Les lémuriens de Madagascar, avec les trentaines d’espèces sont considérés comme un symbole unique de la faune malgache (Mittermeier et al .1994 ; Garbutt, 1999). Afin d’enrayer la déforestation, de préserver les animaux menacés et les paysages précieux, de sauver les ressources naturelles indispensables, le gouvernement colonial Français a ouvert les premiers Parcs Nationaux dès 1927. Aujourd’hui, on compte 46 aires protégées et ils couvrent 12% de la surface inhabitée du pays (ANGAP, 2001). A cause de ces lémuriens connus comme espèces phares ou porte fanion, certaines aires protégées ont été crées pour conserver des écosystèmes forestiers entiers. C’est dans ce contexte que la Station Forestière d’Antrema a été implanté dans la partie Nord Ouest de Madagascar. La station abrite la seule couverture forestière intacte de la péninsule de Katsepy. Les forêts hébergent la totalité des propithèques couronnés et autres lémuriens, sans négliger les mangroves, qui sont des endroits généralement considérés comme maudit dans les comptes et légendes malgaches mais qui cette fois hébergent les dieu Propithèques des Sakalava. Les ethnies de cette région vénèrent et protègent encore les lémuriens en considérant que leurs ancêtres lointains sont des descendants de ces animaux (Propithecus verreauxi coronatus). La station forestière d’Antrema est gérée par l’équipe du projet Pilote Bioculturel d’Antrema du Zoo de Vincennes (France) dont les objectifs sont de participer au développement de la région et la préservation de la nature. Puisque la zone d’occurrence des propithèques couronnés est très étroite uniquement dans la région de Katsepy ainsi que leur habitat ; c’est la raison pour laquelle le projet a décidé de protéger son habitat et faire différentes études sur la faune et la flore. La plupart des lémuriens se nourrissent de la cueillette des feuilles et des fruits. Donc, la vie des lémuriens est étroitement liée à l’existence de la forêt. De nombreux auteurs ont décrit les espèces végétales consommées par les lémuriens (Ganzhorn, 1985). La première étude systématique sur la composition du régime alimentaire des primates a été effectuée par Hladik (1978).
Station forestière d’Antrema
Mise en station
En octobre 2000, après 2 années d’échanges et de soutien inconditionnel de la part de cette communauté Sakalava et le concours des Ministères des Eaux et Forêts, de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur malgache, le Parc Zoologique de Paris a obtenu le classement, par arrêté ministériel du 13 octobre 2000, d’une zone en Station Forestière à Usages Multiples, à Antrema. Il en assure la gestion grâce à la convention établie entre le Ministère des Eaux et Forêts malgache et le Muséum National d’Histoire Naturelle. Le fonctionnement de la station est régi par le Projet Bioculturel d’Antrema dont les objectifs sont de participer au développement de la région et la préservation de la nature.
Situation géographique
La station forestière à usage multiple d’Antrema se trouve dans la partie ouest de Madagascar. Elle est comprise dans la juridiction administrative de la province autonome de Mahajanga entre 15°42 à 15°50 de latitude sud et 46°à 46°15 de longitude est (Gauthier, et al 1999) . Localement, elle correspond au Fokontany d’Antrema qui est limitée par le canal de Mozambique, l’estuaire de la Betsiboka au nord et par le delta de Mahavavy au sud. Elle est localisée à 12km de la ville de Katsepy. Ce Fokontany d’Antrema fait partie de la commune rurale de Katsepy, sous perfecture de Mitsinjo. Les limites du Fokontany d’Antrema sont précisément celle de la station forestière. La station forestière d’Antrema a une superficie de 12270 ha comportant 1000 ha de parc marin et 11270 ha sur terre ferme .
Milieu physique
Géologie
La géologie du milieu d’étude a été décrite et étudiée par Besairie (1975). Le milieu d’étude fait partie du bassin sédimentaire de Mahajanga. Il est constitué par une succession de formations monoclinales s’étendant du groupe de l’Isalo aux couches actuelles. Les plaines alluviales et les mangroves sont les éléments les plus marquants du paysage. Il faut y ajouter un grand développement des carapaces sableuses. La bande littorale est de nature sableuse, d’origine marine. Aux environs du phare se trouve une formation du Pliocène. Les terrains alluviales sont importantes et forment la vase de la mangrove. A partir du Maestrichtien, une série s’établit jusqu’au Lutétien supérieur. Des transgressions marines miocènes laissent des dépôts dans la région côtière à l’ouest de Mahajanga.
Sol
La carapace sableuse, largement prédominante (Besairie, 1972) est toujours rubéfiée avec en surface des sols très sableux, parfois poudreux ou la teneur en argile est très faible. Elle se rencontre généralement au sud du village d’Antrema. Les substrats sont généralement de type ferrugineux tropical de couleur rougeâtre. Une couche épaisse de sables blancs recouvre les formations géologiques et donne un sol très perméable aux eaux de pluies (Leclerc-Cassan, Gauthier, 2000). Ce qui favorise l’érosion de certains endroits dégradés et la formation de lavaka. Le littoral est surtout constitué par des sols halomorphes de mangroves, des sols hydromorphes à pseudopodes de nappe et de dunes. Aux environs du phare, les sols sont plus riches en oxyde de fer partiellement déshydraté et de structure cristalline (Duchaufour, 1960). Ils sont de type ferrugineux tropicaux provenant de l’horizon supérieur érodé qui a été durci par dessiccation. Des sols alluvionnaires caractérisés par des dépôts fluviaux se rencontrent le long de la rivière d’Ambatolafia. Les sols hydromorphes caractérisés par un engorgement temporaire ou permanent par l’eau forment une bande étroite entre les villagesd’Ambanjabe et d’Antsikiry. Les sols halomorphes prédominent dans les estuaires, avec une dominance des éléments fins.
Hydrologie
Hydrologie fluviale
La péninsule est parcourue par de nombreuses rivières dont 3 seulement portent un nom : Andranomasabo, Ambatolafia et Antsoherimasiba (Leclerc & Gauthier, 2000). Ces rivières se jettent toutes dans le canal de Mozambique. Certaines sont asséchées durant la saison sèche, et d’autres sont alimentées toute l’année. De plus, de petits lacs permanents dont le plus important est celui du Sahariaka se trouvent dans cette zone.
Hydrologie marine
La marée
La marée ou oscillation quotidienne de la mer se traduit par une montée et une descente du niveau marin (Dictionnaire des sciences de l’environnement, 1990). C’est également un mouvement oscillatoire du niveau de la mer dû à l’attraction de la lune et du soleil sur les particules liquides. La marée est dite de type semi diurne. Les eaux de la mer se soulèvent deux fois par jour au dessus de leur niveau moyen. Les marées déterminent l’installation des mangroves (Lebigre, 1991 in Ravololonanahary, 1996). Elles sont de deux types :
– les marées de vives- eaux ou « samonta » sont des marées de fortes amplitudes.
– les marées de mortes eaux ou « rano maty » sont à faible amplitude.
Leurs mouvements assurent l’irrigation périodique de l’écosystème et maintiennent un degré de salinité acceptable en renouvelant constamment les éléments nutritifs nécessaires à la croissance des plantes (Paskoff, 1986).
La houle
C’est l’agitation de la mer sous forme d’ondulation régulière, due à l’impulsion des vents. L’origine de cette houle est attribuée aux vents dominants du Nord–Ouest. C’est un des facteurs qui déterminent l’installation et le développement de la mangrove. On remarque aussi la forte turbidité de l’eau de mer au niveau des deltas et des estuaires.
Relief
Le relief est également dominé par les vastes plaines internes légèrement inclinées vers le canal de Mozambique et par une large bordure de vases à palétuviers. Il est caractérisé par des plateaux découpés à plusieurs endroits par des vallons et des ruisseaux (Randrianjafy, 1999). L’altitude varie de 0 à 86 m et la partie la plus élevée se trouve à l’est aux environs du phare. L’altitude ne dépasse guère les 20 m dans la partie ouest et elle s’abaisse progressivement vers la mer, avec des dunes bordières le long de la côte (Razafimahefa, 2001). Le paysage est relativement plat. En allant vers le nord se trouve une falaise de faible dénivellation attribuée aux phénomènes d’érosions .
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Table des matières
INTRODUCTION
I – MILIEU D’ETUDE
I-1 Station forestière d’Antrema
I-1-1 Mise en station
I-1-2 Situation géographique
I-1-3 Milieu physique
I-1-4-Climatologie
I-1-5 Faune et flore
II – SITE D’ETUDE
II-1 Mangrove
II-2 Forêt dense sèche
II-2-1 Forêt d’Ankoririaka
II-2-2 Forêt de Beakama
III – L’HOMME ET SES ACTIVITES
III-1 Milieu humain et dominance ethnique
III-2 Autorités administratives et spirituelles des villageois
III-3 Principales activités
IV- ESPECES ETUDIEES
METHODOLOGIE
I –ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
II- PERIODE D’ETUDE
III- RELEVE DES DONNEES
II-1 Prise de données sur les activités
II-2 Détermination des espèces végétales exploitées
II-3 Détermination du régime alimentaire
II- 4 Exploitation des strates
IV- METHODE D’ANALYSE ET TESTS STATISTIQUES UTILISES
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
ACTIVITES ET ALIMENTATION DE Propithecus verreauxi coronatus
I- RYTHME D’ACTIVITE
I-1 Activité générale
I-2 Activité journalière
I-2-1 Beakama
I-2-2 Ankoririaka
I-2-3 Mangrove
I-3 Variations saisonnières des rythmes d’activités
I-3-1 Activité générale
I-3-2 Activité journalière
II REGIME ALIMENTAIRE
II-1 Diversité de l’alimentation
II-1-1 Diversité au niveau des familles de plantes
II-1-2 Diversité spécifique
II-2 Parties exploitées
II-3 Variations saisonnières de la diversité de l’alimentation
II-3-1 Espèces végétales consommées
II-3-2 Parties exploitées
II- 5 Exploitation des strates verticales
ACTIVITE ET ALIMENTATION D’Eulemur mongoz
I –RYTHME D’ACTIVITE
I-1 Activité générale
I-2 Activité journalière
I-3 Variations saisonnières des rythmes d’activités
II- REGIMES ALIMENTAIRES
II-1 Diversité de l’alimentation
II-2 Parties exploitées
II-3 Variations saisonnières de la diversité de l’alimentation
II-4 Durée de l’alimentation
II-5 Exploitation des strates verticales de la forêt
DISCUSSIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES