Selon la convention de Ramsar, les zones humides sont définies comme des étendues de marais, de fagnes, de tourbières, des étendues d’eau artificielles ou naturelles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris, des étendues d’eaux marines dont la profondeur à marée basse n’excède pas 6 mètres (SKINNER et ZALEWSKI, 1995). Ces habitats couvrent environ 6% de la surface de la terre et jouent plusieurs rôles dans les équilibres naturels : rôle tampon dans la régulation des eaux pluviales, réserve d’eau exploitable par l’homme, rôle régulateur mésoclimatique, banque de gènes, réserve biologique, maintien des nappes phréatiques. Ils accueillent également des populations importantes de plantes et d’animaux en particulier des oiseaux d’eaux, contribuant ainsi au maintien de la diversité biologique (SKINNER et ZALEWSKI, 1995 ; LACROIX, 1991).Les zones humides du Bassin méditerranéen les plus communes sont : les marais temporaires, les lacs, les réservoirs, les cours d’eaux, les deltas et les lagunes. Elles constituent non seulement des sites de reproduction et d’hivernage pour des millions d’oiseaux, mais elles jouent un rôle d’étape pour un nombre encore plus important d’oiseaux qui s’y nourrissent et s’y reposent lors de leurs migrations annuelles entre l’Afrique et le Nord de l’Europe et de l‘Asie. Les principales voies migratoires ceinturant la mer Méditerranée passent soit par le détroit de Gibraltar soit par la partie orientale de la Méditerranée, à travers la Turquie et le Moyen Orient. D’autres voies plus directes traversent la mer aux passages les plus étroits, entre la Tunisie et le sud de l’Italie via Malte, ou entre la Libye et la Grèce et les Balkans via la Crête (CRIVELLI et PEARCE, 1994).
De fait, les zones humides ont une importance qui dépasse largement le simple cadre géographique des territoires où elles sont localisées. Elles constituent donc un patrimoine commun à une «communauté» de pays, nécessaire notamment à la vie des oiseaux migrateurs, représentant ainsi des relais indispensables sur la voie des migrations. Le processus de migration, qui est un déplacement régulier qu’entreprennent ces oiseaux à des moments précis entre une aire de reproduction et une aire d’hivernage, est déterminé par des facteurs variés. Durant le cycle annuel, la période hivernale est d’importance vitale pour les oiseaux d’eau. Leur migration vers des pays plus chauds a pour raison principale la diminution des taux de mortalité qu’induiraient le froid et les faibles disponibilités alimentaires dans leurs aires de reproduction. Ainsi l’abondance et la facilité d’accès aux ressources alimentaires sont déterminantes en cette période pour la survie des populations d’oiseaux migrateurs (TAMISIER, 1972). Souvent donc liées à des modifications saisonnières des ressources alimentaires, ces migrations peuvent aussi avoir pour cause une augmentation importante de la population d’une espèce ou la nécessité de trouver des conditions favorables à la mue.
PRESENTATION DE LA REGION ET DES SITES D’ETUDE Le Parc National d’El – Kala (P.N.E.K.)
DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION
Le Parc National d’El Kala, est l’un des plus grands parcs nationaux d’Algérie. Il a été créé par décret le 23 juillet 1983 et depuis 1990, il est classé Réserve de la Biosphère dans le réseau des réserves du programme MAB (Man And Biosphère) de l’UNESCO. D’une superficie de 80.000 hectares environ, il est situé à l’extrême Nord – Est du Pays (figure1). Il est naturellement limité au nord par le littoral Méditerranéen, à l’ouest par le système dunaire de Righia, à l’est par la frontière algéro-tunisienne et au sud par les contreforts des monts de la Medjerda. Ce territoire est caractérisé par l’existence de cinq grands types d’habitats de haute valeur écologique. L’habitat forestier, les zones humides (les Lacs Oubeira, Tonga et des Oiseaux sont classés sites Ramsar), l’habitat rupicole, l’habitat dunaire et l’habitat littoral. Caractérisé par une importante mosaïque d’écosystèmes, le PNEK abrite une richesse faunistique et floristique diversifiée. Ses coordonnées géographiques sont 36°52 latitudes nord et 8°27 longitude Est, au niveau de la ville d’El-Kala.
CARACTERES GEOLOGIQUES ET GEOMORPHOLOGIQUES
Selon JOLEAUD (1936), le substratum géologique de la région présente essentiellement des terrains datant du Tertiaire et du Quaternaire.
Formations secondaires
Elles sont schisteuses plus ou moins argileuses de couleur bleue ardoise avec des passages calcaireux est une microfaune d’âge Sénonien supérieur. Ces formations affleurent en plusieurs endroits surtout dans la forêt d’El-Ghorra (Menzel beldi), au niveau du Cap Rosa, sur la rive Ouest du lac Tonga (Daia Zitoune) et à ElAïoun au lieu dit Oued Djenan (BENYACOUB et al., 1998).
Formations Tertiaires
Elles sont surtout représentées par les éléments de L’Eocène moyen qui est caractérisé par les argiles de Numidie sur une épaisseur de 300m environ. Ces argiles occupent les fonds de vallées, les bordures de plaines ; par l’Eocène supérieur qui est caractérisé par les grès de Numidie qui se déposent sur les argiles sur 150m d’épaisseur. Présents au niveau des monts d’El-Kala, ils sont généralement couverts de forêts de Chêne liège ; et enfin par le Miocène qui est caractérisé par les sables, conglomérats, argiles rouges ou grises, localisés particulièrement dans la région Sud-Est.
Formations quaternaires
Elles sont constituées pour la plupart de dépôts marins et fluviaux. Les limons, sables et galets sont des dépôts fluviatiles déposés par les oueds Kebir, Mellila et Bougous. Les dépôts marins éolisés sont des amas dunaires issus de l’érosion par la mer des falaises gréseuses, alors que Les dépôts actuels sont des alluvions formant le fond des oueds.
Relief
Le relief du PNEK se compose d’une série de dépressions, dont certaines sont occupées par des formations lacustres ou palustres, et des hautes collines aux formes variées. On y observe des dômes, des escarpements, et des alignements de crêtes généralement couverts par une végétation dense (DE BELAIR, 1990).
Du Nord au Sud, on distingue :
– Un cordon dunaire littoral qui s’étend d’ouest en est sur une longueur de 40 km et se prolonge vers le sud jusqu’au pied du Djebel Segleb. Il est formé essentiellement de sable quaternaire. En se dirigeant de la mer vers l’intérieur des terres, quatre degrés de formations dunaires peuvent être identifiés (JOLEAUD, 1936) : la plage à sable blanc et dunes littorales dans la partie occidentale, les dunes sub-littorales à sable gris à l’est et enfin les dunes intérieures à sable rougi par les dépôts d’oxyde de fer plus à l’est. On reconstitue en fait, de la mer vers l’intérieur des terres, un gradient de degrés de fixation ou de fossilisation des dunes. Les dunes mortes sont les plus anciennes donc les plus éloignées de la mer. Elles sont colonisées par une végétation dense (Chêne kermès). Bien stabilisées même en cas de destruction du couvert végétal par le feu, elles sont remises en mouvement lorsque l’Homme y intervient par l’exploitation immodérée du sable et la destruction de tout le chevelu racinaire qui constitue son principal élément de cohésion (BENYACOUB, 1993). Les principales dunes sont celles du Cap Rosa, de Mezira, et de la Messida.
– Les plaines sublittorales : elles présentent un relief plat à ondulé marqué surtout par les dépressions lacustres et marécageuses (Lacs Tonga, Mellah, Oubeira). L’altitude n’y dépasse pas 60 m.
– Les montagnes telliennes : à ce niveau s’élève une partie du versant Nord de la chaîne de la Medjerda dont l’altitude moyenne est de 1100 m. Le point culminant est le Djebel Ghorra à 1202 m. Les monts de la Medjerda, dont les lignes de crête sont approximativement orientées Ouest Sud-Ouest – Est Nord-Est, ont subi des phénomènes de torsion qui ont brutalement incurvé leur direction générale vers le Nord-Est. On observe des prolongements vers la mer de ce mouvement du relief en deux points particuliers : le Cap Rosa et le Cap Segleb. Par ailleurs, le relief de la région se caractérise par un pendage important. En effet, 9% des pentes faibles, 11% des pentes moyennes et 80% de pentes fortes à très fortes constituent un trait majeur de la physionomie d’un paysage que l’on qualifiera donc de montagneux.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. PRESENTATION DE LA REGION ET DES SITES D’ETUDE
1. DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION
2. CARACTERES GEOLOGIQUES ET GEOMORPHOLOGIQUES
2.1. Formations secondaires
2.2. Formations tertiaires
2.3. Formations quaternaires
2.4. Relief
3. DESCRIPTION DES DIFFERENTS HABITATS DU PARC NATIONAL D’EL-KALA
3.1. Tourbières
3.2. Cocciféraie
3.3. Ripisylves
3.4. Milieux rocheux et plages
3.5. Milieu marin
3.6. Zones humides
4. HYDROGRAPHIE
5. CARACTERES CLIMATIQUES ET BIOCLIMATIQUES
5.1. Climat
5.2. Caractères bioclimatiques
6. RICHESSE FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE
6.1. Richesse faunistique
6.1.1. Avifaune
6.1.2. Herpétofaune
6.1.3. Ichtyofaune
6.1.4. Invertébrés
6.1.5. Mammifères
6.2. Richesse floristique
7. PRESENTATION DES SITES D’ETUDE : LES LACS OUBEIRA ET MELLAH
7.1. Lac Oubeira
7.1.1. Situation géographique et description générale
7.1.2. Propriétés physico-chimiques de l’eau
7.1.3. Géomorphologie
7.1.4. Composition et structure de la végétation du lac
7.1.4.1. Les herbiers aquatiques
7.1.4.2. Les zones d’hélophytes
7.1.5. Richesse ornithologique
7.1.6. Ichtyofaune
7.2. Lac Mellah
7.2.1. Situation géographique et description générale
7.2.2. Richesse ornithologique
7.2.3. Richesse ichtyologique
II. MATERIEL ET METHODE
1. MATERIEL
1.1. Matériel de terrain
1.2. Matériel biologique
1.2.1. Présentation des oiseaux marins
2. METHODES D’OBSERVATION ET DE RECENSEMENT DES OISEAUX MARINS
2.1. Méthode absolue
2.1.1. Dénombrement exhaustif
2.1.2. Estimation des effectifs
2.1.3. Méthode des pourcentages
2.2. Méthode relative
3. METHODES UTILISEES
3.1. Fréquence d’échantillonnage et méthodologie
3.2. Choix des postes d’observation
4. PARAMETRES MESURES
4.1. Richesse spécifique
4.2. Abondance
4.3. Fréquence d’occurrence
4.4. Diversité
4.5. Equitabilité ou équirépartition
4.6. Biomasse brute (BB) et biomasse consommante (BC)
5. MESURE DES PRELEVEMENTS DU PEUPLEMENT SUR LES SITES
III. RESULTATS
1. ANALYSE DE LA COMPOSITION DU PEUPLEMENT D’OISEAUX MARINS
1.1. Description des espèces
2. ANALYSE DE LA VARIATION MENSUELLE DES PARAMETRES DE STRUCTURE
2.1. Richesse du peuplement
2.2. Abondance du peuplement et des groupes d’espèces
2.3. Fréquence d’occurrence des espèces
2.4. Diversité
2.5. Equitabilité
2.6. Biomasse brute (BB) et biomasse consommante (BC)
2.7. Analyse de la répartition sectorielle des groupes d’espèces
2.8. Estimation des prélèvements sur l’ichtyofaune
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE