Sclérodermie & maladies auto-immunes
Altérations vasculaires
L’état actuel des connaissances ne permet pas de dire si ces altérations vasculaires sont primitives ou secondaires aux phénomènes auto-immuns.
L’apoptose des cellules endothéliales précède les signes cliniques et l’infiltration inflammatoire. Des anticorps anti-cellules endothéliales sont détectés dans le sang des patients présentant des manifestations cliniques sévères.
Ces altérations endothéliales s’accompagnent d’un recrutement de cellules inflammatoires (par la sécrétion de chémokines), d’une coagulabilité accrue (par la sécrétion de facteurs pro-thrombotiques et par défaut de fibrinolyse), d’une vasoconstriction (par production d’endothéline-l) et d’une inhibition de l’angiogénèse malgré des taux sériques élevés de VEGF .
La libération de quantité élevée de VEGF pourrait constituer un mécanisme physiopathologique intervenant dans la dérégulation de l’angiogénèse au cours de la ScS . La production d’endothéline-l par les cellules endothéliales contribue aussi à l’activation des fibroblastes.
De plus, les processus de vasculogénèse et de réparation des cellules endothéliales seraient déficients et ne pourraient compenser la diminution de l’angiogénèse .
En effet, la différenciation des cellules souches mésenchymateuses en cellules endothéliales est altérée .
Anomalies immunitaires
Il existe des infiltrats lymphocytaires T, de type CD4+, au sein des lésions précoces. Aucun antigène n’a été identifié actuellement et l’équilibre phénotypique TH1/TH2 varierait au cours de l’évolution de la sclérodermie.
Des taux élevés d’IL-4 et d’IL-13, cytokines stimulant la synthèse de collagène, sont retrouvés .
Il existe également une activation des lymphocytes B qui synthétisent des auto-anticorps dirigés contre les antigènes de la topoisomérase I ou contre les antigènes protéiques liés à l’ADN du centromère, ou l’ARN polymérase III .
Enfin, plus récemment le rôle des lymphocytes TH17 et des mastocytes a été suggéré dans la fibrinogénèse de la ScS .
Anomalies de fibroblastes et altération du Tissu conjonctif
Il existe une accumulation de sous-populations fibroblastiques qui synthétisent en excès du collagène de différents types, de la fibronectine et des protéoglycanes et qui se différencient en myofibroblastes.
Les mécanismes régulant l’extension et la diffusion de la fibrose aux autres organes ne sont pas connus .
Il a été montré une activation incontrôlée de la transcription du gène du procollagène et du Connective Tissue Growth Factor (CTGF) suite au recrutement et à la phosphorylation des protéines cytoplasmiques smad 2 et 3, puis smad 4, en l’absence d’expression de smad 7, élément inhibiteur de cette cascade de signalisation. L’activation de cette voie de signalisation serait liée à la synthèse excessive de Transforming Growth Factor-13 (TGF-13) par les fibroblastes, les lymphocytes et les cellules endothéliales.
Le TGF-13 stimule la prolifération des fibroblastes et leur différenciation en myofibroblastes, les rend résistants à l’apoptose et augmente la synthèse de la matrice extra-cellulaire.
Génétique et microchimérisme
La ScS est une maladie plurifactorielle complexe où le rôle de la génétique a été suspecté et étudié ces dernières années.
Le risque relatif de ScS pour un apparenté atteint du 1er degré est proche de 13, pour les frères et sœurs le risque est estimé à 15 . De plus, plusieurs polymorphismes ou variantes de certains gènes pourraient contribuer au risque de développer la maladie chez un individu.
Ainsi, des gènes «candidats» au développement de la ScS sont actuellement en cours d’étude et peuvent être divisés en 3 catégories:
Les gènes des acteurs de la Fibrose (Fibrilline 1: FBN1, Fibronectine, Secreted Protein Acid and Rich in Cystein : SPARC, Collagène I et VIII, interleukine lA).
Certains polymorphismes des gènes SPARC sont associés de façon significative à la ScS et semblent importants dans la genèse de la fibrose.
Des polymorphismes du gène FBN1 ont été décrits comme associés de façon significative au développement d’une ScS chez les indiens Américains Choctaws et chez les Japonais, cependant cette association n’a pas été retrouvée dans la population européenne .
Les gènes de la réponse immune (HLA, Cytotoxic-T-lymphocyte associated protein 4, CD 86, IL 13 etc ).
La ScS est associée aux molécules HLA de type Il dont le génotype varie selon l’ethnicité, le sexe (DQA1*0501 chez les hommes) et surtout le type d’autoanticorps associé à la ScS anticorps antitopoisomérase I associés au groupage HLA .
les gènes des acteurs vasculaires: VEGF Les analogies entre la ScS et la réaction du greffon contre l’hôte ont aussi orienté les recherches vers l’existence d’un microchimérisme.
La persistance de cellules fœtales résiduelles de grossesses antérieures dans l’organisme maternel serait le facteur déclenchant la sclérodermie systémique.
Cependant cette hypothèse n’a pas été confirmée depuis et n’explique pas la survenue de cas de ScS chez les enfants, les hommes ou chez les femmes nullipares.
Sclérodermie et Thyroidite Auto-immune
Une atteinte thyroïdienne est le plus souvent infra-clinique mais retrouvée chez 12.5 à 25% des patients sclérodermiques .
C’est donc l’atteinte endocrinienne la plus fréquente. Il s’agit le plus souvent d’une hypothyroïdie qui peut être d’origine auto-immune avec présence d’Anticorps anti-thyroidiens (Ac anti thyroglobulines et Ac anti-thyroperoxydase).La fréquence d’auto anticorps varie selon les études entre 12 et 15 % des patients sclérodermiques .
Dans notre étude, les résultats retrouvés (10.7%) sont faibles par rapport à la littérature, expliquée par le fait que la recherche des anticorps antithyroïdien n’ont pas été demandés que chez les patients présentant un goitre à l’examen clinique et à l’échographie thyroïdienne.
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS & METHODE
I. Patients
1. Type d’étude
2. Population cible
II. Méthode d’étude
1. Collecte de données
2. Définitions
3. Analyse statistique
RESULTATS
I. Profil épidémiologique
1. Fréquence hospitalière
2. Sexe
3. Age
4. Antécédents
II. Données de l’histoire de la maladie
1. Motif de consultation
2. Délai moyen de diagnostic
3. Durée de l’évolution
III. Types d’atteintes
1. Atteinte cutanée
2. Atteinte muqueuse
3. Atteinte digestive
4. Atteinte cardio-pulmonaire
5. Atteinte rénale
6. Atteinte ostéo-articulaire
7. Atteinte musculaire
8. Atteinte neurologique
9. Atteinte thyroïdienne
IV. Sclérodermie & maladies auto-immunes
V. Etude biologique
VI. Etude histologique
1. Biopsie cutanée
2. biopsie salivaire
3. Biopsie musculaire
VII. Modalités thérapeutique
VIII. Aspects évolutifs & pronostiques
DISCUSSION
I. Historique
II. Physiopathologie de la sclérodermie
III. Profil épidémiologique
1. Fréquence et prévalence
2. Sexe
3. Age
IV. Types d’atteintes
1. Manifestations dermatologiques
2. Manifestations muqueuses
3. Manifestations digestives
4. Manifestations cardio-pulmonaires
5. Manifestations rénales
6. Manifestations ostéo-articulaires
7. Manifestations musculaires
8. Manifestations nerveuses
9. Manifestations oculaires
V. Etude biologique
VI. Maladies auto-immunes associées
VII. Cancers et sclérodermie
VIII. Situations particulières
1. Sclérodermie et grossesse
2. Sclérodermie de l’enfant
IX. Modalités thérapeutiques
1. Traitement du phénomène du Raynaud et des ulcères digitaux
2. Traitement de la pneumopathie interstitielle
3. Traitement de l’HTAP
4. Traitement de l’atteinte digestive
5. Traitement de l’atteinte articulaire
6. Prise en charge chirurgicale
7. Règles hygiéno-diététiques
X. Evolution et pronostic
1. Evolution
2. Valeur pronostic de l’étude des signes cutanés
3. Complications infectieuses
4. Surveillance
5. Mortalité
CONCLUSION
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