Self-défense féminine dans le Caire en révolution

LE GENRE COMME « CATÉGORIE UTILE DE L’ANALYSE » DE LA VIOLENCE

  Il n’est plus besoin de déplorer, dans les universités françaises, un désintérêt ou une méfiance vis-à-vis du champ des études de genre dans lequel j’inscris ma recherche. J’utilise fréquemment pour ma part les termes « système du genre », qui insistent sur la dimension dynamique et articulée de ce dernier. L’expression renvoie à un « système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) » (Bereni, Chauvin, Jaunait et Revillard, 2012, 10). Le genre n’est pas la part sociale de la division mais la division même, écrit Christine Delphy, et il s’agit de porter le regard, non pas sur les « parties divisées », mais sur « le principe de partition » (2001, 253). Le genre précède en ce sens les « sexes », que j’entends comme des catégories – ou positions – produites par ce dernier. La question de la violence, même si elle se pose de façon singulière selon les contextes, est présente au cœur des représentations et des dispositifs liés au genre. Les deux notions – genre et violence – ont en commun d’être toutes deux articulées à l’expérience du pouvoir. Il convient toutefois de nuancer ce bilan positif, au regard de la polémique sur le genre et sa potentielle « théorie », qui a largement brouillé le champ des gender studies en France ces deux dernières années. Il subsiste une certaine frilosité universitaire face à ce champ d’étude qui n’a pourtant plus à prouver sa scientificité et sa richesse. Cette dernière se traduit par exemple dans certains échanges, auxquels j’ai assisté, dénonçant la « tyrannie du genre » (Désveaux, 2013, 7) et témoignant d’une croyance tenace et ancienne que la partialité serait contraire aux normes académiques. Certains se concentraient à dénoncer l’anglicisme et la laideur du terme « genré », comme si le fait d’aimer ou non l’esthétique un mot importait sur sa valeur scientifique. Par ailleurs, les études féministes continuent, malgré une lente reconnaissance institutionnelle, à avoir un « droit de cité » limité dans le monde universitaire français (Fassin, 2008, 379). Le genre peut être considéré comme une « façon première de signifier les rapports de pouvoir » (Scott, 1988, 141) et la violence constitue quant à elle une modalité de fondation et de perpétuation de l’ordre social, la menace de la brutalité physique demeurant un outil majeur de l’exercice du pouvoir (Fassin, 2011). Nombre de travaux ethnographiques mettent en évidence le rôle des processus de socialisation, que l’on pourrait qualifier de « socialisation de genre », dans la construction de catégories sexuées identifiables entre autres par le rapport différencié qu’elles entretiennent à la violence. La distinction, sur mon terrain, entre usages légitimes et illégitimes de la violence ne peut être questionnée sans convoquer le système du genre et aborder les manières dont, en Égypte, on se construit et se reconnaît en tant qu’homme ou femme. Ces dynamiques sont socialement situées : ce qui fait modèle dans un groupe social peut être stigmatisé dans un autre. Cela est par exemple visible vis-à-vis des normes définissant les contours de la virilité, comme l’explique Lucie Ryzova (2011) qui s’est intéressée aux jeunes hommes égyptiens (shabāb) déclassés socialement, incarnant un modèle de masculinité qu’elle qualifie, en termes marxistes, de « lumpen ». Les signes que ces shabāb arborent comme marqueurs de virilité – vêtements près du corps, gel dans les cheveux, port ostensible de bijoux, contacts physiques rapprochés – sont perçus dans d’autres espaces sociaux comme au contraire « féminisant ». Les appartenances conjointes à des catégories sociales et sexuées s’articulent entre elles et se répondent les unes les autres et c’est en ce sens que le genre ne peut se penser seul et doit être envisagé comme un rapport de pouvoir imbriqué dans d’autres rapports de pouvoir. Émerge ici la notion de rapports sociaux conjugués dont les sciences sociales et humaines se sont saisies grâce à l’image, efficace mais imparfaite, de l’intersection (Crenshaw, 1989, 1991 ; Kergoat, 2009 ; Dorlin, 2009 ; Bilge, 2010). Dans les sciences sociales et humaines, la thématique de la violence des femmes est progressivement passée « de la marge au centre » et constitue aujourd’hui en France un objet de recherche légitime (Cardi et Pruvost, 2011). Cette reconnaissance scientifique ne s’est pas fait sans résistances et il faut déplorer, jusqu’aux années quatre-vingt-dix, l’insuffisance des travaux portant sur les violences perpétrées par les femmes, ainsi que le dénoncent Arlette Farge et Cécile Dauphin dans l’ouvrage qu’elles ont dirigées, De la violence et des femmes, publié en 1997. Pour ces dernières, ce manque vient d’une représentation partagée selon laquelle on « entacherait la cause des femmes » à les présenter comme des êtres « capables de violence » (1997, 12). Il existe pourtant, affirment ces historiennes, un intérêt épistémologique à penser l’articulation des « violences respectives et réciproques entre les sexes » (1997, 15). Pour Coline Cardi et Geneviève Pruvost, qui ont dirigé un ouvrage sur le sujet, salué en 2011 comme un « évènement scientifique » (Lagrave, 2012, 407), la récente visibilité de la thématique tient au fait que les études de genre se soient diversifiées et aient progressivement intégré des disciplines telles que la sociologie de la déviance, l’histoire pénale ou encore l’anthropologie du sport. Cette diversification explique la multiplication de travaux empiriques portant sur la délinquance et la déviance au féminin (Rubi, 2005 ; Cardi, 2007 ; Giuliani, 2014), la participation des femmes à la lutte armée (Felices-Luna, 2007 ; Lacroix, 2011 ; Boutron, 2012 ; Dayan-Herzbrun, 2012), les policières (Pruvost, 2007) ou encore les engagements féminins dans des activités physiques et sportives non-conventionnelles (Louveau, 1986 ; Saouter, 2000 ; Penin, 2004 ; Mennesson, 2006). Les deux chercheuses se réjouissent que puissent être désormais reconnue, pour les femmes, la possibilité de l’existence d’un désir de violence ou d’une volonté de faire usage de sa force physique pour se battre. C’est justement ce que mon enquête ethnographique en cours de self-défense féminine se propose de montrer, en identifiant les catégories à travers lesquelles la violence des femmes est pensée dans l’Égypte révolutionnaire ainsi que les conditions de son intelligibilité.

DE PARIS AU CAIRE : GENÈSE D’UN PROJET DE RECHERCHE 

  Le choix de mon sujet de thèse s’inspire directement d’un travail de recherche effectué en 2008, en deuxième année de master au sein de l’EHESS, à Paris. Dans ma formation en anthropologie, je m’étais progressivement orientée vers des terrains urbains auxquels je posais la question des corps. J’avais réalisé quelques temps auparavant un mémoire de fin d’étude, à l’IEP de Grenoble, sur le mobilier urbain, et particulièrement sur les bancs publics et leurs usages. Mon année à Paris me projetait dans une capitale dont la densité rendait encore plus aiguë, au quotidien, la question des trajectoires et de la cohabitation des corps. C’est finalement un fait divers, une jeune femme agressée dans le RER, et mon envie de « penser de manière nouvelle » ce qui s’était produit et avait fait écho en moi, qui m’ont inspiré mon sujet de mémoire (Hannerz, 1983, 25). C’est en fait la large couverture médiatique du drame qui m’a interpellée : les « récits » de cette agression m’apparaissaient comme mythologiques dans le sens où ils semblaient faire partie d’un récit de second ordre, naturalisant le danger de la ville et les rôles de l’agresseur et de l’agressée (Barthes, 1957). Je me rendis bientôt à mon premier cours de self-défense féminine, à Paris, décidée à comprendre cette pratique « branchée » vers laquelle les articles de presse orientaient les femmes : qu’était-il donc en jeu dans ces cours ? A quels apprentissages et désapprentissages donnaient-ils lieu ? Je me suis ainsi attelée à produire, sous la direction de Jean-Charles Depaule, un travail ethnographique portant sur différents cours de self-défense féminine intitulé Coup de genou, coup de poing, coup de sac à main. L’analyse que j’y ai menée, notamment en termes de techniques du corps, de performances de genre et de rapport à la violence, m’a permis de construire la pratique de la self-défense comme un véritable objet anthropologique. Je ne pensais pas alors consacrer ma thèse à ce sujet. C’est lui qui s’est rappelé à moi quelques temps après, là-aussi à travers le langage médiatique. C’est à partir de 2009 que j’ai trouvé les premiers articles de presse, anglophones, célébrant les premiers cours de selfdéfense destinés aux femmes dans la capitale égyptienne. La nouvelle m’intéressait d’autant plus que je connaissais déjà la ville du Caire pour y avoir vécu une année lors de ma formation en sciences politiques. Mon choix initial était à cette époque de partir à Beyrouth mais j’avais dû me résoudre en urgence à changer de destination suite aux bombardements israéliens sur le Liban quelques semaines avant mon départ. Une solution de repli fut trouvée : je partais en Égypte, qui apparaissait alors – ironie de l’histoire – comme un îlot de stabilité, pour y faire un stage dans un centre de recherche, le CEDEJ, et poursuivre mon apprentissage de la langue arabe. Je faisais donc, en 2006, mes premiers pas au Caire. Vertige : c’est la sensation qui saisit à la gorge quiconque survole pour la première fois la ville, l’observe depuis un minaret ou se perd dans le muski, le marché aux tissus d’Attaba. La vie quotidienne au Caire me semblait avoir une densité – visuelle, olfactive, sonore – qui dépassait mes capacités sensorielles. J’étais étourdie et intimidée. Les réseaux académiques et associatifs fréquentés m’ont permis d’appréhender progressivement la complexité de la société égyptienne et de ses problématiques. Les séminaires hebdomadaires du CEDEJ me dressaient un inventaire