Lโindรฉpendance et la premiรจre rรฉpublique
ย ย ย ย ย ย ย ร lโindรฉpendance, Madagascar est constituรฉ de six provinces, de 44 communes urbaines et de 644 communes rurales. Nous voyons ici quโil nโexiste pas de collectivitรฉs villageoises traditionnelles. Il y a plutรดt une ยซ communalisation ยป complรจte lรฉgale dรจs 1962 et deux niveaux de collectivitรฉs territoriales dรฉcentralisรฉes (CTD). La 1 รจre rรฉpublique maintient ces acquis de 1960 ร 1972 sous le prรฉsident Tsiranana. Les provinces sont fortes, bรฉnรฉficiant des recettes de lโimpรดt sur la capitation et sur les bovidรฉs. La dรฉcentralisation sous la premiรจre Rรฉpublique avait avant tout pour objectif de rendre plus efficace lโexรฉcution du plan et la prestation de services publics, en exploitant lโavantage dโinformation disposรฉe au niveau local, ainsi que lโexistence de ressources humaine. Une grande partie des agents de lโadministration viennent dโAntananarivo. Les prรฉfectures se sont vite rรฉvรฉlรฉes comme le niveau idรฉal de planification rรฉgionale. Les collectivitรฉs (les communes et les provinces) รฉtaient fortement encadrรฉes par lโEtat et leurs initiatives รฉtaient soumises ร un contrรดle ร priori. Le contexte de lโรฉpoque รฉtait caractรฉrisรฉ par une forte capacitรฉ de lโadministration fiscale de proximitรฉ ร collecter des impรดts (impรดts ยซ per capita ยป) et les communes bรฉnรฉficiaient des ristournes et des centimes additionnels qui constituaient environ 2/3 des recettes communales, et seulement 1/3 provenaient des transferts, alors que pour les communes actuelles, les transferts reprรฉsentent 4/5 (80%) des recettes des communes rurales12. On peut en dรฉduire que la dรฉcentralisation de la premiรจre rรฉpublique traitait principalement lโaspect exรฉcution du plan et du budget : une centralisation des dรฉcisions et rรฉflexions politiques et une dรฉcentralisation maximale des exรฉcutions ร la base.
La crise politique de 2009
ย ย ย ย ย ย Il sโagit dโune sรฉrie de manifestations, d’รฉmeutes et de confrontations politiques qui secouent Madagascar ร partir de la deuxiรจme moitiรฉ du mois de janvier 2009. Elle oppose les partisans du maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, surnommรฉ TGV, aux partisans de Marc Ravalomanana, Prรฉsident de la Rรฉpublique de Madagascar, รฉlu en 2006. Des magasins ont รฉtรฉ pillรฉs, vandalisรฉs dans la capitale par des รฉmeutiers qui ne sont pas des partisans dโAndry Rajoelina. Ce sont des bandes organisรฉes, une armรฉe de crรจve-la-faim, qui pillent en marge des rassemblements. Cโest une explosion sociale. Les conditions sociales se sont dรฉgradรฉes : les revenus sont trรจs bas, les soins mรฉdicaux et les frais de scolarisation coรปtent trรจs chers. Un mois aprรจs le changement de rรฉgime politique ร Madagascar, le pays n’a jamais รฉtรฉ aussi prรจs d’une balkanisation, d’une division profonde et d’un affrontement violent interne… Certains n’hรฉsitent pas ร รฉvoquer une ยซsomalisationยป, allusion ร l’effondrement de l’รtat et ร l’รฉclatement de la Somalie en plusieurs factions rivales incontrรดlables et incontrรดlรฉes attisant la guerre civile. D’un autre cรดtรฉ, un mois aprรจs le changement de pouvoir, ร une รฉpoque de l’annรฉe oรน on entre dans l’hiver austral, le printemps politique semble รชtre de retour. La grande รฎle de l’ocรฉan Indien n’a jamais รฉtรฉ aussi libre: toutes les tendances politiques (sauf une) vivent une seconde jeunesse, l’opposition muselรฉe de fait et de droit depuis quelques annรฉes renaรฎt de ses cendres, les forces vives, y compris les groupements de la sociรฉtรฉ civile, les syndicats, le patronat, les associations professionnelles du pays s’expriment sans entraves sur le passรฉ, le prรฉsent et le futur de la nation… Bref, une effervescence qui devrait paver la voie ร un vรฉritable รฉquilibre des forces politiques en prรฉsence et donner lieu ร une dรฉmocratie authentique.
