Contexte de l’étude : Le Burkina-Faso
Données socio- démographiques et sanitaires
Le Burkina Faso est un pays sahélien sans littoral, situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Il couvre une superficie de 274 000 km2 et partage ses frontières avec six pays, à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo. Comme indiqué dans le tableau 4, la population du Burkina Faso était de 14 017 262 habitants en 2006 et devrait atteindre 19 034 397 habitants en 2016, si on considère le taux d’accroissement annuel moyen estimé à 3,1% par an [4]. Ce taux d’accroissement annuel moyen de la population s’est accru depuis le dernier recensement général de la population, car il était de 2,4% en 1996. A ce rythme, la population du Burkina Faso atteindra 21 510 181 d’ici 2020, selon les projections démographiques de 2007 à 2020 [5]. Cette croissance soutenue de la population, résulte certainement de l’indice synthétique de fécondité (ISF) encore élevé (6.0 enfants par femme), conjugué à une baisse significative de la mortalité à la faveur des progrès enregistrés, notamment dans le domaine sanitaire. En effet, le taux de mortalité infantile est passé de 91,7‰ en 2006 à 65‰ en 2010 [14]. La hausse de l’espérance de vie à la naissance a par ailleurs été sensible, avec un gain absolu de 24,7 ans entre 1960 et 2006. Ainsi, de 32 ans en 1960, elle est passée à 53,8 ans en 1996 pour atteindre 56,7 ans en 2006 [4]. Mais, il faut souligner que la forte croissance démographique a pour inconvénient de minimiser l’impact des efforts, notamment en matière d’éducation et de santé, et plus globalement en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration du développement humain. La population du Burkina Faso est composée de 48,3% d’hommes et 51,7% de femmes, soit un rapport de 93 hommes pour 100 femmes.
Elle est aussi extrêmement jeune car, 57% des habitants ont moins de 20 ans et l’âge moyen est de 21,8 ans. Les individus de moins de 15 ans représentaient 47% de la population, et la tranche d’âge de 10 à 24 ans constituait 31% de la population totale [4]. Selon les projections démographiques de 2007 à 2020 [5], cette tendance au rajeunissement se maintiendra au moins jusqu’en 2050, avant de diminuer progressivement. En 2016, les jeunes de 10 à 24 ans représentaient 36% de la population au Burkina Faso, avec un rapport de masculinité de 85 hommes pour 100 femmes [14]. Cette jeunesse de la population constitue un levier potentiel d’innovations et de progrès à moyen et long termes, à condition que des ressources soient mobilisées pour la protection et la préparation des jeunes à la vie adulte. A court terme, elle induit des rapports élevés de dépendance, qui réduisent les capacités d’épargne des familles et des ménages et contribuent à aggraver la pauvreté, car c’est au sein des populations pauvres que le nombre d’enfants est le plus élevé [208].
Sur le plan de l’éducation, il ressort du dernier recensement général de la population, que 70,8% des jeunes n’ont jamais fréquenté l’école, 19,3% l’ont déjà fréquentée mais n’y sont plus, et 9,9% ont déclaré qu’ils sont toujours à l’école. Dans la population des jeunes, 27,9% sont alphabétisés. Par ailleurs, le mariage ne semble pas être une préoccupation pour eux. En effet, sur 100 jeunes ayant répondu à la question sur l’état matrimonial, 54 ont déclaré qu’ils sont mariés, 43 sont encore célibataires. Le mariage au niveau des jeunes semble avoir un visage féminin dans la mesure où sur 100 femmes âgées de 15 à 35 ans, 70 sont mariées contre seulement 36 chez les hommes. Il est aussi plus fréquent en milieu rural qu’en milieu urbain. Ainsi, sur 100 jeunes résidant en milieu rural, 62 ont déclaré qu’ils sont mariés, contre 37 en milieu urbain [4].
Administration du territoire
Au Burkina Faso, les circonscriptions administratives sont la région, la province, le département et le village. Et depuis 1992, le pays s’est engagé dans un processus démocratique, alliant la décentralisation et a donné naissance aux collectivités territoriales (régions et communes) dotées de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Le pays est subdivisé en 13 régions, 45 provinces, 350 départements, 351 communes (49 communes urbaines et 302 communes rurales ) et 8228 villages constituant les circonscriptions administratives.
Politiques et règlements relatifs à la santé de la reproduction
Le système de santé du Burkina Faso a été marqué entre 1993 et 2000 par une grande décentralisation de l’administration et des services de santé. En effet, dans le cadre de l’Initiative de Bamako, le gouvernement du Burkina Faso a adopté en juillet 1993, le document national sur le renforcement des soins de santé primaires. Le territoire est alors subdivisé en 13 régions sanitaires correspondant aux régions administratives. Les régions sanitaires elles-mêmes sont subdivisées en des entités opérationnelles qui sont les districts sanitaires, au nombre de 70 depuis avril 2011.
Les politiques en matière de population, de jeunesse, de santé sexuelle et reproductive des jeunes, de planification familiale et de sécurité contraceptive, se déclinent à travers des actions prises par le gouvernement sous forme de textes légaux, règlementaires et d’orientation stratégique. Ils sont résumés dans le rapport de l’analyse situationnelle de la sécurité des produits contraceptifs au Burkina Faso [208], et se déclinent de la façon suivante :
La Politique Nationale de Population (PNP): Révisée en 2010, elle pose le principe de l’équité et de l’égalité entre les sexes, et de l’égal accès de l’homme et de la femme aux services de base tels l’éducation, la santé y compris la santé de la reproduction. La PNP s’est fixée des objectifs spécifiques dont plusieurs sont relatifs à la santé de la reproduction et à la contraception. Il s’est agi entre autres de (i) réduire de 2010 à 2015, la mortalité maternelle et infantile de 60%, et (ii) d’accroître le taux de prévalence contraceptive moderne qui était de 6% en 1998 à 19% en 2015. Comme on peut bien le remarquer, la planification familiale est une partie intégrante de la Politique nationale de population. Mais le principal défi qui reste à relever est celui des pesanteurs socioculturelles, car malgré la loi relative à la santé de la reproduction (SR) et les autres documents normatifs édictés par le gouvernement, l’accès à la contraception est toujours limité [208].
La Politique Sanitaire Nationale (PSN) : La Politique sanitaire nationale adoptée en 2000 et mise en œuvre à travers le Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2001-2010, a été révisée en 2010 en vue de prendre en compte les changements intervenus au cours des dix (10) dernières années. Cela a conduit à l’élaboration d’une Politique nationale de santé (PNS) et d’un PNDS 2011- 2020. La PNS se fonde sur les principes des soins de santé primaires et les valeurs d’équité, de justice sociale, de solidarité, de redevabilité, d’éthique, de probité, de respect de l’identité culturelle des communautés et des droits des patients, ainsi que de l’approche genre et de la bonne gouvernance. La vision de la « santé » s’y décline comme « le meilleur état de santé possible pour l’ensemble de la population à travers un système national de santé performant ». Il est le document de référence pour l’ensemble des acteurs du secteur de la santé.
Politique Nationale de la Jeunesse (PNJ, 2008) : La Politique nationale de jeunesse est la traduction concrète de la volonté du gouvernement de promouvoir le bienêtre social et économique des jeunes. Elle ambitionne de satisfaire les besoins fondamentaux d’éducation, de formation et d’information, de santé et d’insertion socio-économique des jeunes. Elle tire son inspiration du Programme politique du Président du Burkina Faso à l’horizon 2010, d’une part, du Programme d’action mondial pour la jeunesse adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en 1995 à travers la résolution 50/81 et d’autre part, des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) [209]. Elle se veut être un guide pratique et cohérent en vue d’harmoniser toutes les actions visant la promotion de la jeunesse.
Le Cadre Stratégique national de lutte contre les IST/Sida (2016-2020) : Ce cadre s’inscrit dans la vision des Plans stratégiques nationaux de Troisième génération (PSN-3G) axés sur la priorisation, le retour d’investissement et la mise en œuvre d’activités à haut impact. Il a pour objectif de :
• réduire les nouvelles infections à VIH face au risque de rebond de l’épidémie et à la propagation des IST;
• améliorer l’accès et la qualité des services de soins, de traitement, de soutien des personnes infectées/affectées par le VIH et leur intégration dans les systèmes de protection sociale ;
• améliorer la gouvernance et la gestion de l’information stratégique pour une réponse nationale au VIH efficace et efficiente.
Le Cadre Stratégique national de lutte contre les IST/Sida (2016-2020) propose des activités spécifiques pour les adolescents, dont la création d’un centre d’informations, d’assistance et de dépistage des IST pour les jeunes de Ouagadougou, le soutien d’une campagne d’information, l’éducation et la communication dans les régions, et la création de magazines scolaires sur les IST/Sida.
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Table des matières
Chapitre I : Introduction
I.1. Enoncé du problème de recherche
I.2. Clarification des concepts
I.3. Etat des connaissances
I.4. Justification du travail de recherche
I.5. Orientation du travail de recherche
I.5.1. Questions de recherche
I.5.2. Hypothèses de recherche
I.5.3. Objectifs de la thèse
I.6. Références théoriques
I.6.1. Le paradigme interactionniste
I.6.2. L’approche systémique
I.6.3. Théorie écologique de Bronfenbrenner
Chapitre II : Matériels et Méthodes
II.1. Contexte du travail
II.1.1. Contexte de l’étude : Le Burkina-Faso
II.1.2. Présentation de Bobo-Dioulasso
II.2. Approches méthodologiques
II.2.1. Approche quantitative
II.2.2. Approche qualitative
II.2.3 Difficultés rencontrées au cours de l’étude
II.3. Considérations éthiques
Chapitre III : Résultats
III.1. Caractéristiques sociodémographiques des jeunes enquêtés
III.2. Connaissances et attitudes des jeunes de Bobo-Dioulasso en matière
de prévention du VIH et des grossesses non désirées
III.2.1. Connaissances des jeunes de Bobo-Dioulasso sur les IST/VIH/Sida
III.2.2. Attitudes des jeunes vis-à-vis du préservatif et des contraceptifs
III.3. Pratiques contraceptives chez les jeunes burkinabè de 15 à 24 ans
III.3.1. Utilisation de la contraception moderne durant le premier rapport sexuel
III.3.2. Utilisation de la contraception moderne au cours des 12 derniers mois
III.3.3. Freins à la contraception moderne
III.4. Compétences des jeunes burkinabè en matière
d’utilisation du préservatif masculin
III.4.1. Utilisation du préservatif masculin par les jeunes
III.4.2. Compétences des jeunes en matière d’utilisation du préservatif masculin
III.5. Prises de risques chez les jeunes de Bobo-Dioulasso et facteurs associés à
la précocité et au multipartenariat sexuels
III.5.1. La précocité sexuelle chez les jeunes de 15 à 24 ans de Bobo-Dioulasso
III.5.2. Le multipartenariat sexuel chez les jeunes de 15 à 24 ans
de Bobo-Dioulasso
III.6. Transmission intergénérationnelle des connaissances, attitudes
et compétences en SSR des jeunes
III.6.1. Typologie de la cohabitation intergénérationnelle familiale
III.6.2. Processus de transmission intergénérationnelle des connaissances en SSR
Chapitre IV : Discussion
IV.1. Résumé des principaux résultats obtenus
IV.1.1. Connaissances et attitudes des jeunes de Bobo-Dioulasso en matière de prévention du VIH et des grossesses non désirées
IV.1.2. Pratiques contraceptives chez les jeunes burkinabè de 15 à 24 ans
IV.1.3. Utilisation du préservatif masculin chez les jeunes de Bobo-Dioulasso
1IV.1.4. Comportements sexuels à risques chez les jeunes de Bobo-Dioulasso et
les facteurs associés à la précocité et au multipartenariat sexuels
IV.1.5. Les sources d’information des jeunes et le processus de transmission
intergénérationnelle familiale des connaissances, des attitudes et des comportements en SSR
IV.1.6. Les facteurs déterminants du processus de transmission intergénérationnelle
des connaissances, attitudes et compétences en santé sexuelle et reproductive
IV.2. Validité des principaux résultats obtenus
IV.2.1. Validité interne
IV.2.2. Validité externe
IV.3. Mise en perspective des résultats obtenus
IV.3.1.Connaissances des jeunes de Bobo-Dioulasso en matière de prévention
du VIH et des grossesses non désirées
IV.3.2. Attitudes des jeunes vis-à-vis du préservatif masculin et de la contraception
IV.3. 3. Pratiques contraceptives chez les jeunes burkinabè de 15 à 24 ans
IV.3.4. Utilisation du préservatif masculin chez les jeunes de Bobo-Dioulasso
IV.3.5. Comportements sexuels à risques chez les jeunes de Bobo-Dioulasso et
les facteurs associés à la précocité et au multipartenariat sexuels
IV.3.6. Les sources d’information des jeunes en matière
de santé sexuelle et reproductive
IV.3.7. Processus de transmission intergénérationnelle familiale des connaissances,
des attitudes et des comportements en SSR
IV.3.8. Les facteurs déterminants du processus de transmission intergénérationnelle
des connaissances, attitudes et compétences en santé sexuelle et reproductive
IV.4.Valorisation de l’étude
Conclusion
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