inquiétant : secteur public condamné, censure de la presse, inégalités sociales croissantes, systèmes de santé et d’éducation défaillants, corruption, économie à la merci du tourisme, répression et torture. La liste était longue : l’Égypte du raïs, le président Moubarak dont les portraits étaient partout dans les rues, allait mal. L’année avait aussi été marquée par des actes de violence inédits à l’encontre des femmes et j’avais assisté à des manifestations, les premières, contre le « harcèlement sexuel » (al-taḥarrush al-ginsī). Apprentie anthropologue, je lisais sur l’excision, je m’interrogeais sur le port du voile, je prenais avec excitation le métro dans les wagons réservés aux femmes, déconcertée qu’un espace puisse nous rassembler, elles et moi, autour d’un critère commun. Je me sentais si étrangère. Je m’interrogeais sur la question de la violence et des rapports entre les sexes qui semblait façonner, de manière visible, l’espace urbain cairote et rentrais en France avec des réflexions en chantier. Ces dernières sont au cœur de mon travail de thèse. C’est ainsi en découvrant ces articles de presse, sur la supposée émergence de la pratique de la self-défense féminine au Caire, que je me suis sentie « appelée » – le choix de faire une thèse prend parfois les allures d’une vocation ! Il fallait traiter ce sujet et je me sentais « pressentie » pour le faire : je connaissais la richesse et la singularité de l’objet d’étude et avais déjà touché du doigt le monde de la recherche en Égypte. Le Caire offrait à mon sens un prolongement rêvé à mon ethnographie parisienne. Les problématiques que j’avais abordées, relatives à l’ordre et au désordre urbain ou encore aux assignations sexuées, semblaient se poser de manière particulièrement pertinente dans un contexte sociopolitique singulier – et je ne croyais pas si bien dire ! – empreint d’un certain autoritarisme. L’attribution d’une allocation de recherche, par l’université d’Aix-Marseille, a fini de me convaincre sans compter que le CEDEJ, qui avait accueilli mes premiers pas au Caire, s’engageait à accompagner logistiquement mes séjours sur le terrain. Je commençai ainsi ma thèse en octobre 2010, dans ancienne, l’école française de droit fondée en 1890 au Caire, le confort d’une sécurité matérielle assurée, ignorant tout à fait que trois mois plus tard, l’Égypte entrerait en révolution.

« FAIRE CAMPAGNE » CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUEL 

   La lecture des documents de sensibilisation relatifs au harcèlement sexuel en Égypte, produits dans différents cadres associatifs, révèle l’existence de stratégies discursives communes. Les usages de certains champs lexicaux informent par exemple sur la volonté, qui semble unanime, d’insister sur la gravité du phénomène et l’urgence de la réaction. On peut penser ici à ceux de l’épidémie et de la prédation. Le champ lexical de la santé est en effet communément mobilisé201 : le « harcèlement sexuel » se voit comparé à une « épidémie » (wabā‘) à la « propagation » (intishār) fulgurante (Wafd, 25 août 2012 ; Ahram Online, 2 décembre 2013)202. L’Égypte serait gravement « malade » : le corps social du pays est touché, rongé par un « cancer » (saraṭan) (ECWR, 2008, 22). Le champ sémantique de la prédation sert quant à lui à accentuer l’idée que les Égyptiennes vivent dans l’insécurité : la ville du Caire ressemble à une jungle dans laquelle les femmes constituent les « proies » idéales de la bestialité des hommes. Par exemple, il est écrit dans un rapport d’un colloque scientifique concernant le sujet qu’« aucune » femme « ne se risque » dans les wagons mixtes du métro sachant qu’elle « n’échappera pas » au harcèlement sexuel (Fortier, 2011, 95) – ce qu’une simple observationpermet pourtant de contredire. L’examen des campagnes de sensibilisation et de lutte contre le harcèlement sexuel permet d’identifier certaines rhétoriques et grilles de lectures mobilisées. Les ONG et associations prennent part à la production d’énoncés moraux encadrant la question du harcèlement sexuel, mais aussi plus largement celle des relations entre hommes et femmes dans l’espace de la ville. À la manière des « entrepreneurs de morale » dont parle Howard Becker (1985), elles s’emploient collectivement à faire catégoriser certains comportements comme déviants. Il s’agit par exemple, à l’image d’une des missions principales de l’association Harassmap, de lutter contre « l’accoutumance et l’acceptabilité de la société » (ḥālat ī‘tiyyād wa taqabal al-mugtama‘) face au harcèlement : certains faits doivent ainsi devenir intolérables 203. La réflexion peut ici s’enrichir de celle présentée par Antony Appiah sur les « révolutions morales » (2010). Le philosophe aborde différents moments historiques qui ont été marqués par des basculements d’ordre moral, c’est-à-dire que des pratiques jusqu’alors tolérées disparaissent, unanimement condamnées et formulées comme étant inacceptables et souvent « barbares ». Ce sont les fluctuations autour de la notion d’honneur – en lien avec celles de respect, de dignité ou de honte – qui constituent selon lui le mouvement de fond engendrant ces basculements. En Égypte, le travail de catégorisation morale autour du harcèlement sexuel semble effectivement mobiliser la notion d’honneur – plus particulièrement celle de l’honneur masculin – comme levier d’action stratégique. ECWR conçoit par exemple ses outils de sensibilisations en usant, sur les conseils d’une agence de marketing, de l’image de la « communauté » : il ne faut pas, à l’image du nom de leur campagne « Des rues plus sûres pour tous ! », faire du harcèlement sexuel un problème de « femmes ». Il s’agit de sortir de la représentation binaire « hommes versus femmes » en insistant sur sa dimension relationnelle comme à travers ces invectives criées en manifestation en 2006 – « Nous sommes vos mères ! Nous sommes vos sœurs ! Nous sommes vos filles ! » (iḥnā ūmukum, iḥnā urtikum, iḥnā banātkum) – et toujours abondamment reprises dans les mobilisations (Ahram Online, 28 octobre 2012). Le slogan contribue d’une certaine façon à « réincarner » le harcèlement sexuel en inscrivant les individus, hommes et femmes, dans la pluralité des relations qui les constitue et les lie – conjugalité, fratrie, parentalité. Pour la sociologue Helen Rizzo (2011, 147), plus critique, ce choix rhétorique participerait implicitement à attribuer aux hommes des rôles de protecteurs impliquant que les femmes seraient incapables de se défendre elles-mêmes. La campagne « Respecte-toi ! » (iḥtiram nafsak), portée et relayée à partir de 2009 par un magazine pour la jeunesse nommé Kalimatna (Notre parole), vise effectivement délibérément les hommes en usant du registre de la respectabilité. Sur son logo, ici visible, un jeune homme et une jeune femme encadrent le nom de la campagne.  Le phénomène du harcèlement sexuel se voit ainsi présenté comme symptomatique d’une récente déchéance du masculin. Les discours se réfèrent à une période passée, récente et magnifiée, dans laquelle hommes et femmes vivaient en harmonie au Caire. Une volontaire de l’Alliance des femmes arabes m’explique par exemple en entretien qu’« auparavant les hommes protégeaient les femmes dans la rue, ils avaient encore de l’honneur (sharaf) ». Mais les tensions liées aux rapports sociaux de sexe – et de classe – dans l’espace de la ville ne sont pas récentes et les formulations, qui insistent justement sur la nouveauté du phénomène, se font écho d’une période à une autre. J’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer une femme, issue de la bourgeoisie cosmopolite du Caire, qui avait 20 ans dans les années 1950 et se rappelait l’important dispositif policier mis en place sous Nasser dans les zones commerçantes du centreville pour dissuader les hommes d’importuner les femmes qui venaient y faire leurs courses : « On parlait beaucoup de ça. On disait que rien n’allait, que les hommes n’étaient plus des hommes ». Comme l’a expliqué Paul Amar (2011b), la rhétorique de la « crise des masculinités », prédisant la « fin des hommes », est manipulée dans des contextes pluriels, afin de détourner l’attention publique des carences démocratiques. Il s’agit de retrouver une Égypte « authentique » et « vraie » (Abu-Lughod, 1998). L’existence même du harcèlement sexuel semble ainsi humilier indirectement les hommes, rendus coupables d’en être soit les auteurs, soit les complices passifs. Dans le débat médiatique relatif au scandale de l’Aïd en 2006, c’est d’ailleurs cet argument – le fait qu’il était impossible qu’un tel évènement se passe dans une rue sans que les hommes présents ne se battent pour protéger les femmes – que les incrédules ont avancé (New York Times, 15 novembre 2006). Plus récemment, en 2012, une campagne de graffitis menée par le groupe Operation Anti-Harassment invite chaque « héros » (baṭal) à « montrer ses muscles » aux harceleurs. Le problème pourrait ainsi se régler « entre hommes » dès lors que les atteintes faites aux femmes sont formulées comme mettant au défi l’honneur masculin. C’est comme si le harcèlement sexuel constituait un message circulant, par la médiation des femmes, parmi les hommes. L’anthropologue Veena Das, qui a travaillé sur les violences sexuelles en Inde, aborde les corps féminins comme des supports d’échange et de communication entre hommes (Das, 1996a). Une des responsables de l’association Nadeem m’expliquait en colère : « le corps de la femme est utilisé comme un outil pour atteindre les hommes, c’est visible dans le débat sur le harcèlement sexuel aujourd’hui et Moubarak faisait pareil ! ». Les énoncés produits à travers les campagnes menées par les ONG sont normatifs en ce qu’ils induisent l’étiquetage de certains comportements et de leurs auteurs comme immoraux ou déviants. Ils se rapprochent en ce sens des énoncés d’ordre juridique, « constitués de stratégies, prenant l’apparence du logique, en vue d’induire et de réguler le jugement collectif sur une situation ou sur un objet » (Vignaux, 1979). Baudoin Dupret (2000), qui travaille sur les « langages » et les « répertoires » du droit en Égypte, interroge le concept de normativité : les lexiques de la religion et de la moralité constituent selon lui des ressources fondamentales pour dire et faire la norme. Le harcèlement sexuel ne constitue à ce titre qu’un exemple parmi d’autres et les infractions à la loi tout comme les incivilités quotidiennes se condamnent en puisant dans ces deux répertoires. Il y a un enjeu de pouvoir à être en position de qualifier la faute et d’être parmi ceux et celles qui nomment les catégories d’actes. Dire la « déviance » revient en effet indirectement à désigner les groupes envers lesquels l’usage de la violence, sociale et normative, est formulé comme légitime. Pour Baudoin Dupret, c’est justement la volonté de participer au pouvoir qui explique la participation à la définition de ses normes (2000). Car l’énonciation fait ce qu’elle dit – on reconnaît ici le pouvoir propre au « jeu énonciatif » dont parle Michel Foucault. Le fait de dire la norme et la déviance constitue un acte performatif dans le sens où les catégories ainsi figées sont agissantes sur le réel, influençant les systèmes de représentations et les relations sociales. Les campagnes de lutte contre le harcèlement sexuel, en nommant les actes et désignant les coupables, participent à cette description performative : la reconnaissance de la « déviance » implique et engendre un rapport de force. C’est ainsi que la question de la norme s’encastre dans celle du pouvoir, elle-même intimement liée à l’enjeu fondamental d’être en position de dire et de porter la violence. Dire la déviance et la norme revient implicitement à marquer la frontière entre une violence illégitime, non justifiable et répréhensible comme l’est par exemple le harcèlement sexuel, et une violence légitime exercée par le pouvoir à l’encontre de ceux qui sont perçus comme déviants, à l’image des harceleurs. Le renvoi de l’absence de valeurs vers l’autre constitue, selon Veena Das (2001), un levier stratégique pour justifier la violence envers lui. La lecture des documents de sensibilisation relatifs au harcèlement sexuel en Égypte, produits dans différents cadres associatifs, révèle l’existence de stratégies discursives communes. Les usages de certains champs lexicaux informent par exemple sur la volonté, qui semble unanime, d’insister sur la gravité du phénomène et l’urgence de la réaction. On peut penser ici à ceux de l’épidémie et de la prédation. Le champ lexical de la santé est en effet communément mobilisé : le « harcèlement sexuel » se voit comparé à une « épidémie » (wabā‘) à la « propagation » (intishār) fulgurante (Wafd, 25 août 2012 ; Ahram Online, 2 décembre 2013). L’Égypte serait gravement « malade » : le corps social du pays est touché, rongé par un « cancer » (saraṭan) (ECWR, 2008, 22). Le champ sémantique de la prédation sert quant à lui à accentuer l’idée que les Égyptiennes vivent dans l’insécurité : la ville du Caire ressemble à une jungle dans laquelle les femmes constituent les « proies » idéales de la bestialité des hommes. Par exemple, il est écrit dans un rapport d’un colloque scientifique concernant le sujet qu’« aucune » femme « ne se risque » dans les wagons mixtes du métro sachant qu’elle « n’échappera pas » au harcèlement sexuel (Fortier, 2011, 95) – ce qu’une simple observation permet pourtant de contredire. L’examen des campagnes de sensibilisation et de lutte contre le harcèlement sexuel permet d’identifier certaines rhétoriques et grilles de lectures mobilisées. Les ONG et associations prennent part à la production d’énoncés moraux encadrant la question du harcèlement sexuel, mais aussi plus largement celle des relations entre hommes et femmes dans l’espace de la ville. À la manière des « entrepreneurs de morale » dont parle Howard Becker (1985), elles s’emploient collectivement à faire catégoriser certains comportements comme déviants. Il s’agit par exemple, à l’image d’une des missions principales de l’association Harassmap, de lutter contre « l’accoutumance et l’acceptabilité de la société » (ḥālat ī‘tiyyād wa taqabal al-mugtama‘) face au harcèlement : certains faits doivent ainsi devenir intolérables 203. La réflexion peut ici s’enrichir de celle présentée par Antony Appiah sur les « révolutions morales » (2010). Le philosophe aborde différents moments historiques qui ont été marqués par des basculements d’ordre moral, c’est-à-dire que des pratiques jusqu’alors tolérées disparaissent, unanimement condamnées et formulées comme étant inacceptables et souvent « barbares ». Ce sont les fluctuations autour de la notion d’honneur – en lien avec celles de respect, de dignité ou de honte – qui constituent selon lui le mouvement de fond engendrant ces basculements. En Égypte, le travail de catégorisation morale autour du harcèlement sexuel semble effectivement mobiliser la notion d’honneur – plus particulièrement celle de l’honneur masculin – comme levier d’action stratégique. ECWR conçoit par exemple ses outils de sensibilisations en usant, sur les conseils d’une agence de marketing, de l’image de la « communauté » : il ne faut pas, à l’image du nom de leur campagne « Des rues plus sûres pour tous ! », faire du harcèlement sexuel un problème de « femmes ». Il s’agit de sortir de la représentation binaire « hommes versus femmes » en insistant sur sa dimension relationnelle comme à travers ces invectives criées en manifestation en 2006 – « Nous sommes vos mères ! Nous sommes vos sœurs ! Nous sommes vos filles ! » (iḥnā ūmukum, iḥnā urtikum, iḥnā banātkum) – et toujours abondamment reprises dans les mobilisations (Ahram Online, 28 octobre 2012). Le slogan contribue d’une certaine façon à « réincarner » le harcèlement sexuel en inscrivant les individus, hommes et femmes, dans la pluralité des relations qui les constitue et les lie – conjugalité, fratrie, parentalité. Pour la sociologue Helen Rizzo (2011, 147), plus critique, ce choix rhétorique participerait implicitement à attribuer aux hommes des rôles de protecteurs impliquant que les femmes seraient incapables de se défendre elles-mêmes. La campagne « Respecte-toi ! » (iḥtiram nafsak), portée et relayée à partir de 2009 par un magazine pour la jeunesse nommé Kalimatna (Notre parole), vise effectivement délibérément les hommes en usant du registre de la respectabilité. Sur son logo, ici visible, un jeune homme et une jeune femme encadrent le nom de la campagne. Le phénomène du harcèlement sexuel se voit ainsi présenté comme symptomatique d’une récente déchéance du masculin. Les discours se réfèrent à une période passée, récente et magnifiée, dans laquelle hommes et femmes vivaient en harmonie au Caire. Une volontaire de l’Alliance des femmes arabes m’explique par exemple en entretien qu’« auparavant les hommes protégeaient les femmes dans la rue, ils avaient encore de l’honneur (sharaf) ». Mais les tensions liées aux rapports sociaux de sexe – et de classe – dans l’espace de la ville ne sont pas récentes et les formulations, qui insistent justement sur la nouveauté du phénomène, se font écho d’une période à une autre. J’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer une femme, issue de la bourgeoisie cosmopolite du Caire, qui avait 20 ans dans les années 1950 et se rappelait l’important dispositif policier mis en place sous Nasser dans les zones commerçantes du centreville pour dissuader les hommes d’importuner les femmes qui venaient y faire leurs courses : « On parlait beaucoup de ça. On disait que rien n’allait, que les hommes n’étaient plus des hommes ». Comme l’a expliqué Paul Amar (2011b), la rhétorique de la « crise des masculinités », prédisant la « fin des hommes », est manipulée dans des contextes pluriels, afin de détourner l’attention publique des carences démocratiques. Il s’agit de retrouver une Égypte « authentique » et « vraie » (Abu-Lughod, 1998). L’existence même du harcèlement sexuel semble ainsi humilier indirectement les hommes, rendus coupables d’en être soit les auteurs, soit les complices passifs. Dans le débat médiatique relatif au scandale de l’Aïd en 2006, c’est d’ailleurs cet argument – le fait qu’il était impossible qu’un tel évènement se passe dans une rue sans que les hommes présents ne se battent pour protéger les femmes – que les incrédules ont avancé (New York Times, 15 novembre 2006). Plus récemment, en 2012, une campagne de graffitis menée par le groupe Operation Anti-Harassment invite chaque « héros » (baṭal) à « montrer ses muscles » aux harceleurs. Le problème pourrait ainsi se régler « entre hommes » dès lors que les atteintes faites aux femmes sont formulées comme mettant au défi l’honneur masculin. C’est comme si le harcèlement sexuel constituait un message circulant, par la médiation des femmes, parmi les hommes. L’anthropologue Veena Das, qui a travaillé sur les violences sexuelles en Inde, aborde les corps féminins comme des supports d’échange et de communication entre hommes (Das, 1996a). Une des responsables de l’association Nadeem m’expliquait en colère : « le corps de la femme est utilisé comme un outil pour atteindre les hommes, c’est visible dans le débat sur le harcèlement sexuel aujourd’hui et Moubarak faisait pareil ! ». Les énoncés produits à travers les campagnes menées par les ONG sont normatifs en ce qu’ils induisent l’étiquetage de certains comportements et de leurs auteurs comme immoraux ou déviants. Ils se rapprochent en ce sens des énoncés d’ordre juridique, « constitués de stratégies, prenant l’apparence du logique, en vue d’induire et de réguler le jugement collectif sur une situation ou sur un objet » (Vignaux, 1979). Baudoin Dupret (2000), qui travaille sur les « langages » et les « répertoires » du droit en Égypte, interroge le concept de normativité : les lexiques de la religion et de la moralité constituent selon lui des ressources fondamentales pour dire et faire la norme.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
I. DES CULTURES MATÉRIELLES ET MOTRICES « RÉVOLUTIONNAIRES » EXAMINÉES AU PRISME DU GENRE 
II. GENRE, VIOLENCE ET RÉVOLUTION : JALONS THÉORIQUES 
A. UNE ANTHROPOLOGIE DE LA VIOLENCE EST-ELLE POSSIBLE ?
B. LE GENRE COMME « CATÉGORIE UTILE DE L’ANALYSE » DE LA VIOLENCE
C. ÉTUDES DE GENRE MOYEN-ORIENTALES : LES « FEMMES » COINCÉES ENTRE SOUMISSION ET RÉSISTANCE
III. COMPRENDRE LA PRATIQUE DE LA SELF-DÉFENSE FÉMININE : PLAN DE THÈSE
CHAPITRE 1 – PARCOURS DE RECHERCHE 
I. DE PARIS AU CAIRE : GENÈSE D’UN PROJET DE RECHERCHE 
II. L’ÉVÈNEMENT 
A. L’ANTHROPOLOGUE, L’ÉGYPTE ET LA RÉVOLUTION
B. PRATIQUER UN TERRAIN EN RÉVOLUTION
III. PRODUIRE DES « DESCRIPTIONS COHÉRENTES, MÉTHODIQUES ET SENSIBLES DU MONDE » 
A. PLONGÉE ETHNOGRAPHIQUE DANS LES COURS DE SELF DÉFENSE FÉMININE AU CAIRE
B. PENSER L’ENQUÊTE : LE TRAVAIL DE RECHERCHE AU MIROIR DE LA RÉFLEXIVITÉ
CHAPITRE 2 – ANXIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES 
I. DE NOUVELLES MENACES ? CIRCULATION STRATÉGIQUE DE LA PEUR 
A. JUSTIFIER LE POUVOIR OU LES USAGES DE LA PEUR
B. LES RUMEURS : LE VRAI ET LE FAUX DANS LES MOBILISATIONS ÉGYPTIENNES
II. USAGES LÉGITIMES ET ILLÉGITIMES DE LA VIOLENCE : MISE EN CATÉGORIES ET MOUVEMENTS DE BASCULE « RÉVOLUTIONNAIRES » 
A. « VOIR DOUBLE » : LES CONCEPTS EN QUESTION
B. UNE RÉVOLUTION EN TRAIN DE SE DIRE
III. FAIRE : PASSAGES À L’ACTE 
A. AFFRONTER LA POLICE, « FAIRE » LA POLICE : EXPÉRIENCES COLLECTIVES DE DÉFENSE
B. DÉFENSE PERSONNELLE : LE NOUVEAU MARCHÉ ÉGYPTIEN DE LA SÉCURITÉ
CONCLUSION
CHAPITRE 3 – AFFRONTER LE « HARCÈLEMENT SEXUEL » 
I. DÉFINIR, NOMMER, TRADUIRE : ENJEUX TERMINOLOGIQUES
A. CIRCULATION D’UN TERME
B. PROBLÈMES DE QUALIFICATION
II. RECONNAÎTRE LE « HARCÈLEMENT SEXUEL » : HISTOIRE D’UNE ENTREPRISE MORALE 
A. AÏD 2006 : DU « SCANDALE » À LA « CRISE »
B. DES « NUAGES DANS LE CIEL D’ÉGYPTE » : NAISSANCE D’UN PROBLÈME PUBLIC
C. « FAIRE CAMPAGNE » CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUEL
D. CAUSE COMMUNE ? L’ÉTAT ÉGYPTIEN – ET SA POLICE – CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUEL
III. UNE LÉGITIME RÉACTION ? PROMOTION DE LA SELF-DÉFENSE FÉMININE DANS LE TOURNANT RÉVOLUTIONNAIRE 
A. SE DÉFENDRE : CONNAÎTRE LES « TRUCS », PRENDRE DES COURS
B. « RÉVOLUTION » TERMINOLOGIQUE : DU « HARCÈLEMENT SEXUEL » À LA « VIOLENCE POLITIQUE »
CONCLUSION
CHAPITRE 4 – « SELF-DÉFENSE » : TRAJECTOIRE SOCIO HISTORIQUE D’UNE PRATIQUE AUX MARGES 
I. MOBILISER, ENCADRER ET DISTINGUER LES CORPS : JALONS POUR UNE HISTOIRE DES ACTIVITÉS PHYSIQUES ET SPORTIVES EN ÉGYPTE 
A. LA CULTURE PHYSIQUE ET LE SPORT COMME DICOURS DE LA « MODERNITÉ »
B. COMBATS CODIFIÉS : MASCULINITÉ ET « MUSCULINITÉ » À L’ÉGYPTIENNE
II. SELF-DÉFENSE : GÉNÉALOGIES « OCCIDENTALES », CIRCULATION TRANSNATIONALE ET CONTEXTES ÉGYPTIENS 
A. DÉSORDRES URBAINS ET DEMANDE SÉCURITAIRE : ÉMERGENCE ET SUCCÈS DE PRATIQUES DE L’ « INSÉCURITÉ »
B. PRATIQUES FÉMININES, PRATIQUES FÉMINISTES
III. AU CAIRE : LA SELF-DÉFENSE EN TRAIN DE SE FAIRE 
A. PRATIQUES « BRICOLÉES » ET PROFESSEURS « EN DEVENIR »
B. FAIRE DE LA SELF-DÉFENSE FÉMININE AU CAIRE : DIVERSITÉ DES LIEUX, MULTIPLICITÉ DES PUBLICS
CONCLUSION
CHAPITRE 5 CORPS-À-CORPS : L’ORDRE SEXUÉ EN « JEU » 
I. ANATOMIES ET POTENTIALITÉS DE VIOLENCE 
A. FRAPPER (TORDRE ET MORDRE) LÀ OÙ ÇA FAIT MAL
B. AVEC OU SANS SEXE ?
C. CATÉGORISER LES CORPS, NATURALISER LES HIÉRARCHIES
D. DÉMONSTRATIONS DE FORCE ET « JEUX » DE VIOLENCE
II. FAIRE (COURS) AVEC DES CORPS SEXUÉS 
A. SE FAIRE AGRESSER ET SE DÉFENDRE : UNE AFFAIRE DE DISTANCES ?
B. VÊTEMENTS : MODE, PUDEUR ET PIÉTÉ EN COURS DE SELF DÉFENSE FÉMININE
C. DE L’EXTÉRIEUR : REGARD SITUÉ ET GESTES DÉPLACÉS
D. CORPS INTERDITS, CORPS INTERMÉDIAIRES, CORPS ACCESSIBLES
CONCLUSION
CHAPITRE 6 – VIOLENCE EN « REPRÉSENTATIONS » : PRISES ET EMPRISES DU GENRE 
I. « DÉSAPPRENDRE » À ÊTRE UNE FILLE 
A. LES « TECHNIQUES DU CORPS » AU PRISME DU GENRE
B. DE LA NÉCESSITÉ D’AMÉNAGER LES PERFORMANCES
II. « FAIRE » LA FILLE OU « FAIRE » LE GARÇON : JOUER AVEC LE GENRE ? 
A. FAIRE COMME SI : PROJECTIONS ET « JEUX » SCÉNIQUES EN COURS DE SELF-DÉFENSE
B. « JEUX » DE RÔLES ET PERFORMANCES DE GENRE CONCLUSION
CHAPITRE 7 – PENSER LA VIOLENCE : « HABITER » LES NORMES ET ORDONNER LE MONDE 
I. FÉMINITÉ, MODERNITÉ, URBANITÉ : NÉGOCIER UNE POSITION « DIFFÉRENTE » 
A. ÊTRE UNE FILLE « PAS COMME LES AUTRES »
B. DIRE SA MODERNITÉ : ROMANTISME AMOUREUX ET HARCÈLEMENT SEXUEL
C. PRATIQUES DE LA VILLE : DISTANCES ET MIXITÉS
II. LÉGITIMITÉS DIFFÉRENCIÉES : LA VIOLENCE MISE EN RÉCITS 
A. « RÉCITS » ET CADRES DE LA VIOLENCE DES FEMMES
B. LÉGITIME DÉFENSE ET LÉGITIME VIOLENCE DANS LE COUPLE
III. « JEUX D’ÉCHELLE » ET RÉVOLUTIONS INTIMES 
A. AUTORITÉS ET LIGNES DE FAILLE
B. SE POSITIONNER DANS LES DÉSORDRES RÉVOLUTIONNAIRES
CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE
I. POUR UNE ANTHROPOLOGIE DES CULTURES MATÉRIELLES ET MOTRICES « SÉCURITAIRES »
II. APPROPRIATIONS CONTEMPORAINES DE LA VIOLENCE : PERSPECTIVES DE RECHERCHE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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