Définitions des IMFs
La microfinance est une activité de collecte d’épargne et de financement aux populations non desservies par le système bancaire. C’est un service financier de proximité. Elle s’adresse aux personnes à revenus modestes qui n’ont pas accès ou ont difficilement accès au secteur financier formel comme les banques, et ce, en raison de leur profil socio- économique. Elle s’ouvre en particulier aux agriculteurs, artisans, micro et petits entrepreneurs, commerçants et salariés. La microfinance s’est développée en tant qu’approche du développement économique qui s’intéresse spécifiquement aux hommes et femmes à faible revenu. Kofi ANAN1 l’a définit comme suit : « la microfinance est une arme efficace contre la misère et la faim, pouvant améliorer les sorts des gens surtout de ceux qui auront les plus besoins. C’est une façon de permettre aux ménages à revenu faible de disposer des mêmes droits et des mêmes services que tous les autres ». Selon Jonathan MORDUCH, «la microfinance s’illustre comme étant l’outil le plus prometteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté mondiale». A travers ces quelques définitions, l’institution de microfinances s’intéresse surtout donc aux personnes à faible revenu, ayant des difficultés d’accès au secteur bancaire. Personnes qui ne sont nullement pas les principales cibles de ces institutions à Madagascar (nous y reviendrons).
Les IMF mutualistes
Elles rendent services à leurs membres qui ne sont que des personnes qui ont payés leur droit d’adhésion. A Madagascar, toutes les IMF sont soumises à l’une des autorisations préalables de l’autorité de supervision des établissements de crédit telle que stipulées par la loi n°2005-016 du 29 septembre 2005. Une IMF avec une licence (IMF 1) accordée par l’autorité de supervision, ne collecte pas d’épargne ou limite la collecte de celle-ci à ses membres pour une IMF mutualiste. Une IMF avec un agrément de l’autorité de supervision des établissements de crédit a l’autorisation d’exercer les activités de microfinance en cohérence avec son niveau IMF 2 ou IMF 33. Les IMF mutualistes (ou IMF à base de membres) ont obtenu l’agrément de la commission de supervision bancaire et financiere (CSBF) et d’autres dont leurs demandes sont en cours d’approbation. Leurs bénéficiaires des services sont appelés « membres ». Une IMF mutualiste accorde la priorité à ses membres. Leurs représentants siègent dans leurs conseils d’administration. Les membres élisent des comités (comités de crédit, de contrôle,…) pour prendre part aux activités de gestion et de contrôle des caisses mutualistes à côté des techniciens salariés.
L’exclusion financière
L’exclusion financière est l’acte par lequel certains individus ou groupes d’individus n’ont pas d’accès aux offres des banques du fait des conditions rigoureuses pour l’obtention de crédit. Les pauvres sont souvent exclus du système bancaire traditionnel pour trois raisons principales :
Ils ne remplissent pas les conditions exigées par le système financier formel, tels que les documents administratifs (carte d’identité et carte d’identification de leur entreprise), garanties (être salarié par exemple, garant, biens de grande valeur), dépôt minimum (qui s’avère être bien souvent un maximum pour les plus pauvres), etc. Généralement, les populations les plus démunies n’exercent pas une activité leur permettant d’avoir un revenu régulier, de plus, elles n’ont pas les moyens pour répondre aux demandes de garanties exigées par les banques.
Les plus démunis sont souvent analphabètes. Il est donc difficile pour eux de comprendre les procédures administratives qu’implique une ouverture de compte.
Par souci de rentabilité, les institutions financières classiques n’ont souvent ouvert de guichets ou d’agences que dans les grandes villes. Une partie importante de la population est donc automatiquement exclue. Les IMFs sont censées de résoudre ces problèmes à travers leurs services.
L’épargne
Certaines IMFs font, outre cet octroi de crédit d’autres activités comme la microépargne. Notons qu’il est prévu par la loi des finances que seules les IMFs non mutualistes de niveaux 2 et 3 sont admises à collecter des dépôts publics. La microépargne est un service financier permettant aux micro-entrepreneurs et aux ménages de placer leurs rentrées d’argents, souvent irréguliers, de manière souple et de répondre à leurs besoins en liquidité quelquefois urgents et imprévisibles. Ces urgences peuvent être d’ordre familial (exemples : maladie, enterrement, naissance, extension de l’habitat, frais de scolarité), ou d’ordre professionnel (exemple : opportunité d’acquisition de biens saisis). Ainsi, la microépargne diffère de l’épargne dite classique proposée par les institutions bancaires de par les montants minimums déposés et la fréquence autorisée des dépôts et des retraits.
La location-vente (leasing)
Le facteur capital est très important dans le processus de production. Il permet aux producteurs d’accroître la productivité et de rendre ainsi la production plus efficiente. De plus, la production moderne a des besoins concrets de matériaux variés. Selon les économistes néoclassiques, le capital peut substituer le facteur travail. La location-vente a été conçue comme un service ou un contrat proposé par certaines institutions de microfinance pour répondre aux besoins de financement des agents économiques dans l’acquisition de bien d’équipement. Cependant, la location vente pourrait faire l’objet d’un risque aux personnes qui en bénéficient. Cette situation s’explique par le fait que le ou les biens acquis soient amorties bien avant la date d’échéance. Le problème qui nous préoccupe déjà à travers ces notions est la contradiction entre les actions actuelles de ces institutions de celles qui ont été prévues (nous y reviendrons). Mais pour le moment, parlons de l’éventuel risque que ces institutions peuvent recourir
Positionnement du rationnement de crédit à Madagascar
La BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra) était l’une des banques victimes de l’aléa moral à Madagascar. Elle a accordé des crédits à de nombreux agriculteurs qui, la plupart d’entre eux, ont utilisé ceux-ci dans l’achat des bœufs (on assiste dans ce cas à une asymétrie d’information ongoing) au lieu de les utiliser à des activités génératrices de revenus. Le résultat de cela est qu’ils n’ont pas pu rembourser ce qu’ils ont dû à la BTM. Cette situation a conduit les autres banques d’adopter un nouveau comportement envers les opérateurs qui leur demandent des crédits. En effet, les mesures prises par les banques sont de refuser l’octroi de crédits à certaines catégories d’acteurs en raison de leur statut informel. Face à cela, bon nombre des Malagasy, principalement les ruraux8, sont exclus du service bancaire traditionnel et qui n’ont plus le choix que de chercher d’autres institutions financières plus souples qui peuvent satisfaire leurs besoins de financement.
Esprit d’entrepreneuriat
Elle se définie comme l’esprit de création d’entreprise, de valorisation et réalisation d’un projet. L’esprit d’entreprise englobe les mentalités que l’entrepreneur devrait avoir pour mener à bien ses activités entrepreneuriales. Généralement, on se réfère à la prise de risque, à la capacité d’imagination, au sens de responsabilité, à la capacité d’innovation, au sens d’organisation, à la capacité de saisir des opportunités, etc. quant on parle d’esprit d’entreprise. Ceci semble encore faible ou pour ne pas dire inexistant à Madagascar. En effet, beaucoup de facteurs contribuent jusqu’à ce qu’on arrive à cet étape. Une de ces facteurs est les liens parentaux. Il est dit que, une personne évoluant au sein d’une famille qui a quelqu’un propriétaire d’une entreprise a une probabilité supérieur à ceux qui n’ont pas cet occasion de devenir un entrepreneur. Pour cette raison, il n’est pas étonnant si les malagasy n’ont pas cet esprit de création d’entreprise. Une autre raison est aussi l’absence de formation en entrepreneur. En effet, les diplômés universitaires qui sont censés contribuer le plus à cet esprit d’entrepreneur n’ont pas suivi durant leurs années académiques aucune formation en la matière. Donc il y aura peu de chance que ces étudiants contribueront à cette création d’entreprise. Il y en a tout de même quelques agences comme l’OMPE (Office Malagasy de la Promotion de l’Emploi) qui donneront met en relation les gens désirant contribuer une formation en entrepreneur mais peu de gens y adhèrent.
Au niveau du Gouvernement
Le gouvernement malagasy doit améliorer le cadre économique, légal et réglementaire visant un développement harmonieux du secteur de la microfinance. Pour y parvenir, il faut d’abord mettre en œuvre une bonne stratégie politique pour le développement de la microfinance. Il doit s’engager aussi à renforcer la surveillance de ce secteur pour obtenir une meilleure croissance. Cela stipule que le gouvernement doit avoir un code de conduite rigoureux sur les missions de contrôle, de surveillance ainsi que le recours aux sanctions en cas de nécessité. L’Etat malagasy devra garantir une offre viable et pérenne des produits et des services des institutions de microfinance professionnelles ; c’est-à-dire, il devrait mettre en place des modalités et des mesures qui permettront d’accroître la qualité du portefeuille. Pour y parvenir, il devra actualiser ses stratégies nationales de la microfinance. L’autorité devrait assurer une extension, une diversification de l’offre des services financiers dans des zones non encore touchées ou faiblement touchées. Cette démarche s’accompagne normalement d’une analyse de la demande de la clientèle solvable et des contraintes pour ses besoins. C’est cette deuxième solution qui devrait être mis de l’avant, car sans intervention de l’Etat, ces institutions n’atteindront pas leur objectif de la réduction de pauvreté. Cet objectif ne pourra d’ailleurs être atteint par seule action du secteur privé. Les secteurs privés, étant à but lucratif, ne pensent avant tout qu’à dégager des profits. C’est ce que nous constatons à travers les taux d’intérêts élevés et l’exclusion des plus démunis. L’atteinte de la réduction de la pauvreté est une politique du gouvernement, les IMFs ne font que contribuer à ce programme. Pour ce, l’Etat devrait donc améliorer d’abord l’environnement externe de ces institutions pour que des effets d’entraînement soient possibles. Elle devrait aussi mener une politique stable pour que les acteurs économiques puissent faire une bonne prévision. Face aux problèmes d’aléa moral, l’Etat pourrait aussi se porter garant pour qu’il n’y ait pas exclusion des pauvres à l’accès au crédit.
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Table des matières
Remerciements
Liste des tableaux
Liste des annexes
Listes des sigles et abréviations
Introduction
Première partie : LE CADRE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE A MADAGASCAR
Chapitre I : Généralités des IMF
I – 1. Identification des IMFs
1.1. Historique
1.2. Définitions des IMFs
I – 2. Objectifs
I – 3. Les différentes formes d’IMF
3.1. IMF Mutualistes
3.2. IMF Non Mutualistes
3.3. Les autres formes IMF
3.4. Classification de quelques IMF à Madagascar
I – 4. Les lois régissant les INSTITUTION DE MICROFINANCES
4.1. Analyse des activités organisationnelles des IMFs
4.2. Les différents niveaux des institutions de microfinances
4.3. Quelques articles relatifs aux trois niveaux des IMFs
I – 5. Répartition géographique
Chapitre II : Activités des microfinances
II – 1. Différents types d’activités et les cibles des IMF
1.1. Les activités
1.1.1.L’exclusion financière
1.1.2.Le crédit
1.1.3.L’épargne
1.1.4.Autres services des IMFs
a) La micro-assurance
b) La location-vente (leasing)
1.2. Les cibles
II – 2. Analyse SWOT
2.1. Menaces et faiblesses
2.2. Forces
2.3. Opportunités
Chapitre III : Imperfection des marchés et rationnement de crédit
II – 1. Imperfection du marché
1.1. Asymétrie d’information
1.1.1. Auto sélection
1.1.2. Hasard moral
II – 2. Rationnement du crédit
2.1. Modèle de Stiglitz et Weiss
2.2. Différents types de rationnement du crédit
2.3. Positionnement du rationnement de crédit à Madagascar
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : ANALYSE DE L’APPORT DES IMF A LA CROISSANCE DE MADAGASCAR
Chapitre I : Qu’est-ce que la croissance ?
I – 1. Quelques modèles de croissance
1.1. Modèle de Harrod et Domar
1.2. Modèle de Solow
I – 2. Politique monétaire
2.1. Définition
2.2. Implication
Chapitre II Contexte de Madagascar
II – 1. Madagascar en chiffre
1.1. Evolution de l’inflation
1.2. Etat de la production
1.3. Industries dans le secteur agricole
1.4. Etat des membres des microfinances
II – 2. Entrepreneuriat
1.1. Esprit d’entrepreneuriat
1.2. Création d’entreprise, création d’emploi
Chapitre III : Apport réel des IMFs dans l’économie de Madagascar
III -1. Accès au credit
1.1. Etat des lieux
1.2. Activité des UPI
1.3. Réponses des supposés clients
III – 2. Etude d’impact des interventions de microfinances
2.1. Microentreprises et microexploitants
2.2. Croissance par l’accumulation de capital
III – 3. Reforme
1.1. Au niveau des IMFs
1.2. Au niveau du gouvernement
Conclusion de la deuxième partie
Conclusion
Annexes
Bibliographie
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