Au cours des dernières décennies, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a défendu le concept des médicaments essentiels en tant que partie intégrante des politiques sanitaires nationales. A Alma Ata en 1978, elle a fait de l’accès aux médicaments essentiels la huitième composante des Soins de Santé Primaires. Les médicaments essentiels sauvent des vies et améliorent la santé mais encore faut-il qu’ils soient disponibles, abordables et utilisés à bon escient. Ces médicaments devraient être disponibles à tout moment en quantités suffisantes, détenus, délivrés et administrés dans de bonnes conditions, autrement dit utilisés en toute sécurité (1). De 1977 à 1997, le nombre total de personnes ayant accès aux médicaments essentiels est passé de 2,1 milliards à 3,8 milliards. Selon l’OMS, il est toujours aussi difficile de garantir un approvisionnement régulier de plusieurs pays avec la disponibilité des médicaments essentiels de: 94% et 95% de 2000 à 2002 au Cambodge ; 95,4% en 2002 en Malaisie ; 34,1% aux Philippines (2).
Une insuffisance en médicaments essentiels frappe également l’Afrique : avec une disponibilité de 79,5% au Mambere-Kadei en Centrafrique en 2005 (3). En Tanzanie, 23,4% de médicaments essentiels sont disponibles dans le secteur public contre 47,9 dans le secteur privé. La disponibilité enregistrée en Ouganda est de l’ordre de 20% dans le secteur public contre 80% dans le secteur privé(4).Aux Îles Comores, ces médicaments sont disponibles à 42% en 2005 (5). A Madagascar, une faible disponibilité de médicaments essentiels de 6,7% de médicaments princeps dans le secteur public et celle des médicaments génériques n’atteint pas 50% en l’année 2009 (6). La qualité des soins est définie comme la capacité de satisfaire de manière équitable les besoins implicites et explicites des patients et la pharmacie de l’hôpital devrait fournir les médicaments et les consommables nécessaires lors de l’hospitalisation et de la sortie du malade. Or, elle manque régulièrement de produits et les patients doivent s’approvisionner à l’extérieur. Les accompagnateurs des patients hospitalisés perdent du temps, de l’argent et de la sécurité en faisant l’objet d’une ordonnance à présenter à une officine privée. Ensuite, la mise en disposition des ressources par le personnel allonge le délai la prise en charge des patients hospitalisés (7). Vu cette situation, des questions viennent à l’esprit : la non disponibilité découle telle d’une mauvaise gestion au niveau de la pharmacie ou bien des fournisseurs des produits pharmaceutiques ?
PHARMACIE HOSPITALIERE
DEFINITION
A l’hôpital, la pharmacie est un service qui assure, en plus des fonctions logistiques, des fonctions d’assistance pharmaceutique et de formation permettant de disposer de médicaments et de produits pharmaceutiques de bonne qualité à moindre coût, et au personnel d’avoir l’information nécessaire à l’utilisation de ces produits.
MISSIONS
L’organisation et la gestion de la pharmacie répondent à plusieurs objectifs :
– assurer la disponibilité permanente des produits pharmaceutiques, la sécurité dans leur utilisation, leur qualité et un coût accessible pour le patient ;
– organiser le fonctionnement du service en tenant compte du contexte de l’hôpital, de la réglementation du pays, des obligations professionnelles et des ressources allouées ;
– animer l’équipe pharmaceutique en l’intéressant à un projet de service et en assurant une formation adaptée aux fonctions ;
– contribuer à l’usage rationnel des produits pharmaceutiques par son action au sein du comité du médicament de l’hôpital ;
– évaluer l’activité pharmaceutique de l’hôpital en informant le personnel médical, paramédical et administratif des résultats (cohérence et coûts des prescriptions, etc.).
ACTIVITES
L’ensemble des activités d’une pharmacie hospitalière peut être distingué en trois catégories: activités socles, activités optionnelles et activités complémentaires.
Activités socles
Elles sont considérées généralement comme obligatoires (13-15) :
●La gestion : la pharmacie assure le fonctionnement du service, l’encadrement du personnel, la gestion administrative, économique et financière, la gestion de locaux et équipements, la gestion de l’information.
●L’approvisionnement: elle se charge de
➤ la gestion du cycle d’approvisionnement en définissant les besoins de l’hôpital et en émettant les commandes,
➤ la gestion de la réception,
➤ la gestion des stocks pour assurer et optimiser la disponibilité des produits pharmaceutiques, l’inventaire, la tenue des registres, le suivi des Consommations Moyennes Mensuelles (CMM), des stocks de sécurité et des péremptions.
●La détention : elle garantit la gestion et la sécurité des stocks dans les bonnes conditions de stockage.
●La dispensation concerne la distribution des médicaments :
➤ elle distribue les produits pharmaceutiques aux unités de soins soit par la dispensation à délivrance nominative soit par délivrance globale ;
➤ elle assure la sécurité du circuit des produits entre la pharmacie et les unités de soins ;
➤ elle évalue et valide les prescriptions ;
➤ elle réalise une pharmaco-économique dite analyse pharmaceutique.
Activités optionnelles
Ces activités ne sont réalisées qu’en fonction des nécessités particulières et demandent des ressources appropriées :
●la pharmacotechnie et le contrôle :
➤ la pharmacie est impliquée dans les préparations magistrale et hospitalière selon les Bonnes Pratiques de Préparation ;
➤ elle contrôle les matières premières et les préparations selon la pharmacopée ;
●la stérilisation : elle assure et prépare des Dispositifs Médicaux (DM) stériles ;
●la préparation des produits radiopharmaceutiques, de l’eau hémodialyse ;
●la gestion hors monopole ou les produits de diagnostics biologiques.
Activités complémentaires
Ce sont les activités en complément des deux activités précédentes portant sur :
●les actions d’information et le bon usage des médicaments. Ces activités rassemblent l’élaboration de fiche de bon usage, la contribution à l’élaboration des protocoles standardisés de traitement et l’analyse pharmaceutique ;
●les vigilances sanitaires et la sécurisation du circuit de médicament. Elles consistent à surveiller, à évaluer les incidents et les effets indésirables liés à l’utilisation des produits pharmaceutiques afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent, à procéder au trait de lot et/ou à la mise en quarantaine, à gérer la traçabilité des produits, à améliorer l’hygiène hospitalière et à lutter contre les infections nosocomiales ; (17)
●les activités institutionnelles qui concourent à intégrer la pharmacie dans le fonctionnement général de l’hôpital en dirigeant le Comité de Médicaments et Dispositifs Médicaux au sein de l’hôpital, en en assurant le suivi d’utilisation des antibiotiques et anesthésiques.
D’autres activités peuvent être confiées à la pharmacie hospitalière telles que :
●la gestion des gaz à usages médicaux : dans les établissements hospitaliers, la responsabilité de l’approvisionnement et de la délivrance des gaz à usage médicaux revient à la pharmacie. La distribution des gaz médicaux repose sur l’approvisionnement auprès de fournisseurs qualifiés ;
●la gestion financière de la pharmacie, organisation du recouvrement des coûts des produits pharmaceutiques. A Madagascar, les ménages participent, dans le secteur public, au financement direct de leur santé à travers le mécanisme «Fandraisana Anjara NO Mba Entiko » (FANOME) instauré par l’Etat à tous les niveaux de structures de soins. Ce système permet essentiellement d’assurer le réapprovisionnement des médicaments et consommables médicaux dans les formations sanitaires et d’utiliser une part égale à 2,2% de la valeur de vente des médicaments pour la constitution de fonds d’équité pour la prise en charge gratuite des démunis.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. PHARMACIE HOSPITALIERE
I.1. DEFINITION
I.2. MISSIONS
I.3. ACTIVITES
II. GESTION DE L’APPROVISIONNEMENT ET DES STOCKS
II.1. SELECTION DES MEDICAMENTS
II.2. OUTILS DE GESTION
II.2.1. Outils de gestion au niveau de la pharmacie de détail
II.2.2. Outils de gestion au niveau de la pharmacie de gros
II.2.3. Outils de gestion au niveau de la dispensation
II.3. ESTIMATION DES BESOINS
II.4. QUANTIFICATION DE LA COMMANDE
II.5. POLITIQUE D’ACHAT
II.6. ACQUISITION
II.7. LIVRAISON
II.8. STOCKAGE
II.9. DISTRIBUTION ET LIVRAISON
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
I. CADRE DE L’ETUDE
II. TYPE DE L’ETUDE
III. PERIODE ETUDIEE
IV. DUREE DE L’ETUDE
V. POPULATION D’ETUDE
V.1. CRITERES D’INCLUSION
V.2. CRITERES D’EXCLUSION
VI. ECHANTILLONNAGE
VI.1. MODE DE L’ECHANTILLONNAGE ET TIRAGE DES SOURCES DE DONNEES
VI.2. TAILLE DE L’ECHANTILLON
VII. PARAMETRES ETUDIES
VII.1. APPRECIATION DES MODALITES D’ESTIMATION DES BESOINS EN MEDICAMENTS PAR LA PHARMACIE DE L’HOPITAL
VII.1. 1. Tenue des outils de gestion par la pharmacie
VII.1.2. Etablissement d’estimation des besoins
VII.2. SATISFACTION DES COMMANDES DE LA PHARMACIE PAR LES FOURNISSEURS DE MEDICAMENTS
VII.3. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
VII.3.1. Communication entre la pharmacie et les services techniques
VII.3.2. Satisfaction des ordonnances factures
VII.4. REACTIVITE DE LA PHARMACIE DE L’HOPITAL FACE AUX PROBLEMES DE NON DISPONIBILITE DES MEDICAMENTS
VIII. MODE DE COLLECTE DES DONNEES
IX. MODES DE SAISIE ET D’ANALYSE DE DONNEES
X. CONSIDERATIONS ETHIQUES
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
I. DESCRIPTION DES PARTICIPANTS A L’ENQUETE
II. MODALITES D’ESTIMATION DES BESOINS EN MEDICAMENTS PAR LA PHARMACIE DE L’HOPITAL
II.1. TENUE DES OUTILS DE GESTION PAR LA PHARMACIE
II.2. ETABLISSEMENT D’ESTIMATION DES BESOINS
II.2.1. CMM des médicaments
II.2 2. Quantification des besoins
II.2.3. Quantification de commande
III. SATISFACTION DES COMMANDES DE LA PHARMACIE PAR LES FOURNISSEURS DE MEDICAMENTS
III.1. FOURNISSEURS EN MEDICAMENTS
III.2. PERIODICITE DES COMMANDES
III.3. DISPONIBILITE DES BULLETINS D’INFORMATION DES PRODUITS VENANT DES FOURNISSEURS AVANT L’ETABLISSEMENT DES COMMANDES
III.4. CONFORMITE DES LIVRAISONS PAR RAPPORT AUX COMMANDES
III.5. MEDICAMENTS NON DISPONIBLES
IV. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
V.1. COMMUNICATION ENTRE LA PHARMACIE ET LES SERVICES TECHNIQUES
IV. 1. 1. Communication émanant de la pharmacie
IV. 1. 2. Réponse des services
V. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
V.1. TAUX DE SATISFACTION DES OF PAR MOIS
V.2. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES PAR SERVICE
VI. REACTIVITE DE LA PHARMACIE DE L’HOPITAL FACE AUX PROBLEMES DE NON DISPONIBILITE DES MEDICAMENTS
VII. RECAPITULATION GENERALE DE SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSIONS
I. METHODOLOGIE
II. MODALITES D’ESTIMATION DES BESOINS EN MEDICAMENTS PAR LA PHARMACIE DE L’HOPITAL
II.1.TENUE DES OUTILS DE GESTION PAR LA PHARMACIE
II.2.ETABLISSEMENT D’ESTIMATION DES BESOINS
II.2.1. Quantification des besoins
II. 2.2. Quantification de commande
III. SATISFACTION DES COMMANDES DE LA PHARMACIE PAR LES FOURNISSEURS DE MEDICAMENTS
III.1. TAUX DE SATISFACTION DES COMMANDES
III.2. MEDICAMENTS NON DISPONIBLES
IV. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
IV.1. COMMUNICATION EMANANT DE LA PHARMACIE
IV.1.1. Procédé de diffusion d’information aux services
IV.1.2. Participation aux réunions des services
IV. 1. 3. Communication sur les ruptures de stocks
IV.1.4. Identification des besoins en médicaments des services
IV.2. SATISFACTION DES ORDONNANCES FACTURES
IV.2.1. Satisfaction des ordonnances factures par service
IV.2.2. Satisfaction générale des ordonnances factures
CINQUIEME PARTIE : SUGGESTIONS
I. PROBLEMES DEGAGES PAR L’ETUDE
II. SUGGESTIONS
II.1. SUR LA QUANTIFICATION DES BESOINS ET DES COMMANDES
II.1.1. Rôles du pharmacien
II.1.2. Rôles des prescripteurs
II.1.3. Rôles de l’Administration
II.2. SUR LA COMMUNICATION ENTRE LA PHARMACIE ET LES AUTRES SERVICES DE SANTE
II.2.1. Rôles de la pharmacie
II.2.2. Rôle de l’Administration
II.2.3. Rôle de la Centrale d’achats
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIE
ANNEXES