ROLES DU VETERINAIRE EN SITUATION DE CATASTROPHE ENVIRONEMENTALE

ROLES DU VETERINAIRE EN SITUATION DE CATASTROPHE ENVIRONEMENTALE

Le vétérinaire face aux inondations : un expert en faune sauvage et un clinicien

On parle d’inondation quand les eaux se trouvent à l’étroit dans le lit mineur (lieu de circulation habituelle du cours d’eau) et quand ces eaux gagnent le lit majeur (appartenant à la rivière, mais occupé seulement en cas de crue). Les conséquences des inondations sont bien évidemment d’abord les pertes humaines, les dégâts matériels, ainsi que les pertes animales. Les animaux peuvent périr soit noyés soit du fait des dégâts matériels. À la suite d’une inondation, se pose le problème de l’eau potable pour l’homme mais aussi pour les animaux (de compagnie, de rente, sauvages). En cas d’inondation, différents vétérinaires sont sur le pied de guerre : les services vétérinaires de la DDAF, mais aussi tous les vétérinaires praticiens (considérés parfois comme des secouristes ou des auxiliaires de santé…). Le vétérinaire sapeur-pompier possède un rôle tout particulier. Devant l’ampleur des catastrophes et les dégâts humains et matériels bien souvent énormes, on ne s’intéresse aux animaux sauvages qu’après la catastrophe, après le sauvetage des hommes, des animaux de compagnie et des animaux de rente. C’est alors que les animaux sauvages deviennent des animaux sentinelles, d’une importance particulière pour le suivi des conditions du milieu. La collecte des cadavres d’animaux sauvages retrouvés pourra permettre la réalisation d’autopsie et d’analyse en vue d’identifier la potentielle diffusion de toxiques par les eaux de crue. La surveillance des animaux sauvages vivants ainsi que l’analyse de leur comportement feront aussi d’eux des animaux indicateurs de l’état sanitaire de la faune sauvage (voir le paragraphe sur les espèces sentinelles). Pour les animaux que l’on pourrait capturer des soins pourront bien évidemment être effectués.

Le vétérinaire clinicien en cas de risque chimique : un professionnel de santé
Les catastrophes

François Ramade définit les pollutions comme toute action par laquelle l’homme dégrade la biosphère, soit en créant des polluants, soit en augmentant la fréquence de ceux qui existent naturellement. Leur histoire suit fidèlement les progrès technologiques de l’homme et l’urbanisation accélérée.L’Organisation Mondiale de la Santé définit un désastre comme étant un « bouleversement écologique qui dépasse les capacités d’ajustement de la communauté atteinte ». Il y a les désastres naturels et ceux causés par l’homme, ceux qui surviennent brutalement et ceux qui apparaissent progressivement. Les catastrophes chimiques aiguës ou pollutions aiguës sont des pollutions accidentelles occasionnelles. Plusieurs phases peuvent être identifiées dans le cadre d’une catastrophe ([64], [52] et [123]) : l’inter-désastre ou phase silencieuse est la période de prévention des catastrophes. On établit notamment des cartes de risques, l’inventaire des ressources, ainsi que la planification des actions à accomplir en cas de désastre à partir des scénarii d’accident décrits par les industriels dans les Plans d’Opérations Internes (POI) et contrôlés par la DRIRE. La période de pré-impact est celle où il faut prendre les décisions, savoir si on lance une alerte. La phase d’impact est celle de destruction du milieu. Pour le risque chimique, il s’agit de la diffusion de manière plus ou moins brutale d’un produit dangereux dans l’environnement. Vient ensuite la phase de l’urgence, avec le secours aux victimes, puis celle de la réhabilitation et de la construction.

Exemple des dioxines et de la catastrophe de Seveso en 1976 

Au cours de l’accident de Seveso, les services vétérinaires italiens s’étaient fortement impliqués de deux façons : – des mortalités anormales de lapins avaient été observées sur les secteurs concernés ainsi que des troubles généraux et notamment respiratoires sur les bovins. – les niveaux de TCDD1 devaient être suivis dans les denrées d’origine animale, notamment le lait, afin de garantir la consommation sans risque pour les populations.
La TCDD est l’un des plus violents poisons connus, dont l’absorption se fait par voie digestive, pulmonaire ou cutanée. L’un des effets toxiques chez l’homme est la chloracné (dermatose avec hyperkératose des follicules sébacés, à l’origine de kystes et de comédons avec une métaplasie squameuse des glandes sébacées). Le délai entre l’exposition et les manifestations cliniques varie de quelques jours à quelques mois selon le taux de contamination. Les dioxines ne devraient pas exister dans les produits commercialisés, mais elles sont présentes dans l’environnement quand elles accompagnent certains herbicides, sous forme d’impuretés, ou quand elles sont relarguées accidentellement dans l’atmosphère sur un site de combustion, par exemple de déchets ménagers. Le vétérinaire peut ici être vu soit comme un réparateur des dommages causés aux animaux par les catastrophes industrielles, soit comme un professionnel de santé émettant des suspicions et réalisant des prélèvements adéquats, sur les animaux morts, utiles aux autres professionnels de santé.

Le vétérinaire membre d’un réseau de professionnels de santé garants de la sécurité civile

Le concept de sécurité civile ([58, 119]) pose un problème de sémantique : il représente à la fois les résultats d’actions de prévention et de secours, mais aussi l’institution qui en a la charge. La loi n°87-565 du 22 Juillet 1987 relative à l’organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l’incendie et à la prévention des risques majeurs, nous en donne la plus récente définition : la sécurité civile a pour objet la prévention des risques de toute nature ainsi que la protection des personnes, des biens et de l’environnement contre les accidents, les sinistres et les catastrophes. A la fois large et précise, cette définition mérite un regard vétérinaire. Il s’agit de guérir autant que de prévenir. Concernant les problèmes de l’environnement, même s’il n’a pas de monopole dans ce domaine, le vétérinaire contribue à un éclairage technique pertinent par ses connaissances globales du milieu en matière d’élevage symbolisées dans le tétraèdre zootechnique. Le vétérinaire apparaît clairement comme expert en matière d’animaux vivants et de cadavres.
Lors d’accident aigu, les manifestations sont souvent brutales ([72]) : mortalités massives de poissons, d’oiseaux… Lors d’accidents causés par des éléments cumulatifs, les manifestations sont souvent progressives (fluorose ou molybdenose chez les ruminants) mais prennent parfois un caractère aigu (intoxication par le plomb chez les bovins, par le cuivre chez les bovins ou les ovins). Les effets sub-cliniques, à long terme, notamment sur la reproduction, ou au niveau génétique (cancérogénèse), peuvent également être étudiés chez les animaux. Dans certaines pollutions, les risques sont à la fois à court et à long terme (exemple des pollutions par les hydrocarbures).

Table des matières

SOMMAIRE
GLOSSAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I. LES INSTITUTIONS IMPLIQUEES DANS LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : SOURCE D’EMPLOI POUR LES VETERINAIRES ?
CHAPITRE 1. ORGANISATION ET HISTOIRE DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES, EUROPEENNES ET FRANÇAISES OEUVRANT DANS LE DOMAINE DE L’ENVIRONNEMENT
I. Les structures internationales
A. L’ONU (Organisation des Nations Unies) et ses institutions spécialisées
B. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses ressources (UICN)
C. L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques)
II. Les structures européennes
A. L’Union Européenne
B. Le Conseil de l’Europe
C. La Commission Européenne
III. Les structures françaises
A. Au niveau central
B. Au niveau local
1. La déconcentration
2. Les collectivités décentralisées
CHAPITRE 2. MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE : NIVEAUX CENTRAL ET REGIONAL
I. Ministère en charge de l’environnement : création, rôle, missions, organisation
II. DIREN et DRIRE
A. DIREN (Direction régionale de l’environnement)
B. DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie et de l’Environnement)
CHAPITRE 3. LES INSTITUTIONS PARALLELES
I. Institutions sous la tutelle du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (MEDD)
A. Institut Français de l’Environnement (IFEN)
B. Institut National de l’Environnement et des Risques industriels (INERIS)
C. Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (CELRL)
D. Le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP)
E. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS)
F. Agences de l’eau
G. Parcs Nationaux
II. Institutions sous la co-tutelle de plusieurs ministères
A. Agence De l’Environnement pour la Maîtrise de l’Energie (ADEME)
B. Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA)
C. Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
1. Expertise et recherche
2. Contrôle et expertise séparés
D. Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN)
1. Un nouveau départ
2. Un appui aux politiques publiques
3. Des missions nationales
E. Office National des Forêts (ONF)
F. Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale et Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments
2. AFSSA
G. Autres organismes
CHAPITRE 4. AUTRES MINISTERES CONCERNES
I. Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, et des Affaires Rurales (MAAPAR)
II. Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche
III. Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie
IV. Ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées
PARTIE II. LES ROLES ET INTERVENTIONS DU VETERINAIRE DANS L’ENVIRONNEMENT : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1. ROLES DU VETERINAIRE EN SITUATION DE CATASTROPHE ENVIRONNEMENTALE
I. Le vétérinaire face aux inondations : un expert en faune sauvage et un clinicien
II. Le vétérinaire clinicien en cas de risque chimique : un professionnel de santé
A. Les catastrophes
B. Exemple des dioxines et de la catastrophe de Seveso en 1976
C. Le vétérinaire membre d’un réseau de professionnels de santé garants de la sécurité civile
III. Le vétérinaire sapeur-pompier : un expert du monde vivant
A. Les vétérinaires sapeurs-pompiers (VSP) en France
B. Le vétérinaire sapeur-pompier et le risque chimique
C. Le vétérinaire sapeur-pompier et les dangers radioactifs
CHAPITRE 2. ROLES DU VETERINAIRE DANS L’EVALUATION ET LE SUIVI DE LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS
I. Le vétérinaire toxicologue et la sensibilité des espèces aux polluants : un expert-analyste chercheur ou enseignant-chercheur
II. Le vétérinaire pour la détermination et le suivi des espèces sentinelles : un expert en épidémiologie
A. Bref historique
B. Caractéristiques d’un système d’animaux utilisés comme sentinelles
1. Une sentinelle devrait habiter un territoire qui chevauche la région de l’étude
2. La population d’une espèce utilisée comme sentinelle doit être d’une taille et d’une densité suffisante pour permettre l’énumération
3. Une sentinelle devrait être facile à recenser et à capturer
4. Une espèce sentinelle devrait manifester une ou des réponses à l’agent d’intérêt ou à la classe d’agents (incluant l’accumulation de résidus au niveau des tissus)
C. Exemples
1. Radioactivité
2. Les organochlorés (DDT = dichloro-diphénol-trichloréthane)
