ROLES DES OUVRAGES HYDRAULIQUES DANS LA PRODUCTION RIZICOLE

Les quatre grands types d’aménagements

                Différents types d’aménagement coexistent dans la plaine. A coté des grandes infrastructures qui ont fait la réputation rizicole de l’Alaotra , se trouvent de petits périmètres traditionnels reposant sur des aménagements réduits (petits barrages par exemple), des périmètres familiaux de quelques hectares à aménagement sommaire (quelques canaux avec prise sur un cours d’eau, voire même de simples diguettes visant à recueillir les pluies). On distingue ainsi quatre grands types de périmètres rizicoles, qui disposent de conditions d’irrigation différentes.
• Les grands périmètres irrigués par prise au fil de l’eau comme l’Anony (8 900 ha irrigués à partir de la rivière du même nom) et le PC523 (11 300 ha irrigués à partir de la Sahabe). Ces deux rivières, issues des plus grands bassins versants de la région, bénéficient de débit d’étiage suffisant pour d’assurer une préirrigation et permettre des labours précoces. Cependant, ces débits restent insuffisants pour assurer les apports d’eau en contre saison. Localement, il peut y avoir des difficultés d’irrigation : Sur le PC23, par exemple, des tassements sur sols tourbeux ont modifié le bon fonctionnement des réseaux.
• Les grands périmètres irriguées à partir de retenues. Les deux plus grands périmètres sont le PC15 (2 800 ha irrigués à partir d’une retenue de 17 million de m3) et Sahamaloto (6 300 ha à partir d’une retenue de 26 millions de m3). Mais on trouve de plus petits périmètres irrigués à partir de petits ouvrages. La maîtrise de l’eau dépend alors de la relation superficie du bassin versant-superficie du périmètre-capacité de la retenue pluviométrie. Or, l’érosion des bassins versants s’accompagne d’un comblement progressif des réservoirs (et donc de la diminution de la capacité des ouvrages), ainsi que de la dégradation des réseaux. Les lâchers d’eau précoces des réservoirs, risquant de provoquer l’épuisement des réserves ou d’abaisser de façon trop importante le plan d’eau en dessous des seuils de prise, ne peuvent être réalisés que pour de très faibles volumes. Les préirrigations (irrigation avant l’arrivée des pluies) sur ce type de périmètres sont donc très difficiles. L’irrigation en début de saison dépend donc de la pluviométrie. De même, il est exclu d’entamer ces réserves pour l’irrigation de contre saison.
• Les périmètres traditionnels bénéficient d’aménagements simples, le plus souvent par prise au fil de l’eau. Quelques uns bénéficient de petits ouvrages de retenue. Ils couvrent près de 12 470 ha, pour l’essentiel situés aux débouchés des versants. La maîtrise de l’eau varie en fonction de l’étendu des bassin versants, de la nature des aménagements et du type de sol, mais leurs localisations les rendent particulièrement sensibles aux risques d’inondations brutales et aux ensablements. Ces rizières sont ainsi soumises à deux types de problèmes majeurs : insuffisance d’eau au moment de la mise en place des cultures et excès d’eau lors des crues en périodes de tallage/mont .
• Le hors maille sans aménagement. Il est constitué pour la plus grande partie des zones aval des aménagements soumises à la remontée des eaux du lac et donc sensibles aux inondations. La hauteur de la crue et les superficies touchées sont néanmoins variables chaque année. Mais, la riziculture peut être pratiquée hors de tout aménagement dans les zones amont. L’alimentation hydrique se fait alors sur nappe ou en pluvial strict. Mais il est courant d’avancer qu’environ la moitié des surfaces cultivées à Madagascar bénéficie d’une forme de maîtrise de l’eau. En réalité, faute d’inventaire précis des superficies et de leur mode d’alimentation en eau (irrigation, pluvial, décrue etc.), il est tout à fait hasardeux de s’aventurer sur ce terrain statistique. Les seules données à peu près fiables concernent les périmètres ayant bénéficié ou bénéficiant d’une intervention de l’Etat, c’est à dire les zones classées par la D G R :
– les GPI, d’une superficie cultivable supérieure à 3 000 ha, dont les principales infrastructures ont été créés par l’Etat. Les GPI représentent actuellement 78 000 ha équipés dont les 30000ha dans la région d’Alaotra.
– les P I ont une superficie qui varie entre 50 et 3 000 ha. 376 périmètres sont classés PPI ; l’Etat est intervenu dans la création et dans la gestion de ces périmètres. Ces PPI représentent actuellement 167 000 ha. Le G R classe les autres surfaces aménagées par les paysans en MPI en PF qui représentent 1millions d’hectares plusieurs milliers de périmètre sont des aménagements paysannes

