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Présentation de la zone d’implantation
Géographie et climat
Chef-lieu de la région Androy, Ambovombe est localisée dans l’extrême Sud de Madagascar. Elle est réputée pour ses paysages caractérisés par la présence des « raketa » et d’arbres courbés par les vents violents (ANDRIAMASINANDRAINA, 2012). Le climat du district d’Ambovombe est caractérisé par une grande aridité et des vents dominants Est-Ouest. Il fait partie du domaine à climat tropical chaud et aride, à hiver frais du Sud de Madagascar (MBOLA MITAHASOA, 2008). Deux saisons sont bien marquées : un climat pluvieux de Novembre à Mars et un climat sec d’Avril à Novembre. Une température moyenne annuelle variant entre des maxima de 30 à 33°C et des minima de 15 à 21°C. Une précipitation moyenne de 400 mm mal répartie dans l’année caractérise également la zone. Elle est aussi soumise en quasi-permanence à un vent du sud, fort et desséchant. Il y a deux grandes routes qui relient Androy avec d’autres régions qui sont la RN 10 reliant Andranovory – Androy et la RN 13 reliant Ihosy – Androy jusqu’à Fort-Dauphin (SOJA TSIMANDILATSE, 2007).
Quelques notes sur le mucuna
L’objectif de la provenderie est surtout de valoriser les matières premières disponibles dans le sud de Madagascar, en l’occurrence le mucuna. Le mucuna (Mucuna pruriens) est une légumineuse héliophile, thermophile, préférant des pluies espacées, sarmenteuse à croissance vigoureuse, à port rampant et à but multiples (AKLAMAVO et MENSAH, 1997).
Dans le domaine de l’élevage, les graines de mucuna sont utilisées dans les concentrés des vaches laitières, et des volailles ; les feuilles vertes sont utilisées comme fourrages verts pour les ruminants ; le foin de mucuna peut être utilisé pour l’alimentation des vaches laitières, des bovins de trait et pour l’embouche bovine ou ovine. Les graines de mucuna peuvent aussi être utilisées comme matières premières dans la fabrication des aliments du bétail.
Il est à noter que le gain de poids journalier des porcs nourrit avec des aliments concentrés constitués par du mucuna est supérieur à celui des porcs nourrit avec des aliments concentrés sans mucuna (RANDRIANANTENAINA, 2012). L’incorporation du mucuna dans la ration des poules pondeuses améliore l’entrée en ponte (ANDRIANIONY, 2017). Cependant la présence de facteurs toxiques limite l’utilisation des graines de Mucuna pruriens dans l’alimentation animale. En effet consommée sans traitement approprié, la graine de mucuna a des effets toxiques chez les oiseaux et des taux de mucuna supérieurs à 20 % réduisaient la consommation alimentaire et avaient un impact négatif sur la croissance.
Plusieurs méthodes peuvent être adoptées pour éliminer ou diminuer les facteurs antinutritionnels et la toxicité du mucuna (cuisson, torréfaction, trempage, germination, fermentation,…). La torréfaction reste la méthode la plus simple et qui est plus ou moins efficace. Elle n’élimine pas seulement les facteurs toxiques et antinutritionnels, mais permet aussi de dégager l’arôme de la graine. Une torréfaction consiste à griller les graines entre 120 et 170 °C pendant un peu moins d’une heure. Mais dans le cas du mucuna, la température de la torréfaction doit être réglée entre 70 à 100°C pendant une durée de 15 minutes pour ne pas trop dénaturer la protéine (RANDRIANANTENAINA, 2012).
MATERIELS ET METHODES
Collectes des données
Les données collectées se référaient sur les matériels et outillages pour la provenderie, et les matières premières, notamment leurs localisations, disponibilités et prix. La collecte de ces données a été réalisée à partir d’entretiens effectués auprès des commerçants locaux et des bureaux administratifs en relation avec l’Agriculture (DIREL, Tranoben’ny Tantsaha,…) dans les zones ciblés par la provenderie (ville d’Ambovombe, Fort-Dauphin, Tuléar, Ihosy, et Fianarantsoa) durant la période du 08 Décembre 2016 au 03 Mars 2017.
L’identification des matières premières dans le district d’Ambovombe s’est effectuée en examinant quelques marchés au niveau de cette zone. Les marchés visités sont ceux à proximités de la commune d’Ambovombe, en prenant comme hypothèse l’égalité du prix des matières premières dans des zones voisines.
Les informations recueillis sur terrain ont été complétées par des recherches bibliographiques et webographiques. En effet quelques références de prix n’ont pas pu être obtenues lors du déplacement sur terrain, à l’exemple du prix de quelques machines utilisable en provenderie (mélangeur, presse à granulé).
Choix des espèces cibles
Les espèces animales ciblées par la provenderie sont notamment les animaux à cycles court dont la production est rapide et l’élevage est réalisable dans la zone d’implantation. De ce fait les aliments concentrés à produire sont uniquement destinés aux porcs, poules pondeuses, et poulets de chair. Même si les ovins, caprins et bovins sont majoritaire dans la partie sud de Madagascar, leurs consommations en aliments concentrés sont encore moindre voire même inexistantes.
Elaboration des formules à utiliser pour la provenderie
La formulation des aliments a été effectuée sur Microsoft Excel avec le complément Solveur.
Elle s’est basée sur les besoins nutritionnelles de chaque espèce animale à chaque stade de vie (besoin en énergie, protéine, acide aminé et en élément minéraux (Cf. Annexe I) et sur les principes et limites d’incorporation des matières premières. Le principe du moindre coût a été également adopté pour la formulation des aliments concentrés. En effet, le choix des matières premières s’est porté sur les moins chère afin d’avoir un coût de revient le plus bas possible, tout en tenant compte de la localité. En Août l’approvisionnement en son de maïs est effectué à Ambovombe car le prix y est faible (Cf. Annexe III), mais en décembre Tuléar devient le lieu d’approvisionnement car le prix est largement inférieur à celui d’Ambovombe même en ajoutant les frais de transport occasionnés. Les matières premières inexistantes dans la zone d’implantation sont automatiquement importées à partir d’autres régions : farine de poisson, CMV, acide aminé,…. (Tableau 1).
Le Solveur Excel a alors été centré sur une programmation linéaire dont l’équation à résoudre est la suivante :
Soit:
MP1, MP2, MP3,…, MPn la liste de n matières premières (n = 18 dans cette étude (Cf. Tableau 1))
C1, C2, C3,…, Cn le coût de ces matières premières par unité de poids (Kg) ;
X1, X2, X3,…, Xn le taux d’incorporation de chaque MP dans le mélange ;
Tmini et Tmaxi le taux d’incorporation minimal et maximal de la MP i ;
Nt1, Nt2, Nt3,…, Ntm une liste de m nutriments [Energie (EM ou ED), protéine (MAT), acide aminé (Lysine, méthionine), et minéraux (Ca, P) (Cf. Annexe I)];
Aij la quantité de nutriment j présente dans la MPi
ANt1, ANt2, ANt3,…, ANtm les recommandations d’apport en nutriment m des animaux. Les recommandations d’apports utilisés sont ceux établis par l’INRA en 1989 pour les porcins et ceux établis par DAYON et ARBELOT en 1997 pour les poules pondeuses et les poulets de chair.
Test de sensibilité dans la discussion
Trois 03 critères ont été choisis dans le test de sensibilité de la provenderie : Analyse de sensibilité sur approvisionnement matière première, sur la quantité commercialisée, et sur le prix de vente.
Sensibilité sur approvisionnement en matières premières (MP)
Dans cette partie, une simulation d’augmentation du prix des matières premières a été effectuée. L’évaluation de la rentabilité de la provenderie a été recalculée avec des prix des matières premières qui ont été respectivement augmentés de 20%, 40% et 60%.
Sensibilité sur la quantité commercialisé
Une simulation sur la diminution de la quantité commercialisée a aussi été effectuée. L’évaluation de la rentabilité de la provenderie a été faite respectivement avec 80%, 85% et 90% des quantités produites qui sont commercialisées. Les taux de diminution pris ont été supérieurs à 80% car l’hypothèse posée est que les risques de production non vendus n’excèderont pas les 20%.
Sensibilité sur la diminution du prix de vente
La diminution des prix de ventes peut avoir des répercussions sur la provenderie. Les prix de ventes ont été diminués respectivement de 5%,10% et 15%.
Matières premières
Le prix des matières premières varie suivant la localité et la saison (Cf. Annexe III).
Les matières premières existants à Ambovombe sont maïs grain, son de maïs, manioc sec, son de riz, niébé, mucuna. Le son de riz n’est pas disponible durant la période du mois de juillet au mois de novembre. Dans la région, le son de riz n’est pas préféré au son de maïs. Les autres matières premières existent au niveau des marchés même en saison de non production mais avec des prix largement supérieurs car elles sont importées à partir d’autres régions.
Les autres matières premières comme coquillages broyés, tourteaux d’arachide, tourteaux de coton, tourteaux de coprah, farine de poisson locale, farine de thon, farine de sang, poudre d’os calciné, CMV, lysine et méthionine ne sont disponible qu’à Tuléar et Fianarantsoa ; et leur prix ne varie que très rarement.
Formule d’aliment concentré par espèce
Les formules respectent les valeurs alimentaires recommandées pour les animaux à chaque stade.
Les poulets de chair sont représentés en 03 stades de vie dont le démarrage, la croissance et la finition. Les poules pondeuses sont aussi représentées en 03 stades dont le démarrage, poulette, et pondeuse. Les porcs sont représentés en deux grand groupes : porc en engraissement composé par 04 stades dont porcelet 1er âge, 2ème âge, croissance et finition ; et reproducteur composé par verrat, truie en lactation et truie en gestation.
Poulet de chair.
Pour les poulets de chair le maïs a un taux d’incorporation supérieur à 50%. Dans la première formule, le coût du mélange des matières premières dans les formules d’aliments concentrés pour les poulets de chair en démarrage est de 1103,55 Ar, pour les poulets de chair en croissance de 1148,40 Ar, et pour les poulets de chair en finition de 1126,56 Ar (Tableau 9). Pour la deuxième formule il est respectivement de 1094,57 Ar, 1129,59 Ar, 1082,45 Ar (Tableau 10). Pour la troisième formule, il est respectivement de 1179,07 Ar, 1223,98 Ar, 1168,94 Ar (Tableau 11).
Prix de vente des aliments concentrés
Les aliments concentrés de la provenderie sont vendus à des prix défiant toutes concurrences. En effet les prix des aliments concentrés relevés dans les zones cibles sont largement supérieurs à ceux de la provenderie (Cf. Annexe V). A Fianarantsoa par exemple le prix du kg d’aliment concentrés pour porc varie de 1200 Ar à 1600 Ar, et à Tuléar il varie de 1300 Ar à 1700 Ar au cours de l’année alors que pour la provenderie d’Ambovombe il ne dépasse pas les 1400 Ar le Kg.
Taux de rentabilité interne
Le taux de rentabilité interne obtenu est de 68,91 %. La valeur du TRI obtenue implique que la provenderie est rentable. Elle montre également que la provenderie peut supporter un emprunt avec un taux d’intérêt allant jusqu’à 68,91 % pour le financer. Ce TRI est largement supérieur aux TRI trouvés par d’autres auteurs dont HOLIARIMANANA en 2011, et RAMAROMANANA en 2006. Le travail de RAMAROMANANA s’est porté sur un projet de création d’une unité de provenderie dans la commune rurale de SABOTSY NAMENA. Il a stipulé qu’avec un TRI de 41,60%, le projet est rentable et même qu’ils peuvent s’endetter d’avantage. Pour HOLIARIMANANA avec un TRI de 25,85% le projet d’installation d’une provenderie à TSIROANOMANDIDY est rentable.
DRCI
L’investissement le plus rentable est celui qui donne la période de remboursement la plus brève. En effet plus le délai de récupération est court, plus le risque est faible, plus il y a de solvabilité et plus l’investissement est réputé intéressant. Si le DRCI est long, le risque est d’autant plus fort (RANDRIAMBOLA, 2005). Avec un DRCI à 1 an 11 mois et 11 jours qui est significativement court, la provenderie attire moins de risque. Cette DRCI ne diffère que de 5 mois par rapport au résultat obtenue par RASELISON en 2007 (1 an 5 mois et 26 jours) dans une étude organisationnelle et financière d’une unité de production d’aliment de bétail au centre de formation et d’appui d’AMBATOFOTSY-TSIROROMANDIDY. L’investissement mis par cette unité de production est de 206 680 600 Ar alors qu’elle est de 101 044 500 Ar dans cette étude. Cependant elle est largement inférieure à celle trouvée par HOLIARIMANANA en 2011 qui est de 2 ans et 7 mois dans un projet d’installation d’une unité de provenderie à TSIROANOMANDIDY dont l’investissement est de 737 295 000 Ar.
Test de sensibilité
Augmentation du prix des matières premières
Les matières premières dans cette région sont sensibles à des variations de prix étant donné la difficulté climatique dans cette partie de Madagascar. En effet le grand sud de Madagascar est pudiquement appelé la région du « KERE » car presque pendant toute l’année, la sécheresse sévit dans la région (SOJA TSIMANDILATSE, 2007). Durant ces dernières années les productions agricoles ont fortement diminuées dans la zone, notamment le maïs (FAO et WFP, 2015).
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. Contexte et Justification du projet d’installation
III. Présentation de la zone d’implantation
IV. Quelques notes sur le mucuna
V. MATERIELS ET METHODES
V.1 Collectes des données
V.2 Choix des espèces cibles
V.3 Elaboration des formules à utiliser pour la provenderie
V.4 Moyens matériels et personnel
V.4.1 Moyens matériels
V.4.2 Le personnel
V.5 Etude de rentabilité et de viabilité
V.5.1 Critère de rentabilité
V.5.2 Montant des investissements et compte de gestion
V.6 Test de sensibilité dans la discussion
V.6.1 Sensibilité sur approvisionnement en matières premières (MP)
V.6.2 Sensibilité sur la quantité commercialisé
V.6.3 Sensibilité sur la diminution du prix de vente
VI. RESULTATS
VI.1 Capacité de production envisagé
VI.2 Matières premières
VI.3 Formule d’aliment concentré par espèce
VI.4 Mise en oeuvre de l’activité
VI.4.1 Approvisionnement
VI.4.2 Processus de fabrication
VI.4.3 Commercialisation
VI.5 Etude financière
VI.5.1 Plan de financement
VI.5.2 Etablissement des prix de ventes
VI.5.3 Evaluation financière
VII. DISCUSSIONS
VII.1 Discussions sur le résultat
VII.1.1 Prix de vente des aliments concentrés
VII.1.2 Taux de rentabilité interne
VII.1.3 DRCI
VII.2 Test de sensibilité
VII.2.1 Augmentation du prix des matières premières
VII.2.2 Diminution de la quantité commercialisée
VII.2.3 Diminution du prix du kg des aliments concentrés
VII.2.4 Récapitulation
VIII. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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