Cet écrit réflexif s’inscrit dans le cadre d’une formation adaptée en Inspé à la suite du Master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) second degré en histoire-géographie.
La cartographie est un sujet que j’ai souhaité explorer pour plusieurs raisons. En effet, j’ai suivi une formation d’historien et je vois, au travers de cet écrit, un biais pour renforcer mes compétences en géographie. Mon objectif est de répondre aux attentes du ministère mais aussi à celles des élèves sur cette discipline qui au vu de mon parcours professionnel peut me sembler moins approfondie. Cet écrit m’offre également des pistes de réflexion sur des travaux à mener en classe grâce aux différentes lectures de didacticiens et géographes que j’ai pu mener. Enfin, il me permet de porter un regard didactique sur certaines séances que j’ai pu donner en géographie à des classes de seconde.
« La carte, ça sert d’abord à enseigner la géographie » (Joly et Reineri, 1999) . A travers ce titre d’article scientifique, ses auteurs donnent le ton. Un enseignant d’histoire-géographie ne peut pas se passer de la carte. La cartographie et ses règles sont essentielles dans le monde d’aujourd’hui. En effet, si « tous les enseignants devraient avoir une maîtrise minimale des règles de construction, de décomposition, de reconstruction, de décodage et de décryptage des représentations graphiques, pour pouvoir utiliser à bon escient la multitude des cartes produites. » (Roques, 1992) , les élèves doivent également posséder cette maîtrise minimale. J’entends par là, qu’ils doivent apprendre progressivement les rudiments de la cartographie, au cours de leur scolarité, sans que cela débouche, bien évidemment, sur une maîtrise aussi perfectionnée que celle de l’enseignant. Ces derniers sont confrontés à de nombreuses cartes dans la vie de tous les jours. Elles sont utilisées pour annoncer le bulletin météorologique, pour se repérer dans les jeux vidéos, pour dévoiler des informations dans la presse, dans la rue…
Les cartes, les croquis et les schémas sont des documents cartographiques exploités à de nombreuses reprises, en classe, afin d’acquérir des capacités et des savoirs géographiques. L’intérêt est donc de connaître l’utilité de ces divers documents, pour les élèves, plutôt que d’autres. « La carte permet de s’approprier l’ailleurs, qu’il soit fort lointain ou très proche » (Grataloup, 2005) . Il y a un donc un lien très fort entre la géographie et la cartographie. La seconde permet de représenter et de comprendre ce que la première étudie : les espaces, les territoires et les lieux ainsi que leurs dynamiques dans différents domaines : économique, politique, culturel, social… La cartographie est donc au cœur de l’enseignement de la géographie actuelle car elle contient des savoirs mis en jeu auprès des élèves, choisi par le professeur, à partir des demandes ministérielles.
C’est quoi la cartographie ?
Il est question, au cours de cette sous-partie, de définir au mieux ce que l’on entend par « cartographie ». Si l’on reprend l’étymologie du terme qui apparaît à la fin du XIXe siècle : « carto » renvoie à « carte » tandis que « graphie » renvoie à « écrire ». On peut donc définir la cartographie comme étant l’écriture des cartes ou plus précisément la « science qui étudie et réalise les cartes géographiques » (Lussault et Lévy, 2003) . D’autres géographes cherchent à définir la cartographie de manière plus précise en insistant sur les aspects « technique » et « théorique»: « un langage dont le code (le dictionnaire des signes, la légende de la carte) est une clé pour découvrir les formes, les structures et les tendances spatiales » (Brunet, 1987) . A travers cette définition, on voit le lien entre la méthodologie de la cartographie nécessaire, notamment la façon dont un élève doit lire une carte, et les concepts et processus géographiques que les cartes représentent. La méthodologie ne peut pas être indépendante du contenu et inversement. Les élèves ont besoin de comprendre la façon dont fonctionne une carte, au travers de clés méthodologiques fournis par le professeur, pour repérer et analyser les phénomènes géographiques représentés. « Il faut [donc] apprendre à lire une carte comme on apprend à lire un livre » (Desplanques, 1994).
Si l’on prend une définition plus ancienne, la cartographie correspond à l’« ensemble des études et des opérations, scientifiques, artistiques et techniques, intervenant à partir des résultats d’observations directes ou de l’exploitation d’une documentation, en vue de l’élaboration et de l’établissement de cartes, plans et autres modes d’expression, ainsi que dans leur utilisation. » (Comité français de cartographie, 1970) . On constate que la carte n’est pas le seul type de document concerné par la cartographie. Les élèves réalisent, en classe, non pas des cartes mais bien des croquis et des schémas qui répondent aux mêmes exigences méthodologiques et ont pour vocation à transmettre aussi des concepts et faits géographiques. Il est donc nécessaire de différencier la carte du croquis et du schéma qui « désignent de manière générique les représentations graphiques appliquées aux espaces géographiques » (Géoconfluences, 2020) . Cette différenciation est loin d’être acquise, chez les élèves, car beaucoup d’entre-eux considèrent que leurs productions graphiques, réalisées en classe, sont des cartes alors qu’il s’agit de croquis et/ou de schémas.
