La santé bucco-dentaire désigne l’absence de douleur chronique buccale ou faciale, de cancer buccal ou pharyngé, de lésion buccale, d’anomalie congénitale telle que fissure labiale ou be c-de-lièvre, de parodontopathies, de carie et de déchaussement des dents, ainsi que d’autres pathologies et troubles affectant la bouche et la cavité buccale. Les affections buccodentaires les plus courantes sont la carie et les parodontopathies [1]. La carie dentaire est une déminéralisation des tissus durs de la dent. Elle est causée par une attaque acide qui provient du métabolisme bactérien. Son étiologie est multifactorielle : l’hôte, la plaque bactérienne, l’alimentation et le temps. Elle touche toutes les couches de la population et les enfants ne sont pas épargnés, car 60 à 90% des enfants scolarisés à travers le monde en souffrent [1]. La prévalence de la carie est de manière générale plus élevée dans les pays en développement. Ainsi, il e st à noter une prévalence en milieu scolaire de 77,7% en Inde [2], 61,9% en Lybie [3], 77,2% au Nord Ouest de la Côte d’Ivoire [4] et 52,1% au Sénégal [5]. Quant aux parodontopathies, elles peuvent être classées en deux grandes entités :
• Les gingivopathies : atteintes réversibles du parodonte superficiel
• Les parodontopathies : atteintes irréversibles touchant le parodonte profond .
Leur étiologie est multifactorielle, mais la première cause est la plaque bactérienne. Leur prévalence dans les pays en développement est aussi importante. Elles affecteraient 45% des enfants [7]. Ces affections non traitées, évoluent et en plus de provoquer la douleur, peuvent entrainer la perte de la dent. Cependant, l’accès aux soins dentaires est limité car l’Afrique compte environ un dentiste pour 1 50000 habitants [8]. Au Sénégal il y a environ 400 dentistes pour une population qui s’élève à 11.841.123 habitants [9]. Le coût des soins dentaires est relativement élevé. Ce qui pose le problème de l’accessibilité géographique et financière. Les ressources disponibles ne correspondent pas aux besoins. D’où l’intérêt de développer la promotion de la santé bucco-dentaire qui met en valeur non seulement les capacités physiques mais aussi les ressources sociales et individuelles. Cette promotion ne relève pas uniquement du secteur de la santé; elle dépasse la notion de la vie saine, pour aborder la notion de bienêtre. Ainsi la promotion de la santé ne cherche pas seulement à prévenir ce qui risque d’arriver mais à changer les comportements. Son utilité est plus importante chez les enfants, car 2/3 des décès prématurés de l’adulte sont liées aux affections contractées ou aux comportements adoptés pendant l’enfance ou l’adolescence [10]. Qui plus est, un enfant qui adopte de bonnes habitudes les gardera toute sa vie et l’enseignera à sa progéniture. Dans certains pays, il est noté une réduction non négligeable de la prévalence de la carie associée à la mise en place de programme de prévention. En Slovénie une diminution du CAO des élèves de 12 ans de 5,1 à 1,8 en l’espace de 12 ans a été remarquée [11]. En France et en Grèce également une amélioration du CAO a été notée après évaluation des programmes de prévention [12,13]. Au Sénégal, cependant les programmes de prévention sont quasi inexistants. Les études épidémiologiques menées chez les élèves de 12 ans dans la région de Kaolack sont très rares. Les affections bucco-dentaires et le défaut de prévention chez ces élèves seraient ils en conséquence importants ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes fixés pour objectif de décrire l’état dentaire, parodontal et le niveau de prévention des élèves de 12 ans (âge référence) de la commune de Kaolack.
Ainsi, nous donnerons d’abord quelques rappels sur la région de Kaolack et sur les problèmes bucco-dentaires notamment la carie dentaire, les parodontopathies et la fluorose dentaire. Ensuite nous parlerons de la prévention bucco-dentaire. Enfin l’enquête épidémiologique proprement dite sera abordée avant la conclusion.
PRESENTATION DE LA REGION DE KAOLACK
Données générales
C’est en 1984 que l’ex – région du Sine Saloum scindée, a donné naissance aux régions de Fatick et de Kaolack. La région de Kaolack s’étendait alors sur 16 010 km2, représentant 14 % du territoire national. Aujourd’hui, la région est encore divisée en deux : la région de Kaolack comprenant les départements de Kaolack, Nioro et Guinguinéo, et la région de Kaffrine qui comporte les départements de Koungheul et de Kaffrine. Avec le nouveau découpage, la nouvelle région couvre environ 4 927 km2. Elle est la troisième plus petite après celle de Dakar et de Diourbel. La population de la région de Kaolack est estimée en 2008 à 750 853 habitants [14]. Le département de Kaolack, composé de 3 arrondissements, 9 communautés rurales et de 4 communes, représente 50,1% de la population régionale. Quant à la commune de Kaolack, elle représente 47,3% de la population départementale et 87,5% de celles des communes. Dans la région de Kaolack, les ethnies les plus importantes sont les Wolofs (plus de 60%), les Pulaars (près de 20%), les Séréres (environ 10%). Les principales activités sont : l’agriculture qui occupe 75% de la population, l’élevage, la pêche, l’exploitation forestière, l’industrie et l’artisanat, le commerce et le transport.
Éducation
La région compte 86 structures de prise en charge de la petite enfance ainsi réparties : 36 Cases des Tout-Petits, 12 Écoles Maternelles publiques, 29 Garderies privées et 09 Garderies Communautaires. L’Enseignement élémentaire comprenait en 2007/2008, 839 écoles et 4697 classes publiques et privées confondues. Les écoles franco-arabes de la région comptent 4396 élèves encadrées par 75 maîtres pour 30 écoles. Parallèlement à ces écoles qui ont un statut formel, il existe de nombreuses structures souvent inconnues des autorités académiques qui dispensent un enseignement de l’Arabe. L’académie de Kaolack compte 83 collèges (63 publics et 20 privés) et 19 lycées (7 publics et 12 privés). Dans la région, l’Enseignement Technique ne compte qu’un seul établissement public : le lycée EL Hadj Abdoulaye NIASS. L’Inspection Médicale des Écoles n’a pas de Médecin depuis 2004. Son personnel actuel se compose d’ :
– 1 Agent Sanitaire en Médecine générale
– 1 Agent Sanitaire en Odontologie
– 8 Instituteurs dont un c hargé de l’EPS (Éducation pour la Santé), de la pharmacie et du Secrétariat.
L’essentiel des structures de l’enseignement moyen et secondaire (73,68%) se trouve dans le département de Kaolack (privées et publiques confondues). Il compte 255 écoles primaires (publiques, privées-laïques) et 17 écoles franco-arabes publiques.
Santé
La région compte en 2008 1 hôpital, 4 centres de santé, 70 postes de santé dont 64 postes de santé publics et 6 postes de santé privés et 219 cases de santé. A p art les médecins libérales, la région ne compte que 8 médecins spécialistes et généralistes, 4 chirurgiens dentistes, 4 techniciens supérieurs en odontologie, 21 sages femmes et 61 infirmiers d’État. En ce qui concerne le département de Kaolack, il compte 1 hôpital, 1 centre de santé, 28 postes de santés, 2 cabinets dentaires. Pour le personnel de santé nous notons la présence de 4 médecins (spécialistes et généralistes) 3 chirurgiens dentistes, 19 sages-femmes d’État, 59 infirmiers d’État, 4 techniciens supérieurs en odontologie.
AFFECTIONS BUCCO-DENTAIRES
La carie dentaire
Définition
La carie dentaire est définie par l’OMS comme un processus localisé d’origine externe apparaissant après l’éruption des dents. Elle s’accompagne d’un ramollissement des tissus durs de la dent et évolue vers la formation de cavité. C’est une maladie infectieuse caractérisée par des périodes de déminéralisation des tissus durs de la dent, allant d’une simple perte de minéraux, non détectable à l’œil nu, à une destruction complète de la dent. C’est aussi une maladie très fréquente. Elle est rencontrée à tous les âges, chez les deux sexes et dans tous les milieux sociaux; elle atteint aussi bien les dents de lait que les définitives.
Étiologie
L’étiologie de la carie dentaire est multifactorielle. Elle résulte d’une interaction entre les facteurs suivants :
➤ L’hôte ou la dent;
➤ Les micro-organismes;
➤ Les hydrates de carbone fermentescibles;
➤ Le temps.
Les micro-organismes impliqués dans le processus carieux appartiennent à trois genres bactériens :
• le genre des Streptococcus mutans, impliqué dans l’initiation de la lésion carieuse ;
• le genre des Lactobacillus, impliqué dans la progression de la lésion carieuse
• le genre des Actinomyces, impliqué plus particulièrement dans les caries radiculaires.
C’est moins la quantité d’hydrates de carbones ingérée que la fréquence d’ingestion qui va conduire à la carie.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. PRESENTATION DE LA REGION DE KAOLACK
I-2. DONNEES GENERALES
I-2. ÉDUCATION
I-3. SANTE
II. AFFECTIONS BUCCO-DENTAIRES
II-1. LA CARIE DENTAIRE
II-1-1. DEFINITION
II-1-2. ÉTIOLOGIE
II-1-3. CLASSIFICATION DES LESIONS CARIEUSES
II-2. LES PARODONTOPATHIES
II-2-1. DEFINITION
II-2-2. ÉTIOLOGIE
II-2-3. CLASSIFICATION
II-3. LA FLUOROSE DENTAIRE
II-3-1. DEFINITION
II-3-2. ÉTIOLOGIE
II-3-3. CLASSIFICATION
III. LA PREVENTION BUCCO-DENTAIRE
III-1. DEFINITION
III-2. LES NIVEAUX DE PREVENTION SELON L’OMS
III-2-1. PREVENTION PRIMAIRE
III-2-2. PREVENTION SECONDAIRE
III-2-3. PREVENTION TERTIAIRE
III-3. LES CHAMPS D’APPLICATION DE LA PREVENTION
III-3-1. PREVENTION INDIVIDUELLE
III-3-2. PREVENTION BIPERSONNELLE
III-3-3. PREVENTION COMMUNAUTAIRE
IV. JUSTIFICATION ET OBJECTIFS
IV-1. JUSTIFICATION
IV-2. OBJECTIF GENERAL
IV-3. OBJECTIFS SPECIFIQUES
V. METHODOLOGIE
V-1. TYPE D’ETUDE
IL S’AGISSAIT D’UNE ETUDE DESCRIPTIVE TRANSVERSALE
V-2. CADRE D’ETUDE
V-3. POPULATION D’ETUDE
V-4. CRITERES DE SELECTION
V-5. ÉCHANTILLONNAGE
V-6. VARIABLES ETUDIEES
V-6-1. VARIABLES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
V-6-2. VARIABLES LIEES A LA PREVENTION
V-6-3. LES VARIABLES D’INTERET CLINIQUE
V-7. INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES
V-8. PROCEDURE DE COLLECTES DE DONNEES ET CONSIDERATIONS ETHIQUES
V-9. PLAN D’ANALYSE DES DONNEES
VI. RESULTATS
VI-1. DESCRIPTION DE LA POPULATION D’ETUDE
VI-1-1. SEXE
VI-1-2. TYPE D’ECOLE
VI-1-3. PROFESSIONS DES PARENTS
VI-2. DESCRIPTION DES VARIABLES LIEES A LA PREVENTION
VI-2-1. HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
VI-2-2. LES HABITUDES ALIMENTAIRES
VI-2-3. VISITE CHEZ LE DENTISTE
VI-3. DESCRIPTION DES VARIABLES D’INTERET CLINIQUE
VI-3-1. ÉTAT D’HYGIENE
VI-3-2. ÉTAT DENTAIRE
VI-3-3. ÉTAT PARODONTAL
VI-4. DISTRIBUTION DES VARIABLES EN FONCTION DE L’ECOLE
VII. DISCUSSION
VII-1. LIMITES
VII-2. DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
VII-2-1. SEXE
VII-2-2. TYPE D’ECOLE
VII-2-3. PROFESSION DES PARENTS
VII-3. DONNEES SUR LES VARIABLES LIEES A LA PREVENTION
VII-3-1. HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
VII-3-2. HABITUDES ALIMENTAIRES
VII-3-3. VISITE CHEZ LE DENTISTE
VII-4. DONNEES CLINIQUES
VII-4-1. ÉTAT D’HYGIENE
VII-4-2. ÉTAT DENTAIRE
VII-4-3. ÉTAT PARODONTAL
VIII.RECOMMANDATIONS
CONCLUSION