Sélection d’un site de tanière chez le renard arctique 

UTILISATION DE TANIÈRES CHEZ LES CARNIVORES

L’utilisation de refuges est un phénomène courant chez de nombreuses espèces animales. Plusieurs carnivores tels que le loup, le renard, le lynx ou la martre utilisent des cavités, naturelles ou excavées, comme site de mise bas, de cache alimentaire ou simplement de repos.
Divers paramètres semblent affecter le choix d’un site de tanière, notamment la distance à un point d’eau chez le lynx roux (Lynx rufus) (Kolowski et Woolf 2002), l’inclinaison et l’orientation du terrain pour le lynx du Canada (Slough 1999) ou le type de sol chez l’ours grizzly (Ursus arctos) (McLoughlin et al. 2002). Le choix d’un site de tanière, plus particulièrement pour la reproduction, semble rarement aléatoire et est souvent basé sur deux principaux facteurs: la facilité d’échapper à la prédation et l’abondance locale de ressources alimentaires. Par exemple, la majorité des tanières de lynx du Canada (Lynx canadensis) ou de martre d’Amérique (Martes americana) sont situées dans des lieux de haute densité de débris ligneux grossiers, procurant une couverture horizontale et verticale et protégeant ainsi de la prédation, des intempéries et produisant un couvert de fuite additionnel (Ruggiero et al. 1998; Slough 1999). Pour le renard véloce (Vulpes velox) ainsi que le renard-chaton à longues oreilles (Vulpes macrotis), la présence de haute végétation abritant les insectes dont ils se nourrissent semble être un facteur important lors du choix d’un site de tanière (Pruss 1999; Arjo et al. 2003).

Sélection d’un site de tanière chez le renard arctique

Plusieurs études ont été effectuées sur les tanières de renards arctiques, principalement sur leur morphologie et leur distribution spatiale. Les propriétés des sites de tanières varient considérablement d’une région à l’autre. Différentes caractéristiques ont été relevées comme jouant un rôle potentiel dans l’établissement d’une tanière . Macpherson (1969) nota que les tanières étaient habituellement plus présentes dans les sites sablonneux mais stables, facilement drainés, avec beaucoup de végétation et une pente douce. De plus, les sites surplombant de larges vallées, ou le lit d’une rivière, semblaient préférés dans l’arctique canadien (Macpherson 1969). Certaines études ont indiqué que la température du sol et la profondeur du sol meuble au-dessus du pergélisol seraient des facteurs affectant le choix d’un site de tanière chez le renard arctique (Chesemore 1969; Smits et al. 1988). D’après Prestrud (1992b), les sites avec une épaisseur et couverture de neige plus faible seraient également préférés par les renards. Les études de Chesemore (1969), Smith et al. (1988), Prestrud (1992b) et Dalerum et al. (2002) ont démontré que les pentes orientées vers le sud étaient habituellement plus utilisées, possiblement à cause du microclimat plus chaud qu’on y retrouve et qui mène à une fonte des neiges plus hâtive ainsi qu’à un dégel du sol plus rapide.

STATUT DE LA COMMUNAUTÉ DE RENARDS ARCTIQUES ET ROUX DE L’ÎLE BVLOT

Au cours des derniers siècles, l’aire de répartition du renard roux a drastiquement changé à cause d’introductions anthropiques ou d’expansions naturelles de l’espèce. Le renard roux est maintenant le carnivore ayant l’aire de répartition la plus grande (Voigt 1987), s’étendant à travers la majeure partie de l’Europe, l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Australie (où il a été introduit au cours du 1ge siècle) et une partie de l’Afrique du Nord.
Bien qu’indigène en Amérique, au nord du 40-45e parallèle, le renard roux était auparavant rare ou même absent dans le centre et l’est des États-Unis, ainsi que dans les forêts de feuillus où le renard gris (Urocyon cinereoargentus) était très présent jusqu’à la fin du 17e siècle (Churcher 1959; Larivière et Pasitschniak-Arts 1996). Lors de la colonisation de l’Amérique du Nord (1650-1750), plusieurs renards roux européens ont été introduits, principalement pour la chasse, dans de nouveaux territoires où le renard roux était encore absent. Il semble y avoir un désaccord dans la littérature au niveau de la parité des espèces de renard roux provenant de l’Europe et celle déjà présente en Amérique (Voigt 1987). Certains auteurs soutiennent que le renard roux indigène, Vulpes fulva , serait une espèce différente de son cousin européen, Vulpes vulpes, et il s’en suit donc une confusion au niveau de laquelle des populations a par la suite étendu son aire de répartition. Audubon et Bachman (1854, cités par Churcher, 1959) mentionnent néanmoins que le renard roux était absent jusqu’en 1750 au sud de la Pennsylvanie et ont documenté par la suite une expansion de son aire de répartition jusqu’en Georgie en 1850.