C’est quoi une carte ?
Il existe plusieurs définitions attribuées à la carte qui se révèlent être relativement proches. En effet, « la carte qui, sous ses différentes formes, permet de repérer les lieux et l’extension des phénomènes géographiques plus ou moins proportionnalisés ; c’est une construction intellectuelle avec un langage propre dont il faut connaître l’alphabet (les signes) et la grammaire (les règles de la cartographie, notamment la proportionnalité et la hiérarchisation). » (Dorel, 1998 / Géoconfluences, 2020) . Étant donné que la carte est l’objet, par excellence, relatif à la cartographie, on retrouve cet aspect méthodologique couplé à des enjeux de savoir. On peut également donner la définition d’un autre géographe étant donné que celle de Dorel a été formulée dans un autre contexte, à un moment où il était inspecteur général de l’Éducation Nationale : « une carte est une représentation géomatique plane simplifiée et conventionnelle de tout ou partie de la surface terrestre, et cela dans un rapport de similitude convenable qu’on appelle échelle » (Joly, 1976) . On constate à travers ces deux définitions que la carte correspond à la représentation d’une partie ou de la totalité de la surface terrestre à une échelle réduite ayant pour vocation la représentation de phénomènes géographiques. De nombreux autres géographes ont également construit leur propre définition de la carte à l’image de Brunet (1987) ou encore de Lussault et Lévy (2003).
Il existe différents types de cartes que l’on peut classer selon la manière suivante : des cartes topographiques, des cartes spéciales et des cartes thématiques (Rystedt, 2014) . Les premières représentent « les relations spatiales existant entre différents objets géographiques, comme les bâtiments, les routes, les frontières et les cours d’eau. ». D’autres géographes, regroupent ces cartes dans ce qu’ils appellent des « cartes inventaires » étant donné qu’elles représentent un espace précis avec ses caractéristiques. Les secondes sont réalisées dans le cadre « d’un usage professionnel ». L’auteur donne plusieurs exemples comme « les cartes maritimes ou aéronautiques.». Enfin, les dernières ont pour objectif de représenter des « phénomènes géographiques » qui peuvent être liés à la géologie, aux flux migratoires, à l’occupation du sol…Pour compléter cette typologie, on peut évoquer les cartes en anamorphose qui ont « pour but d’adapter la forme de la carte non pas à la réalité physique mais plutôt à la réalité perçue. » (Langlois et Denain, 1996) . Ci-dessous, un exemple de carte thématique représentant les réseaux de transport en France.
C’est quoi un croquis ?
Le croquis « est une carte réalisée à la main à partir d’un fond de carte. Ce dernier est pourvu d’une échelle et, si nécessaire, d’une orientation (sur un planisphère l’orientation est superflue voire non pertinente) » (Géoconfluences, 2020) . De plus, le croquis suppose une « démarche analytique » (Dorel, 1998) . Autrement dit, le croquis renvoie à une interprétation cartographique d’une problématique donnée qui suppose de faire des choix sur les informations mémorisées, classées puis hiérarchisées afin de garder une certaine lisibilité. Le croquis est donc forcément moins exhaustif et plus abstrait que la carte. En revanche, il l’est beaucoup moins que le schéma. Ci-dessous, un exemple de croquis représentant les réseaux de transport en France.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
1. C’est quoi la cartographie ?
1.1. C’est quoi une carte ?
1.2. C’est quoi un croquis ?
1.3. C’est quoi un schéma ?
2. « La carte est la vieille compagne de la géographie » (Bavoux, 2009)
2.1. L’histoire de la cartographie
2.2. La cartographie : une science annexe de la géographie du secondaire
3. L’apport des cartes en classe d’histoire-géographie
4. Problématique du sujet
DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE DIDACTIQUE D’UNE SÉANCE DE COURS EN GÉOGRAPHIE SUR LA COMPÉTENCE « SAVOIR LIRE, COMPRENDRE ET APPRÉCIER UNE CARTE EN GÉOGRAPHIE »
1. Mise en contexte de la séquence de cours
2. Consignes et présentation des cartes utilisées
3. Analyse des données recueillies
4. Bilan de cette analyse didactique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES