Séances de psychomotricité au sein de l’établissement

Séances de psychomotricité au sein de l’établissement 

Présentation de la structure 

La structure où j’ai réalisé mon stage est une EEAP. Les adolescents sont accueillis jusqu’à l’âge adulte 18-20 ans où ils sont replacés en MAS (maison d’accueil spécialisé) ou autre structure qui accueille les personnes polyhandicapées à l’âge adulte. Ce changement de structure permet de marquer le passage à l’âge adulte. Dans cet établissement soixante patients sont accueillis en externat et en internat (avec possibilité de rentrer chaque week-end ou périodes de vacances). Selon le régime choisi et leur âge, ils sont accueillis sur différents groupes. Une séparation est marquée entre les enfants et les adolescents, ce qui permet à chacun de pouvoir vivre avec des individus de la même tranche d’âge. L’équipe pluridisciplinaire de l’EEAP est constituée du personnel médical, paramédical et éducatif : des médecins, des infirmières, des aides-soignantes, des éducateurs spécialisés, une psychomotricienne, une psychologue, une ergothérapeute, des kinésithérapeutes. Une institutrice spécialisée est aussi présente.

Place de la psychomotricité dans l’établissement

La psychomotricité au sein de l’établissement a pour but de poser un cadre thérapeutique. Des repères sont respectés avec une unité de temps, de lieu et de personne qui participe à une structuration psychique de la personne polyhandicapée. Freinet parle de rituels, pour lui ils sont : « des moments donnant un sens et une référence commune à ce que l’on fait et à ce que l’on dit. La mise en place de rituels va rassurer l’enfant et lui proposer un ancrage dont il a besoin. » (A. Bataille, 2019, p.97) Les séances de psychomotricité se déroulent dans une salle qui est prévue uniquement à cet usage. Cela participe à un repérage spatial, l’unité de lieu d’une séance de psychomotricité est stable. La psychomotricienne accompagne toujours les mêmes enfants d’une année à l’autre, ce qui participe à l’unité de personne. Et enfin les séances se déroulent le même jour chaque semaine et à la même heure, si possible, ce qui contribue à l’unité de temps. Les rituels dans les séances procurent chez la personne en situation de polyhandicap une contenance psychique et physique. Une relation thérapeutique est possible grâce à la constance des éléments qui établissent une confiance mutuelle entre l’enfant et l’adulte. Une salle snoezelen est aussi disponible pour les séances, elle est utilisée pour les enfants qui ont besoin d’un cadre encore plus contenant et reposant. Dans le cadre de cette année de stage j’ai effectué 5 jours seule avec la psychomotricienne puis une deuxième stagiaire m’a rejointe jusqu’à la fin de l’année. Pour garder l’anonymat je nommerai cette autre stagiaire Emma. Les prises en charge ont alors évolué, l’arrivée d’une nouvelle personne a permis de diversifier les interactions au cours des séances de psychomotricité.

« Toucher contenant et toucher nourrissant® » en prise en soin psychomotrice 

L’approche « toucher contenant toucher nourrissant® » développée par ma maître de stage est une approche qui lie et synthétise plusieurs médiations et méthodes, adaptées au polyhandicap et aux personnes présentant des troubles neurosensoriels. C’est la synthèse et l’adaptation d’approches telles que la stimulation basale, l’intégration neurosensorielle, la réorganisation neurofonctionnelle, mais aussi des techniques de massages ayurvédiques, dont le Shirotchampi. Le massage ayurvédique est une pratique traditionnelle de la médecine indienne qui vise à favoriser le drainage du corps en améliorant la circulation sanguine. De plus pour adapter les techniques de toucher à l’âge et aux spécificités des enfants, ma maître de stage, s’inspirant de ce qu’a développé l’association MISA dans sa méthode Massage In Schools Programm, a créé des livres à partir de comptines permettant de proposer des « contes massés® ».

Pourquoi les massages ?

Les premiers massages datent d’il y a 6000 ans ce sont les massages ayurvédiques. En Inde les massages Shantala pour les bébés sont très répandus, ils se transmettent de génération en génération. Ils sont aussi importants que la nourriture ou le bain. Aux Etats-Unis vers les années 1970 Vimala McClure introduit l’importance du massage thérapeutique, pour le bébé. Il réhabilite la communication parents / bébé, le toucher sain et respectueux.

Les massages se font ressentir dans plusieurs domaines (issu de la formation « toucher contenant, toucher nourrissant® »):
– Physiologique : Les massages améliorent les systèmes circulatoires, digestifs, hormonaux, immunitaire, lymphatique, nerveux respiratoire et vestibulaire. Ils interviennent de manière positive sur la régulation du tonus musculaire, la croissance, les connexions neuronales (les massages réguliers favorisent la croissance de la gaine de myéline), améliorent les cycles de sommeil.
– Affectif : Ils jouent sur l’amélioration des capacités d’adaptation à l’environnement, sur la réduction du niveau de stress avec une diminution de la production d’hormones de stress et une augmentation du taux d’hormones telles que l’ocytocine et la sérotonine (hormones qui procurent la détente).
– Cognitif : Les massages influent sur le développement de l’attention soutenue, sur les capacités d’adaptation, le développement du langage et des capacités d’apprentissages ainsi que sur la capacité à gérer le stress.
– Psychomoteur : Ils agissent sur la régulation de la sensibilité, sur la perception du corps, des limites corporelles, travail de l’attention conjointe et sur la capacité d’interaction.

Nous pouvons donc observer que les massages sont très bénéfiques pour le corps et pour l’esprit. Des études auprès d’enfants prématurés ont prouvé que les massages peuvent jouer un rôle dans leur développement : « Ils induisent des effets bénéfiques voire compensatoires sur le développement des enfants prématurés » (F. Lejeune, 2013, p.46).

La stimulation basale

La stimulation basale est une « approche humaniste » développée par Andréas Fröhlich dans les années 1970. Elle a pour but de faire revivre les sensations du vécu par le bébé in-utéro, d’où l’appellation « basal” qui représente les sensations de base du développement de l’être humain. « Ces expériences de base, centrées sur le corps, lieu d’ancrage de notre construction motrice, sensorielle et psychique, sont d’ordre somatique […], vestibulaire […] et vibratoire. » (C. Pagano, 2020, p.27) .

– Le sens somatique est vécu par le bébé par le contact direct de sa peau avec le liquide amniotique et les parois de l’utérus de la mère. Le bébé a une perception de son enveloppe corporelle. Des pressions profondes effectuées en périphérie de l’ensemble du corps permettent de faire ressentir cette sensation.
– Le sens vestibulaire représente les mouvements du bébé qui bouge dans le liquide amniotique par les déplacements de la mère. Il met en avant la perception du corps dans l’espace par le sens proprioceptif. Pour faire vivre ce sens vestibulaire, le corps de la personne est mis en mouvement par des oscillations, des balancements.
– Le sens vibratoire correspond à la voix de la mère qui est perçue sous forme de vibrations par le bébé. Ces stimulations sont reproduites par des percussions effectuées sur le corps. Elles révèlent la solidité du corps, du squelette. Cette approche est spécialement conçue pour les personnes en situation de handicap grave. Elle offre des stimulations simples et riches pour des enfants et adultes qui n’ont pas la possibilité de ressentir leur corps par le mouvement ou par leur propre toucher.

« Contes massés ® » 

L’association MISA a proposé dans les crèches, les écoles maternelles et les écoles primaires un toucher autour de comptines. Le toucher se propose assis dans le dos, sur les habits, en insistant sur la demande de permission de pouvoir toucher l’autre. C’est un toucher dynamique qui permet à l’enfant de le recevoir sans s’impatienter. Les enfants se touchent entre eux ce qui permet de développer la tolérance et le respect de l’autre et de soi. Ce massage a permis de diminuer le harcèlement scolaire de 50% dans les écoles où il a été proposé. Il est proposé à partir de 8 à 10 mois avec des livres, des comptines qu’ils aiment. Tout en chantant et en parlant, des stimulations qui correspondent aux mots sont faites dans le dos. Cela peut être des balayages, des percussions, des formes évocatrices. Ma maître de stage s’en est donc inspirée pour le proposer dans les séances de psychomotricité avec les enfants polyhandicapés.