Le secteur informel et lโidรฉologie nรฉolibรฉrale
ย ย ย ย ย ย ย Dโun cรดtรฉ, on a une interprรฉtation ยซ fonctionnelle ยป du secteur informel qui voit sa contribution potentielle ร une croissance plus ouverte sur les marchรฉs internationaux (notamment ร travers les formes nouvelles de sous-traitance observables dans un certain nombre de pays asiatiques). Dโun autre cรดtรฉ, on a une interprรฉtation ยซ structurelle ยป de la petite production marchande qui ne voit dans les petits mรฉtiers de ce secteur que la manifestation de la pauvretรฉ dans les pays en dรฉveloppement, incapable de contribuer ร un changement structurel supportรฉ par une industrialisation ร grande รฉchelle. Lโinterprรฉtation fonctionnelle, ร dominante nรฉolibรฉrale, a pris beaucoup dโimportance dans les annรฉes quatre vingt, et est ร la base des politiques de la Banque Mondiale ร lโรฉgard du secteur informel. Elle persiste ร voir le secteur informel comme un phรฉnomรจne rรฉcent, dรป surtout aux excรจs dโintervention de lโEtat dans les ยซ pays en dรฉveloppement ยป, qui auraient condamnรฉ une grande partie du potentiel dโinitiatives privรฉes ร lโinformalitรฉ. Il convenait donc de rรฉduire lโactivitรฉ de lโEtat et de laisser fonctionner les mรฉcanismes du marchรฉ. La conjoncture du dรฉbut des annรฉes quatre-vingt a รฉtรฉ un tournant dรฉcisif dans les rapports Nord-Sud. ร travers une รฉvolution gรฉopolitique dont les dimensions dรฉpassent largement le champ de recherche de cette รฉtude, on peut dire que les pays du Sud ont vu rรฉduire leur degrรฉ dโautonomie dans lโรฉlaboration des politiques de dรฉveloppement. Et on sait suffisamment que cette diminution du rรดle de lโEtat dans la dรฉfinition dโune politique nationale de dรฉveloppement sโest faite ร travers la mise en place des politiques dโajustement structurel.
La prรฉsence chinoise ร Behoririka
ย ย ย ย ย ย ย Ce lieu est considรฉrรฉ comme le ยซ Chinatown ยป ร la Malgache. En effet, beaucoup de chinois y exercent leurs commerces, allant des produits textiles aux appareils รฉlectromรฉnagers ร bas prix, ce qui sont les apanages de la majoritรฉ de la population Tananarivienne, et mรชme de tout Madagascar. Ces รฉtrangers jouent le rรดle de grossistes en matiรจre de diverses marchandises, que les commerรงants malgaches revendent pour en tirer un bรฉnรฉfice. Ce qui frappe dโemblรฉe, cโest que parfois, les malgaches vendent les produits achetรฉs aux chinois, devant-mรชme les portiques de ces derniers. Ce qui nโรฉtonne pas sur le fait que tout au long de la rue allant du building Ramaroson vers le pont dโAnkadifotsy, il y ait autant de vendeurs. (cf. photo de couverture)
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
1.- Contexte
2.- Choix du thรจme
3.- Choix du terrain
4.- Problรฉmatique
5.- Objectifs
6.- Hypothรจses
7.- Mรฉthodologie
7.1.- Documentation
7.2.- Approches
7.3.- Techniques dโenquรชtes
7.4.- Techniques dโรฉchantillonnage
8.- Problรจmes rencontrรฉs et limites de lโรฉtude
9.- Mouvement global du document
PREMIERE PARTIE : LA DYNAMIQUE ENTRE LES CRISES POLITIQUES ET LE SECTEUR INFORMEL
Introduction partielle
Chapitre 1 : LE CONTEXTE POLITIQUE MALGACHE
1.1.- Gรฉnรฉralitรฉs sur la dรฉmocratie et la dรฉcentralisation ร Madagascar
1.1.1.- Lโรฉconomie centralisรฉe ร Madagascar
1.1.2.- La politique centralisรฉe ร Madagascar
1.1.3.- Chronogramme de la dรฉcentralisation malgache
1.1.3.1.- Lโindรฉpendance et la premiรจre rรฉpublique
1.1.3.2.- Le rรฉgime transitoire de 1972
1.1.3.3.- La deuxiรจme rรฉpublique
1.1.3.4.- La troisiรจme rรฉpublique et ses 3 versions
1.1.3.4.1.- lโabolition des provinces
1.1.3.4.2.- Lโรฉchec de ZAFY
1.1.3.4.3.- Le tournant de 2002
1.2.- Les contextes de crises ร Madagascar
1.2.1.- Madagascar, de lโindรฉpendance ร nos jours
1.2.2.- Les manifestations populaires et les rรฉgimes politiques
1.2.2.1.- Les manifestations de 1991
1.2.2.2.- Les manifestations de 2002
1.2.2.3.- La crise politique de 2009
1.2.3.- La pratique historique malgache en termes de succession de pouvoir
1.3.- Les crises politiques comme banalitรฉ ร Madagascar
1.3.1.- Pourquoi cette situation ?
