Saisir les leviers de l’autonomisation et de l’émancipation populaire

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Les limites des dispositifs institutionnels de participation

Enfin, le dernier constat est celui des limites des dispositifs institutionnels de participation (conseils de quartier, conférences de citoyens, commissions consultatives, budgets participatifs, sondages délibératifs, etc.) en matière d’implication dans les processus décisionnels et de politisation des citoyens. Bien souvent, ces dispositifs participatifs « en trompe-l’œil » (Blondiaux, 2000) apparaissent comme des outils de modernisation de l’action publique et de légitimation des élus les mettant en place, en étant « voués, soit à laisser jouer le jeu de la délégation, soit à construire de toutes pièces de nouveaux types de représentants » (Blatrix, 2009, p.116), mais aussi en ouvrant un espace d’expression publique déconnecté de l’accès à la décision. En étant cantonnés, pour la plupart, à l’échelle du quartier, et s’intégrant ainsi dans une « gestion urbaine de proximité », les dispositifs restreignent le périmètre de la décision au local, sans laisser de marge de décision sur les enjeux territoriaux de plus grande envergure. Cette restriction à l’échelon local induit une « confusion entre démocratie participative et démocratie de proximité » (Blondiaux, 2008, p.69) et tend à transformer les instances participatives en « chambre d’écho d’égoïsmes locaux et sociaux divers » (Blondiaux, 2004).
Ces dispositifs peuvent paradoxalement conforter et reproduire les asymétries de pouvoir en supposant un « coût d’entrée » élevé : l’acquisition de savoirs et de savoir-faire, la maîtrise des règles et des codes de la délibération, le maniement de la rhétorique et des pratiques légitimes instituées par les classes dominantes pour exprimer et faire entendre leur avis (Talpin, 2010), allant de pair avec la négligence de formes plus ordinaires, profanes, personnelles et informelles de socialisation des points de vue (Carrel, 2013). Au lieu d’être des « lieux d’intégration », ils peuvent devenir des foyers d’ « exclusion politique » (Blondiaux, 2004). Cette exclusion politique se manifeste également par une faible représentativité de ces dispositifs, davantage espaces de participation de populations politisées, bénéficiant d’une socialisation associative ou militante, ou intéressées, qu’espaces d’intégration des populations les plus marginalisées et socio-économiquement précarisées, les sans-voix » (Bacqué, Sintomer, 2011). A cet égard, l’idée d’une « mise entre parenthèses » des inégalités de statut social, qui serait un préalable à la recherche rationnelle de consensus et à la délibération entre pairs (Fraser, 2011 ; Young, 2000) a également été relevée.
Dans son étude sur la justice sociale, Fraser a ainsi souligné le caractère illusoire d’une délibération ne mettant pas en exergue « les obstacles informels à une parité de participation » (Ibid., p.121) tels que les situations socio-économiques, les inégalités de genre, l’inégale détention de capital culturel, etc. De fait, les dispositifs participatifs risquent de s’enfermer dans une dimension excluante s’ils ne génèrent pas de processus d’apprentissage collectif et d’enquête sociale (Dewey, 2010), à travers des techniques d’animation et de dynamisation d’ « artisans de la participation » qui permettent de créer une base plus égalitaire d’échange (Carrel, 2013) et de nourrir des dynamiques d’enrichissement réciproque entre une pluralité de savoirs : savoirs d’usage ou expérientiels, savoirs militants, savoirs professionnels ou experts (Nez, 2010), par lesquels le citoyens peuvent identifier leurs besoins communs et co-construire des solutions.
De la même manière, les dispositifs institutionnalisés de participation peuvent, paradoxalement, représenter des instruments de pacification sociale dans une « visée  disciplinaire » (Carrel, 2013) en évacuant le déploiement de la confrontation des sensibilités et des opinions, c’est-à-dire en produisant un évitement de la dimension conflictuelle et agonistique (Mouffe, 2000), bien plus que des foyers d’exploitation de la controverse pour mieux co-construire les besoins et les services. En s’apparentant parfois à « des jeux démocratiques dans lesquels tout est réglé, cadré, anticipé, scénarisé » (Blondiaux, 2007, p.125), au sein desquels les procédures participatives sont standardisées et où la parole des citoyens est bien souvent canalisée et euphémisée (Blondiaux, 2000), les citoyens n’ont au final qu’une marge de manœuvre limitée dans les processus décisionnels, se voyant confinés dans une rôle d’usager, de bénéficiaire ou de consommateur plutôt que d’acteur et de « pair ». A cet égard, Jeanne Demoulin a bien montré comment la participation pouvait être instrumentalisée, au sein des organismes HLM, comme un outil d’optimisation de la gestion, relevant alors d’une technique managériale et d’une conception entrepreneuriale de la participation (Demoulin, 2016).
Face à ces constats critiques dépeignant l’effet tronqué des dispositifs participatifs institutionnels, il ne s’agit pas pour autant de dénier toute capacité de transformation souterraine » des pratiques (Carrel, 2013) ou d’innovation politique de ces dispositifs, ni de négliger la capacité de subversion et de détournement des citoyens, tout autant que le rôle de ces dispositifs comme « moyen de contrôle de l’action publique » (Blondiaux, 2007, p.128). Comme Loïc Blondiaux nous y invite, il s’agit plutôt de prendre en compte à la fois une complémentarité et une articulation fructueuse des dispositifs institutionnels et des initiatives issues de la société civile, de valoriser un « entre-deux » (Blondiaux, 2008, p.42), une hybridation citoyenne-institutionnelle dans le renforcement du pouvoir d’agir des citoyens et dans l’émergence d’innovations dans l’action publique.
Face aux limites de l’offre institutionnelle de participation, au formatage entrepreneurial des initiatives citoyennes et à la pénétration marchande du champ culturel, comment des espaces publics issus de la société civile peuvent-ils préserver leur autonomie ? Ou formulé autrement, comment des initiatives culturelles citoyennes peuvent-elles constituer des espaces publics autonomes, en tant que foyers de résistance et de construction d’alternatives concrètes ?
Notre mobilisation du concept d’ « espace public autonome » s’inscrit dans un sillage critique vis-à-vis de la théorie habermasienne (Habermas, 1978). Cette notion fait l’objet d’un développement approfondi ci-après. Précisons également que notre emploi du terme d’autonomie, désignant l’action réflexive de se donner à soi-même ses propres lois, et pointant, par conséquent, vers la capacité à déterminer soi-même les règles auxquelles on obéit et les modes d’organisation dans lesquels on s’intègre, est imprégnée de l’approche de Cornelius Castoriadis, qui la conçoit comme le « surgissement de l’interrogation » sur « la légitimité du pouvoir explicite institué » et comme acte d’émergence de la politique (Castoriadis, 1990, p.130). Selon lui, l’autonomie ne s’incarne pas seulement dans une interrogation réflexive et une mise en question des fondements du pouvoir, mais aussi dans l’acte « de faire et d’instituer » (Ibid., p.131). L’autonomie, comme pratique de la politique, est donc l’expression d’un « pouvoir instituant » (Ibid., p.134) par lequel la société instituée, ensemble sédimenté d’institutions, se fait et se refait. Notre mobilisation du concept habermassien d’ « espace public autonome » renvoie à cet acte de questionnement des fondements du pouvoir, tant culturel, politique qu’économique, par lequel les citoyens interrogent la place et le rôle des processus économiques dans la société, les modes de faire la politique ainsi que les manière d’appréhender la culture.
La recherche s’intéresse donc aux leviers de l’autonomie des espaces publics de la société civile, en articulant deux échelles d’analyse privilégiées : la fabrique des collectifs (institutionnelle, organisationnelle, économique mais aussi sociale et relationnelle) et le rapport aux institutions, à travers la tension entre institutionnalisation et contre-pouvoir, domestication et ensauvagement, apprivoisement et innovation institutionnelle. Il s’agit donc d’observer comment ces espaces publics autonomes constituent des creusets d’engagements citoyens pluriels ancrés dans les mondes vécus et peuvent impulser une reconfiguration des rapports de pouvoir vis-à-vis du cadre institutionnel. Comme le soulignent Bacqué et Mechmache, les initiatives citoyennes qui mettent en œuvre des alternatives concrètes enracinées dans les territoires locaux « courent le risque de la marginalisation ou de la parcellisation si elles n’embrayent pas sur des transformations institutionnelles » (2013, p.14). Dans cette perspective, notre recherche vise bien à articuler l’analyse méso de la fabrique des collectifs et l’analyse macro du rapport aux pouvoirs publics. En éclairant des formes collectives de résistance critique et créative, par lesquelles les acteurs non seulement questionnent l’ordre et le modèle dominant mais construisent également des alternatives, la présente recherche entend contribuer à une sociologie de l’émancipation apte à renouveler la théorie critique (Frère, 2015). Elle a donc, d’une certaine manière, une visée normative : comme le soulignait Durkheim, « nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif » (Durkheim, 1893, préface p.39).
Les trois études de cas choisies, dont nous détaillerons la « comparabilité » ci-après, reflètent – à des degrés divers – trois manières spécifiques d’articuler un projet culturel critique et participatif, un ancrage dans l’économie sociale et solidaire et une stratégie de transformation des cadres institutionnels. Le premier cas est l’Ateneo Popular Nou Barris, un centre culturel de gestion communautaire, situé dans le district de Nou Barris à Barcelone, et issu d’un mouvement social urbain des associations d’habitants en 1977. Le second cas d’analyse est la Casa Invisible, un centre socioculturel autogéré à Malaga né en 2007 d’un mouvement de protestation et d’occupation d’un édifice abandonné dans le centre historique : son projet politique s’inscrit au croisement de la culture libre, de la gestion citoyenne et du droit à la ville. Enfin, notre troisième terrain est constitué par l’association Les Têtes de l’art à Marseille, une association de médiation artistique encourageant, depuis 1996, les pratiques artistiques participatives et se situant au carrefour de la culture, de l’éducation populaire et de l’ESS.

Hypothèses de la recherche

Trois hypothèses centrales, construites à travers un processus itératif entre enquêtes de terrain et réflexion théorique, sous-tendent notre recherche autour des leviers de l’autonomie citoyenne. Nous faisons l’hypothèse d’un renforcement réciproque de l’économique et du politique, plus précisément, d’un étayage mutuel du pluralisme politique et de l’économie solidaire comme foyer de pérennisation et d’autonomisation des espaces publics de la société civile. Nous nous inscrivons ainsi dans la lignée de la réflexion amorcée par Nancy Fraser (2011), étudiant l’articulation entre égalisation socio-économique et parité de participation, ou encore celles de Marie-Hélène Bacqué (2005) et Julien Talpin (2016) sur le financement du comunity organizing, en émettant l’hypothèse de l’interpénétration fructueuse de l’économique et du politique. Nous concevons ici l’économie solidaire comme l’ensemble des activités contribuant à « la démocratisation de l’économie à partir d’engagements citoyens », visant la satisfaction de besoins sociaux collectifs (et non la maximisation des profits ou la recherche prioritaire de l’intérêt individuel, caractéristiques d’une vision orthodoxe de l’économie l’assimilant aux mécanismes de marché), se distinguant des sphères publique et marchande (Laville, Cattani, 2006, p.303). Dans cette perspective, nous faisons l’hypothèse que l’engagement dans l’économie solidaire, non seulement à travers une pluralisation des ressources économiques mais aussi par un questionnement critique de la place et du rôle de l’économie dans la société, serait un ferment puissant de production et de maintien du politique dans les initiatives citoyennes ainsi que de réduction des asymétries de pouvoir vis-à-vis des institutions, en permettant de garantir une « multi-dépendance ». Réciproquement, l’adoption de la démocratie participative dans les initiatives citoyennes, conçue comme l’ensemble des vecteurs de participation des individus aux processus décisionnels, serait un levier de politisation de la sphère économique mais aussi de pérennisation et d’efficacité politique des espaces publics autonomes. Lorsque nous employons le concept de politisation », nous nous inscrivons dans le sillage d’une version large de la politisation, définie à la fois comme l’attribution d’un sens ou d’une portée politique à des pratiques suite un « processus de requalification des activités sociales » par lesquels les acteurs sont amenés à « transgresser ou à remettre en cause la différenciation des espaces d’activités » (Lagroye, 2003, p.360-1), mais aussi, à une échelle plus imperceptible, comme l’articulation entre « montée en généralité » et « conflictualisation » (Hamidi, 2006). En l’occurrence, nous faisons la double hypothèse que l’engagement dans l’économie solidaire serait un foyer de préservation du politique au sein des espaces publics autonomes et que, réciproquement, l’adoption de la démocratie participative au sein des initiatives citoyennes serait un levier de politisation de la construction des services à travers l’activité économique, c’est-à-dire d’encastrement de l’activité économique dans un registre à la fois critique et de formulation d’un intérêt général par lesquels les acteurs questionnent les représentations et normes dominantes et insèrent leurs pratiques dans le débat public. En somme, nous faisons l’hypothèse d’un renforcement mutuel des dimensions d’espace public populaire et d’économie solidaire comme voie d’émancipation.
Nous émettons une deuxième hypothèse selon laquelle l’articulation entre efficacité politique et dérive oligarchique n’est pas une fatalité au sein des organisations associatives et selon laquelle la préservation d’une démocratie participative interne vivace peut constituer le sous-bassement de l’autonomie citoyenne. Il s’agit ainsi de questionner la « loi d’airain de l’oligarchie » (Michels, 1914), se caractérisant notamment par une dérive bureaucratique et conservatrice, une évolution vers la stabilité des chefs en caste dirigeante détentrice du pouvoir et par un rétrécissement de « la sphère du contrôle démocratique » (Ibid., p.34). Au contraire, nous posons que le maintien d’un autogouvernement pérenne et solide dépend d’un ensemble de paramètres indissociables comme l’imbrication étroite des dimensions institutionnelle (le projet politique, les normes et valeurs) et organisationnelle, mais aussi de la fabrique économique, relationnelle, territoriale des espaces publics autonomes. Plus particulièrement, dans le sillage de Francesca Polletta (2002), nous posons que le degré de partage des processus décisionnels et la reconfiguration des formes de leadership, mais aussi la dimension expérimentale des normes ainsi que l’invention de « nouvelles structures de coopération », jouent un rôle déterminant dans l’approfondissement d’une démocratie interne. De manière complémentaire, dans le sillage de Jean-Louis Laville et Renaud Sainsaulieu (2013), nous faisons l’hypothèse que la place de la réciprocité accordée au sein de l’organisation collective conditionnerait la re-symétrisation partielle des relations de pouvoir et une pérennisation de la dynamique participative. Cette attention à la fabrique de la démocratie participative interne nous amène, réciproquement, à dégager les facteurs de déperdition et d’« évaporation du politique » (Eliasoph, 2010) au sein des initiatives citoyennes.
Enfin, contre une vision exclusivement agonistique (Negt, 2007 ; Mouffe, 2016) des mouvements sociaux et des initiatives citoyennes, et contre la dichotomie traditionnelle entre posture oppositionnelle, critique ou contestataire et apprivoisement institutionnel des initiatives citoyennes, nous faisons l’hypothèse que le changement institutionnel pourrait émaner de l’articulation de la co-construction et de l’opposition, d’une hybridation entre dimension critique de contre-pouvoir et logique coopérative d’institutionnalisation.
Il nous semble que l’on peut dégager trois enjeux majeurs de la recherche.
Le pari majeur de cette thèse nous semble être son rôle de « passeur », d’articulation entre les champs de la démocratie participative et de l’économie solidaire, pour saisir les conditions de l’autonomie citoyenne. Nous entendons démontrer qu’il est nécessaire d’associer ces deux dimensions pour appréhender la diversité des leviers de l’autonomie des espaces publics de la société civile, et que, de manière concomitante, il apparaît capital de décloisonner du point de vue théorique des domaines académiques traditionnellement restés segmentés, voire hermétiques. Afin de saisir la transversalité et le caractère multidimensionnel des initiatives citoyennes, la recherche explore ainsi les complémentarités et les éclairages réciproques entre la socio-économie (plus particulièrement, l’approche de l’économie sociale et solidaire) et la sociologie politique (le champ de la démocratie participative).
Le deuxième enjeu de la thèse consiste à adopter une approche sociologique de la pluralisation de l’espace public, en étudiant des initiatives citoyennes comme des « espaces publics autonomes ». En revisitant et dépassant la théorisation habermassienne centrée sur la dimension communicationnelle et délibérative, la recherche explore la construction en pratiques et en discours de ces espaces publics populaires, appréhendés comme des creusets de créativité institutionnelle, de « faire » commun enraciné dans une économie plurielle et de production locale du politique. Nous nous efforçons de montrer que la fabrique quotidienne de solutions collectives s’y articule avec une contestation des dynamiques de marchandisation et de privatisation de la vie sociale, amenant ces espaces publics à s’engager dans des démarches d’interpellation des pouvoirs publics afin de faire évoluer les cadres institutionnels. Cette attention à l’imbrication des échelles d’analyse méso et macro nous permet de mettre en lumière une diversité de configurations de relations entre espaces publics autonomes et pouvoirs publics. Ne se réduisant ni à la dynamique contestataire et conflictuelle, ni à la domestication institutionnelle, nous montrons que ces rapports recouvrent une diversité de processus d’ « ensauvagement » des institutions faisant « bouger les lignes » de l’action publique et pouvant générer des innovations institutionnelles.
Enfin, cette recherche entend apporter une contribution au renouveau de la théorie critique. Si la thèse se focalise sur les capacités critiques et instituantes d’espaces publics populaires, elle n’évacue nullement l’attention aux processus de domination et de reproduction mais entend mettre en lumière « les traits émancipateurs de ces alternatives pour en renforcer la visibilité et la crédibilité » (Sousa Santos, Garavito, 2013, p.130). De fait, à partir de cas concrets d’autonomie citoyenne, la recherche tend à s’inscrire dans un tournant épistémologique plus soucieux des émergences (Sousa Santos, 2014), prenant en compte la viabilité des modes d’auto-organisation populaire émanant de ces espaces publics.

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Table des matières

Introduction
Champ, objet et problématique de la recherche
Un coup de projecteur sur le culturel : un champ de rapport de forces
La colonisation marchande et le façonnage entrepreneurial des initiatives citoyennes
Les limites des dispositifs institutionnels de participation
Hypothèses de la recherche
Chapitre 1. Clarification conceptuelle et méthodologie de la recherche
1.1. Clarification conceptuelle
1.1.1. Saisir l’objet « initiative citoyenne »
1.1.2. Questionner le concept habermassien d’« espace public autonome »
1.2. Une méthode comparative
1.2.1. Méthodes d’enquête et présentation générale des monographies
1.2.2. Le choix de l’approche comparative
1.2.3. Modalités d’accès au terrain et positionnement du chercheur
Chapitre 2. Saisir les leviers de l’autonomisation et de l’émancipation populaire
2.1. Apports et limites de la sociologie de la domination et de la reproduction pour penser les leviers de l’autonomisation : changer de focale
2.2. Trois inflexions des études sur les leviers d’autonomisation et de pouvoir d’agir des dominés
2.2.1. L’inflexion « infra-politique » : résistances ordinaires, politique par le bas et lutte locale
2.2.1.1. La démarche pionnière des Subaltern et Cultural Studies
2.2.1.2. Politique « par le bas » et rapports ordinaires au politique
2.2.2. L’inflexion « sauvage-agonistique »
2.2.3. L’inflexion « socio-économique » : les initiatives socioéconomiques, quel projet d’émancipation ?
2.2.3.1. Normalisation marchande, dynamique philanthropique et dépolitisation : une version faible du pouvoir d’agir
2.2.3.2. Penser l’encastrement des initiatives socioéconomiques dans le registre sociopolitique comme voie d’émancipation
2.3. Vers un décloisonnement des registres et des approches
Chapitre 3 : Articuler sociologie politique et sociologie économique
3.1. Analyser la démocratie participative interne des espaces publics autonomes
3.2. L’approche de l’économie solidaire : l’imbrication de l’économie plurielle et de l’espace public
3.3. Espaces publics autonomes et cadre institutionnel : entre « domestication » et « ensauvagement », vers une « nouvelle Institutionnalité » ?
3.4. Grille d’analyse de la thèse
Chapitre 4 : La genèse des espaces publics autonomes : articuler projet culturel alternatif et citoyenneté active
4.1. De la mobilisation associative à la constitution du contre-pouvoir culturel : l’Ateneo Popular
4.1.1. Eléments de contextualisation et détours historique
4.1.2. 1975-1991 : De la mobilisation collective autour d’un centre culturel autogéré à la force d’interpellation des pouvoirs publics
4.1.3. 1991-2001 : La consolidation d’un espace public autonome articulant critique et concertation institutionnelle
4.1.4. 2001 – de nos jours : vers un équilibre de la professionnalisation et du contre pouvoir autonome
4.2. L’autonomie oppositionnelle, entre mouvement social et entraide : la Casa Invisible
4.2.1. Contexte municipal : Gentrification, privatisation de la culture et usage touristique-commercial des espaces publics versus résistance citoyenne
4.2.2. Une dynamique de désobéissance civile : la confluence de mouvements sociaux et d’initiatives citoyennes
4.2.3. Des débats fondateurs sur l’identité de l’initiative citoyenne
4.2.4. Fermeture de l’édifice, résistance et contre-expertise citoyenne
4.3. Une tension constitutive entre logique de service et démocratie participative : TDA
4.3.1. Le contexte marseillais : délitement des politiques publiques, « franchisation urbaine » et investissement stratégique de la culture
4.3.2. De la logique d’aide à l’approfondissement réciprocitaire et participatif
Chapitre 5. Modèles, normes et structures de l’autogouvernement démocratique : quelle articulation du projet politique et de l’organisation collective ?
