฉnombre 46millions de succรจs thรฉrapeutiques et 7 millions de vies sauvรฉes depuis 1995. La charge de morbiditรฉ attribuable ร la tuberculose dans le monde est en baisse. L’exemple vient de la Chine : entre 1990 et 2010, les taux de prรฉvalence ont รฉtรฉ divisรฉs par 2, les taux de mortalitรฉ ont baissรฉ de prรจs de 80% et les taux d’incidence ont baissรฉ de 3,4% par an. Cependant, un tiers du nombre estimรฉ de cas de tuberculose dans le monde ne sont pas signalรฉs et l’on ignore par consรฉquent s’ils sont diagnostiquรฉs et correctement traitรฉs. Il est peu probable que la cible Partenariat Halte ร la tuberculose de rรฉduire de moitiรฉ d’ici 2015 les taux de prรฉvalence par rapport ร leur niveau de 1990 soit atteinte au niveau mondial, plus particuliรจrement en Afrique et en Asie du Sud-est [8].
Situation de la tuberculose au Sรฉnรฉgalย
Au Sรฉnรฉgal on note une recrudescence de la tuberculose ces derniรจres annรฉes du fait de la pandรฉmie du VIH [9]. En 2005, selon le rapport annuel du programme national de lutte contre la tuberculose (PNT) publiรฉ en 2008, une รฉtude rรฉtrospective a montrรฉ une augmentation du nombre de nouveaux cas de tuberculose pulmonaire ร microscopie positive ces derniรจres annรฉes avec 5011 cas en 1999 contre 7887 cas en 2009 selon le PNT [10, 11]. Le nombre total de tuberculose toutes formes confondues รฉtait estimรฉ ร 11.734 cas en 2009 [11]. Les localisations pulmonaires dominent le tableau et reprรฉsentent 90% des cas. La prรฉvalence est plus รฉlevรฉe dans les zones urbaines que dans les zones rurales avec ร Dakar 132 cas /100.000 habitants contre un taux infรฉrieur ร 30 cas/100.000 habitants en milieu rural.
BACTERIOLOGIE
Lโagent pathogรจneย
La tuberculose est une maladie infectieuse secondaire ร la multiplication des bactรฉries faisant partie du genre Mycobactรฉrium. La principale bactรฉrie responsable de lโaffection est Mycobactรฉrium tuberculosis, isolรฉ par ROBERT KOCH en 1882 (bacille de Koch: BK). Mycobactรฉrium africanum en est une variรฉtรฉ qui existe parfois en Afrique de lโouest. Mycobactรฉrium bovis est responsable de la tuberculose chez les bovidรฉs domestiques ou sauvages. Il peut se transmettre de maniรจre rare ร lโhomme par le lait non pasteurisรฉ ou non bouilli. Ces trois espรจces de bacilles sont des mycobactรฉries tuberculeuses et constituent leยซ complexe tuberculosis ยป. Les mycobactรฉries non tuberculeuses ou mycobactรฉries atypiques sont souvent non pathogรจnes, mais peuvent parfois donner des manifestations cliniques (pulmonaires, osseuses, ganglionnaires ou cutanรฉes) simulant ceux de la tuberculose.
Ces mycobactรฉries opportunistes sont responsables dโaffections surtout dans les pays de faible prรฉvalence tuberculeuse et chez les malades immunodรฉprimรฉs.
Morphologie
Ce sont des bacilles aรฉrobies strict ร parois riches en lipides, et se multipliant lentement (20 heures en moyenne). Le poumon offre les conditions idรฉales de multiplication aux bacilles : tempรฉrature ร 37ยฐ C, obscuritรฉ et richesse en oxygรจne. Ils sont immobiles, droit ou lรฉgรจrement incurvรฉ de 2 ร 5 ยตm sur 0,3 ร 0,5 ยตm. Comme les autres mycobactรฉries, Mycobactรฉrium tuberculosis prend mal les colorants ordinaires et le Gram ; il est gรฉnรฉralement colorรฉ au Ziehl Nielsen[15]. Dans le milieu extรฉrieur ces bacilles sont rapidement dรฉtruits par les rayonnements Ultraviolets (lumiรจre solaire).
Culture
Mycobactรฉrium tuberculosis est un bacille ร croissance trรจs lente (2 ร 6 semaines) et exige des milieux spรฉciaux. Le milieu solide le plus utilisรฉ est celui de Lowenstein-Jensen ou une de ses multiples variantes. Ce sont des milieux solides ร base dโลufs, additionnรฉs en proportion variable dโasparagine, de glycรฉrine, de vert malachite. La culture est aussi possible en milieu liquide (Middle brook, Mycobactรฉria Grawth Indicator Tube (MGIT) par exemple) et en systรจme automatisรฉ. Les colonies apparaissent aprรจs 2 ร 4 semaines et sont blanc-ivoire, rugueuses et adhรฉrentes au milieu. Elles grossissent lentement pour atteindre 3-4 min aprรจs 2- 3mois. Elles ont alors un aspect en chou-fleur .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I- DEFINITION
II- EPIDEMIOLOGIE
II.1- Situation de la tuberculose dans le monde
II.2- Situation de la tuberculose en Afrique
II.3- Au Sรฉnรฉgal
III- BACTERIOLOGIE
III.1- Lโagent pathogรจne
III.2- Mode de transmission de la maladie
III.3- Les facteurs favorisants
IV- PATHOGENIE DE LA TUBERCULOSE
IV.1- Les lรฉsions induites par le bacille
IV.2- Modifications biologiques
IV.3- Les diffรฉrentes populations de bacilles
V- ETUDE CLINIQUE
V.1- LA FORME PULMONAIRE
V.1.1 – La primo-infection
V.1.2- La tuberculose pulmonaire commune
V.1.2.1- Circonstances de dรฉcouverte
V.1.2.2- L’examen clinique
V.1.2. 3- Examens para cliniques
V-1-3Tuberculose miliaire
V-1-4Pneumonie tuberculeuse
V .2- Les formes extra-pulmonaires
V.2.1- Tuberculose ganglionnaire
V.2.2- Tuberculose osseuse et articulaire
V.2.3 – Ascite tuberculeuse
V.2.4- Tuberculose uro-gรฉnitale
V.2.5- Pleurรฉsie tuberculeuse
V.2.6 – Pรฉricardite tuberculeuse
V.2.7 – Tuberculose poly viscรฉrale
VI- DIAGNOSTIC
VI.1DIAGNOSTIC POSITIF
VI.1.1- Epidรฉmiologie
VI.1.2- Clinique
VI.1.3- Paraclinique
VI.1.3.1- Les examens radiologiques
VI.1.3.2- Lโexamen immunologique
VI.1.3.3- Lโexamen anatomopathologique
VI.1.3.4- Lโexamen bactรฉriologique
VI.2- Diagnostic diffรฉrentiel
VI.3 – Diagnostic รฉtiologique
VI.3.1- Germe
VI.3.2- Porte dโentrรฉe
VI.3.3- Terrain
VI.4- Evolution โ Pronostic
VI.4.1- Elรฉments de surveillance
VI.4.2- Modalitรฉs รฉvolutives
VI.4.3- Complications
VII – SEQUELLES DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE
VII.1 -SEQUELLES PARENCHYMATEUSES
VII.2-SEOUELLES BRONCHIQUES
VII.3 -SEQUELLES PLEURALES
VII.4 -LE POUMON DETRUIT
VII.5- RAPPEL CLINIOUE DES SEOUELLES DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE
VII.5.1- DIAGNOSTIC POSITIF
VII.5.1.1 – CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE
VII.5.1.1.1- LES SEOUELLES ASYMPTOMATIOUES
VII.5.1.1.2 -LES SIGNES GENERAUX
VII.5.1.1.3 -LES MANIFESTATIONS SUPPURATIVES
VII.5.1.1.4 -LES HEMOPTYSIES
VII.5.1.1.5-L’INSUFFISANCE RESPIRATOIRE
VII.5.1.2 – FORMES CLINIQUES
VII.5.1.2.1-LES SEQUELLES BRONCHO-PARENCHYMATEUSES DU ยซย POUMON DETRUITย ยป ISOLE
VII.5.1.2.2 -LA DILATATION DES BRONCHES
VII.5.1.2.3-LES SUPPURATIONS DES POCHES PLEURALES
VII.5.1.2.4 -LES GREFFES ASPERGILLAIRES
VII.5.1.2.5 -LES BRONCHOCELES
VII.5.2-DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
VII.5.2.1- LA RECHUTE TUBERCULEUSE
VII.5.2.2 – CANCER BRONCHO-PULMONAIRE
VIII-LA TOMODENSITOMETRIE DES SEQUELLES DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE
VIII.1-LES LรSIONS PARENCHYMATEUSES
VIII.1.1- LES CAVITES TUBERCULEUSES
VIII.1.2- CICATRISATION ET DESTRUCTION PARENCHYMATEUSE
VIII.1.3- ASPERGILLOME
VIII.2- LโATTEINTE DES VOIES AรRIENNES
VIII.2.1-BRONCHIECTASIES
VIII2.2- STENOSE TRACHEO โ BRONCHIQUES
VIII.2.3-BRONCHOLITHIASES
VIII.3- LESIONS VASCULAIRES
VIII.4- LESIONS MEDIASTINALES
VIII.4.1-Ganglions calcifiรฉs
VIII.4.2- Fistule mรฉdiastino-oesophagienne
VIII.4.3- Pรฉricardite constrictive
VIII.4.4-Fibrose mรฉdiastinale
VIII.5- LESIONS PLEURALES
VIII.6- LESIONS PARIETALES
VIII.6.1- Tuberculose costale, et Empiemaneccessitatis
VIII.6.2- Spondylodiscite tuberculeuse
VIII.7- LA CANCERISATION
CONCLUSION