La campagne aujourd’hui
Selon les définitions encyclopédiques, la campagne comme étendue se réfère davantage au paysage, mais elle est peut-être aussi perçue comme une ressource agricole ou un habitat/ lieu de vie (permanent ou temporaire). Elle a cependant engendré de nombreuses notions davantage utilisées de nos jours, notamment celles de rural, ruralité et territoire.
CAMPAGNE
L’idée dominante de «la campagne» est celle d’un espace, se résumant au départ dans sa définition la plus conventionnelle par une «étendue de pays plat et découvert» (Larousse). Par extension, le mot désigne aujourd’hui dans le langage courant l’ensemble des espaces ruraux. Les géographes ont mis au pluriel ce terme réducteur pour souligner leur diversité tant actuelle que passée. En effet, le mot campagne définissait en vérité une campagne parmi d’autres, celle de la champagne (d’où un lien étymologique peut en être déduit).
Phonétiquement, le mot «campagne» rappelle notamment celui de «champ» ainsi que les représentations que l’on peut y associer.
Étymologiquement, la première forme du mot campagne se manifeste dans l’avestique, une langue ancienne iranienne, par le mot «ravô» signifiant «espace libre» (Paquot, 2017). On retrouve également une évolution de ce mot dans le vieil allemand cette fois qui va donner par extension le mot «Raum» signifiant «l’espace».
En France la notion d’espace comme nous l’appréhendons aujourd’hui dans nos professions de l’aménagement est assez récente où elle a été introduite par les géographes. Le mot espace est un terme du domaine de la musique et de l’écriture, c’est un intervalle, qui est toujours utilisé pour signifier le vide entre les mots dans les logiciels de traitement de texte. Par ailleurs l’étymologie du terme «intervalle» est reliée à la notion de l’espace dans le vieux français par le terme d’«essart» qui désigne les terrains défrichés aussi bien que l’acte (d’abattage ou d’éclaircissement).
Les notions de paysage et de campagne sont tous deux polysémiques et peu quantifiables, «chaque domaine d’expertise la redéfinit et la précise» (Donadieu, 2006)
Profils de campagne : identifier les ruralités
Les territoires ruraux sont au cœur des transitions qui traversent la France : démographiques, écologiques énergétiques, agricoles, numériques, économiques et sociales. Les ruralités sont directement impactées par ces grandes transitions, mais elles contiennent également en leur sein la réponse à ces grands enjeux.
Le rural d’aujourd’hui est le résultat de phénomènes d’hybridation qui font la vie des territoires, les augmentent, les bousculent… les font muter vers de toutes autres formes de spatialités (Jousseaume, 2020).
UNE RURALITÉ STATISTIQUE
L’Insee établi assurément la définition la plus simple pouvant être faite du milieu rural : «une commune rurale est une commune qui n’appartient pas à une entité urbaine». Cette définition qui en revient à ne pas en donner confirme une considération des territoires ruraux parfois sans égard, revenant à dire qu’ils se résument à ce qui n’est pas considéré comme urbain.
C’est à partir d’un recensement en 1954 que l’Insee conclut à exprimer ses données en «unités urbaines». Selon les chiffres démographiques (dont la viabilité des critères pour les établir est discutable), la population considérée comme rurale s’élèvent à 42,7% en 1954 puis ne cesse de diminuer en tombant à 29,9% en 1968 jusqu’à 20% en 2018.
Aujourd’hui les chiffres-clés sont énoncés dans le dossier de presse du rapport de la «mission ruralités» , entre autres, qui partage plusieurs phrases accrocheuses : «La ruralité, c’est plus de 30 000 communes» / «1 Français sur 3 habite en zone rurale soit plus de 21 millions d’habitants».
D’une définition purement statistique : «en France est considérée comme rurale toute commune qui compte moins de deux mille habitants agglomérés» (encyclopedie universalis). Cependant ce critère de démographie communale est critiquable, une commune dépassant même de peu les 2000 habitants est automatiquement considérée comme une unité urbaine, les habitants se considèrent-ils comme des urbains pour autant ?
Une zone urbaine est évaluée selon le nombre d’emplois au sein des unités urbaines et sur le rayonnement spatial supposé de ces unités auprès des communes limitrophes. Un élément est également contestable, c’est la disparition du mot rural depuis quelques années pour parler des communes rurales qui sont désormais qualifiées de «communes isolées hors influence des pôles».
Explorer les territoires ruraux sous l’angle des restes (Ce qu’il reste, Pierre Sansot) en serait dans ces conditions la solution appropriée.
Pourtant ce n’est le même constat qui est établi par d’autres observateurs des dynamiques du milieu rural. En 1982 il est possible d’observer au contraire une augmentation démographique dans les territoires ruraux (Boutet, 2006).
L’approche quantitative visant à s’approcher d’une définition des dynamiques des territoires ruraux est à prendre de manière nuancée, permettant d’éclairer le propos. Cette approche ne peut être celle engagée par le paysagiste, il se doit également d’élaborer une autre lecture de ces territoires.
UN PARADIGME URBANO-CENTRÉ
Il s’avère que ces définitions quantifiables des territoires ruraux soulèvent majoritairement des points dépréciatifs d’identification et de comparaison. Le vieillissement de la population, le manque de services, l’enclavement,… sont récurrent dans les descriptions des territoires ruraux. Ce vocabulaire utilisé pour désigner les espaces les plus éloignés des villes est souvent péjoratif.
Les espaces ruraux étant souvent envisagés à partir d’un point de vue centré sur la ville, ces points d’analyse sont résurgents d’une approche urbanocentrée et d’une vision métropolitaine toujours méliorative dans son sens, sous entendant une baisse d’appréciations positives selon l’éloignement de la couronne métropolitaine la plus proche. La tendance dominante dans ces études est que le « rural » est filtré, toujours regardé depuis l’urbain (Depraz, 2014).Les territoires ruraux auraient pourtant intérêt à se distinguer, non par ses considérations quantitatives mais davantage par ses qualités et ses valeurs.
DES RURALITÉS ?
La notion controversée de « ruralité » ne permet plus de faire sens ni de décrire de façon complète les 80 % du territoire national qui, par défaut, ne peuvent pas être considérés comme des zones urbaines. Les territoires ont des défis communs que chacun doit relever (qu’ils soient hyper-ruraux, ruraux , péri-urbain ou urbains) comme le développement des circuits-courts, la transition énergétique, le développement durable et l’attention à la préservation de la biodiversité, le revitalisation des centres (bourgs, villages, villes),… Face à cette généralisation, le terme «rural» s’est banalisé et ne répond plus comme un espace spécifique d’intervention publique.
Il n’y a pas une mais des ruralités, comme le développe précisément l’étude de référence réalisée en 2011 pour le compte de la délégation à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), sur la «typologie des campagnes françaises» (voir en Annexe, figure n°1 et n°2). Cependant ce constat peine à être traduit dans une approche plus singulière des territoires : «Elle [l’ingénierie territoriale] met donc souvent de côté la spécificité des territoires ruraux qui semble davantage un implicite qu’une réalité vécue et donne ainsi à lire des projets aux objectifs génériques liées à la qualité de vie dans un territoire, aux conditions d’activité et au vivre ensemble.» (Jousseaume,2020) De plus, le couple ville-campagne, loin de s’opposer,fait désormais « système ».
L’HYPER-RURALITÉ
La notion d’hyper-ruralité est introduite par le sénateur Alain Bertrand en 2014 et se base sur des données quantitatives pour dessiner ses contours. A partir de «la typologie des campagnes françaises»(Hilal et al., 2011) ainsi que d’autres critères courants, le rapport identifie 250 bassins de vie hyper-ruraux. Ceux-ci correspondent à 14 % des communes sur près de 26 % du territoire national, pour seulement 5,4% d’habitants (voir en Annexe, figure n°3).
Vers une autre définition de la campagne
Les territoires ruraux ne peuvent se réduire à une catégorie statistique d’analyse, à des échelons administratifs ou des zonages. Le «rural » se définit davantage par le cadre qu’il offre que par ce qu’on y fait.
L’évolution des campagnes peut être interprétée de deux manières différentes. Etienne Juillard en 1973, c’est une urbanisation des campagnes qui voit la ville gagner du terrain. Pour Bernard Kayser en 1990, c’est une «Renaissance Rurale» qui est le fruit d’un renouvellement des dynamiques. Pieter Versteegh, professeur à l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg esquisse la définition d’une nouvelle ruralité, n’étant plus celle que l’on pouvait concevoir à l’ère de la société paysanne ni la ruralité moderne comme on pas la voir en début de chapitre. Il explore « l’alter-ruralité», incorporant l’héritage des mémoires paysannes tout en projetant les valeurs contemporaines liées à l’écologie, l’économie, l’éthique,…
EXPLORER LES AMÉNITÉS RURALES : UNE APPROCHE QUALITATIVE DES CAMPAGNES
Le « rural » se définit ainsi davantage par le cadre qu’il offre que par ce qu’on y fait. En dehors des données quantitatives, qu’est-ce qui pourrait définir et distinguer les campagnes ? (voir figure n°4) «Une ambiance rurale peut-être décrite du point de vue des sens et des ressentis, sans aborder ici la question de la valeur attribuée à ces perceptions sensorielles.» (Jousseaume, 2020)
La campagne c’est d’abord un paysage. Les perceptions visuelles lisent un paysage, reflet des activités humaines et des dynamiques naturelles du lieu. Les campagnes s’illustrent par la grande diversité de leur relief, de leur horizon, de leurs compositions,… Il s’agit aussi dans la grande majorité d’une espace domestiqué par l’activité agricole. La temporalité est également importante (à aborder dans d’autres échelles d’observation qu’en ville), la phénologie des végétaux ainsi que les variations saisonnières font partie intégrante de l’ambiance du lieu.