3. Les polychlorobiphényls (PCB)
III. Rôle des vétérinaires biologistes du Service de Santé des Armées
A. Missions
3. Les vétérinaires et l’environnement
B. Accès au poste
CHAPITRE 3. ROLE DU VETERINAIRE DANS LE DOMAINE DE LA FAUNE SAUVAGE : SOINS ET PROTECTION
I. Soins à la faune sauvage : vétérinaire clinicien libéral ou en centre de soins
A. Vétérinaire libéral
B. Les centres de soins de la faune sauvage
II. Vétérinaire et conservation de la faune sauvage : un expert clinicien et expert en biologie de la conservation
A. Les vétérinaires de parcs zoologiques et la protection de l’environnement
1. Histoire des parcs zoologiques
2. Les différentes missions des parcs zoologiques aujourd’hui
3. Place et rôles des vétérinaires dans ce contexte
a. Présence d’un besoin particulier dans la gestion des parcs zoologiques : le vétérinaire
b. Rôles actuels des vétérinaires de parcs zoologiques
B. Inspecteur de la Santé Publique Vétérinaire (ISPV), convention de Washington et certificat de capacité
1. Les annexes
2. Règlements européens d’application de la CITES
3. Certificat de capacité
CHAPITRE 4. LE VETERINAIRE ET LES NUISANCES ANIMALES
I. Animal de compagnie
A. Les déjections canines
B. Les nuisances
1. Le bruit
2. Autres nuisances
3. Activité vétérinaire et environnemen
II. Animaux de rente
A. Vétérinaire libéral : un expert conseiller
1. L’élevage et l’environnement
2. Les implications possibles du vétérinaire praticien
B. Inspecteurs de la Santé Publique Vétérinaire (ISPV) chargés des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) : une mission de conseil et de police
1. Statut et missions des ISPV
a. Recueil de citations à propos de ce nouveau statut et de la redéfinition des missions
b. Les missions des ISPV
2. Les ISPV et les ICPE
CHAPITRE 5. VETERINAIRE, POLITIQUE ET ENVIRONNEMENT
PARTIE III. LES ROLES ET INTERVENTIONS DU VETERINAIRE DANS L’ENVIRONNEMENT : RESULTATS D’ENQUETE PERSONNELLE
CHAPITRE 1. METHODOLOGIE DE L’ENQUETE
I. But et principe de l’étude
II. Population cible et population étudiée
III. Questionnaire
IV. Organisation temporelle
V. Traitement des données
VI. Tests et méthodes statistiques utilisés
CHAPITRE 2. PRESENTATION DES VETERINAIRES
I. Sexe
II. Age
III. Ecole d’origine
IV. Région géographique
CHAPITRE 3. EMPLOI ACTUEL DANS LE DOMAINE DE L’ENVIRONNEMENT
I. Structure d’accueil
II. Place au sein de la structure et missions
A. Statut et grade au sein de la structure
Grade occupé
B. Mission dans le domaine de l’environnement
C. Choix de cet emploi
D. Travail en équipe
E. Autre travail ou activité des vétérinaires
III. Relations avec l’extérieur
A. Relations avec le grand public
B. Relations avec les éleveurs
C. Relations avec les vétérinaires
D. Relations avec d’autres organismes
IV. Salaire
V. Avantages et inconvénients du métier des vétérinaires interrogés dans le domaine de l’environnement
VI. Emploi par rapport à la formation vétérinaire
VII. Avenir Professionnel
CHAPITRE 4. PARCOURS SCOLAIRE ET PROFESSIONNEL
I. La scolarité
A. CPGE
B. Passage par l’université
C. But poursuivi à l’entrée des ENV et changements éventuels
1. Buts à l’entrée du cursus
2. Une différence homme-femme ?
3. Changement de projet ?
a. Effectifs
b. Qualification et raisons du changement
c. Moment du changement
D. Volonté de travailler dans l’environnement
1. Répartition
2. Moment d’apparition de la volonté de travailler dans le domaine de l’environnement
3. Motivations pour travailler dans l’environnement
E. Travail au cours des études dans le domaine de l’environnement
II. Formation en plus du cursus de l’école
A. Nombre d’années de formation en plus des années de scolarité à l’école vétérinaire
B. DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies)
C. DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées)
D. Autre diplôme d’un an
E. ENSV
F. Place de ces diplômes dans la carrière professionnelle
III. Parcours professionnel global
CHAPITRE 5. CONCEPTIONS DE L’ENVIRONNEMENT
I. Définition de l’environnement
II. Place du vétérinaire dans l’environnement
A. Atouts et limites des vétérinaires
5. Les vétérinaires et l’environnement
B Formation à conseiller
C. Avenir des métiers de l’environnement
D. Places que pourraient occuper les vétérinaires
E. Future place des vétérinaires dans le domaine de l’environnement
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXES

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