5.1. L’Ateneo Popular : La gestion communautaire
5.1.1. Un concept consensuel de « gestion communautaire » au sein de l’Ateneo Popular ?
5.1.2. Concilier diffraction des pouvoirs et hiérarchie : l’hybridation entre verticalisation et horizontalité
5.1.3. Le fonctionnement des commissions : quelles dynamiques de discussion collective ?
5.1.4. Les activités culturelles de l’Ateneo
5.2. La Casa Invisible : entre créativité expérimentale et convivialité
5.2.1. Entre éthique de la créativité et écologie sociale
5.2.2. Une texture normative minimale et une délégation d’autorité ouverte
5.2.3. La sociabilité conviviale comme ferment de cohésion interne et de prise de parole publique
5.2.4. Entre protocoles régissant le vivre-ensemble et normes fluides et informelles
5.2.5. La structure organisationnelle de l’initiative culturelle
5.2.6. Tensions et frictions dans les modes de régulation sociale
5.2.7. Faire communauté : leviers et défis de la cohésion collective
5.3. Les Têtes de l’art : le spectre entrepreneurial, une hybridation possible entre gouvernance participative et modèle d’entreprise ?
5.3.1. Le glissement vers le modèle de l’entreprise
5.3.2. L’échec de la création du comité des artistes : reproduction de la domination, interface autoréférentielle ou contre-pouvoir interne ?
5.4. Réarticuler fins et moyens pour insuffler du politique: réflexivité critique et questionnement collectif
5.4.1. Le processus « Repensem Ateneu » : la refonte collective des organes de décision et de la structure organisationnelle de l’Ateneo Popular
5.4.2. Les mini-publics de réflexion au sein de l’Ateneo : vers la production d’une éthique collective
5.4.3. Les journées d’autoévaluation de la Casa Invisible : réflexion collective sur les valeurs, le sens et le modèle organisationnel du projet collectif
Chapitre 6 : L’hybridation économique, projet politique de questionnement et de transformation sociale ou stratégie pragmatique ?
6.1. Un modèle économique glissant vers l’entreprenariat social : Les Têtes de l’art
6.1.1. Une approche de l’ESS euphémisant sa dimension politique
6.1.2. La construction d’un modèle économique privilégiant l’articulation des ressources marchandes et publiques : l’évaporation du bénévolat
6.1.3. Entre dépendance aux appels d’offres et contrainte financière, vers un formatage marchand ? La stratégie de « commercialisation » de la prestation de service
6.1.4. La tension entre le réseau pluri-territorial de coopérations et l’ancrage local dans le tissu social des quartiers
6.1.4.1. Un enracinement ambivalent et mitigé dans la Belle de Mai et le troisième arrondissement
6.1.4.2. Le choix de la pluri-territorialité : s’inscrire dans le maillage associatif à Belsunce et Noailles
6.1.5. Accroître l’autofinancement : collaboration avec Smart, stratégie de mobilisation des réseaux notabiliaires et projet d’un pôle de coopération économique autogéré
6.1.6. Préservation du projet politique versus standardisation de l’action associative : « Est-ce qu’on refait la vitrine pour coller aux appels d’offres ? »
6.2. Vers une articulation soutenable du socioéconomique et du sociopolitique : l’Ateneo Popular
6.2.1. Une approche politisée et substantive de l’ESS : « un instrument de lutte pour les personnes et communautés engagées dans la transformation du système capitaliste »
6.2.2. Maintenir une combinaison équilibrée des trois types de ressources économiques : cheminer vers une multi-dépendance
6.2.3. Un réseau local de coopération et d’entraide, entre intégration sociale et politisation : vers la création d’un commun territorial ?
6.2.3.1. La mobilisation dans les réseaux inter-associatifs locaux : l’interpénétration de la lutte collective et de la sociabilité festive
6.2.3.2. Limites de l’ancrage local et contradictions vis-à-vis du projet politique
6.3. La recherche d’un modèle économique viable : la Casa Invisible
6.3.1. La mobilisation de la réciprocité comme principe dominant : quelles dérives ?
6.3.1.1. Le modèle économique de la Invisible
6.3.1.2. Les représentations de l’ESS au sein du collectif : dé-précarisation, lutte quotidienne et anticapitalisme
6.3.1.3. Une précarité structurelle : les défis du fonctionnement économique
6.3.2. Renforcer les ressources marchandes et les apports monétaires de l’initiative
6.3.2.1. « Adopter la logique communale dans le domaine économique »
6.3.2.2. Construire des modes démocratiques d’auto-emploi : le coopérativisme comme levier politique de la propriété collective
Chapitre 7 : Construire la démocratie participative interne : « leaders » et professionnels
7.1. Les figures du leadership : entre fabrique de leaderships circonstanciels et territoriaux et tentation oligarchique
7.1.1. Vers un leadership territorial, expérientiel et rotatif : l’Ateneo Popular
7.1.1.1. La subsistance d’un leadership historique ? Entre risque d’élitisme associatif et « pédagogie de l’expérience »
7.1.1.2. Les membres de la commission de gestion : un leadership pluriel, territorial, rotatif et expérientiel
7.1.2. Les leaders contextuels et informels de la Casa Invisible : une délégation des responsabilités fondé sur l’adéquation entre savoirs et circonstances
7.1.3. Du leader charismatique au « patron » : TDA
7.1.3.1. La mainmise d’un manager associatif
7.1.3.2. L’étouffement et l’éviction de la contestation
7.1.3.3. Un CA gestionnaire et notabiliaire au pouvoir décisionnel limité
7.2. Les modes d’engagements professionnels : entre éthique participative et expertise, quels modes de conciliation ?
7.2.1. Expertises militantes et travail communautaire : l’Ateneo Popular
7.2.1.1. Construire une « pédagogie émancipatrice » : référentiels, postures politiques et méthodologies du travailleur communautaire
7.2.1.2. Portraits et trajectoires de professionnels : l’entremêlement du mouvement social et de l’expertise professionnelle
7.2.2. Une rencontre de la compétence gestionnaire et de l’engagement militant ? TDA
7.2.2.1. Le glissement du travail professionnel vers la relation de service : une réflexivité critique des salariés sur les limites du participatif
7.2.2.2. Sortir de la posture de prestataire de service et « faire un pas de coté » : l’exigence de mise en débat de la collecte des besoins
7.2.2.3. Standardisation et instrumentalisation des projets artistiques : une contestation « à bas bruit » des professionnels
7.2.2.4. La redéfinition du rôle de l’artiste dans un projet culturel participatif : « aménager un espace de déploiement des possibles »
7.2.2.5. La controverse TDA/ETC autour des conceptions de la participation habitante : entre incertitude démocratique et imposition artistique
Chapitre 8 : Construire la démocratie participative interne : usagers et bénévoles
8.1. La participation des usagers : formes et effets
8.1.1. Vers une co-construction des projets ? La définition collective des fins et moyens au sein de l’Ateneo Popular
8.1.1.1. La contribution des élèves dans la création des spectacles
8.1.1.2. La commission des élèves : un organe représentatif institué au service de la participation des élèves dans les instances de gouvernance
8.1.1.3. Un cycle vital d’engagement : la continuité inter-statutaire et intergénérationnelle de la participation des usagers
8.1.1.4. Les effets de la participation des usagers : vers une imbrication des trois formes d’« empowerment »
8.1.1.5. Une utilisation de l’espace par des collectifs usagers parfois controversée : la tension entre propagande partisane et production du politique
8.1.2. La co-production avec les habitants dans le projet Place à l’art (TDA) : l’intervention des « bénéficiaires » dans une trame préétablie, un support de « citoyenneté ordinaire » ?
8.1.2.1. Caractéristiques générales et enjeux du projet Place à l’Art
8.1.2.2. Le cas de la co-construction de mobilier urbain : une participation esthétique et politique ancrée dans le milieu de vie
8.1.2.3. Ressorts et effets de la participation sur les habitants « bénéficiaires » et le territoire local
8.1.3. Chevauchement des catégories d’« usager » et d’« activiste » et faiblesse de la participation politique des habitants : la Casa Invisible
8.2. Entre bénévolat et militantisme, les tensions du politique
8.2.1. Le bénévolat comme socle sociopolitique : « lutte quotidienne », apprentissage collectif et « solidarités microscopiques ». La Casa Invisible
8.2.2. Le bénévolat comme force de proposition, de questionnement et de critique : l’Ateneo Popular
8.2.2.1. Un bénévolat multiforme
8.2.2.2. El Hampa : un groupe autonome de parents d’élèves moteur d’une co-construction de l’offre et de la demande
8.2.2.3. Un conflit entre travailleurs communautaires, bénévoles et usagers : le Casal, un projet excluant et « corporatiste » ?
Chapitre 9 : Trois scénarios d’institutionnalisation et d’« ensauvagement des institutions
9.1. La marginalisation d’un espace public oppositionnel ? Entre dynamique sauvage, concertation et « assaut » institutionnel : la Casa Invisible
9.1.1. Production conceptuelle et théorisation de savoirs citoyens : la légitimation de connaissances ancrées dans la pratique
9.1.2. Contre-expertise citoyenne et négociation institutionnelle : articuler propriété municipale et droit d’usage collectif
9.1.2.1. La construction du projet de réhabilitation
9.1.2.2. La négociation institutionnelle pour l’attribution directe de l’édifice
9.1.3. La candidature municipaliste Málaga Ahora : l’ensauvagement électoraliste des institutions
9.1.3.1. Les racines historiques de la « proposition municipaliste » : libéralisme progressiste, républicanisme fédéral et « municipios libres » anarchistes
9.1.3.2. Emergence, construction et « assaut institutionnel » de la candidature municipaliste Málaga Ahora
9.1.3.3. Un refus d’assimilation de la Casa Invisible à Málaga Ahora : « récepteur des mouvements sociaux » ou « acteur politique » ?
9.2. La reconfiguration du service public par la gestion communautaire : l’Ateneo Popular
9.2.1. De la « Plateforme de gestion citoyenne » à l’élaboration du cadre juridique de la « gestion civique »
9.2.2. La valorisation institutionnelle de la gestion communautaire et de l’économie sociale et solidaire : Barcelona en Comú
9.2.2.1. Un nouveau règlement de la participation citoyenne : favoriser la coproduction des politiques publiques
9.2.2.2. Co-construire un cadre juridique pour les Communs Urbains : le processus « Patrimoine Citoyen – Communs urbains »
9.2.2.3. La position de l’Ateneo face à la traduction institutionnelle du modèle de gestion communautaire : maintenir l’autonomie critique
9.2.2.4. Le commissariat pour la promotion de l’ESS : vers l’émergence d’un « nouveau paradigme socioéconomique »
9.3. De la managérialisation à la « dissidence coopérative » : la figure de l’entrepreneur institutionnel
9.3.1. La collaboration entre techniciens de la Politique de la ville et acteurs associatifs pour la survie du mobilier urbain
9.3.2. Maintenir la subversion dans le compromis institutionnel
9.3.2.1. La résistance face aux segmentations administratives : un geste politique de défense de la multidimensionnalité associative
9.3.2.2. La défense rhétorique du projet Place à l’art : une argumentation entre conciliation et posture critique
Chapitre 10 : Les « espaces publics intermédiaires » : des réseaux de mutualisation et d’interpellation des pouvoirs publics
10.1. L’Ateneo Popular
10.1.1. Le Réseau d’Economie solidaire de Catalogne (XES) : un réseau militant visant la co-construction de l’action publique
10.1.2. La construction du Réseau d’Espaces Communautaires (XEC)
10.2. La Casa Invisible : vers une fédération du mouvement municipaliste, les rencontres « Municipalisme, Autogouvernement et Contre-pouvoir »
10.2.1. « L’assemblée ouverte » du Vendredi : le retour d’expérience des candidatures municipalistes
10.2.2. L’atelier « Remunicipalisation et communs »
10.2.3. L’atelier « Centres sociaux et espaces de gestion citoyenne » : interroger collectivement l’identité, la place et le rôle des centres sociaux autogérés
10.2.4. La matinée du dimanche : le travail en microgroupes de discussion sur les défis et enjeux du municipalisme
10.3. Les Têtes de l’art : l’acquisition d’une position de force au sein des réseaux associatifs de la région PACA
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes photographiques
Annexe 1 : L’Ateneo Popular Nou Barris
Annexe 2 : La Casa Invisible
Annexe 3 : Place à l’Art 2017 (TDA)

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