La péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) est une maladie infectieuse, contagieuse, inoculable due à un mycoplasme, Mycoplasma mycoides subsp. mycoides biotype Small Colony (MmmSC). Cette maladie menace fortement le cheptel bovin en Afrique subsaharienne depuis que la peste bovine ait disparu dans la plupart des pays tropicaux (PROVOST, 1987 ; YAYA, 2008). La PPCB sévit de façon enzootique depuis plusieurs années en Afrique intertropicale et elle induit des pertes difficiles à évaluer à cause de son évolution insidieuse. Autrefois sous contrôle grâce aux campagnes de vaccination mixte anti-bovipestique et anti péripneumonique, les efforts de lutte ont malheureusement connu un relâchement entraînant une flambée des cas. La lutte contre cette maladie en Afrique subsaharienne est rendue difficile par la faible efficacité des vaccins disponibles et par la paupérisation des Etats qui ne peuvent pas mettre en œuvre les mesures d’abattage systématique des troupeaux contaminés ou qui ne peuvent pas contrôler les mouvements du bétail (YAYA, 2008).En effet, pour des raisons socioculturelles et économiques, de telles mesures sont difficiles à appliquer dans la plupart des pays africains. Par conséquent, la seule approche réaliste de contrôle de la PPCB dans le tiers-monde, y compris dans les pays africains, est la vaccination massive et répétée (NIANG et al., 2004). Cependant, la détection des animaux infectés au sein des troupeaux du cheptel bovin est un préalable au succès de toute lutte contre la PPCB. Selon PROVOST et al. (1987), l’éradication de la PPCB suit trois phases principales: le dépistage sérologique des animaux infectés, l’abattage des animaux positifs en sérologie et le maintien d’une épidémio-vigilance sérologique.
PRESENTATION DU NIGER ET DE L’ELEVAGE AU NIGER
Présentation du Niger
Le Niger est un pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest; limité au Nord par l’Algérie et la Libye, au Sud par le Nigeria et le Bénin, à l’Est par le Tchad et à l’Ouest par le Mali et le Burkina Faso. Le territoire est subdivisé en 8 régions, 67 départements et 265 communes dont 52 communes urbaines et 213 communes rurales .
Géographie
Le Niger, vaste pays sahélien de 1 267 000 km² et traversé par le fleuve Niger sur une longueur de 550 km, est caractérisé par une courte saison humide et une saison sèche de huit à neuf mois. La frange sud du territoire, soit 25 % de la superficie, recèle l’essentiel des ressources naturelles (eau, végétation, faune, etc…) et supporte plus des ¾ de la population. Le Niger se divise en quatre zones bioclimatiques (figure 2) qui se répartissent du Nord au Sud. On peut décrire : la zone saharienne qui couvre environ 63 % du territoire national, avec des précipitations allant de 0 à 200 millimètre, la zone sahélo-saharienne couvre environ 13 % du territoire, avec des précipitations comprises entre 200 et 300 mm par an, la zone sahélienne comprise entre les isohyètes 300 et 600 mm et occupe 23 % du territoire, la zone soudanienne occupe 1 % du territoire et reçoit entre 600 et 800 mm d’eau par an (NIG-EXERCICE, 2013).
Structure socio-économique
Démographie
À l’instar de la plupart des pays en pleine croissance démographique, la population du Niger est majoritairement jeune. En 2016, la population totale estimée à plus de 20 600 000 d’habitants est à 84 % rurale (INS, 2018). Le Niger se compose de 9 groupes ethnolinguistiques (Haoussa, ZarmaSonghaï, Peul, Touareg, Kanouri, Toubou, Arabe, Gourmantché et Boudouma). La totalité de ces groupes pratiquent l’élevage (MEIA, 2008).
Economie
Le secteur primaire contribue pour 43,1 % au PIB total (INS, 2016). Lesecteur industriel, prospère dans le passé, occupe aujourd’hui une place mineure. L’économie traditionnelle repose notamment sur la culture du mil, du riz et d’autres céréales, ainsi que sur l’élevage. L’économie nigérienne dépend en grande partie du secteur agricole, qui lui-même est fortement tributaire des aléas hydroclimatiques. Cela constitue une contrainte certaine au développement de l’économie. D’autres facteurs, doivent également être pris en compte pour expliquer les faiblesses actuelles de l’économie.
Présentation de l’élevage au Niger
Importance de l’élevage au Niger
Au Niger, pays à vocation essentiellement agro-pastoral, l’élevage joue un rôle très important dans l’économie du pays. Il est pratiqué par près de 87% de la population active en tant qu’activité principale ou secondaire (RGC, 2004). L’élevage est donc déterminant pour l’atteinte de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Son apport est en moyenne de 15% aux revenus des ménages et de 25% à la satisfaction des besoins alimentaires (SDR, 2006).
Races
Le Niger dispose de plusieurs races bovines (zébus et taurins).
Zébus
➤ Zébu Azawack : la race Azawack reste encore la meilleure laitière de l’Afrique occidentale. Elevée dans de bonnes conditions d’alimentation et sanitaire, elle peut atteindre 12 à 15 litres de lait par jour tandis qu’en milieu traditionnel, la production laitière varie de 2 à 4 litres par jour (NRN, 2010).
➤ Zébu Bororo : c’est la race typique élevée par les peulhs Wodaabé (Bororos) dans les parties nord des Régions de Tahoua, Maradi, Dosso, Diffa, Zinder et dans la partie sud de la région d’Agadez. Ce sont des animaux de grande transhumance, du fait de leur aptitude à la marche. L’aptitude bouchère est faible en raison du développement de son squelette. La lactation varie de 3 à 4 litres/jour chez les bonnes vaches (NRN, 2010).
➤ Zébu Goudali : il est rencontré dans la bande sud du pays. L’aptitude du Goudali est mixte : bon animal de boucherie (rendement carcasse : 50 à 52%) et bonne laitière (jusqu’à 7 à 8 litres de lait/jour) (NRN, 2010).
➤ Zébu Djeli : il est principalement rencontré dans les régions du fleuve Niger. C’est un bon animal de boucherie qui s’engraisse rapidement quand il est bien alimenté. Cette race donne 400 à 450 litres de lait par cycle de lactation (NRN, 2010).
Taurins
➤ Taurin Kuri : il a pour berceau la zone du lac Tchad. La vache est assez bonne laitière (4 à 6 litres/jour) (NRN, 2010). Cette race présente beaucoup d’intérêts pour la boucherie. Malheureusement, le métissage pratiqué en élevage traditionnel fait que le Kuri est en train d’être absorbé par la race Bororo (NRN, 2010).
Remarque : les images de ces différentes races seront présentées dans la partie consacrée aux annexes de ce document.
Systèmes d’élevage au Niger
Les systèmes d’élevage de production du bétail sont fondés sur trois formes principales d’élevage : l’élevage sédentaire, l’élevage nomade et l’élevage transhumant. Ces trois formes se regroupent au sein de deux systèmes de production : les systèmes pastoraux avec élevage nomade et transhumant et les systèmes agropastoraux avec l’élevage sédentaire (RGAC 2005/2007).
➤ Systèmes pastoraux : ils sont pratiqués sur des zones où l’agriculture est presque absente en raison de la faiblesse des précipitations et de la pauvreté des sols. Les terres de ces zones sont à usage pastoral (INS, 2012).
➤ Systèmes agropastoraux : ce sont des systèmes où cohabitent agriculture et élevage. On distinguera dans ces systèmes en raison de la prédominance de l’une ou de l’autre des activités, un sous-système à élevage dominant et un sous-système où l’agriculture est l’activité principale (INS, 2012).
Contraintes de l’élevage au Niger
Contraintes environnementales
La saison sèche et la sécheresse limitent le développement de l’élevage. En effet, des études ont montré que la baisse du poids corporel est accentuée au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la saison des pluies (GERMAIN, 1997 ; NONGASIA, 1997).
Contraintes socio-économiques
Plusieurs facteurs concourent aux limitations socio-économiques des systèmes de production du bétail. Le principal facteur reste la concurrence entre agriculture et élevage pour l’occupation de l’espace. Cette concurrence est très sévère dans les zones à potentialités limitées. Ainsi, s’ouvre une course à la conquête de la terre en zones agropastorales et une course aux ressources en zones pastorales. Le manque de crédit alloué au secteur dû à l’ignorance de notions techniques, de production et de gestion chez les éleveurs est aussi un facteur limitant (MEIA, 2008).
Contraintes zootechniques
Malgré le fort potentiel génétique des races locales, leurs productions laitières et bouchères sont inférieures à celles des races exotiques (NRN, 2010).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : PRESENTATION DU NIGER ET DE L’ELEVAGE AU NIGER
I.1. Présentation du Niger
I.1.1. Géographie
I.1.2. Structure socio-économique
I.1.2.1. Démographie
I.1.2.2. Economie
I.2. Présentation de l’élevage au Niger
I.2.1. Importance de l’élevage au Niger
I.2.2. Cheptel
I.2.3. Races
I.2.3.1. Zébus
I.2.3.2. Taurins
I.2.4. Systèmes d’élevage au Niger
I.2.5. Contraintes de l’élevage au Niger
I.2.5.1.Contraintes environnementales
I.2.5.2. Contraintes socio-économiques
I.2.5.3. Contraintes zootechniques
I.2.5.4. Contraintes alimentaires
I.2.5.5. Contraintes sanitaires
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LA PPCB
II.1. Définition
II.2. Historique
II.3. Importance
II.4.Répartition géographique
II.5. Etiologie
II.5.1. Propriétés physico-chimiques et culturales ou caractères culturaux
II.5.1.1. Morphologie
II.5.1.2. Propriétés physico-chimiques
II.5.1.3. Culture
II.5.2. Propriétés Biologiques
II.5.2.1. Pouvoir pathogène
II.5.2.2. Pouvoir antigénique
II.5.2.3. Pouvoir immunogène
II.5.2.4. Pouvoir allergène
II.6. Résistance
II.6.1. Résistance aux agents physiques
II.6.2. Résistance aux agents chimiques
II.7. Etude clinique
II.7.1. Signes cliniques
II.7.1.1. Forme aiguë
II.7.1.2. Forme suraiguë
II.7.1.3. Formes subaiguë et chronique
II.7.1.4. Manifestations cliniques chez les jeunes
II.7.2. Lésions
II.7.2.1. Lésions macroscopiques
II.7.2.2. Lésions microscopiques
II.8. Pathogénie
II.9. Epidémiologie
II.9.1. Réceptivité et sensibilité
II.9.2. Sources de contagion
II.9.3. Mode de transmission
CHAPITRE III : CONTROLE ET LUTTE CONTRE LA PPCB
III.1. Diagnostic
III.1.1. Diagnostic clinique
III.1.2. Diagnostic nécropsique
III.1.3. Diagnostic différentiel
III.1.4. Diagnostic expérimental
III.1.4.1. Diagnostic histologique
III.1.4.2. Diagnostic microbiologique direct
III.1.4.3. Diagnostic microbiologique indirect
III.2. Lutte contre la péripneumonie contagieuse bovine
III.2.1. Traitement
III.2.2. Prophylaxie
III.2.2.1. Prophylaxie sanitaire
III.2.2.2. Prophylaxie médicale
III.3. Situation et lutte contre la PPCB au Niger
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. Zone et période d’étude
I.2. Matériel
I.2.1. Matériel de terrain
I.2.2. Matériel de laboratoire
I.2.2.1. Matériel d’analyse
I.2.2.2. Consommables
I.2.2.3. Réactifs
I.3. Méthodes
I.3.1. Echantillonnage
I.3.2. Choix des troupeaux et animaux à prélever
I.3.3. Prélèvement de sang et traitement de sérums
I.3.4. Protocole d’analyse
I.3.5. Analyses statistiques
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Séroprévalence de la PPCB dans les troupeaux vaccinés
II.1.1 Caractérisation de l’échantillon
II.1.2. Prévalence individuelle en fonction des variables de l’étude
II.1.2.1. Prévalence en fonction des régions
II.1.2.2. Prévalence en fonction des groupes d’âge
II.1.3. Prévalence en fonction des communes
II.2. Evolution de la séroprévalence entre T0 et T1
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
III.1. Discussion
III.1.1 Discussion des méthodes
III.1.1.1. Discussion de l’échantillonnage
III.1.1.2. Discussion de la méthode d’analyse
III.1.2. Discussion des résultats
III.1.2.1. Discussion des résultats en fonction des individus et des variables de l’étude
III.1.2.2. Discussion des résultats en fonction de l’évolution de la prévalence entre T0 et T1
III.2. Recommandations
III.2.1. Recommandations à l’Etat
III.2.2. Recommandations au PRAPS
III.2.3. Recommandations aux éleveurs
III.2.4. Recommandations aux professionnels de l’élevage et de la santé animale
III.2.5. Recommandations aux chercheurs
CONCLUSION GENERALE