La vie animale accompagne la vie rurale. La présence humaine est bien là, diffuse mais plus proche socialement. C’est aussi lié à des singularités architecturales, une architecture vernaculaire reconnaissable. La campagne ça peut aussi être une ambiance nocturne particulière, plus sombre.
Elle éveille davantage les sens. Elle a une ambiance sonore caractéristique mêlant les bruits intermittents de l’activité humaine notamment agricole et automobile, avec le bruit de la nature.
La campagne est olfactive, mêlant nature et agriculture mais aussi reconnaissable par les saveurs, relevant de pratiques culinaires culturelles. «La campagne engage la perception du corps dans l’espace. Le sens du toucher est la voie d’expérience. La campagne, c’est un rapport particulier à la distance.» (Jousseaume, 2020)
Cette exploration des aménités qui peuvent rejoindre une définition de la campagne devrait être davantage approfondie afin d’en ressortir les subtilités. Ainsi, pour rejoindre les propos précédent de la nécessité d’une ruralité plurielle, il serait indispensable de qualifier qu’elles sont les aménités communes (comme celles cités ci-dessus) et qu’elles seraient celles qui conditionnent un paysage, un lieu, une ambiance. Ce recueil autant exhaustif et subtil soit-il, pourrait venir enrichir la définition quantitative actuelle des campagnes. Cet apport dessinerait ainsi les singularités de chacune de ces campagnes, justifiant leurs mises au pluriel.
Une approche alternative peut venir compléter cette quête d’une autre définition des campagnes. Sociologue de l’agence MANA, Stéphane Chevrier propose une démarche empruntée au design en envisageant le lieu comme un objet. Il invite l’habitant à réfléchir autour de quatre thématiques : l’esthétique, l’utilité et l’ergonomie, le symbole sociologique et le prix. L’approche diffère de celles habituellement mises en œuvre, une double image est incarnée, paysagère et sociale. De cette approche on peut remarquer que les aspects pratiques et économiques, bien qu’ils ne soient pas absents, sont au final secondaires dans le rapport de l’habitant à son lieu de vie.
UNE CAMPAGNE DYNAMIQUE
La singularité des territoires ruraux réside également dans leur manière d’appréhender leur lieu de vie, et cela constitue leur avantage comparatif. Ils sont porteurs d’un capital social, c’est-à-dire « d’un ensemble de ressources (matérielles, symboliques, etc.), mobilisables pour l’action, pouvant résulter notamment des réseaux de coopération et d’une aptitude à la collaboration, basée sur la confiance et la réciprocité, et facteur de développement territorial » (CGET, 2018).
Quelle serait la place du paysagiste dans cette mise en coopération des territoires ruraux ? La coopération peut être une force dans le développement des territoires ruraux, l’enjeu est d’engager le dialogue, décloisonner les approches, faire émerger des projets collectifs,…
La ruralité une question de société, l’enjeu des territoires ruraux
Après une période d’exode rural et agricole, les campagnes françaises connaissent un brassage important de population, avec certes de nouveaux arrivants mais également la partie jeune de la population qui continue de partir. L’ érosion démographique a entraîné une érosion des activités agricoles et industrielles et a soulevé également de nombreuses problématiques d’ordre économiques et sociales.
Les mutations sociétales dans les territoires ruraux peuvent être interprétées par la présence d’une culture urbaine de plus en plus forte. Cette culture urbaine serait le reflet de ce qui caractérise la société actuelle et n’étant pas assimilé seulement à la partie de la population habitant les zones urbaines. Il y aurait alors une propension à une conversion urbaine de la culture rurale par une «urbanisation des mœurs et des valeurs» (Raynal, 2008). Par opposition, nous serions tentés de définir la culture rurale davantage liées à la représentation d’une société paysanne. La population rurale, n’ étant pas la population agricole mais l’intégrant, peut être un reflet d’une manière de vivre plus en adéquation avec son environnement (dans sa définition spatiale) et partageant un héritage d’une société paysanne. «La manière d’être rurale, qu’on peut nommer l’éthos villageois, trouve son originalité d’abord dans la proximité des mémoires des cultures paysannes, qui ont pu rester plus vivantes ici qu’ailleurs. Elle puise également son originalité dans son environnement, tant physique que social. La proximité avec la nature, les plus faibles densités et le nombre restreint d’individus, la relative modestie des moyens, l’éloignement des centres sociaux, culturels, économiques ou politiques, etc, génèrent des “atmosphères” et des “tonalités affectives”.» (Jousseaume, 2020) Pourtant un mouvement des populations urbaines vers les campagnes, dans un désir de nature, de villégiature ou dans la perspective d’un retour à la terre vient complexifier cet essai d’identification. La«demande sociale contemporaine de paysages et de natures» (Donadieu/Périgord, 2012)s’est notamment traduite par la quête de plus en plus prégnante de la part des populations urbaines d’espaces naturels accessibles : jardins privés, parcs, forêts, littoraux, montagnes et campagnes.
Cette mixité des aspirations des habitants des territoires ruraux n’est pas sans conflit, comme ceux
qui émergent périodiquement dans la presse et qui témoigne le plus souvent d’une incompréhension et d’un manque de communication.
Une nouvelle ruralité est émergente et devient complexe tout autant que les territoires ruraux.
Pour les populations urbaines, le regard porté sur la campagne, la ruralité se structure autour de la notion de «vivre-autrement» en réponse à un mode de vie mondialisé, voire banalisé, ou le stress urbain n’a été que renforcé par la situation de crise sanitaire et les mesures de confinement liées à l’épidémie de Covid-19.
Plus récemment, nous percevons l’éveil d’un public plus large, moins spécialiste, accède à cette approche affinée des territoires ruraux. Ce regain d’intérêt explique en partie la pénétration des problématiques rurales comme enjeux sociétaux.
On peut également souligner le nombre conséquent de travaux universitaires qui donnent à voir la pluralité des territoires ruraux, remettant ainsi en question la théorie de l’uniformisation des modes de vie (Huyghe, 2015) soi-disant« tous urbains » (Collectif d’animation, 2012)et à ses conséquences sur les rapports à l’espace. Des études en sciences sociales contribue à une différenciation des manières d’habiter (représentations sociales, appartenances territoriales,…), sans aller dans la construction d’une figure de société rurale. «Ceci souligne un vécu des campagnes en décalage avec la posture dominante très urbano centrée qui voit la progression et la diffusion constante de l’urbain dans tous les territoires et tous les modes d’habiter.» (Jousseaume, 2020).
Le projet de paysage dans les territoires ruraux
Comment se traduit l’action paysagiste dans l’espace rural aujourd’hui ? Quelles sont les modalités d’intervention du paysagiste dans les territoires ruraux ? Quelle est le rôle qu’occupe le paysagiste dans ces projets ? Quels sont les outils et les pratiques qu’il mobilise ?
Il s’agit dans un premier temps de dresser une chronologie de l’intervention du paysagiste dans l’espace rural. Ce panorama est volontairement non-exhaustif, il s’inscrit dans une démarche d’exploration des grandes étapes qui ont contribué à l’implication du paysagiste dans les territoires ruraux. L’objectif de ce récapitulatif est de rendre compte de l’évolution des pratiques du projet de paysage, celui-ci pouvant être mobilisé par d’autres disciplines.
Retour sur 70 ans d’actions paysagères en campagne
Des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’au début des années 70,le paysage rural français connaît des transformations profondes. Faisant suite aux politiques de reconstruction du pays, l’espace rural est davantage perçu comme un espace de ressources agricoles. En ce sens, les recherches des agronomes évoluent vers le productivisme et le développement des modèles agricoles conventionnels. Les ingénieurs du génie rural sont chargés de mettre en pratique ces prescriptions sur l’espace agricole, les grandes transformations des paysages ruraux sont les résultats du remembrement, du drainage, des installations pour de l’irrigation, de la rectification des cours d’eau et du micro-relief, de la suppression des arbres, de haies et des chemins,… Bien que se diffusant aléatoirement selon les régions, ces aménagements du territoire ont des conséquences paysagères immédiates ainsi que des conséquences sociales et environnementales qui seront évaluées bien plus tard. La création des Parcs naturels régionaux à partir de 1967 permet d’envisager une autre vision de l’aménagement du territoire.
