Simulation économique
Résultats de la recherche
Sous-Chapitre I : Evaluation des performances technico-économiques
I. Pratiques culturales et résultats technico-économiques Cette partie présente les résultats technico-économiques des travaux de recherche de cette thèse. Elle se compose de trois grands points:
1- Le premier point présente les pratiques culturales selon les itinéraires techniques correspondant aux deux principaux types d’implantation des cultures (semis après labour et semis direct sans labour et avec herbicides).
2- Dans un second temps, en se basant sur notre échantillon de 40 exploitations dont 20 par village, on fait l’évaluation des temps de travaux des différentes opérations agricoles et la productivité du travail selon les deux modes de mise en place des cultures. On calcule la valeur ajoutée et le revenu de l’exploitation pour les trois types d’exploitation: i)- type C1, les exploitations des agro éleveurs, qui possèdent les animaux de trait, notamment les bovins et, qui effectuent en priorité la préparation du sol avant de semer (système avec labour) ; ii) – type C2, représente les exploitations moyennes, qui ont peu ou pas d’animaux de trait et qui pratiquent le semis direct sans labour en priorité, avec un nettoyage préalable de la parcelle avec les herbicides. Elles ont une orientation de culture de coton et de diversification; iii) – type C3, qui correspond aux exploitations de petite taille, sans équipement agricole, notamment les animaux de trait, et pratiquent le semis direct en priorité, avec une orientation vers la culture d’arachide.
3- Enfin, nous ferrons une comparaison des temps de travaux, selon le mode de mise en place qui présente les meilleures performances technico-économiques. Une comparaison de la productivité du travail (F CFA/j) et du revenu familial total sera effectuée. Ce qui nous permettra de vérifier notre première hypothèse selon laquelle, le semis direct avec utilisation des herbicides selon les types d’exploitation, permet d’améliorer les performances technicoéconomiques, à l’échelle du système de l’exploitation agricole par l’augmentation du revenu des producteurs au Nord Cameroun.
Pratiques culturales et calendrier des travaux agricoles
Pour notre étude, nous avons opté de travailler plus sur les trois principales cultures (coton, maïs, arachide), qui sont pratiquées selon les deux itinéraires techniques étudiés. L’ensemble des itinéraires techniques identifiés peut être représenté sous forme synthétique à partir des figures 25 et 26, afin de faire apparaître les phases des différentes opérations culturales et les périodes de pointe de travail des agriculteurs durant la campagne agricole. A Mafa Kilda et à Pandjama, l’arachide et le sorgho sont les premières cultures à semer. Le coton est généralement semé avant le maïs ou en même temps que le maïs (figures 25 et 26). Dans l’ensemble, la saison culturale commence relativement plutôt (troisième décade du mois d’avril) dans le village de Pandjama, par rapport à Mafa Kilda où les pluies arrivent avec un retard (deuxième décade du mois de mai). Pour les exploitations des agro-éleveurs du type C1, qui représentent 14 % des exploitations à Mafa Kilda et 8 % à Pandjama, les cultures sont mises en place après avoir en priorité labouré les parcelles, lorsque la pluviométrie le permet. La parcelle de coton est d’abord labourée en traction animale et les semis sont réalisés après le labour entre mi-mai et mi-juillet, avec l’épandage d’un mélange paraquat plus un herbicide de prélevée (diuron à 720 g/ha). Les agriculteurs font un semis en ligne, en respectant plus ou moins les écartements de 0,80 cm entre les lignes et 0,25 cm sur la ligne de semis entre poquets. Dans ces poquets, 5 à 8 graines sont enfouies. Un épandage de 200 kg/ha d’engrais complet NPK est effectué à la levée.
Dans ce cas, 2 à 3 sarclages sont nécessaires (figure 27). Lors du premier sarclage manuel à la houe ou mécanique (en traction animale) qui peut intervenir 3 à 4 semaines après le semis, le producteur effectue un démariage en laissant 1 à 2 plants par poquet. Ce qui fait une densité de population théorique de 50 000 pieds de cotonniers à l’hectare. Mais en milieu paysan, cette densité est rarement atteinte pour cause de mauvaise levée due à des semences mal conservées ou à des irrégularités de la pluviométrie en début de campagne agricole, ainsi qu’aux attaques parasitaires souvent fréquentes. Le buttage est réalisé 30 à 45 jours après le semis. C’est une opération qui a une action sur la dynamique de l’eau de surface, l’alimentation de la plante et sa tenue au sol. Il consiste d’une part à accumuler la terre des interlignes sur les lignes de semis pour couvrir les racines et d’autre part à faire un nettoyage par enfouissement des adventices. Il est suivi de l’application d’une fertilisation minérale (urée à 50 kg/ha). La récolte à lieu à partir du mois de décembre. Pour la culture de l’arachide, lorsque la pluviosité le permet (> 30 mm), et dès la deuxième décade du mois de mai, ces agriculteurs effectuent un labour en traction animale. Le semis est réalisé soit le même jour ou 24 heures après. Il est effectué en quinconce ou le long d’une raie ouverte par la charrue. Les opérations du premier sarclage surviennent 15 à 20 jours après. Il n’y a pas de buttage sur l’arachide. Les engrais ne sont pas apportés pour la culture d’arachide. Le producteur peut effectuer 2 à 3 sarclages selon la pression des mauvaises herbes et sa capacité à mobiliser la main d’œuvre (travaux de groupe). La récolte à lieu à partir du mois de septembre.
Pour la culture du maïs, le labour est effectué dans la première décade du mois de juin. Les semis sont réalisés en ligne, avec un écartement de 0,80 cm entre les lignes et 0,40 cm entre les poquets. Un épandage de paraquat avec de l’atrazine (800 g/ha) lors du semis est effectué pour empêcher la reprise rapide des herbes. L’engrais complet NPK à la dose de 100 kg/ha est apporté à la levée. En suite 1 à 2 sarclages sont réalisés, selon la pression des mauvaises herbes. Le premier sarclage est réalisé 15 à 20 jours après le semis. Le buttage est aléatoire et intervient 30 à 45 jours après le semis. C’est à cette période que l’urée est épandu, soit 100 à 150 kg/ha, selon les moyens du producteur. Les récoltes ont lieu à partir du mois de novembre. Concernant les agriculteurs du type C2, qui représentent 68 % des exploitations à Mafa Kilda et 74 % des exploitations à Pandjama, et ceux du type C3, qui représentent 18 % des exploitations à Mafa Kilda et 14 % des exploitations à Pandjama, ils sont peu ou non équipés en traction animale. Ils vont utiliser plus la pratique de semis direct avec herbicides pour la mise en place du coton. Le nombre moyen d’actifs par exploitation non équipée varie entre 1 et 4 actifs par exploitations, contre 4 à 13 actifs pour les exploitations équipées en animaux de trait du type C1. Cette pratique de semis direct, dans des conditions de faible disponibilité de main d’œuvre, permet d’accélérer la mise en place des cultures dès la troisième décade du mois de mai. L’agriculteur peut alors semer plutôt, sans forcément attendre une grande pluie, puisque le sol n’est pas travaillé, et les graines de coton sont directement semées dans des poquets réalisés sur des sols préalablement traités aux herbicides. Pour la culture du coton, la parcelle est d’abord nettoyée à l’aide des herbicides. Les agriculteurs du type C2, qui ont des exploitations de taille moyenne, utilisent une double application des herbicides. Les producteurs appliquent dans un premier passage 707 g/ha de glyphosate dans le village Mafa Kilda où la pression des adventices est relativement faible par rapport à Pandjama, où il est recommandé le double, soit 1414 g/ha de glyphosate. Puis le jour du semis (5 à 6 jours après le premier traitement), le semis est effectué suivi de l’épandage d’un mélange de 702 g/ha de diuron + 200 g/ha de paraquat. L’engrais complet NPK est épandu à la levée de la culture, à la dose de 200 kg/ha. Le premier sarclage survient 10 à 15 jours après le semis. Les producteurs qui effectuent bien leur traitement herbicide peuvent faire seulement un sarclage avant le buttage. Ils ne représentent que 10 % des exploitants enquêtés. Pour d’autres, plus de 80 % des agriculteurs effectuent 2 à 3 sarclages selon l’enherbement de leurs parcelles. Le buttage intervient 30 à 45 jours après le semis, avec une application simultanée de 50 kg/ha d’urée. Cinq à six traitements insecticides sont programmés durant le cycle du cotonnier pour limiter les attaques contre les ravageurs. Les récoltes commencent à partir du mois de novembre à Mafa Kilda et décembre à Pandjama. Ces récoltes s’étalent jusqu’en janvier. Dans les exploitations du type C3, qui sont de petite taille, et moins équipées en matériel agricole, les agriculteurs effectuent le premier passage avec soit 1414 g/ha de glyphosate et 5 à 6 jours après le premier traitement, ils appliquent au semis 720 g/ha de diuron. Ou alors, ils appliquent en un seul passage 400 g/ha de paraquat et au semis 720 g/ha de diuron. En dehors du nombre de sarclages dans les parcelles qui est souvent élevé (3 à 4), pour cette dernière catégorie de traitement, les opérations culturales sont identiques à celles effectuées dans le cas du type C2.
La culture d’arachide est plus simple. L’itinéraire technique est identique pour les exploitations du type C2 et C3. Après le traitement d’herbicide avec 1414 g/ha de glyphosate ou 400 g/ha de paraquat, les graines d’arachide sont immédiatement enfouies dans la terre. Le semis se fait en ligne à l’aide d’une corde, ou en suivant les anciennes buttes de la culture précédente. Deux à trois sarclages manuels sont effectués 20 à 45 jours après le semis. La récolte a lieu à partir du mois de septembre. Pour la culture de maïs, la pratique de semis direct avec herbicide contient plusieurs étapes. Pour les exploitations des types C2 et C3, à partir de la première décade du mois de juin, un premier traitement herbicide avec 707 ou 1414 g/ha de glyphosate est effectué. Et 5 à 6 jours après, lors du semis, qui est réalisé en ligne, un deuxième passage composé d’un mélange de 810 g/ha d’atrazine + 400 g/ha de paraquat est épandu pour limiter la reprise des mauvaises herbes. Un seul sarclage ou un sarclo-buttage mécanique est effectué avec enfouissement de 150 kg/ha d’urée entre 20 et 30 jours après le semis. La récolte des épis secs survient à partir du mois de novembre. Si le traitement herbicides est bien fait et s’il n’y a pas d’incidence pluviométrique, 80 % des agriculteurs qui ont réalisé une double application du paraquat et du glyphosate (figure 28), assurent une bonne maîtrise des mauvaises herbes au premier stade de développement de la culture. Dans ce cas, ils peuvent se passer du premier sarclage qui a lieu 2 semaines après le semis et réaliser un sarclo-buttage qui est généralement mécanique entre 25 et 30 jours après semis, et attendre la récolte.
D’autres producteurs, représentant 20 % d’agriculteurs parmi les exploitations suivies, effectuent une seule application avec du paraquat à 400 g/ha ou du glyphosate entre 707 et 1414 g/ha (figure 27). Dans ce cas, selon la disponibilité des animaux de trait, deux sarclages sont nécessaires et ils font un buttage avant la récolte. Les sarclages sont plus nombreux sur le coton (2 à 3) que sur le maïs, car le coton est plus sensible aux adventices, et il a un cycle de développement plus long (150 jours) que le maïs (90 à 105 jours). Dans les deux cas de mise en place, l’apport d’engrais est réalisé au semis alors que l’urée est enfouie ou simplement déposé en surface le long des lignes de semis lors du deuxième sarclage ou lors du buttage. Les doses d’engrais épandues varient entre 100 et 200 kg/ha de NPKSB + 50 kg/ha d’urée. Les intrants sont fournis soit au comptant ou à crédit par la SODECOTON et utilisés en majorité sur le coton (herbicides, engrais et insecticides). La plus grosse utilisation de main d’œuvre a lieu lors des sarclages et pendant la récolte. La main d’œuvre coûte entre 21 000 et 40 000 F CFA par ha récolté, et selon la production.
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Table des matières
Résumé
Abstract
Dédicace
Remerciements
Table des matières
Introduction Générale
CHAPITRE I : Enjeux de la question de l’utilisation des herbicides et problématique
1. Approche historique des herbicides au Nord Cameroun
2. Impacts technico-économiques et environnementaux liés à l’usage des herbicides
3. Contexte de l’étude et problématique
3.1. Contexte de l’étude : Croissance démographique et intensification agricole
3.1.1. Une évolution lente mais progressive des techniques de production
3.1.2. Intensification des pratiques agricoles : du labour en traction animale à l’usage des herbicides pour le semis direct
3.1.3. Influence de la pluviométrie sur la production agricole
3.2 Question de recherche et hypothèses de travail
CHAPITRE II. Cadre théorique et approche méthodologique
I. Cadre théorique
1.1. Exploitations agricoles et pratiques des agriculteurs
1.2. Les représentations sociales en lien avec les pratiques des agriculteurs
1.3. La production et les ressources d’une exploitation agricole
1.3.1. Le capital social en lien avec l’exploitation agricole
1.3.2. Notion d’intensification agricole
II. Méthodologie et terrain de recherche
2.1. Posture de recherche
2.2. Choix des villages d’étude et échantillonnage
2.3. Recueil et analyse des données
2.4. Choix et caractéristiques des villages
2.5. Encadrement technique de la production agricole et formation des agriculteurs CHAPITRE III : Résultats de la recherche
Sous-Chapitre I : Evaluation des performances technico-économiques
I. Pratiques culturales et résultats technico-économiques
1.1. Pratiques culturales et calendrier des travaux agricoles
1.2. Evaluation technico-économique des différents itinéraires techniques
1.2.1. Les rendements (kg/ha) des différentes cultures en semis direct avec herbicides et en labour
1.2.2. Evaluation des temps de travaux sur labour et sur semis direct avec herbicides
1.2.3. Temps de travaux moyens (hj/ha) sur semis direct et sur labour (en 2007 et 2008)
1.3. Résultats annuels (2008) d’une exploitation du type C1
1.3.1. Revenu familial total (R.F) du type C1 en labour
1.3.2. Productivité des facteurs de production selon le type d’exploitation C1 en labour
1.3.3. Rémunération des facteurs de production du type C1 pratiquant le labour
1.3.4. Revenu familial total (R.F) pour le type C1 en semis direct avec herbicides
1.3.5. Productivité des facteurs de production du type C1 en semis direct avec herbicides
1.4. Résultats annuels (2008) d’une exploitation du type C2
1.4.1. Revenu familial total (RF) du type C2 en semis direct
1.4.2. Productivité des facteurs de production selon le type d’exploitation C2 en semis direct
1.4.3. Rémunération des facteurs de production dans le type C2 en semis direct
1.4.4. Revenu familial total (R.F) pour le type C2 en labour
1.4.5. Productivité des facteurs de production dans le type C2 en labour
1.5. Résultats annuels (2008) d’une exploitation du type C3
1.5.1. Revenu familal total (R.F) du type C3 en semis direct
1.5.2. Productivité des facteurs de production du type C3 en semis direct avec herbicides
1.5.3. Rémunération des facteurs de production dans le type C3
1.5.4. Revenu familal total (R.F) du type C3 en labour
1.5.5. Productivité des facteurs de production du type C3 avec la pratique de labour
1.6. Comparaison des facteurs de production et du revenu familal total selon les types d’exploitations
1.6.1. Comparaison des facteurs de production selon les exploitations
1.6.2. Comparaison du revenu familial total selon les exploitations
1.7. Synthèse sur les performances technico-économiques
1.8. Utilisation des herbicides par les agriculteurs et pratiques endogènes
1.8.1. Les pratiques endogènes observées en milieu paysan 1.8.2. Synthèse et confirmation de l’hypothèse 1
II. Importance du capital social en rapport avec l’adoption du semis direct avec herbicides
2.1. Les groupements des producteurs comme réseaux d’informations et de formation sur les techniques de production
2.2. Les associations de famille et groupes d’entraide au travail
2.3. Les groupes des jeunes
2.4. Les groupes religieux
2.5. Le groupe d’initiative commune-Forêt (GIC- Forêt)
2.6. Le groupement des femmes
2.7. Les médias comme autre voie d’information et de diffusion des techniques de semis direct avec herbicides
2.8. Synthèse sur le capital social en lien avec les pratiques de semis direct avec herbicides
Sous-Chapitre II. Représentations sociales des agriculteurs en lien avec l’utilisation des herbicides
1. Représentations sociales positives par rapport aux herbicides
1.1. Dimensions agronomiques et socio-économiques des herbicides dans la pratique du semis direct
1.2. Synthèse des résultats sur les motivations des agriculteurs pour le choix du semis direct avec herbicides
2. Représentations sociales des risques liés à l’usage massif des herbicides
3. Synthèse sur les représentations sociales des agriculteurs liées au labour et à l’usage des herbicides dans le semis direct
Sous-Chapitre III. Simulation économique
1. Choix des exploitations à simuler
2. Simulation des changements
2.1. Simulation du type d’exploitation C3
2.2. Simulation du type d’exploitation C2
2.3. Simulation du type d’exploitation C1
CHAPITRE IV. Discussion des résultats de la recherche
1. Sur le plan agronomique
2. Sur le plan des performances technico-économiques
3. Perception des risques liés à l’usage des herbicides sur la santé et l’environnement
4. Sur le plan de la simulation
Conclusion Générale
Références bibliographiques .
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