Conséquences de l ‘expansion du renard roux pour le renard arctique

Tout organisme vivant nécessite un apport d’énergie en provenance de son habitat afin de combler ses demandes énergétiques basales et répondre à ses besoins présents. Lorsque deux espèces similaires partagent un même habitat, la restriction des ressources mène souvent à une compétition entre les organismes pour l’accès à celles-ci. Deux différents type de compétition peuvent se produire dans ce cas: une compétition par exploitation (interactions indirectes entre les individus dont les ressources sont diminuées par le compétiteur) ou par interférence (interactions directes et physiques entre les individus pour l’accès aux ressources). Une autre réponse possible à un manque de ressource peut être une modification de la niche écologique fondamentale d’un des organismes, résultant en l’exclusion d’un des compétiteurs de son habitat d’origine et donc en une ségrégation des deux espèces dans le territoire. Dû aux importantes expansions de l’aire de répartition du renard roux, il existe maintenant une zone importante de chevauchement dans la répartition géographique des renards roux et arctiques.

SUIVI DE LA COMMUNAUTÉ DE RENARDS DE L’ÎLE BYLOT

Les études écologiques sur l’île Bylot ont débuté en 1988 par une collaboration entre l’Université Laval et le Service canadien de la faune (région du Québec). Cette étude fut tout d’abord initiée en raison de l’importante colonie de nidification de la grande oie des neiges (Chen caerulescens) se trouvant sur l’île Bylot. Au cours des années, le programme de recherche s’est progressivement élargi afin d’y inclure les autres composantes de l’écosystème. Un thème central régissant la recherche sur l’île Bylot est maintenant l’étude des interactions trophiques (plantes, herbivores, prédateurs). Dans le contexte des changements climatiques des études sur la végétation, les lemmings, les renards et d’autres espèces d’oiseaux sont maintenant en cours en plus des travaux sur la grande oie des neiges qui continuent.
Les recherches sur l’île Bylot ont révélé la présence de deux espèces de renards s’y reproduisant: le renard arctique (Alopex lagopus) et le renard roux (Vulpes vulpes). La présence du renard arctique dans l’arctique canadien remonte à plusieurs dizaines de milliers d’années mais l’arrivée du renard roux à de si hautes latitudes est beaucoup plus récente. D’après les communautés Inuit, le renard roux aurait été observé pour la première fois sur l’île de Baffin au début du 20e siècle et dans les environs de l’île Bylot vers 1950. Les premiers registres rapportant la présence du renard roux sur l’île Bylot remontent à 1977 (Kempf et al. 1978).

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Table des matières

CHAPITRE 1: INTRODUCTION GÉNÉRALE 
UTILISATION DE TANIÈRES CHEZ LES CARNIVORES 
Sélection d’un site de tanière chez le renard arctique
STATUT DE LA COMMUNAUTÉ DE RENARDS ARCTIQUES ET ROUX DE L’ÎLE BVLOT 
Conséquences de l’expansion du renard roux pour le renard arctique .
BIBLIOGRAPHIE 
CHAPITRE 2: DEN ECOLOGY OF AN ARCTIC MAMMAL: SELECTION OF DENNING SITES AND REPRODUCTIVE DENS BY ARCTIC FOXES ON BYLOT ISLAND, NUNA VUT, CANADA 
INTRODUCTION 
MATERIALS AND METHODS 
Study area
Landscape characteristics of denning sites
Local characteristics of denning sites
Comparisons of reproductive and non-breeding dens
RESULTS
Landscape characteristics of den sites
Local characteristics of denning sites
Comparisons of reproductive and non-breeding dens
DISCUSSION 
Selection of denning sites
Selection of reproductive dens
CONCLUSION 
ACKNOWLEDGEMENTS 
REFERENCES 
TABLES AND FIGURES 
CHAPITRE 3: SUIVI DE LA COMMUNAUTÉ DE RENARDS DE L’ÎLE BYLOT 
ACKNOWLEDGEMENTS 
INTRODUCTION 
GENERAL BIOLOGY OF ARCTIC AND RED FOXES 
Arctic fox (Alopex lagopus)
Red fox (Vulpes vulpes)
PROTOCOLS 
Den search
Visit of dens and populations monitoring
LITERATURE CITED 
CONCLUSION DU MÉMOIRE 

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