Le « toucher contenant” est alors un toucher ferme, qui rassure en permettant de ressentir les limites corporelles, l’épaisseur et le volume du corps. Les bébés et les enfants sont plus réceptifs à ce toucher de par leurs récepteurs sensoriels qui sont au même nombre que ceux de l’adulte mais concentrés sur une surface plus réduite.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : La clinique
l. Séances de psychomotricité au sein de l’établissement
1. Présentation de la structure
2. Place de la psychomotricité dans l’établissement
3. « Toucher contenant et toucher nourrissant® » en prise en soin psychomotrice
3.1. Pourquoi les massages ?
3.2. La stimulation basale
3.3. « Contes massés® »
ll. Présentation des cas cliniques
Dorian (22 ans)
1. Présentation générale de Dorian
2. Anamnèse
3. L’accompagnement psychomoteur de Dorian
4. Première rencontre avec Dorian
5. Premier toucher avec Dorian
6. Problématiques et hypothèses autour de l’interaction et du toucher
7. Déroulé des séances et évolutions avec Dorian
7.1. Stimulations somatiques, vestibulaires et vibratoires
7.2. Le massage shirotchampi du cou
7.3. Découverte de l’environnement et jeu
Tom (8 ans)
1. Présentation générale de Tom
2. Anamnèse
3. Accompagnement psychomoteur de Tom
4. Première rencontre avec Tom
5. Premier toucher avec Tom
6. Problématiques et hypothèses autour de l’interaction et du toucher
7. Déroulé des séances et évolutions avec Tom
7.1 Stimulations somatiques, vestibulaires, vibratoires
7.2. Découverte de l’environnement et jeu
7.3. « Conte massé® »
Partie 2 : Apports théoriques
l. Le polyhandicap
1. Le handicap
2. Le polyhandicap : présentation générale
2.1. Entre paralysie cérébrale, IMC et IMOC
2.2 Histoire du polyhandicap
2.3. Définitions du polyhandicap
2.4. Clarification entre les termes plurihandicap, surhandicap et polyhandicap
2.5. Prévalence et étiologie du polyhandicap
3. La clinique du polyhandicap
3.1. La motricité
3.2 La cognition
3.3. Troubles neuro-sensoriel
3.4. Troubles du comportement
3.5. Troubles somatiques
3.6. L’épilepsie
ll. L’interaction
1. L’interaction et la relation : quelques généralités et définitions
2. Construction et apport des interactions chez un enfant neurotypique
2.1.Compétences du nourrisson et interactions précoces
2.1.1. Compétences du nourrisson
2.1.2. Interactions précoces
2.2. Rôle de la fonction alpha de W. Bion dans le développement de l’enfant
2.3. La théorie de l’attachement de J. Bowlby
2.4. L’intersubjectivité dans l’interaction
2.5. Développement cognitif de l’enfant
2.6. L’interaction : un besoin vital
3. L’interaction et le relation : processus qui dysfonctionne pour les enfants en situation de polyhandicap
lll. Le toucher
1. Le système peau
1.1 Description générale
1.2. Les récepteurs de la peau
1.3 Les fonctions de la peau
2. Le toucher
2.1. Définition et généralités
2.2. Le toucher dans le développement de l’enfant
2.2.1. Le toucher autour de la naissance
2.2.2. Winnicott le handling et le holding
2.2.3. Le dialogue tonico-émotionnel
2.2.4. Toucher dans le développement moteur de l’enfant
Partie 3 : La discussion
l. À partir du toucher un lien se crée
1. Proxémie et polyhandicap
2. Une rencontre et une interaction par le corps
ll. Le « toucher contenant, toucher nourrissant® » dans l’interaction
1. …avec soi
2. …et avec l’autre
2.1. Une rencontre par le toucher
2.2. D’être touché à toucher
Ill. En quoi le toucher permet une ouverture sur le monde et une interaction avec l’environnement
1. Une contenance permettant une ouverture
2. Partir du toucher pour découvrir l’environnement
2.1. Le dialogue tonique dans l’étayage
2.2. Sécurité affective et exploration
3. Émergence du soi et individuation face à l’interaction par le toucher
Conclusion
Bibliographie

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