SAVOIRS LOCAUX SUR L’UTILISATION DES ESPECES VEGETALES
Les entretiens effectués auprès de 136 personnes, dont 81 hommes et 55 femmes, et les observations directes dans les 5 villages (Andranokoditra, Tampina, Topiana, Ambodirotra et Tanambao) aux alentours de Vohibola ont permis de faire ressortir les savoirs locaux sur l’utilisation des espèces végétales. Soixante-quatorze espèces sont utilisées et appartiennent à 69 genres et 45 familles.
Savoirs locaux relatifs aux usages des espèces végétales
Les populations locales utilisent les espèces principalement pour la construction (30,28 %), en tant que plantes médicinales (16,51 %), l’alimentation (14,68 %) et à des fins domestiques (14,68 %). D’autres utilisations sont aussi observées pour la fabrication de pirogues, la clôture, l’artisanat et les bois d’énergie .
Plantes utilisées pour la construction
Trente-trois espèces regroupées dans 31 genres et 23 familles ont été recensées pour la construction dont les espèces d’EUPHORBIACEAE sont les plus nombreuses . Parmi ces espèces, Ravenala madagascariensis est la plus utilisée pour la construction du toit, du mur et du plancher ; elle est suivie de Melaleuca quinquenervia qui est une espèce envahissante abondante à la zone de production de la forêt et près des villages et que sa coupe est autorisée. La majorité des espèces utilisées pour faire des piliers de maisons sont d’origine forestière « hazo ala » comme Asteropeia multiflora, Faguetia falcata, Intsia bijuga et Faucherea glutinosa. La population choisit ces espèces à cause de leur bois dur qui peut résister aux facteurs édapho-climatiques. Les troncs et les branches des plantes sont les parties les plus utilisées dans la construction d’une maison.
Plantes destinées à la fabrication de pirogues
Les informations collectées ont permis de recenser 7 espèces végétales qui sont utilisées pour la fabrication de pirogues . Albizia chinensis est la seule espèce utilisée dans la fabrication de pirogues pour la pêche maritime . Le bois de cette espèce est très léger et est adapté pour supporter les vagues de la mer. Pourtant, cette espèce est rare dans la forêt littorale de Vohibola et ses environs. Ainsi, la population doit les acheter dans d’autres zones comme Toamasina ou Brickaville. Les autres espèces comme Terminalia catappa, Faucherea glutinosa servent à fabriquer des pirogues pour la pêche continentale . Faucherea glutinosa provient de la zone de conservation de la forêt et Terminalia catappa provient de la zone de production (bord de la mer).
Plantes médicinales
Les entretiens ont permis de recenser dix-huit espèces qui sont utilisées pour traiter la plupart des maladies comme la fièvre, les plaies, la fatigue et la diarrhée . Deux de ces espèces sont les plus cités notamment Melaleuca quinquenervia et Phyllarthron madagascariensis. Les huiles essentielles issues des feuilles de Melaleuca quinquenervia sont des antibactériennes et antiallergiques et qui stimulent aussi les défenses immunitaires. La feuille des plantes est la partie la plus utilisée dans la fabrication des remèdes traditionnels. Malgré les vertus de ces plantes médicinales, la majorité des personnes interviewées préfère aussi consulter les centres de santé en plus de l’utilisation de ces plantes.
Plantes artisanales
Neuf espèces appartenant à 6 familles ont été recensées pour l’artisanat . Parmi ces espèces, 5 sont utilisées pour la vannerie (nattes, chapeau, panier…) telle que Raphia farinifera, Lepironia mucronata et Dypsis decipiens. Ce sont les feuilles qui sont les plus utilisées en vannerie. Quatre espèces comme Strychnos spinosa et Plectaneia thouarsii sont utilisées pour la fabrication de colliers et de bracelets dont les graines sont les organes utilisés.
Plantes alimentaires
Quinze espèces appartenant à 15 genres et 14 familles ont été mentionnées comme étant utilisées en alimentation . Cinq espèces sont des espèces forestières telles que Uapaca thouarsii et Tacca leontopetaloides. Pour la plupart de ces espèces, ce sont les fruits qui sont les plus consommés, puis les tubercules, les bourgeons et les fleurs. Pour Tacca leontopetaloides, c’est la fécule des tubercules qui est consommée. Les villageois les collectent dans la forêt quand la partie aérienne de la plante commence à sécher. Par ailleurs, les bourgeons de Ravenala madagascariensis sont très utilisés pour l’alimentation dans les villageois. Pour cela, ils abattent la plante et récolte le bourgeon qui se trouve à l’intérieur de la fausse tige. Enfin, les fleurs de Dracaena reflexa sont aussi consommées pour servir de bouillon.
Plantes à usage domestique
Lors des entretiens, 16 espèces ont été dénombrées pour l’usage domestique rassemblant les meubles, les ustensiles (assiettes) et les outils (corde, pilon, mortier…) . Le tronc et les branches des espèces à bois dur comme Asteropeia multiflora, Intsia bijuga et Leptolaena multiflora sont les plus utilisés pour la fabrication de meubles (lit, table, armoire…) et de mortier. Pourtant, après l’arrivé des gestionnaires de la forêt de Vohibola (MATE, Razan’ny Vohibola), la coupe de ces espèces dans la forêt n’a plus été autorisée et la population utilise alors le tronc de Melaleuca quinquenervia et d’Eucalyptus robusta pour la fabrication des meubles. Les feuilles de Ravenala madagascariensis servent d’assiette et l’écorce de Grewia humblotii est utilisée pour faire des cordes.
Plantes utilisées comme combustible
Les entretiens ont permis d’inventorier trois espèces de plantes utilisées dans la fabrication de charbon : Melaleuca quinquenervia, Grevillia banksii, Eucalyptus robusta . Ces espèces sont exotiques et envahissantes dans la zone étudiée et sont récoltées à la périphérie des villages et de la forêt. C’est aussi un moyen de lutte contre les espèces envahissantes. Les troncs et les branches des plantes sont les parties les plus utilisées dans la fabrication des charbons. La majorité de ces charbons est exportée vers Toamasina , l’utilisation locale est minime. Concernant les bois de chauffe, les villageois ramassent les branches sèches et les bois morts qui se trouvent près du village.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : MILIEU D’ETUDE
I. MILIEU PHYSIQUE
I.1. Localisation géographique
I.2. Climat
I.3. Vent
I.4. Hydrologie et géologi
II. MILIEU BIOTIQUE
II.1. Flore et végétation
II.2. Faune
II.3. Population et ses activités
III. GESTION DE LA FORET DE VOHIBOLA
PARTIE II : METHODOLOGIE
I. ETUDES PRELIMINAIRES
I.1. Recherche bibliographique
I.2. Analyses cartographiques
II. ETUDES ETHNOBOTANIQUES
II.1. Collecte des données
II.2. Traitements et analyses des données ethnobotaniques
III. ETUDE BOTANIQUE ET ECOLOGIQUE DES ESPECES PATRIMONIALES DE LA FORET DE VOHIBOLA
III.1. Description botanique des espèces cibles
III.2. Etudes écologiques des espèces cibles
III.2.1. Collecte des données écologiques
III.2.2. Traitements et analyses des données écologiques
PARTIE III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. SAVOIRS LOCAUX SUR L’UTILISATION DES ESPECES VEGETALES
I.1. Savoirs locaux relatifs aux usages des espèces végétales
I.1.1. Plantes utilisées pour la construction
I.1.2. Plantes destinées à la fabrication de pirogues
I.1.3. Plantes médicinales
I.1.4. Plantes artisanales
I.1.5. Plantes alimentaires
I.1.6. Plantes à usage domestique
I.1.7. Plantes utilisées comme combustible
I.1.8. Plantes utilisées pour les clôtures
I.2. Savoirs locaux relatifs aux usages symboliques des espèces végétales
I.3. Différence des savoirs selon le genre
I.4. Mode de transmission des savoirs locaux
I.5. Importance des espèces utilisées à Vohibola
I.5.1. Indice de saillance (Annexe IX)
I.5.2. Fréquence d’utilisation (Annexe IX)
I.5.3. Indice d’utilisation (Annexe IX)
I.6. Relation entre villages et espèces utiles
I.7. Espèces patrimoniales de la forêt de Vohibola
II. DESCRIPTION BOTANIQUE ET CARACTERISATIONS ECOLOGIQUES DES ESPECES PATRIMONIALES
II.1. Description botanique des espèces patrimoniales
II.1.1. Faguetia falcata
II.1.2. Intsia bijuga
II.1.3. Faucherea glutinosa
II.1.4. Humbertiodendron saboureaui
II.1.5. Asteropeia multiflora
II.2. Caractérisation écologique des espèces patrimoniales
II.2.1. Localisation des sites de relevé
II.2.2. Habitats des espèces patrimoniales
II.2.2.1. Zone de conservation
II.2.2.2. Zone de Restauration
II.2.2.3. Zone de Production
II.2.3. Caractéristiques des espèces patrimoniales
II.2.3.1. Faguetia falcata
II.2.3.2. Intsia bijuga
II.2.3.3. Faucherea glutinosa
II.2.3.4. Humbertiodendron saboureaui
II.2.3.5. Asteropeia multiflora
PARTIE IV : DISCUSSIONS
CONCLUSION