Un climat à deux saisons contrastées

                  La région de l’Alaotra bénéficie d’un climat tropical humide, tempéré par l’altitude. La température moyenne annuelle est de 20 °C environ, avec une moyenne des maxima de 26- 27° C et une moyenne des minima de 14 °C. La saison des pluies (fahavaratra) chaude où tombent plus de 90 % des précipitations dans la cuvette, s’étend de novembre à mars. Elle est suivie d’une saison froide et sèche d’avril à octobre (ririnina) ou contre-saison. Ainsi, de juin à août, les températures moyennes varient autour de 17 °C et les températures nocturnes peuvent descendre brutalement en dessous de 15 ° C. Pour des floraisons à la fin avril, les risques de stérilité des épillets sont importants On distingue donc une saison principale de culture correspondant à la saison des pluies et une contre saison pendant laquelle l’alimentation hydrique des cultures ne pourra être assurée que par l’irrigation. Mais, cette contre saison est caractérisé par des températures relativement faibles pouvant affecter la vitesse de développement des plantes.

La bonne maitrise de l’eau ; Stratégies foncières spéculatives ou de régulation  de la production?

                 Si la variabilité de répartition hydrique des parcelles est grande entre exploitations en fonction des conditions locales, des opportunités individuelles ou de l’évolution des exploitations, des stratégies d’implantation privilégiées se dégagent donc selon le fonctionnement des exploitations. L’appropriation de la bonne maîtrise de l’eau par une classe sociale ne doit pas surprendre dans cette société ou la gestion de l’eau est individuelle. Rollin (1994) relève une structuration semblable de la répartition des parcelles dans les HautesTerres centrales de l’ile. Mais, par les biais des jeux de faire valoir, elle persiste en dépit des aménagements et des importantes redistributions foncières opérées. De ce fait, le contrôle de la production par la sécurisation (relative) de l’eau ne concerne qu’une frange privilégiée d’exploitations. Elle est alors souvent associée à des stratégies foncières purement spéculatives d’extension du domaine rizicole dans les zones inondables : si les rendements sur ces rizières peuvent être élevés lorsque la crue n’est pas trop forte, ils sont souvent nuls les autres années. D’autres parts, Teyssier (1994) a montré que la course au foncier dans les marais correspondait également à un pari réalisé sur l’aménagement futur de ces zones. Ces stratégies spéculatives se retrouvent dans les exploitations de notables et doubles actifs permanents qui capitalisent dans le foncier sans avoir la main d’œuvre disponible pour mettre toutes ces surfaces en valeur. Les exploitations de « Gros-riziculteurs » jouent quant à eux sur la diversification des risques sur différentes parcelles de milieux différents. En revanche, les exploitations défavorisées n’ont pas d’opportunités à long terme en rizières bien servies en eau. Pour les jeunes de familles intermédiaires, les stratégies foncières visent à étendre les surfaces riz cultivées au fur et à mesure de la croissance familiale et à mettre en valeur une fraction de leur sole en bonne maîtrise de l’eau. Pour ce faire, ils s’appuient sur l’importance du foncier familial et des relations d’entraide en équipement. Les métayers n’ont que des perspectives limitées de maîtrise du foncier à bonne maîtrise de l’eau. Certaines opportunités locales apparaissent cependant comme l’impact d’une réhabilitation ou les facilités obtenues par l’intervention d’un projet de développement. Pour faire face à l’augmentation des besoins en paddy avec le nombre de personnes à charge, les paysans de l’Alaotra cherchent d’abord à étendre le noyau foncier de l’exploitation. Les évolutions s’appuient sur les processus d’appropriation foncière, d’héritage, d’achat70 (plus ou moins licite) mais aussi de faire valoir indirect (métayage et location). Cette analyse souligne donc l’importance du faire valoir indirect dans l’évolution des exploitations. Mais ces opérations foncières mettent également en jeu des stratégies de régulation de la production par le contrôle de l’eau, diversifiées selon le fonctionnement des exploitations. Contrôle par une implantation en bonne maîtrise de l’eau, diversification dans des gammes de milieux hydriques variées, spéculation sur les risques hydriques sont autant de stratégies différentes que l’on retrouve dans les exploitations paysannes de l’Alaotra. En somme les riziculteurs de l’Alaotra doivent gérer leurs rizières dans un environnement turbulent soumis à différents niveaux de risques et d’incertitudes. Aléas hydriques, versatilité des appuis au secteur rizicole, fluctuations des prix et de la disponibilité en intrants, dégradation rapide des infrastructures, insécurité rurale constituent autant d’éléments auxquels doivent faire face ces agriculteurs depuis plusieurs décennies. Cette situation n’est pas donc pas nouvelle et au fil du temps, ces paysans aux ressources limitées ont développé des stratégies adaptatives pour réguler la production. La superficie rizicultivée demeure le premier facteur d’assurance de la production et l’enjeu foncier domine dans les stratégies de régulation à moyen terme. Seule une petite fraction des riziculteurs parvient à contrôler la production par la maîtrise hydrique, tandis que d’autres choisissent des options foncières plus spéculatives ou diversifient les risques sur des parcelles de sensibilité différente. Ces stratégies foncières, au sein d’une société fortement hiérarchisée, se traduisent donc par une différenciation d’accès à l’eau en dépit des prétentions égalitaires de la société d’aménagement. Celle-ci avait pourtant permis l’émergence de petits agriculteurs autonomes, qui se juxtaposaient aux formes traditionnelles d’exploitation. La prise en compte de la dimension historique souligne le renouvellement de ces modèles d’exploitation dans un contexte de saturation foncière. Ils évoluent désormais vers la pluriactivité et la mise en valeur des tanety8. Ces nouvelles orientations posent cependant de nouveaux enjeux pour le développement. L’extension mal contrôlée des cultures en tanety favorise en effet les phénomènes d’érosion et donc la dégradation en amont des infrastructures hydrauliques. Elle s’accompagne également d’une remise en question des systèmes de riziculture

Les facteurs favorisant la hausse du niveau de rendement

                 L’accès aux marchés d’intrants et de production a un impact positif significatif sur les rendements rizicoles. Le niveau de la production pour la saison 2000 résulte du déficit hydrique presque dans toute l’Ile. Le rendement est inférieur à 2 tonnes dans les souspréfectures loin de l’Alaotra à part Antanambaomanampotsy. Cette situation s’explique par l’importance dans ces zones de la riziculture sur brûlis (Tavy) dont le rendement est très faible. Par ailleurs, les techniques culturales traditionnelles dans la riziculture irriguée prédominent (sans labour, repiquage en foule, sans sarclage, semences tout venant,…). Il semble que l’accès à la vulgarisation et aux organisations rurales et de crédit a un grand effet final quant aux rendements rizicoles. La présence de bétail est un important intrant pour les communautés ayant des niveaux plus élevés.

Des ajustements par l’importation

                    Condition du maintien des disponibilités en riz de la population urbaine, les importations n’ont pas connu de croissance exagérée. De l’ordre de 50 000 tonnes par an, en moyenne, depuis une dizaine d’années, elles interviennent principalement pendant les 4 à 5 mois de soudure..Cinq importateurs se partagent le marché, dont les principaux industriels présents au lac Alaotra, qui gagnent davantage avec le riz importé qu’avec le riz local, la fiscalité sur le riz importé n’étant pas un handicap. Même si ces importations réduisent les pressions que la demande intérieure exerce sur le riz local et peuvent accessoirement éviter un dérapage des prix à la consommation, elles n’encouragent pas le relèvement des prix du paddy et, par voie de conséquence, l’augmentation de la production dans les périmètres où ce paramètre est déterminant. En somme cette dernière partie, nous permet de dégager que l’ amélioration du système de la riziculture dépend essentiellement de l’ Aménagement hydraulique et la bonne maitrise d’eau, car l’eau qui assure la production est un sérieux problème dans ce système de riziculture irriguée qui repose sur une bonne alimentation en eau. Il faut insister sur la véritable tyrannie qu’exerce l’eau pour les riziculteurs, l’eau, c’est-à-dire la combinaison de l’eau de pluies et de l’eau d’irrigation qui doit la devancer et en être le complément. Les rendements obtenus dans chacun des PC et globalement sont un indice d’efficacité de la bonne maitrise d’eau du point de vue de la SOMALAC dans le district d’ Ambatondrazaka ,. des exploitants ont des rendements inférieurs à 2 t/ha avant la mise en place de l’infrastructure hydraulique (1974-1982) et passe de 4t par ha après son installation depuis 1982, mais malgré la mauvaise gestion et l’absence de l’entretien des infrastructures hydriques la production rizicole a connue de nouveau une difficulté.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I :CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L’OUVRAGE HYDRAULIQUE
CHAPITRE I – Infrastructure publique
a)- Définition de l’ouvrage hydraulique
b)- Ressources hydrauliques
c)- Les quatre grands types d’Aménagements
d)- Aperçu historique sur la question hydraulique de Madagascar
e)- La politique du secteur irrigue depuis le milieu des années 1980 : Désengagement de l’Etat et transferts des gérances aux usagers
f)- Un appui important a la SOMALAC
CHAPITRE II- Liens entre Infrastructure publique et Production rizicole
1.1 Un milieu soumis à l’aléa pluviométrique en des aménagements
1.1.1-Un climat a deux saisons contrastes
1.1.2-Une restructuration de l’Encadrement agricole
1.2 La hausse de la productivité n’est pas au rendez-vous
1.2.1- Le potentiel rizicole des périmètres est menace a CT par l’érosion du BV
1.2.2- L’insécurité est une entrave importante a l’augmentation de la production
1.3 Théories aux conditions des aleas pour l’amélioration de la productivité rizicole
1.3.1- Régulation par la maitrise de la superficie rizicole mise en valeur
1.3.2- Régulation de la production par les techniques culturales
a)- Places des orientations stratégiques
b)- Des choix techniques opère dans un cadre donnée : Le système de production
c)- Caractérisation des risques hydriques au niveau de la parcelles
1.4- Conséquences sur la production rizicole
1.4.1- La bonne maitrise d’eau : une des causes de la production rizicole
1.4.2- La bonne maitrise de l’eau ; Stratégie foncière ou de régulation de la production
PARTIE II – GENERALITE ET SITUATION EMPIRIQUE DE L’HYDRORIZICULTURE D’AMBATONDRAZAKA
CHAPITRE I – DESCRIPTION DE LA REGION D’AMBATONDRAZAKA
1.1- Monographie de la région d’Amatondrazaka
1.1.1-Presentation de la région
1.1.2-Typologie sous régionale
1.2 Milieu Physique
1.2.1- Relief et paysage
a) – Zone de plateau
b)- Géologie
c)- Climat
-Réseau de station météorologique
– Température
– Pluviométrie
1.3-Hydraulogie agricole d’Ambatondrazaka
1.3.1-Concept
1.3.2-Les grands périmètres irrigues
1.3.3-Les petits périmètres irrigues
1.3.4-Les objectifs des périmètres irrigues
1.3.5-Etats des infrastructures et des réseaux
– Maitrise de l’eau
– Superficie mis en valeur
1.3.6-Problematique générale de la région
CHAPITRE II –GENERALITE ET SITUATION EMPIRIQUE DE L’HYDRO RIZICULTURE A AMBATONDRAZAKA
1- La production rizicole
1.1-Le type de riziculture a Ambatondrazaka
1.2- Les modes de culture du riz
1.3- Le S,R,I
Historique
La méthode de S.R.I
Résultats
1.4-Les matériels de productions
1.5-Caracteristiques d’Exploitation rizicole
1.6-Les saisons agricoles
1.7-Les rendements
1.8-Liens entre la production rizicole et l’ouvrage hydrauliques dans l’AlaotraMangoro
1.8.1-Les problèmes rencontrés par les paysans
1.8.2-Des solutions de relance de l’Agriculture dans la région d’AlaotraMangoro
1.9- Commercialisation
1.9.1- le circuit du riz
1.9.2- Le prix
1.9.3- Le stockage du riz
1.9.4- L’autosuffisance en riz
1.9.5- L’exportation du riz
1.9.6- Des ajustements par l’importation
CONCLUSION

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *