Tรฉlรฉcharger le fichier pdf d’un mรฉmoire de fin d’รฉtudes
Le Palรฉoindien ou ยซ Lithic Ageยป (4500 – 2500 BC)
Les premiรจres traces dโoccupations humaines dans les Antilles datent du Palรฉoindien et sont classรฉes dans la sรฉrie casimiroรฏde (fig. 1). Elles sont attestรฉes autour de 4500 BC dans les Grandes Antilles ร Cuba (fig. 2), en Rรฉpublique Dominicaine et en Haรฏti (Cruxent, Rouse 1969, Moore 1991, Rouse 1992). Ces populations sont vraisemblablement issues dโAmรฉrique Centrale, en empruntant peut-รชtre le canal de Yucatรกn, car des gisements du Belize et du Honduras y ont fourni des vestiges comparables et antรฉrieurs au peuplement de Cuba et dโHispaniola (Mac Neish, Nelken- Turner 1983, Veloz Maggiolo 1991, Wilson et al. 1998). On ne peut exclure totalement la voie par le dรฉtroit de Floride au Nord, car la prรฉsence de groupes du Palรฉoindien y est รฉgalement attestรฉe (Mac Goun 1993, Anderson, Sassaman 1996). Mais les Amรฉrindiens utilisant seulement la pagaie et ne connaissant vraisemblablement pas la voile pour mouvoir leurs embarcations, cette origine est peu probable car les courants marins y sont dรฉfavorables (Callaghan 2003, Keegan 2004). Cependant ils ne constituent pas un obstacle majeur (Callaghan 1995).
Les premiรจres occupations des Grandes Antilles sont attribuรฉes ร la sous-sรฉrie casimiran-casimiroรฏde datรฉe entre 4500-2000 BC (Moore 1991, Rouse 1992). Trois groupes culturels sont distinguรฉs (fig. 1) dโaprรจs les sites de Seboruco ร Cuba (Flebes Duenas 1980), de Cabaret ร Haรฏti (Moore 1991) et de Casimira, Barrera et Mordan en Rรฉpublique Dominicaine (Cruxent, Rouse 1969, Veloz Maggiolo 1972, Kozlowski 1980, Pantel 1988). Il sโagit pour lโessentiel dโateliers de taille ayant produit de grandes lames de silex et comportant parfois des restes de faune vertรฉbrรฉe et de coquillages. Il est envisagรฉ que les lames de silex aient pu servir ร chasser le paresseux gรฉant prรฉsent ร cette pรฉriode (Steadman et al. 2005). Ces vestiges ont รฉtรฉ dรฉcouverts dans la plupart des cas dans des abris sous roche. La sรฉquence palรฉoindienne des Grandes Antilles a peu รฉvoluรฉ depuis les derniรจres publications dโIrving B. Rouse.
Dans le sud de lโarchipel ร Trinidad, le seul indice dโune occupation palรฉoindienne rรฉside dans la dรฉcouverte isolรฉe, au lieu- dit Biche, dโune armature non datรฉe en chronologie en absolue (Boomert 2000). Il sโagit dโune pointe de projectile ร pรฉdoncule, taillรฉe dans du silex, dont le type est affiliรฉ au complexe continental palรฉoindien de El Jobo au Venezuela (Boomert 2000).
Le Mรฉsoindien ou ยซ Archaic Age ยป (2500 – 400 BC)
Le Mรฉsoindien se distingue du Palรฉoindien par lโapparition dโune nouvelle technologie, le polissage de la pierre, de la coquille et de lโos (Rouse 1992). Deux foyers culturels sont identifiรฉs, ร Trinidad, au sud de lโarchipel, et dans les Grandes Antilles ร Cuba et sur lโรฎle de Haรฏti et de Saint-Domingue (fig. 2), oรน les populations du Palรฉoindien ont รฉvoluรฉ sur place. La sรฉrie ortoiroรฏde dรฉfinie pour le foyer sud nous intรฉresse particuliรจrement ici car elle est trรจs bien reprรฉsentรฉe ร Saint-Martin. Dans les Grandes Antilles, ร Cuba et sur lโรฎle de Haรฏti et de Saint- Domingue, diffรฉrents aspects diffรฉrencient รฉgalement les populations mรฉsoindiennes de leurs prรฉdรฉcesseurs du Palรฉoindien : lโexistence dโune proto-agriculture exploitant en particulier le maรฏs et des tubercules (Rodrรญguez Ramos, Pagรกn Jimรฉnez 2007) et la production prรฉcoce de cรฉramique dans un contexte mรฉsoindien dรฉnommรฉ ยซ Pre-Arawak Pottery Horizon ยป, 1500 ans avant la migration des premiรจres colonies du Nรฉoindien ancien (Rodrรญguez Ramos 2007, Keegan, Rodrรญguez Ramos 2007).
Le foyer le plus ancien รฉmerge sur lโรฎle de Trinidad, situรฉe prรจs des cรดtes du Venezuela, ร lโextrรฉmitรฉ sud de lโarchipel des Petites Antilles (fig. 1). La sรฉrie ortoiroรฏde, du nom du site รฉponyme dโOrtoire ร Trinidad (Rouse 1970), serait ร lโorigine du peuplement des Petites Antilles, des Iles Vierges et de Porto Rico entre 2000 et 400 BC dโaprรจs Irving B. Rouse (Rouse 1992 :
62) et dรจs 2500 BC ร Hispaniola dโaprรจs Marcio Veloz Maggiolo (Veloz Maggiolo 1991 : 71). Cโest avec la dรฉcouverte dโoccupations mรฉsoindiennes dรจs 2400 BC dans les Petites Antilles (Nodine 1990, Hรฉnocq, Petit 1998a, Knippenberg 1999d) que la limite initiale dโIrving B. Rouse fixรฉe ร 2000 BC pour cette sรฉrie a รฉtรฉ reculรฉe de 500 ans sur les derniรจres chartes chronologiques produites (Delpuech 2001 : 114-115, Petersen et al. 2004 : 32). Bien que le flux migratoire provienne du sud, cโest pourtant dans la moitiรฉ nord des Petites Antilles, dโAntigua jusquโaux Iles Vierges et Porto Rico, que sont attestรฉs la plupart des vestiges de lโOrtoiroรฏde. Son expansion sโarrรชte ร Saint-Domingue devant la prรฉsence des groupes courian-casimiroรฏdes (Rouse 1992) dont lโรฉmergence est dรฉtaillรฉe plus loin (fig. 1).
La dรฉfinition de la sรฉrie ortoiroรฏde dโIrving B. Rouse (Rouse 1986, 1992) a รฉtรฉ rรฉcemment rรฉvisรฉe sur lโรฎle de Trinidad et sa dรฉtermination culturelle a รฉtรฉ modifiรฉe (Boomert 2000). Elle est maintenant divisรฉe en deux sous-sรฉries, le Banwarian et lโOrtoiran, qui rรฉpondent plus prรฉcisรฉment aux spรฉcificitรฉs culturelles et chronologiques de Trinidad (fig. 1). La sous-sรฉrie banwarian, du site รฉponyme de Banwari Trace, comprend trois complexes : le complexe de Banwari Trace est divisรฉ en deux stades ยซ Early Banwari Trace ยป (6000-5100 BC) et ยซ Late Banwari Trace ยป (5100-4000 BC). Les deux autres complexes sont Poonah Road รฉgalement ร Trinidad et Milford ร Tobago (Boomert 2000). La sous-sรฉrie ortoiran est reprรฉsentรฉe par le complexe du site รฉponyme dโOrtoire. Il correspond ร une adaptation spรฉcifique ร la zone cรดtiรจre, diffรฉrente du complexe Early Banwari Trace (Boomert 2000).
Le Nรฉoindien ou ยซ Ceramic Age ยป (500 BC – 1500 AD)
La troisiรจme รฉtape, le Nรฉoindien ou Age cรฉramique, correspond ร la migration dโune nouvelle population issue du bassin de lโOrรฉnoque (Rouse 1992). Elle colonise lโarchipel des Petites Antilles vraisemblablement dรจs 500 BC dโaprรจs les datations les plus anciennes disponibles pour certains sites (Haviser 1991, Watters 1994). Ces communautรฉs maรฎtrisent la technologie de la cรฉramique et pratiquent lโagriculture, usages apportรฉs avec eux du continent. Ces populations รฉvolueront sur place en se dissociant en diffรฉrentes entitรฉs culturelles dans tout lโarchipel jusquโen 1492. La prรฉsence dโinstallations nรฉoindiennes est attestรฉe sur pratiquement toutes les รฎles des Petites et des Grandes Antilles jusquโaux Bahamas. Lโarrivรฉe des Europรฉens interrompt lโรฉvolution des sociรฉtรฉs prรฉcolombiennes dans tout lโarchipel et conduit en prรจs dโun siรจcle ร leur disparition presque totale.
Le Nรฉoindien ancien ou ยซ Early Ceramic Age ยป (500 BC – 850 AD)
Ces communautรฉs viennent du bassin de lโOrรฉnoque oรน la sรฉrie saladoรฏde a fourni des cรฉramiques ornรฉes de dรฉcors modelรฉs, incisรฉs et peints dรจs le dรฉbut du premier millรฉnaire avant notre รจre (Cruxent, Rouse 1958, Rouse 1992, Boomert 2000), mais cette datation est le sujet dโune polรฉmique (Vargas 1981, Bรฉrard 2004). Le Saladoรฏde donnera naissance ร la sous- sรฉrie cedrosan-saladoรฏde sur le littoral du Venezuela et ร une branche insulaire dans les Antilles, dรฉnommรฉe dโaprรจs les productions cรฉramiques du site de Cedros ร Trinidad (Rouse 1985, 1992, Boomert 2000, Faber Morse 2007).
Le Cedrosan-saladoรฏde va se dรฉvelopper depuis le littoral sud-amรฉricain vers lโarchipel des Antilles jusquโร la pointe orientale de la Rรฉpublique Dominicaine et se maintenir jusque vers 850 AD (Rouse 1992). Cette longue pรฉriode de plus de mille ans est homogรจne du point de vue culturel, mรชme si lโon perรงoit quelques variations gรฉographiques et chronologiques dans les productions cรฉramiques et dans les habitudes alimentaires. Lโunitรฉ cedrosan-saladoรฏde traduit une certaine cohรฉsion culturelle dans lโarchipel des Petites Antilles que lโon ne retrouvera plus par la suite et qui suggรจre de nombreux contacts inter-รฎles.
Si la sous-sรฉrie cedrosan-saladoรฏde est considรฉrรฉe comme la culture des premiรจres populations nรฉoindiennes de lโarchipel (Rouse 1992), des productions parfois prรฉcoces reconnues sur plusieurs sites de Porto Rico et du nord des Petites Antilles dรจs 500 BC, posent problรจme (Rouse 1992, Bonnissent 1998b, Hofman 1999, Oliver 1999, Boomert 2000, Bonnissent et al. 2002b, Petersen et al. 2004, Curet et al. 2004). Une รฉventuelle sous-sรฉrie ยซ huecan-saladoรฏde ยป (Rouse 1992), nommรฉe ainsi dโaprรจs les productions atypiques du site de ยซ La Hueca ยป ร Vieques prรจs de Porto Rico (Chanlatte Baik 1980, 1981, 1983, 1984), a un statut qui nโest pas encore clairement dรฉterminรฉ (Rouse 1992, Bonnissent 1998b, Hofman 1999, Oliver 1999, Boomert 2000, Bonnissent et al. 2002b, Petersen et al. 2004, Curet et al. 2004). Certains auteurs rejettent sa filiation avec la sรฉrie saladoรฏde ou la sous-sรฉrie cedrosan-saladoรฏde et y voit une sรฉrie Huecoรฏde indรฉpendante, dโautres une phase prรฉcoce du Cedrosan-saladoรฏde ou encore un faciรจs marginal correspondant ร des productions cรฉramiques familiales ou cรฉrรฉmonielles (Chanlatte Baik, Narganes Storde 1980, 1983, 1990, Rouse 1992, Bonnissent 1998 b, Hofman 1999, Oliver 1999, Boomert 2000, Bonnissent et al. 2002b, Petersen et al. 2004, Curet et al. 2004, Waters, Petersen 1999). Cette problรฉmatique est dรฉveloppรฉe plus loin ร propos du site de Hope Estate ร Saint-Martin qui a fourni des assemblages de ce type.
Irving B. Rouse dรฉlimite le Cedrosan-saladoรฏde dans le sud de lโarchipel, de Grenade ร Antigua, entre 250 BC et 250 AD (Rouse et al. 1995). Puis il distingue un Cedrosan-saladoรฏde ร influences barrancoรฏdes entre 250 et 700 AD (Rouse et al. 1995). Au nord dโAntigua le Cedrosan-saladoรฏde est รฉtabli entre 250 BC et 750 AD sans distinction (Rouse et al. 1995). Rรฉcemment le Cedrosan-saladoรฏde a รฉtรฉ subdivisรฉ en trois stades diffรฉrenciรฉs dโaprรจs les productions cรฉramiques et les datations absolues. Le premier stade ยซ Early Cedrosan Saladoid ยป ou ยซ Cedrosan-saladoรฏde ancien ยป, est dรฉterminรฉ entre 400 BC et 300-400 AD (Petersen et al. 2004) ; il inclut les productions atypiques du complexe de la Hueca. Le second stade ยซ Late Cedrosan Saladoid ยป ou ยซ Cedrosan-saladoรฏde rรฉcent ยป, est identifiรฉ entre 300-400 et 600-800 AD. (Petersen et al. 2004). Enfin un stade intermรฉdiaire, le ยซ Cedrosan-saladoรฏde ร influences barrancoรฏdes ยป, est distinguรฉ pour les รฎles sous-le-vent, au sud, entre 300 et 500 AD (Petersen et al. 2004). Ces influences rรฉsulteraient dโinteractions avec la sรฉrie barrancoรฏde des Terres Basses du Venezuela au travers dโรฉchanges commerciaux (Rouse 1992 : 85) ou sociaux (Hofman 1993). Lโunitรฉ de la sous-sรฉrie cedrosan-saladoรฏde, lisible ร travers lโhomogรฉnรฉitรฉ des pratiques culturelles, s’interrompt entre 850 et 950 AD dans tout lโarchipel.
Les sociรฉtรฉs cedrosan-saladoรฏdes des Petites Antilles ont un mode de vie de type sรฉdentaire, comme on peut le percevoir ร travers leur organisation sociale en villages. Les cรฉramiques ont fourni des assemblages aux formes et dรฉcors complexes. Une riche industrie sur coquille a produit des outils, essentiellement des lames et des ciseaux, ainsi quโune grande variรฉtรฉ dโรฉlรฉments de parures. Une industrie sur pierre a fourni des haches, des ciseaux, de petits รฉclats tranchants, des meules ou polissoirs ainsi que des รฉlรฉments ร connotation symbolique, des zรฉmis ou ยซ pierres ร trois pointes ยป et des parures. Ces populations cultivent le manioc, comme lโatteste la prรฉsence de platines, et la faune consommรฉe est diversifiรฉe, provenant ร la fois des milieux marin et terrestre. Ils inhument leurs dรฉfunts au sein des villages.
Le Nรฉoindien rรฉcent ou ยซ Late Ceramic Age ยป (850 – 1500 AD)
Ce grand changement culturel est perรงu autour de 850 AD dans tout lโarchipel et il est admis quโil nโest pas le fait de nouvelles migrations mais quโil rรฉsulte dโune รฉvolution sur place des communautรฉs cedrosan-saladoรฏdes (Rouse 1992). Par contraste avec lโunitรฉ antรฉrieure, cette pรฉriode est marquรฉe par un morcellement culturel et gรฉographique (fig. 1). On assiste alors ร une rรฉgionalisation des cultures qui va se manifester par une multiplication des styles cรฉramiques dans le temps et dans lโespace (Rouse 1992). Ce rรฉgionalisme culturel se dรฉveloppe ร la fois dans les Grandes et les Petites Antilles suivant un schรฉma diachronique qui engendrera des diffรฉrences de plus en plus marquรฉes au cours des siรจcles entre le sud et le nord des Antilles. Il aboutira ร la fin du XVe siรจcle au schรฉma ethnique dรฉcouvert par Christophe Colomb, formant deux aires culturelles distinctes, ยซ Caraรฏbe ยป dans les Petites Antilles et ยซ Taรฏnos ยป dans les Grandes (Rouse 1992). Il sโagit, du point de vue du peuplement, de lโexpansion dรฉmographique et gรฉographique maximale jamais atteinte par les populations prรฉcolombiennes dans lโarchipel qui colonisent les Petites, les Grandes Antilles et les Bahamas. Il faut remarquer ici que le peuplement de la Jamaรฏque est atypique car trรจs tardif et attestรฉ uniquement ร partir du Nรฉoindien rรฉcent (fig. 1). Dans les Petites Antilles, mises ร part les รฎles de Trinidad et de Tobago hรฉritiรจres dโun schรฉma culturel continental (Boomert 2000), les chercheurs distinguent deux rรฉgions divisรฉes arbitrairement dโaprรจs dโanciens termes de la marine ร voile : les รฎles sous-le -vent au sud, ร partir de la Martinique, et les รฎles au vent situรฉes au nord, dont fait partie la Guadeloupe. Un schรฉma chrono-culturel distinct a รฉtรฉ attribuรฉ ร chacune de ces deux rรฉgions (Rouse 1992, Rouse et al. 1995, Rouse, Faber Morse 1998, 1999). Les รฎles du sud, de la Martinique ร Grenade, comprennent deux stades chronologiques diffรฉrenciรฉs dโaprรจs les productions cรฉramiques (fig. 1) . La sous-sรฉrie troumassan-troumassoรฏde se dรฉveloppe entre 500-600 et 1000-1200 AD (Rouse et al. 1995, Petersen et al. 2004). Puis, un changement culturel est ร nouveau distinguรฉ ร partir de 1000-1200 AD et jusquโร 1500 AD (Rouse et al. 1995, Petersen et al. 2004) ; il correspond ร la sous-sรฉrie suazan-troumassoรฏde (fig. 1).
Le schรฉma culturel du nord de lโarchipel des Petites au Nรฉoindien rรฉcent, de la Guadeloupe ร Anguilla (fig. 3), รฉtait jusquโen 1992 affiliรฉ ร celui des Grandes Antilles avec une seule sous-sรฉrie elenan-ostionoรฏde couvrant la pรฉriode chronologique de 500 ร 1500 AD (Rouse 1992). Les recherches progressant, il sโest avรฉrรฉ que cette unique sous-sรฉrie ne correspondait pas avec les spรฉcificitรฉs et les datations de certains assemblages cรฉramiques, dรฉtaillรฉs pour les รฎles de ce secteur et rรฉvรฉlant plusieurs phases culturelles bien individualisรฉes (Hofman 1993, Hofman, Hoogland 2004, Hรฉnocq, Petit 1998b, Crock, Petersen 2004, Bonnissent 2005a, 2006a). La sรฉquence du Nรฉoindien rรฉcent du nord des Petites Antilles, dont fait partie Saint-Martin, รฉtablie ร lโorigine dโaprรจs les assemblages de lโรฎle dโAntigua selon les styles Mill Reef, Mamora Bay et Freemanโs Bay, a donc รฉtรฉ rรฉvisรฉe (Rouse 1974, 1976, Rouse et al. 1995, Rouse, Faber Morse 1998, 1999). Une sous-sรฉrie mamoran-troumassoรฏde est maintenant distinguรฉe pour cette pรฉriode de 850 ร 1500 AD (Rouse et al. 1995, Rouse, Faber Morse 1998, 1999) et les trois styles dรฉfinis dโaprรจs les rรฉalisations en cรฉramique ont รฉtรฉ conservรฉs : Mill Reef, Mamora Bay et Freemanโs Bay (Rouse 1974, 1976, Rouse et al. 1995, Rouse, Faber Morse 1998, 1999, Murphy 2004). Le style Mill Reef est caractรฉrisรฉ par Irving B. Rouse (1974, 1976) comme le dรฉclin de la sous-sรฉrie cedrosan-saladoรฏde. Il est perรงu ร travers un appauvrissement du rรฉpertoire morphologique et dรฉcoratif sur les assemblages cรฉramiques entre 500-600 et 900 AD (Murphy 2004). Le style Mamora Bay se distingue par un rรฉpertoire morpho-dรฉcoratif ayant des spรฉcificitรฉs propres (Rouse, Faber Morse 1998, 1999), il est datรฉ entre 900 et 1200 AD (Nicholson 1993, Murphy 2004). Enfin, le style Freemanโs Bay est peu dรฉfini et son statut repose sur une faible quantitรฉ de mobilier, il est datรฉ entre 984 et 1429 AD (Rouse et al. 1995, Murphy 2004). Enfin, on distingue dans les Iles du Nord, soit le secteur Anguilla, Saint-Martin, Saba, ร la fin du Nรฉoindien rรฉcent, une sous-sรฉrie chican-ostionoรฏde dont lโorigine se situe dans les Grandes Antilles (Hofman 1993, Hofman, Hoogland 1991, 1993, 2004, Hรฉnocq, Petit 1998b, Rouse, Faber Morse 1998, 1999, Crock, Petersen 2004).
Gรฉographie et paysages
L’รฎle de Saint-Martin est situรฉe dans la partie nord de l’archipel des Petites Antilles (18ยฐ5โN / 63ยฐ5โW), ร environ 250 km de la Guadeloupe, ร la charniรจre des ascendances culturelles des Grandes et des Petites Antilles (fig. 2). Elle constitue avec ses voisines, Anguilla ร une douzaine de kilomรจtres au nord et Saint-Barthรฉlemy ร environ 30 km au sud-est, un petit regroupement d’รฎles et d’รฎlets relativement proches et situรฉs sur la plate-forme sous-marine d’Anguilla dont la profondeur nโexcรจde pas 50 m (Westercamp, Tazieff 1980). Cet ensemble est isolรฉ des Iles Vierges et des Grandes Antilles au nord par le canal d’Anegada dโenviron 120 km de large. L’archipel se prolonge vers le sud avec les รฎles de Saba, Saint-Eustache et Saint-Kitts, visibles depuis Saint-Martin (fig. 3).
Le territoire que reprรฉsente Saint-Martin peut paraรฎtre ร premiรจre vue restreint, puisquโil reprรฉsente une superficie de seulement 85 km2, soit une quinzaine de kilomรจtres dโest en ouest et environ treize kilomรจtres du nord au sud. Mais, il faut considรฉrer lโespace exploitรฉ par les populations prรฉcolombiennes comme beaucoup plus vaste si lโon prend en compte le secteur maritime et les proches รฎlets qui, comme nous le verrons, font partie intรฉgrante du domaine exploitรฉ.
La partie centrale de lโรฎle est marquรฉe par un relief de mornes ou collines aux sommets arrondis, de faibles altitudes, mais dont les versants sont escarpรฉs. Le sommet le plus haut, le Pic Paradis culmine ร 424 mรจtres (fig. 4). La cรดte est dรฉcoupรฉe par une alternance de plages de sable corallien beige et de pointes rocheuses. Les cรดtes orientรฉes vers la faรงade atlantique, soumises aux effets des vents dโest dominants et des courants marins, sont plus agitรฉes que celles du littoral caraรฏbe. Il en rรฉsulte une certaine diversitรฉ des paysages et des milieux.
Certaines portions de la cรดte sont occupรฉes par des cordons littoraux sableux en arriรจre desquels se dรฉveloppent des zones lagunaires colonisรฉes par la mangrove. La plus importante correspond au Grand Etang de Simsonbaai qui occupe la partie ouest de lโรฎle. Des lagunes plus petites, comme lโรฉtang de Grand -Case au nord-est et Salt Pond au sud en arriรจre de Great Bay, ont รฉtรฉ exploitรฉes comme salines ร lโรฉpoque coloniale (Association Archรฉologique Hope Estate, 1996). Ces cordons sableux du littoral se sont vraisemblablement constituรฉs ร la fin de la remontรฉe de la mer au cours de lโHolocรจne vers 4000-5000 BP, dโaprรจs les donnรฉes connues sur la formation de la lagune de Grand-Case (Bertran 2003, Bertran et al. 2004) et celles de la courbe de remontรฉe de la mer (Mรถrner 1996, Angulo, Lessa 1997, Toscano, Macintyre 2003). Nous verrons plus loin lโimportance de la connaissance de lโรฉvolution de ces formations littorales pour lโรฉtude des implantations humaines.
Les grands traits gรฉologiques
Comme nous lโavons vu, Saint-Martin fait partie des รฎles anciennes de lโarc volcanique externe. On y distingue quatre principales formations (Westercamp, Tazieff 1980, Dagain et al. 1989). A la base, on rencontre les sรฉries volcaniques et volcano-sรฉdimentaires รฉrodรฉes de lโEocรจne, regroupรฉes sous le nom de formations de La Pointe Blanche. Les intrusions de roches magmatiques de lโOligocรจne, dont les granodiorites qui forment les deux plutons de Grand-Case et de Philipsburg, ont transpercรฉ le soubassement ancien. Les bancs de calcaires rรฉcifaux du Miocรจne sont situรฉs dans la partie ouest de l’รฎle et forment la pรฉninsule des Terres Basses. Enfin, des dรฉpรดts plio-plรฉistocรจnes et actuels masquent partiellement les anciennes formations. Il sโagit des sables cรดtiers meubles ou indurรฉs, des plages de galets ou de blocs de corail et des formations rรฉcifales cรดtiรจres. On note รฉgalement les dรฉpรดts sablo-argileux organiques et les tourbes des lagunes, les formations de versant (colluvions et coulรฉes de boue) et les alluvions torrentielles. Ces spรฉcificitรฉs gรฉologiques ont produit une certaine diversitรฉ pรฉtrographique โ roches volcaniques, sรฉdimentaires et volcano-sรฉdimentaires โ dont les qualitรฉs mรฉcaniques ou esthรฉtiques ont รฉtรฉ exploitรฉes par les populations durant toute la prรฉhistoire de lโรฎle (Haviser 1993, 1999, Chauviรจre 1995, 1997, 1998, De Wall 1999, Knippenberg 1999 a, b, Fouรฉrรฉ 2005, 2006, Fouรฉrรฉ, Chancerel 2006, Stouvenot, Randrianassolo 2006a, b). Certaines roches ont รฉtรฉ exportรฉes sur dโautres รฎles du nord des Petites Antilles (Van Tooren, Haviser 1998, Knippenberg 1998, 1999c, 2004, 2006, Stouvenot, Randrianassolo 2006 a, b).
Les spรฉcificitรฉs climatiques
Du fait de sa situation gรฉographique dans la zone intertropicale, Saint-Martin jouit dโun climat tropical humide ร contraste saisonnier marquรฉ, attรฉnuรฉ par les influences ocรฉaniques et pondรฉrรฉ par les vents dโest dominants, les bienveillants alizรฉs, dont le rรฉgime varie peu sur le cours de lโannรฉe. Ainsi, le climat y est agrรฉable, malgrรฉ une hygromรฉtrie รฉlevรฉe oscillant autour de 90 % dโhumiditรฉ dans lโair. Pourtant, Saint-Martin fait partie des รฎles dites ยซ sรจches ยป car les prรฉcipitations y sont faibles et inรฉgalement rรฉparties selon la pรฉriode de lโannรฉe et selon la topographie (Cabaussel 1982). Le rรฉgime pluviomรฉtrique de lโรฎle est en moyenne sur une annรฉe de 1250 mm de prรฉcipitations sur les reliefs (Cabaussel 1982), et 690 mm sur la cรดte, ce qui, combinรฉ ร une trรจs forte รฉvaporation, y engendre un climat subaride (Imbert 2006). Ces conditions climatiques font que lโeau douce y est rare. Il nโy a pas de riviรจres ร proprement parler mais seulement des ravines qui coulent par intermittence certaines annรฉes et uniquement durant les pรฉriodes pluvieuses et cycloniques. Quelques sources dโeau douce sont signalรฉes sur la carte IGN 1/25 000 et localisรฉes dans la partie montagneuse de lโรฎle, dโautres sont recensรฉes dโaprรจs les donnรฉes connues localement (fig. 4). Ces sources ne sont pas permanentes et se tarissent en saison sรจche. Les plus intรฉressantes pour lโoccupation prรฉcolombienne sont celle de la ravine du Moho, situรฉe sur le flanc oriental du Pic Paradis ร lโemplacement dโun pรฉtroglyphe et celle de la ravine Carรฉta connue en amont du gisement nรฉoindien ancien de Hope Estate.
Les tempรฉratures sont en moyenne รฉlevรฉes et oscillent autour de 27,3ยฐC dโaprรจs les enregistrements effectuรฉs de 1989 ร 2001 ร la station mรฉtรฉorologique de Grand-Case ร Saint-Martin (Donnรฉes Mรฉtรฉo France). Seulement deux saisons sont rรฉellement marquรฉes, la saison sรจche de janvier ร juin ou ยซcarรชme ยป durant laquelle la tempรฉrature de lโeau et de lโair baisse de quelques degrรฉs. La saison humide ou ยซ hivernage ยป de juillet ร dรฉcembre est caractรฉrisรฉe par une baisse de rรฉgime des alizรฉs et une augmentation de la pluviomรฉtrie, de la tempรฉrature de lโair et de lโeau de quelques degrรฉs, favorisant alors le dรฉveloppement des phรฉnomรจnes cycloniques. Lโรฎle est en effet dans le couloir des ouragans qui se forment gรฉnรฉralement sur lโAtlantique.
Si cet environnement insulaire et tropical est hospitalier, il est nรฉanmoins soumis ร des รฉvรจnements naturels violents, comme les cyclones parfois dรฉvastateurs en particulier sur les cรดtes et les phรฉnomรจnes sismiques liรฉs ร la mobilitรฉ de la plaque Caraรฏbe, provoquant des tremblements de terre et des raz-de-marรฉe. Les Amรฉrindiens des Petites Antilles ont รฉtรฉ confrontรฉs dans le passรฉ ร cette vigueur de la nature (Delpuech 2004). Nous verrons plus loin que ces phรฉnomรจnes jouent รฉgalement un rรดle dans la destruction des gisements archรฉologiques du littoral (Delpuech 1998).
Esquisse de la vรฉgรฉtation
La couverture vรฉgรฉtale actuelle de lโรฎle, particuliรจrement dรฉgradรฉe sur le littoral oรน lโoccupation humaine est dense (fig. 5), est constituรฉe pour lโessentiel dโune vรฉgรฉtation secondaire xรฉrique. Le couvert forestier est en partie prรฉservรฉ sur les reliefs et relativement riche en espรจces, en particulier dans le secteur du Pic Paradis (Imbert 2003, 2006). Une reconstitution du couvert vรฉgรฉtal du nord de lโรฎle ร lโรฉpoque prรฉcolombienne (fig. 6), montre que celui-ci รฉtait formรฉ pour lโessentiel de forรชts sรจches saisonniรจres, semi-dรฉciduales en rapport avec le rรฉgime hydrologique (Imbert 2003, 2006). Des rรฉcits de lโรฉpoque coloniale y dรฉcrivent en particulier lโabondance du gaรฏac, Gaiacum officinale et/ou G. sanctum (Imbert 2006), arbre alors exploitรฉ pour la qualitรฉ de son bois, dur et imputrescible (Association Archรฉologique Hope Estate, 1996). Lโutilisation du bois de gaรฏac est attestรฉe ร lโรฉpoque prรฉcolombienne par des รฉtudes palรฉobotaniques conduites sur les macrorestes carbonisรฉs provenant de plusieurs gisements de lโรฎle (Newsom 1993, Newsom, Molengraaff 1999, Tardy 2000). Sur la cรดte, la mangrove se dรฉveloppe sur le pourtour des รฉtangs et des lagunes, comme en tรฉmoignent les vestiges actuels (Imbert 2006). Les baies sableuses du littoral sont colonisรฉes par une vรฉgรฉtation psammophile, adaptรฉe aux conditions รฉdaphiques et climatiques de la cรดte (Wiewiura 2003). Un rรฉfรฉrentiel palynologique, basรฉ sur lโรฉtude de pollens fossiles extrait par carottages et sur un รฉchantillonnage de la vรฉgรฉtation actuelle, permet de suivre lโรฉvolution de la vรฉgรฉtation durant les quatre derniers millรฉnaires (Galop, Imbert 2002, Galop 2003, Lรณpez Sรกez, Galop 2004). Globalement, il y a peu de modifications de la vรฉgรฉtation pendant lโHolocรจne rรฉcent, hormis ร lโรฉpoque coloniale, mais on note toutefois quelques variations. Corrรฉlรฉes avec des analyses sรฉdimentaires et des datations absolues, les premiers rรฉsultats de cette รฉtude montrent une alternance de phases sรจches et humides dรฉtaillรฉes grรขce lโenregistrement des lagunes, plus sensibles aux fluctuations du bilan hydrologique (Bertran et al. 2004). Nous verrons plus loin que des correspondances peuvent รชtre รฉtablies entre lโoccupation humaine et lโรฉvolution des palรฉomilieux (Bertran et al. 2004, Bonnissent 2007, Bonnissent et al. 2007). Ces rรฉcentes รฉtudes ont รฉtรฉ initiรฉes dans le cadre dโun programme collectif de recherche sur les ยซ Modifications des palรฉoenvironnements et occupations amรฉrindiennes de lโรฎle de Saint-Martin ยป (Bonnissent 2002, Bonnissent et al. 2002a, 2003, 2004, 2006a). Elles permettent de documenter les palรฉomilieux jusque-lร peu connus.
Les รฉcosystรจmes et les ressources naturelles
Les conditions climatiques et รฉcologiques ont crรฉรฉ une relative abondance de ressources alimentaires sur lโรฎle. En effet, si la partie montagneuse de Saint-Martin a รฉtรฉ exploitรฉe, cโest surtout le littoral (fig. 7) oรน peuvent coexister la pรชche, la chasse, la collecte de mollusques marins et la cueillette de plantes sauvages qui apparaรฎt comme le secteur privilรฉgiรฉ. Ce potentiel, dont les populations ont su tirer parti pour leur subsistance, a certainement contribuรฉ ร les fixer sur les รฎles des Petites Antilles et en particulier ร Saint-Martin.
Les รฉtudes archรฉozoologiques des restes de faune exhumรฉs des gisements prรฉcolombiens permettent de tracer une image, certes encore partielle, des ressources alimentaires alors accessibles et exploitรฉes (Weydert 1994, Wing 1995 a, b, Wing 1998, Grouard 1997, 1998, 2005, 2006, Brokke 1999 a, b, Jansen 1999, Nokkert 1999 a et b, Serrand 1997, 1998, 2001, 2002, 2005, 2006, Serrand, Bonnissent 2005, Newsom, Wing 2004).
Le domaine terrestre ne comporte pas de faune de grande taille mais des oiseaux, des rongeurs โ dont le rat des riziรจres aujourdโhui disparu, et lโagouti โ des amphibiens, des reptiles dont lโiguane et des invertรฉbrรฉs tels que les crabes de terre (Wing 1995 a, b). Il faut noter la prรฉsence du chien, domestiquรฉ et importรฉ dโAmรฉrique du Sud comme lโagouti, lors des premiรจres migrations des agriculteurs-potiers (Wing 1995 a, b). Sans rentrer dans la complexitรฉ des milieux marins, par ailleurs prรฉcisรฉment dรฉtaillรฉs dans le cadre dโรฉtudes spรฉcifiques sur la faune marine vertรฉbrรฉe et invertรฉbrรฉe (Grouard 2001, Serrand 2002), nous prรฉsentons ici les aspects les plus informatifs quant aux ressources alimentaires accessibles aux populations prรฉcolombiennes. Les plages prรฉsentent des fonds sableux peu profonds, en partie couverts dโherbiers de phanรฉrogames marines. La faune vertรฉbrรฉe et invertรฉbrรฉe est abondante et on y rencontre en particulier un grand gastรฉropode, le lambi ou Strombus gigas, abondamment exploitรฉ pour sa chair et son รฉpaisse coquille durant toute la pรฉriode prรฉcolombienne. Sur le mรฉdio- littoral rocheux, par ailleurs riche en poissons de roches prisรฉs par les populations amรฉrindiennes, siรจgent de faรงon privilรฉgiรฉe plusieurs espรจces dโinvertรฉbrรฉs marins frรฉquemment retrouvรฉs dans les gisements et donc abondamment consommรฉs (Serrand 2002). Les principaux sont des gastรฉropodes : Cittarium pica, Nerita peloronta, N. versicolor et N. Tessellata associรฉs souvent ร des polyplacophores. Les fonds vaso-sableux fournissent en particulier le bivalve Codakia Orbicularis (Serrand 2001). Le bivalve Arca zebra, particuliรจrement consommรฉ durant la pรฉriode mรฉsoindienne, se rencontre sur les substrats rocheux et coralliens ou sur des fonds sableux coquilliers (Serrand 2005). Les zones rรฉcifales et rocheuses sont colonisรฉes par de nombreuses espรจces de poissons et crustacรฉs. Elles sont รฉgalement peuplรฉes par les tortues marines, animaux ubiquistes qui frรฉquentent la plupart des milieux marins. Cโest dans le secteur nord nord-est de lโรฎle de Saint-Martin (fig. 8), que les principales formations rรฉcifales bioconstruites sont implantรฉes (Porcher et al. 2001). Constituรฉes au cours de lโHolocรจne, nous verrons que ces formations, aisรฉment accessibles aux populations prรฉcolombiennes, ont รฉtรฉ exploitรฉes que ce soit pour leur richesse en faune marine (Wing 1995 a, b, Grouard 1997, 1998) ou pour la collecte de coraux utilisรฉs pour lโoutillage (Bonnissent, Mazeas 2006 a, b). Les zones de mangroves sont รฉgalement pourvoyeuses de poissons, coquillages, crustacรฉs et de nombreuses espรจces dโoiseaux. Enfin, les baies et les estuaires fournissent des poissons de plus grande taille, tels que les requins. De grands individus parfois pรฉlagiques saisonniers ont รฉgalement รฉtรฉ capturรฉs (Grouard 2005). Ainsi ces milieux forment des niches รฉcologiques riches en faune spรฉcifique. C’est donc dans ce contexte particulier, insulaire et tropical, que se sont dรฉveloppรฉes les sociรฉtรฉs prรฉcolombiennes sur lโรฎle.