Des programmes mobilisent quelques paysagistes, notamment quand le territoire comporte un site naturel remarquable. La profession de paysagistes évolue progressivement vers de nouvelles perspectives et cette dynamique se ressent particulièrement dans l’enseignement du paysage de l’école de Versailles. C’est d’ailleurs dans ce contexte d’après-guerre que prend forme un des premiers enseignements du paysage initié par le Général de Gaulle avec la création de la section «paysage» de l’ENSH de Versailles en 1945.
Dans le courant des années 1980, la Mission du Paysage met également en place différents programmes en faveur de la promotion des paysages du quotidien, des paysages ordinaires, émanant des collectivités territoriales dans un contexte du début de la décentralisation des services de l’État. Parmi les littoraux en voie d’urbanisation, les sites industriels en perte de vitesse ou encore le réseau routier et ferroviaire, les territoires ruraux en passe d’être vidés de leur population cherchent à faire reconnaître leurs valeurs paysagères et patrimoniales tout en posant les bases du projet de développement local. A partir de 1984, des paysages ruraux se retrouvent esthétisés les douze photographes de la mission photographique de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) qui est une commande publique ayant pour objectif de représenter le paysage français des années 1980.
C’est en 1985 qu’est votée la Loi Montagne (complétée en 2016) qui permet de concilier développement et préservation dans les régions de montagne (30% du territoire français). Tous les territoires étudiés ont pour point commun le fait d’être en mutation (sociale puis paysagère), subissant des ruptures lentes ou des crises. Ces changements agissent sur le cadre de vie des habitants, le paysage devient alors un outil.
Françoise Dubost évoque en 1983 : «Cumuler la formation d’urbaniste et de paysagiste était un bon moyen de résoudre le problème et de cumuler les chances, à l’époque où sont lancés les grands projets, de se placer parmi les autres aménageurs du cadre de vie.» Ceci étant un phénomène urbain les paysagistes sont peu à peu associés au cortège des producteurs du cadre de vie collectif, même en milieu rural. Ils se positionnent également comme des révélateurs ou des déclencheurs de projets en ce qui concerne la valorisation de sites à valeurs naturelles ou patrimoniales, leurs interventions concernent des éléments ou des formes paysagères remarquables et/ou remarqués dans un espace rural considéré comme un paysage ordinaire (ou réservé à l’agriculture). Le début de cette décennie est aussi marquée par la création de la Fédération française du paysage, étape clé dans la démarche de longue haleine de l’identification du paysage et du paysagiste.
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Table des matières
Avant-propos
Remerciements
Sommaire
Introduction – Détours en campagne
I. Le rural et les paysagistes
1. La campagne aujourd’hui
1.1 Vous avez dit «campagne» ?
1.2 Profils de campagne : identifier les ruralités
1.3 Vers une autre définition de la campagne
1.4 La ruralité une question de société, l’enjeu des territoires ruraux
1.5 Entre représentations paysagères et paysage habité
2. Le projet de paysage dans les territoires ruraux
3.1 Retour sur 70 ans d’actions paysagères en campagne
3.2 Les champs d’action contemporains du paysagiste
3. Figures paysagistes
3.1 Qui sont les paysagistes ?
3.2 Que font les paysagistes ?
3.3 L’«expertise» paysagiste
3.4 Le paysagiste à la croisée des disciplines
3.5 Savoir-faire et Faire-savoir le paysagiste
3.6 Des singularités «de campagne»
I. Conclusion
II. Regards et trajectoires de paysagistes, l’expérience du lieu
1. Le Massif-Central comme socle exploratoire Paysagiste(s) de campagne ?
2. (R)entrer en campagne, aller à la rencontre des paysagistes du terrain
2.1 Paroles de paysagistes, lecture de mises en récit d’expériences.
2.2 Une expérience immersive : stage dans un C.A.U.E.
2.3 Projections paysagistes, postures et pratiques face à l’exercice du terrain
3. Investir le milieu rural en explorant les particularités paysagistes
3.1 «Retour de campagne», bilan des rencontres
3.2 Contribution à l’identité des paysagistes à la campagne
II. Conclusion
III. Singularités rurales : essai d’identification des particularités paysagistes de la campagne
1. Le faire-savoir : La commande et la gouvernance de projet, figures charnières de la démarche paysagère
2. Le savoir-être : la dimension relationnelle, pré-requis et défi
3. Le savoir-faire : L’épreuve du généraliste, entre connaissances et expériences
4. Habiter la campagne, entre ancrage et projections
Conclusion – De l’identification de pratiques à la reconnaissance d’une posture
Bibliographie
Annexe 1 -9
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