1.3.2.- Les urnes et la rue
Chapitre 2 : PROGRAMMES DโAJUSTEMENT STRUCTUREL ET SECTEUR INFORMEL
2.1.- Dรฉsignation sommaire du secteur informel
2.2.- Tentatives de formalisation du secteur non structurรฉ
2.3.- Le secteur informel et lโidรฉologie nรฉolibรฉrale
2.3.1.- Critiques sur lโinterventionnisme de lโEtat
2.3.2.- Les mรฉfaits de la politique dโAjustement Structurel
2.3.3.- Emplois et secteur informel
2.3.4.- pauvretรฉ et secteur informel
2.4.- Articulations entre secteur informel et crises politiques ร Madagascar
2.4.1.- Lโรฉconomie locale dans lโรฉconomie mondiale
2.4.2.- les rรฉalitรฉs de terrain au niveau dโAntananarivo ville
2.4.2.1.- Les stigmates dโAnalakely
2.4.2.2.- La prรฉsence chinoise ร Behoririka
2.4.2.3.- La proximitรฉ dโAmbohipo
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : CULTURE DE CONSOMMATION ET STRATEGIES DE SURVIE AU QUOTIDIEN
Introduction partielle
Chapitre 3 : La logique de survie au quotidienย
3.1.- La dynamique de pauvretรฉ
3.1.1.- Budget et consommation alimentaire des mรฉnages
3.1.2.- Le domaine prรฉdilรฉctionnel de la vente
3.2.- Les termes des relations
3.2.1.- Les nรฉgociations ou ยซ ady varotra ยป
3.2.2.- La notion de garantie (ou ยซ antoka ยป)
3.3.- Les perspectives dโemplois
Chapitre 4 : Lโabsence et lโimpossibilitรฉ dโun cadrage lรฉgal
4.1.- Etudes de cas
4.1.1.- Un rรฉparateur
4.1.2.- Les ยซ dockers ยป
4.1.3.- Les porteurs et porteuses
4.2.- Le secteur de la vente
4.2.1.- La dynamique du crรฉdit
4.2.2.- Les liens ยซ รฉconomiques ยป et ยซ sociales ยป
4.2.- Vision revisitรฉe du secteur non structurรฉ
4.3.- Effets des crises
4.4.- La stratรฉgie de survivance au quotidien
4.4.1.- Lโancrage territorial
4.4.2.- Corruption et rapport ร lโEtat
Chapitre 5 : Les dimensions juridiques du secteur informelย
5.1.- Perceptions sur les structures รฉtatiques
5.2.- La trajectoire sociale unidimensionnelle
5.3.- Les rapports des vendeurs avec les autoritรฉs
5.4.- Le respect des normes dโhygiรจnes
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : PROSPECTIVES DE VALORISATION SOCIALE
Introduction partielle
Chapitre 6 : Formalisation du secteur informelย
6.1.- La dรฉgradation du marchรฉ du travail
6.2.- Les impรฉratifs de la sรฉcuritรฉ sociale
6.3.- Lโexploitation capitaliste
6.4.- Conceptions sociologiques de lโรฉconomie et de la pauvretรฉ
6.5.- Le syndicalisme contre le dumping social
Chapitre 7 : La base constructive des activites informellesย
7.1.- Un changement de paradigme sur la conception et la perception du secteur informel
7.2.- Le secteur informel comme mouvement altermondialiste
7.3.- Portรฉe juridique, philosophique et รฉtatique
7.4.- La politique de lโemploi comme moyen dโendiguer le secteur informel
7.5.- sensibilisations et contrรดles ร renforcer
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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