LโOCCUPATION PRECOLOMBIENNE DE SAINT-MARTIN : ETAT DES CONNAISSANCES ET INTERROGATIONS
Historique des recherches archรฉologiques sur la pรฉriode prรฉcolombienne
La dรฉcouverte de lโรฎle par les Europรฉens
Bien que le journal de bord du deuxiรจme voyage de Christophe Colomb ait disparu, le rรฉcit de la dรฉcouverte des Petites Antilles a รฉtรฉ relatรฉ ร la fois par Christophe Colomb dans des lettres adressรฉes aux souverains dโEspagne (Lequenne et al. 1979), par le Dr. Chanca, mรฉdecin de lโexpรฉdition (Lequenne et al. 1979, Rumeu de Armas 1989), et par un noble espagnol dรฉnommรฉ Guillaume Coma (Chatillon 1979), tous deux embarquรฉs dans ce voyage. La premiรจre รฎle des Petites Antilles est dรฉcouverte le dimanche 3 novembre 1493, il sโagit de la Dominique, puis sont aperรงues Marie-Galante et la Guadeloupe (Lequenne et al. 1979). Aprรจs une escale de quelques jours, la flotte espagnole quitte la Guadeloupe le 13 novembre de la mรชme annรฉe, afin de rallier rapidement les Grandes Antilles pour y rejoindre la colonie laissรฉe sur Hispaniola lors du premier voyage (Chatillon 1979). Au cours des jours suivants, en remontant vers le nord, lโarmada longe le cรดtรฉ ouest de lโarchipel et cโest en fait ร Nevis quโaurait รฉtรฉ donnรฉ le nom de Saint-Martin (Hartog 1981). En rรฉalitรฉ, on ne connaรฎt pas la date prรฉcise de la dรฉcouverte de lโรฎle. Saint-Martin apparaรฎt dans la gรฉographie europรฉenne sous ce nom et ร son emplacement gรฉographique sur la carte de Reinel en 1516 (Hartog 1981). Beaucoup plus tard au XVIIe siรจcle, deux chroniqueurs, Jean de Laet et Maurile de Saint Michel la dรฉcrivent comme inhabitรฉe entre 1636 et 1651 (Verrand 2001). Une occupation coloniale est datรฉe de la premiรจre moitiรฉ du XVIIe siรจcle sur le site de Hope Estate (Bonnissent, Stouvenot 1997). Lโรฎle apparaรฎt sous le nom de Oรผalichi en 1666 dans le dictionnaire franรงais-caraรฏbe du Rรฉvรฉrend Pรจre Breton (Breton 1666). Aprรจs une histoire politique complexe (Hartog 1981), lโรฎle est partagรฉe depuis 1648 par une frontiรจre est-ouest (fig. 4). Elle dรฉlimite la partie franรงaise au nord, la collectivitรฉ dโOutre-mer de Saint-Martin. Au sud, Sint Maarten est un des territoires des Antilles Nรฉerlandaises.
Les premiรจres dรฉcouvertes archรฉologiques (1920-1980)
Lโhistorique des recherches anciennes a รฉtรฉ trรจs soigneusement dรฉtaillรฉ par J. Hartog (Hartog 1981) puis par M. P. Sypkens-Smit (Sypkens-Smit, Versteeg 1988) et Jay B. Haviser (Haviser 1988, 1995). Nous en prรฉsentons ici les grandes lignes ; les prรฉcisions sur les dรฉcouvertes et la chronologie des investigations sont dรฉveloppรฉes plus loin ร travers lโanalyse des gisements รฉtudiรฉs.
Lโรฎle est restรฉe longtemps vierge de toutes recherches archรฉologiques et ce nโest quโen 1923 quโune premiรจre expรฉdition sโintรฉressa ร son passรฉ prรฉcolombien (Josselin de Jong 1947). Dans les annรฉes cinquante, un amateur, Hyacinth Conner, repรฉra des traces dโoccupation ร Pic Paradis, Billy Folly, Cole Bay et Mount William (Hartog 1981), qui nโont par ailleurs jamais รฉtรฉ localisรฉes (Sypkens-Smit, Versteeg 1988, Haviser 1995). En 1957-58 les รฉpoux Keur, scientifiques nord-amรฉricains, dรฉcouvrent le site de ยซ Red Pond ยป (Hartog 1981 : 10) qui correspond probablement au gisement de Baie Rouge (fig. 9). Ce nโest quโen 1961 que les premiรจres recherches archรฉologiques sont rรฉalisรฉes par Ripley B. et Adelaide K. Bullen sur trois sites des Terres Basses (Bullen, Bullen, 1966). Ils documentent les gisements de Long Bay et de Red Pond (fig. 9), puis rรฉalisent des sondages de reconnaissance ร Cupecoy Bay (Bullen, Bullen 1974).
En 1967, les grottes de Maho, situรฉes ร Maho Bay sur la pรฉninsule des Terres Basses (fig. 9), sont dรฉcouvertes fortuitement ร lโemplacement dโun hรดtel en cours de construction (Richardson 1986). Lโexistence de vestiges prรฉcolombiens est hypothรฉtique car les tรฉmoignages relatant la dรฉcouverte des cavitรฉs sont contradictoires. On y aurait vu des peintures rupestres, des gravures et des statuettes en pierre. Bien que les quelques sculptures sur pierre qui en proviendraient aient une origine douteuse (Sypkens-Smit, Versteeg 1988 : 283) certaines rappellent nรฉanmoins les reprรฉsentations des ยซ behiques ยป ou hommes -mรฉdecin de la pรฉriode chican-ostionoรฏde dans les Grandes Antilles (Garcia Arรฉvalo 2001). Les rรฉcits dรฉcrivent un important rรฉseau karstique formรฉ de diverticules et de salles dont le fond contenait une nappe dโeau douce. Albert Fleming, ancien maire de Saint-Martin, affirme nโy avoir vu ni poterie, ni statue ou figurine mais en revanche de nombreuses gravures sur les parois (Richardson 1986). Rรฉcemment interrogรฉ sur cette question, il nie finalement lโexistence de gravuresโฆ Des cavitรฉs prรฉsentant les mรชmes caractรฉristiques, Fountain Cavern (Gurnee 1989, Watters 1991, Petersen, Watters 1991) et Big Spring (Petersen et al. 2005) sont cependant connues sur lโรฎle voisine dโAnguilla. Lโexistence des Grottes de Maho est certaine, en revanche la prรฉsence de vestiges prรฉcolombiens reste hypothรฉtique. Les grottes auraient รฉtรฉ condamnรฉes rapidement aprรจs leur dรฉcouverte.
Les premiรจres recherches (1980-1994)
Les campagnes de prospection, conduites ร partir des annรฉes quatre-vingt, permettent dโaugmenter considรฉrablement le nombre dโindices de sites et de confirmer lโexistence de diffรฉrentes cultures prรฉcolombiennes sur lโรฎle. M. P. Sypkens- Smit effectua deux campagnes de prospection en 1979 et 1981 puis en 1987, il rรฉalisa des sondages sur les sites de Baie Rouge aux Terres Basses, de Great Bay ร Philipsburgh et de Ravine Carรฉta (fig. 9), en contrebas du gisement de Hope Estate alors inconnu (Sypkens-Smit, Versteeg 1988). En 1986, Jay B. Haviser effectue une intervention de sauvetage sur le site de Cupecoy Bay (Haviser 1987), puis conduit en 1987 une nouvelle campagne de prospection de lโรฎle (Haviser 1988, 1995). Durant ces annรฉes sont dรฉcouverts le pรฉtroglyphe de Moho (fig. 9) par Roland Richardson en 1983 (Sypkens-Smit, Versteeg 1988, Dubelaar 1995, Haviser 1995), puis en 1987 le gisement de Hope Estate par le fils du propriรฉtaire le Dr. Michel Petit. La mรชme annรฉe, Jay B. Haviser y rรฉalise un premier sondage (Haviser 1991), puis lโannรฉe suivante, en collaboration avec le CERA Martinique, une campagne de sondages de reconnaissance est effectuรฉe sur le site (Barret, Leton 1989). Le pรฉtroglyphe de Hope Estate est dรฉcouvert par Roland Richardson et Henri Petitjean Roget en 1988 (communication personnelle, Christophe Hรฉnocq).
Cโest ร partir de 1988 sous lโimpulsion de Christophe Hรฉnocq et du Dr. Franรงois Petit, quโest crรฉรฉe lโAssociation Archรฉologique Hope Estate (AAHE) dont les objectifs sont multiples : recherche, protection, conservation, รฉducation avec comme aboutissement la crรฉation dโun musรฉe. LโAAHE รฉdite un bulletin de 1992 ร 2001 qui prรฉsente les rรฉsultats de ses multiples activitรฉs (Bulletin de lโAAHE, 1992, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2001). En 1996, lโassociation รฉdite รฉgalement un recueil dโarchives historiques concernant les รฎles de St Martin et de St Barthรฉlemy (Association Archรฉologique Hope Estate 1996).
En 1992, Christophe Hรฉnocq organise une fouille de sauvetage sur le site nรฉoindien rรฉcent de Baie Orientale (Hรฉnocq 1992, 1994a) puis en 1993, des fouilles programmรฉes sur les gisements de Hope Estate, Anse des Pรจres et Norman Estate (fig. 9). Ces interventions sont effectuรฉes en collaboration avec Corinne L. Hofman et Menno L. P. Hoogland de lโUniversitรฉ de Leyde (Pays-Bas) et de Jay B. Haviser de lโArchaeological-Anthropological Institute of the Netherlands Antilles (AAINA). Ces recherches sont suivies de rapports et de publications (Hรฉnocq 1993, 1994b, c, d, 2002, Hรฉnocq, Petit 1998a, Hofman, Hoogland 1999, Knippenberg 1999a, b, d, e). En 1994, une nouvelle intervention de sauvetage permet de documenter le site de Baie Rouge (Hรฉnocq 1994 e, f, Hรฉnocq, Petit 1998b).
|
Table des matiรจres
1 PRESENTATION DE LโETUDE
1.1 LA CHRONOLOGIE DE LA PREHISTOIRE DES PETITES ANTILLES : SYNTHESE DE LโETAT DES CONNAISSANCES
1.1.1 La charte spatio-temporelle dโIrving B. Rouse
1.1.2 Le Palรฉoindien ou ยซ Lithic Ageยป (4500 – 2500 BC)
1.1.3 Le Mรฉsoindien ou ยซ Archaic Age ยป (2500 – 400 BC)
1.1.4 Le Nรฉoindien ou ยซ Ceramic Age ยป (500 BC – 1500 AD)
1.1.4.1 Le Nรฉoindien ancien ou ยซ Early Ceramic Age ยป (500 BC – 850 AD)
1.1.4.2 Le Nรฉoindien rรฉcent ou ยซ Late Ceramic Age ยป (850 – 1500 AD)
1.2 SAINT-MARTIN DANS SON CONTEXTE DES PETITES ANTILLES
1.2.1 LโArchipel des Antilles
1.2.1.1 Lโarc insulaire des Antilles
1.2.1.2 Le volcanisme des Petites Antilles
1.2.2 Lโรฎle de Saint-Martin
1.2.2.1 Gรฉographie et paysages
1.2.2.2 Les grands traits gรฉologiques
1.2.2.3 Les spรฉcificitรฉs climatiques
1.2.2.4 Esquisse de la vรฉgรฉtation
1.2.2.5 Les รฉcosystรจmes et les ressources naturelles
1.3 LโOCCUPATION PRECOLOMBIENNE DE SAINT-MARTIN : ETAT DES CONNAISSANCES ET INTERROGATIONS
1.3.1 Historique des recherches archรฉologiques sur la pรฉriode prรฉcolombienne
1.3.1.1 La dรฉcouverte de lโรฎle par les Europรฉens
1.3.1.2 Les premiรจres dรฉcouvertes archรฉologiques (1920-1980)
1.3.1.3 Les premiรจres recherches (1980-1994)
1.3.2 Le constat des connaissances
1.3.2.1 Lโindigence des donnรฉes sur lโoccupation mรฉsoindienne
1.3.2.2 Les occupations du Nรฉoindien ancien
1.3.2.3 Le Nรฉoindien rรฉcent
1.4 METHODE DE TRAVAIL
1.4.1 La chronologie de Saint-Martin : problรฉmatiques culturelles et enjeux
1.4.1.1 Le Mรฉsoindien : une pรฉriode mรฉconnue ร documenter
1.4.1.2 Le Nรฉoindien ancien et ses difficultรฉs chronologiques
1.4.1.3 Le Nรฉoindien rรฉcent et les problรจmes de rรฉfรฉrentiel
1.4.2 Lโacquisition des donnรฉes et leur interprรฉtation
1.4.2.1 La sรฉlection des gisements
1.4.2.2 Dรฉlimitation du cadre gรฉographique des aires culturelles
1.4.2.3 Les choix terminologiques
1.4.2.4 Les datations absolues
1.4.2.5 Les diffรฉrents degrรฉs dโรฉtude des gisements
1.4.3 Les mรฉthodes dโacquisition des donnรฉes
1.4.3.1 Les mรฉthodes dโinvestigations
1.4.3.2 Mรฉthode dโรฉtude des assemblages cรฉramiques
1.4.3.3 Les divers mobiliers
2 LA SEQUENCE DES GISEMENTS SAINT-MARTINOIS
2.1 LE MESOINDIEN
2.1.1 Etang Rouge
2.1.1.1 Prรฉsentation du site
2.1.1.2 Formation du gisement
2.1.1.3 Les occupations mรฉsoindiennes
2.1.1.4 Les mobiliers et les schรฉmas opรฉratoires
2.1.1.5 Les moyens de subsistance
2.1.1.6 Lโinterprรฉtation des occupations et leur datation
2.1.2 Pont de Sandy Ground 1 et 2
2.1.2.1 Les indices dโune occupation mรฉsoindienne
2.1.2.2 Historique des recherches
2.1.2.3 Un contexte stratigraphique mรฉconnu
2.1.2.4 Le contexte gรฉomorphologique
2.1.2.5 Les รฉlรฉments de datation
2.1.2.6 Un mobilier caractรฉristique des dรฉpรดts mรฉsoindiens
2.1.2.7 Interprรฉtation des vestiges mรฉsoindiens du Pont de Sandy Ground 1 et 2
2.1.3 Norman Estate
2.1.3.1 Un site mรฉsoindien dans la plaine de Grand-Case
2.1.3.2 Historique des recherches
2.1.3.3 La campagne de 1993 : Norman Estate 1, 2 et 3
2.1.3.4 Lโintervention de 2006 : Norman Estate 2
2.1.3.5 Interprรฉtation du contexte gรฉomorphologique
2.1.3.6 Interprรฉtation chronologique des occupations
2.1.4 Salines dโOrient
2.1.4.1 Contexte gรฉographique et gรฉomorphologique
2.1.4.2 Historique des recherches
2.1.4.3 Mode dโintervention et contexte stratigraphique
2.1.4.4 Analyse des moyens de subsistance
2.1.4.5 Lโoutillage
2.1.4.6 Datation de lโoccupation
2.1.4.7 Interprรฉtation de lโoccupation dans le contexte mรฉsoindien
2.1.5 Trou David 1 et 2
2.1.5.1 Lโoccupation mรฉsoindienne de Trou David 1
2.1.5.2 Trou David 2 : un ossement humain isolรฉ
2.1.6 Pointe du Bluff
2.1.6.1 Emplacement du site
2.1.6.2 Caractรฉristiques et datation de lโoccupation
2.1.6.3 Interprรฉtation du site
2.1.7 Baie Longue 2
2.1.7.1 Un site mรฉsoindien sur le cordon littoral de Baie Longue
2.1.7.2 Historique des recherches
2.1.7.3 Mรฉthode dโรฉtude
2.1.7.4 Gรฉomรฉtrie des dรฉpรดts
2.1.7.5 Le contexte stratigraphique
2.1.7.6 Datation des occupations
2.1.7.7 Les mobiliers
2.1.7.8 Interprรฉtation des donnรฉes
2.1.8 Baie Orientale 1
2.1.8.1 Caractรฉristiques du gisement et mรฉthode dโรฉtude
2.1.8.2 Les stations d’occupation mรฉsoindienne
2.1.8.3 Les apports du site ร la connaissance du stade 3 du Mรฉsoindien
2.2 LE NEOINDIEN ANCIEN
2.2.1 Hope Estate
2.2.1.1 Historique des recherches conduites ร Hope Estate
2.2.1.2 Rappel des problรฉmatiques gรฉnรฉrales
2.2.1.3 Rรฉsultat des recherches 1997-2000
2.2.1.4 La cรฉramique
2.2.1.5 Lโindustrie sur coquille
2.2.1.6 Lโindustrie lithique
2.2.1.7 Lโindustrie sur corail
2.2.1.8 Lโindustrie osseuse
2.2.1.9 Les moyens de subsistance
2.2.1.10 Formation, extension et chronologie du site de Hope Estate
2.2.2 Ilet Pinel Ouest
2.2.2.1 Historique des recherches
2.2.2.2 Contexte environnemental
2.2.2.3 Mรฉthodes dโinvestigations
2.2.2.4 Rรฉsultats des recherches
2.2.2.5 Les productions matรฉrielles
2.2.2.6 Lโexploitation des ressources alimentaires carnรฉes
2.2.2.7 Organisation spatiale du site et datation
2.2.3 Cul-de-Sac
2.2.3.1 Contexte environnemental
2.2.3.2 Historique des recherches
2.2.3.3 Gรฉomรฉtrie, stratigraphie des dรฉpรดts et datation
2.2.3.4 Un site de dรฉcoquillage de strombes
2.2.4 Anse des Pรจres
2.2.4.1 Contexte environnemental
2.2.4.2 Historique et rรฉsultats des recherches de 1993
2.2.4.3 Anse des Pรจres et Hope Estate : comparaisons des productions cรฉramiques
2.2.4.4 Conclusion
2.3 LE NEOINDIEN RECENT
2.3.1 Pointe du Canonnier
2.3.1.1 Prรฉsentation du site
2.3.1.2 Rรฉsultats des recherches
2.3.1.3 Les datations radiomรฉtriques
2.3.1.4 Analyse des mobiliers
2.3.1.5 Un village du stade 1 du Nรฉoindien rรฉcent
2.3.2 Baie Orientale 2
2.3.2.1 Prรฉsentation du gisement
2.3.2.2 Rรฉsultats des recherches conduites en 2000
2.3.2.3 Les productions matรฉrielles
2.3.2.4 Les moyens de subsistance
2.3.2.5 De lโanalyse des rebuts aux activitรฉs anthropiques
2.3.2.6 Un site satellite du stade 1 du Nรฉoindien rรฉcent
2.3.3 Petite Plage 1 et 2
2.3.3.1 Contexte environnemental
2.3.3.2 Historique des recherches
2.3.3.3 Mode dโintervention et rรฉsultats
2.3.3.4 Un site satellite de dรฉcoquillage
2.3.4 Baie aux Prunes
2.3.4.1 Prรฉsentation du site
2.3.4.2 Rรฉsultats des recherches
2.3.4.3 Les productions matรฉrielles
2.3.4.4 Les moyens de subsistance
2.3.4.5 Interprรฉtation des datations radiomรฉtriques
2.3.4.6 Un village du stade 2 du Nรฉoindien rรฉcent
2.3.5 Baie Rouge
2.3.5.1 Contexte environnemental
2.3.5.2 Historique des recherches
2.3.5.3 Synthรจse des recherches
2.3.5.4 Les mobiliers
2.3.5.5 Un village chican-ostionoรฏde du stade 3 du Nรฉoindien rรฉcent
3 LโAPPORT DES GISEMENTS SAINT-MARTINOIS A LA PREHISTOIRE DES PETITES ANTILLES
3.1 REPARTITION SPATIALE ET CHRONOLOGIQUE DES GISEMENTS PRECOLOMBIENS CONNUS SUR LโILE
3.1.1 Le recensement des gisements
3.1.2 Une rรฉpartition diffรฉrentielle entre le nord et le sud de lโรฎle
3.1.3 Frรฉquence des gisements par pรฉriodes
3.2 UNE NOUVELLE VISION DU MESOINDIEN
3.2.1 Lโoccupation du territoire : aspects environnementaux et chronologiques
3.2.1.1 Contexte gรฉographique et gรฉomorphologique des implantations mรฉsoindiennes
3.2.1.2 Lโinfluence de lโenvironnement sur les dรฉpรดts anthropiques : les implications chronologiques
3.2.1.3 Lโimpact anthropique des communautรฉs mรฉsoindiennes sur le milieu naturel
3.2.2 Les spรฉcificitรฉs mรฉsoindiennes ร Saint-Martin : รฉtude diachronique et comparaisons rรฉgionales.
3.2.2.1 Les รฉconomies de production mรฉsoindiennes
3.2.2.2 Les moyens de subsistance
3.2.2.3 Des nomades des mers : les pratiques des communautรฉs mรฉsoindiennes
3.2.3 La dynamique du peuplement : origine des communautรฉs mรฉsoindiennes de Saint Martin……….189
3.2.4 La transition du Mรฉsoindien au Nรฉoindien ancien et le devenir des communautรฉs ortoiroรฏdes : intรฉgration ou disparition ?
3.3 LE NEOINDIEN ANCIEN : UN SCHEMA CULTUREL COMPLEXE
3.3.1 Les facteurs ร lโorigine de la migration des premiรจres colonies dโagriculteurs-potiers
3.3.2 Les spรฉcificitรฉs du Nรฉoindien ancien ร Saint-Martin : รฉtude diachronique
3.3.2.1 Evolution des productions cรฉramiques et adaptation au contexte fonctionnel des gisements
3.3.2.2 Lโoutillage lithique
3.3.2.3 Lโindustrie sur coquille
3.3.2.4 Les moyens de subsistance
3.3.2.5 Le statut des gisements et les modalitรฉs de lโoccupation du territoire
3.3.3 Le Nรฉoindien ancien : comparaisons rรฉgionales et implications culturelles
3.3.3.1 Le Huecan : aire de diffusion, spรฉcificitรฉs chronologiques et culturelles
3.3.3.2 Homogรฉnรฉitรฉ et uniformitรฉ du Cedrosan-saladoรฏde dans le nord des Petites Antilles
3.3.3.3 Lโextinction des sociรฉtรฉs cedrosan-saladoรฏdes : le facteur climatique
3.3.3.4 Le ยซ Melting Pot ยป du Nรฉoindien ancien
3.4 LE NEOINDIEN RECENT : LES IMPLICATIONS CULTURELLES DES TROIS STADES SAINT-MARTINOIS
3.4.1 Rupture culturelle et changement climatique
3.4.2 Le Nรฉoindien rรฉcent ร Saint-Martin : รฉtude diachronique
3.4.2.1 Les rรฉfรฉrentiels cรฉramiques saint-martinois : รฉvolution des productions
3.4.2.2 Les productions lithiques
3.4.2.3 Lโindustrie sur coquille
3.4.2.4 Lโexploitation du corail
3.4.2.5 Les ressources alimentaires carnรฉes
3.4.2.6 Lโoccupation du territoire : relations fonctionnelles entre villages et sites satellites spรฉcialisรฉs
3.4.2.7 Modes de vie au Nรฉoindien rรฉcent : ruptures et continuitรฉ
3.4.3 Le Nรฉoindien rรฉcent dans le contexte rรฉgional
3.4.3.1 Les traits communs avec les assemblages cรฉramiques rรฉgionaux
3.4.3.2 La transition du Nรฉoindien ancien au Nรฉoindien rรฉcent
3.4.3.3 Les problรจmes dโaffiliation gรฉoculturelle dans les Iles du Nord
3.4.3.4 Occupation du territoire et structure des communautรฉs
3.4.3.5 Le statut de Saint-Martin dans les Iles du Nord au Nรฉoindien rรฉcent
3.4.3.6 La frontiรจre gรฉographique entre lโOstionoรฏde et le Troumassoรฏde : une limite mouvante durant le Nรฉoindien rรฉcent
MUTATION DES SOCIETES PRECOLOMBIENNES DE SAINT-MARTIN : SYNTHESE ET PERSPECTIVES
Rรฉfรฉrences bibliographiques
Tรฉlรฉcharger le rapport complet