MATERIELS BIOLOGIQUES
Les Chiroptères de Madagascar sont divisés en deux taxons : Mégachiroptères constitués par la Famille de Pteropodidae et Microchiroptères divisés en sept Familles. Les espèces de la présente étude appartiennent au groupe des Microchiroptères et se distinguent des autres groupes de chauves-souris par un museau légèrement allongé et émoussé. Les lèvres sont larges, ridées et charnues. La queue relativement longue dépasse l’uropataguim. La fourrure des orteils longue. Les oreilles qui se rejoignent partiellement ou totalement parun rabat de la peau (Goodman et al., 2010). Cette dernière caractéristique permet de différencier les genres, qui sont au nombre de huit pour les Molossidae. Les chauves-souris de la présente étude sont classées comme suit (Springer et al., 2001) :
Règne : ANIMALIA
Embranchement : VERTEBRATA
Classe : MAMMALIA
Ordre : CHIROPTERA
Famille : MOLOSSIDAE
Les recherches qui ont été déjà menées sur les espèces de la présente étude sont :
a. Chaerephon atsinanana : Des études effectuées par Goodman et al., 2010 ont permis de distinguer Chaerephon pumilus du Chaerephon atsinanana. Ce dernier est une espèce endémique de l’Est de Madagascar et ne se rencontre qu’à des altitudes comprises entre 10 et 1 000 mètres. Cette chauves-souris présente un pelage brun noirâtre sur le dos et brun sombre sur le ventre. La longueur du corps varie en moyenne entre 90 mm à 101 mm pour un pois de 17 grammes maximum. C. atsinanana possède des oreilles arrondies de taille moyenne soudées entre eux par une bande de peau. Exclusivement insectivore, c’est une espèce qui se nourrit principalement de Coléoptères, d’Hémiptères, de Lépidoptères et de Diptères (Andrianaivoarivelo et al, 2006). Les gîtes favoris des colonies sont les bâtiments : écoles,…
b. Mops leucostigma : Mops leucostigma est une espèce endémique de Madagascar et se rencontre jusqu’à 1 200 mètres d’altitudes (Ratrimomanarivo et al, 2008; Goodman et al., 2008). Le pelage de ce microchiroptère est brun grisâtre ou brunâtre sur le dos et beiges ou blancs sur le ventre. La longueur du corps varie en moyenne entre 103 mm à 126 mm pour un pois de 28 grammes maximum. Les oreilles de cette espèce sont arrondies, de taille moyenne, soudées entre eux par une large bande de peau qui se plie sur elle-même en formant un sac. Le régime alimentaire de Chaerephon atsinanana est identique au Mops leucostigma. Cette chauve-souris habite dans les zones agricoles et urbaines, à proximité des forêts : humides sempervirentes, de montagne, sèches caducifoliées. Les colonies occupent toutes sortes de gîtes : feuillage, trou dans le tronc d’un baobab, écorce d’un arbre, fentes et fissures de bâtiments. Cette espèce est classée préoccupation mineure (UICN, 2010).
c. Mormopterus jugularis : C’est la plus petite Molossidae endémique de Madagascar. En effet la longueur totale varie entre 88 mm à 102 mm avec un poids maximal de 17 grammes. Cette espèce est présente à des altitudes allant du niveau de la mer jusqu’à 1 750 mètres (Ratrimomanarivo et al 2009). Cette chauve-souris a un pelage brun à brun rougeâtre sur le dos et brun clair ou blanc sale sur le ventre. Les oreilles ne sont pas soudées. Strictement insectivore, la diète est composée par les insectes de l’Ordres des Coléoptères et des Hémiptères (Andrianaivoarivelo et al, 2006). Les colonies se rassemblent généralement dans les fissures des rochers, les grottes et les bâtiments. Mormopterus jugularis est classée préoccupation mineure (UICN, 2010).
Activités agricoles
L’agriculture constitue l’activité principale de l’ensemble de la région d’étude. Les conditions agro-climatiques et humaines permettent une vaste gamme de cultures. L’objectif principal des paysans est la sécurisation alimentaire. Dans de nombreux cas, cet objectif n’est pas atteint à cause de l’insuffisance de la production. En générale l’insuffisance de la production résulte de trois facteurs: la fertilité du sol, l’insuffisance des intrants agricoles, le niveau de technicité et les prédateurs. D’après les investigations, les intrants utilisés par les agriculteurs sont de deux types : (i) les engrais chimiques (azote, phosphore, potassium), (ii) les engrais biologique ou naturels (fumier, compost, guano). Il est important de relater que les paysans ont élaboré une technique d’utilisation efficace des déjections de chauves-souris. Les crottes sont mélangées avec un engrais vert ou de la matière organique végétale (fumier, compost …) afin d’éviter le lessivage de l’azote et compléter l’apport en phosphore et potasse (exemple : 50 kg de guano + 250 kg de fumier pour amender 0,5 Ha de rizière). La riziculture est la principale activité de la population. Mais les cultures maraîchères se sont développées ces dernières années. Bien que de faible superficie, les légumes assurent l’approvisionnement de la ville de Moramanga et de ses environs. Ils concernent surtout les légumes feuilles: petsaï, choux et légumes à fruits: tomates, haricot vert….
Protection des cultures maraîchères
Pour obtenir un rendement le plus élevé et des produits de meilleure qualité possible, la population locale utilise plusieurs techniques pour lutter contre les ravageurs et les maladies. Toutefois, une partie de paysans restent passive et n’utilise aucune de ces méthodes. Les différents types de méthodes sont :
Lutte traditionnelle ou protection non chimique : adopte un traitement purement biologique des cultures en utilisant les matières premières comme la grande consoude (Symphytum officinale uplandicum), le piment (Capsicum frutescens),…. Les agriculteurs fabriquent des insecticides à l’aide de produits naturels.
Lutte agronomique : les dates de semi ou de récolte sont avancées ou retardées. La période propice aux attaques des ravageurs ne coïncide pas avec le développement de la plante. La rotation de culture et l’association des cultures sont aussi pratiquées pour limiter les agressions dans les cultures.
Lutte chimique : les pesticides utilisés sont : Décis 25 EC, Karaté 5 EC, Nuvan 1000 EC, Dithane M 45, Ultracide 40 EC et DDT. Pour toute la région Alaotra – Mangoro, les surfaces traitées sont respectivement 11,4 Ha (2001), 10 Ha (2002) et 13,5 Ha (2003) (CIR DR, Moramanga, comm. pers.).
La majorité des paysans laisse leur culture sans protection contre les ravageurs. Les procédés traditionnels et agronomiques sont adoptés par 48% des agriculteurs. Moins de 10% des paysans pratiquent la lutte chimique. La raison évoquée est le prix élevé des pesticides. Les produits bons marchés comme le DTT et le Nuvan représentent 63,1% des achats des agriculteurs ; tandis que les autres produits comme le Dithane et l’Ultracide sont moins utilisés avec un taux respectif 5,7% et 5,2%. Le Décis et le Karaté constituent moins de 25% des produits chimiques utilisés. Environ 2,6% des produits phytosanitaires achetés sont indéterminés. Ce sont donc des produits douteux.
Analyse du Régime alimentaire de Chaerephon atsinanana
Dans les échantillons analysés, six (06) taxons ont été déterminés. La proportion de volume est dominée par les Coléoptères (61,4%). Les Hemiptères, les Lépidoptères, et les Diptères (Tipulidae) constituent 31% du régime alimentaire. Les Hyménoptères et les Orthoptères apparaissent en très faible proportion. La fréquence de capture des Lépidoptères et des Diptères ne présente aucune variation (14,5%). L’absence des Trichoptères dans le régime alimentaire de Chaerephon atsinanana est constatée. Les Familles identifiées sont : Carabidae, Alleuculidae, Histeridae, Scarabeidae et Trogossitidae (Coléoptères), Cicadelidae et Nabidae (Hémiptères), Tipulidae (Diptères).
RECOMMANDATIONS
Des améliorations doivent être apportées au point de vue méthodologie. Afin d’obtenir une liste plus exhaustive des insectes présents dans le milieu d’étude, les techniques de piégeage à l’aide des pièges malaises et des bacs pièges doivent être utilisés et disposés dans divers milieux et en tenant compte des différents types d’habitat et de l’altitude. Pour l’étude des Chiroptères, nous recommandions de combiner la capture et la détection ultrasonore sont deux méthodes complémentaires.
La capture au filet devant le gîte nécessite une extrême prudence lors des manipulations. Le filet japonais peut être utilisé sur tout type de milieux.
L’écoute ultrasonore est la méthode la plus communément admise pour l’inventaire des Chiroptères en forêt (Bernard, 2002; Cohez, 2002; Néri, 2002; Tillon, 2002a, b; Evin et al., 2005; Jay et Tupinier., 2003; Issartel, 2006; Fauvel, 2007a, b; Le Houedec, 2007).
Des mesures adéquates sont nécessaires pour protéger ces Chiroptères. La population autochtone continue toujours de décimer les chauves-souris, malgré les lois et réglementations. L’ensemble des mesures vise à:
• Protéger : gîtes, terrains de chasse, espèces
• Améliorer les connaissances : biologie, écologie
• Informer et sensibiliser : établissements scolaires, population locale.
Ces axes correspondent aux sept aspects essentiels de la conservation des Chiroptères (Benjamin, 2009 ; Muller et al., 2010 ) :
Concevoir des solutions à long terme pour la conservation des Chiroptères
Protéger un réseau de gîtes favorables aux chiroptères
Préserver les milieux de chasse des chauves-souris
Améliorer la connaissance des espèces
Centraliser, partager et diffuser les connaissances existantes
Encourager la participation active à la conservation des Chiroptères
Sensibiliser la population locale
En général, la population locale manque d’informations, d’où les méconnaissances et les nombreuses préjugées. La préservation des chauves-souris doit passer par l’information du public et sa sensibilisation, c’est-à-dire Informer Eduquer Communiquer (IEC). Actuellement, les chauves-souris sont encore perçues comme des animaux maléfiques qui suscitent une très grande peur et une forte répulsion, tout simplement par méconnaissance (MacKinnon et al., 2003). Parmi les divers scénarios possibles en faveur des Chiroptères, nous choisissons deux programmes parmi tant d’autres.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
LISTE DES GLOSSAIRES
LISTE DES ACRONYMES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DES SITES D’ETUDES
I.1. SABOTSY – ANJIRO
I.1.1. Milieu physique
I.1.2. Milieu biotique
I.1.3. Milieu humain
I.1.4. Aspects socio-économiques
I.2. MANJAKANDRIANA
I.2.1. Milieu physique
I.2.2. Milieu biotique
I.2.3. Milieu humain
I.2.4. Aspects socio-économiques
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
II.1. MATERIELS BIOLOGIQUES
II.1.1. Chaerephon atsinanana
II.1.2. Mops leucostigma
II.1.3. Mormopterus jugularis
II.2. METHODES D’ETUDES
II.2.1. Etudes préliminaires
II.2.2. Enquêtes
II.2.3. Collectes de données
II.2.4. Traitement et analyse des données
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. RESULTATS D’ENQUETES
III.1.1. Activités agricoles
III.1.2. Types de ravageurs
III.1.3. Protection des cultures maraîchères
III.1.4. Conservation des Chiroptères
III.2. RESULTATS D’INVENTAIRE D’INSECTES
III.2.1. Indices écologiques de composition
III.2.2. Indices écologiques de structure
III.3. EFFORT DE CAPTURES DE CHIROPTERES
III.4. ETUDE DU REGIME ALIMENTAIRE DES MICROCHIROPTERES
III.4.1. Analyse du Régime alimentaire de Chaerephon atsinanana
III.4.2. Analyse du Régime alimentaire de Mops leucostigma
III.4.3. Analyse du Régime alimentaire de Mormopterus jugularis
III.4.4. Sélection alimentaire par les Chiroptères
III.4.5. Taux de prédation
III.4.6. Présentation de quelques fragments identifiés dans la diète des Chiroptères
III.4.7. Analyse statistique du régime alimentaire
III.5. MENACES SUR LES CHAUVES-SOURIS
III.6. ETUDE PAYSAGERE
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1. DISCUSSIONS SUR LA METHODOLOGIE
IV.1.1. Enquête socio-économique
IV.1.2. Inventaire des insectes
IV.1.3. Particularités des insectes capturés
IV.1.4. Capture des Chiroptères
IV.2. DISCUSSION SUR LE REGIME ALIMENTAIRE DES CHIROPTERES
IV.2.1. Particularité des insectes consommés
IV.2.2. Etude paysagère
IV.3. ROLES ECOLOGIQUES ET ECONOMIQUES
IV.3.1. Production de guano
IV.3.2. Insecticide naturel
IV.4. MICROCHIROPTERES ET INSECTES POLLINISATEURS
IV.5. MENACES SUR LES CHIROPTERES
IV.6. RAPPEL SUR LA LEGISLATION ET LE STATUT DE CONSERVATION
IV.6.1. Loi et Réglementation
IV.6.2. Statut de conservation
IV.7. RECOMMANDATIONS
IV.7.1. Programme de radio
IV.7.2. Campagne d’animation
IV.8. PERSPECTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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