Au lendemain de son indépendance, le Sénégal a élaboré une politique de décentralisation héritée de l’époque coloniale. Cette politique de décentralisation a permis à la population locale de pouvoir gérer les affaires locales par l’adoption de la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités Locales et la loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétence aux Collectivités Locales. Ainsi, ce processus de décentralisation politico-administrative entraine dans une certaine mesure l’émergence de nouveaux acteurs dans le développement local. Ces derniers sont inclus dans la décentralisation et visent à élaborer et mettre en œuvre des stratégies pour le développement de leur localité. Le Sénégal connait un taux de croissance démographique très élevé. Ceci s’est traduit au plan spatial par l’importance des occupations irrégulières et par un accroissement de la pauvreté. La Commune Pire est aussi confrontée à cette forte pression démographique. C’est cette forte croissance de la population qui est à l’origine des problèmes d’insalubrité, d’accès aux services sociaux de base et de la faiblesse des revenus des ménages du fait d’un taux de chômage très élevé.
Face à de tels problèmes, les populations locales tentent de trouver ensemble des solutions ; c’est ainsi qu’elles s’organisent dans les associations pour apporter des réponses à leurs conditions de vie difficiles. En effet, les associations sont à la fois des lieux d’actions collectives, des espaces d’apprentissage et d’expression de la démocratie, de la citoyenneté et très souvent le moyen d’œuvrer pour l’intérêt général. De ce fait, cette participation des populations s’effectue par le biais des organisations communautaires de base et devient le gage de réussite de toute action de développement notamment de développement local. Ces OCB s’organisent autour d’une structure qu’on appelle BOOLO LIGUEY PIRE. Ce dernier est non seulement une structure d’appui à la dynamique associative pour le renforcement des connaissances mais il permet aussi aux populations organisées d’entreprendre des actions responsables et citoyennes pour contribuer au processus de développement de leur localité. Dès lors, il semble important d’évaluer rapidement les résultats auxquels sont aboutis ces politiques de décentralisation dans la commune de Pire et l’implication des OCB dans le développement local avec l’élaboration de stratégies fiables et efficaces.
PROBLEMATIQUE
Contexte
Pendant longtemps, le développement économique et social était l’affaire de l’Etat à travers ses différents projets et programmes nationaux. Mais dans un contexte de crise multiforme, les Etats africains ont été affaiblis par des programmes d’ajustement structurels qui ont aboutis à un désengagement de l’Etat sur le plan socio-économique. Ces programmes ont pour conséquences l’accroissement du chômage, la massification de la pauvreté, l’insuffisance des services sociaux de base ainsi que la dégradation de l’environnement. En effet, la Commune de Pire à l’image des collectivités locales sénégalaises est confrontée à plusieurs contraintes dans sa mission de promouvoir le développement socio-économique de gérer son environnement. Ainsi avec la décentralisation c’est une nouvelle ère qui s’ouvre permettant aux populations d’avoir voix au chapitre dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de développement. La responsabilisation des acteurs locaux par le pouvoir central permet d’impulser le développement à la base. Ce type de développement, ne pouvant se faire sans le concours des acteurs locaux en particulier les OCB, oblige les élus locaux à impliquer les bénéficiaires des projets, dans les prises de décision, la définition des priorités et le suivi exécution des programmes. Cette gestion participative assure la transparence et le renforcement de la démocratie locale.
Malgré cette volonté de s’impliquer de façon efficiente au développement local, les contraintes persistent dans plusieurs localités en général et en particuliers dans la commune de Pire qui fait état de plusieurs difficultés socio-économiques et environnementales Le système éducatif est confronté à des problèmes de structures d’accueil, de concertation entre acteurs, et de moyens matériels pour assurer un fonctionnement normal malgré l’existence d’un comité de gestion des écoles. Par ailleurs, un autre problème majeur réside dans cette commune dont l’inexistence d’un lycée moderne ce qui fait que la plupart des élevés des séries scientifiques(S1) ne terminent pas le cycle secondaire à Pire. Une situation alarmante qui découle de la précarité des difficiles conditions d’apprentissage. En réalité, les écoliers sont confrontés à l’insuffisance des infrastructures scolaires et aux manques de matériels pédagogiques Ce constat peu reluisant, à booster la conscience collective des acteurs locaux qui se sont engagés à améliorer la qualité de l’apprentissage. Ainsi, il s’agira de faire de l’école un facteur de promotion citoyenne et d’insertion socio économique. A cet effet, l’objectif stratégique primordial qui est défini s’articule autour de l’amélioration du taux de réussite scolaire. Dans le domaine de la santé, Pire ne dispose que d’un seul poste de santé, d’un cabinet de soin privé et d’une seule maternité construire par BOOLO LIGUEY PIRE. Ce poste de santé est confronté à l’insuffisance du personnel qualifié, au manque de moyens logistiques et financiers… Les évacuations sanitaires sont faites vers les autres structures sanitaires environnantes (vers Tivaouane) .
Il s’y ajoute également la paupérisation des ménages, la crise de l’emploi, la pauvreté, l’insécurité mais aussi et surtout une économie principalement tournée vers l’agriculture. A cet effet on note l’accroissement rapide de la population, les échecs scolaires et l’inadéquation entre la formation et l’emploi qui augmentent considérablement le chômage. Par ailleurs les groupes vulnérables à l’image des femmes et des jeunes sont confrontés à de plusieurs difficultés pour accéder aux services sociaux de base et à l’accès aux crédits pour mener des activités génératrices de revenus.
Ainsi c’est devant l’inefficacité des politiques d’emplois mises en place par les pouvoirs politiques et l’insuffisance des moyens d’action des municipalités que fut créé l’association BOOLO LIGUEY PIRE. Cette association est créé dans le but de répondre aux attentes des populations par la mise en place des structures de développement telles que les organisations communautaires de base car le développement local par l’action des OCB est l’expression de la solidarité locale qui est à l’origine de nouvelles relations sociales et de la volonté des populations de valoriser les ressources locales.
La commune s’est progressivement rapprochée des associations pour mener des actions ensemble notamment dans le domaine de l’environnement, et les populations ont pris pour la plupart des initiatives en se regroupant au sein des organisations communautaires de base. Celles-ci sont appuyées dans leurs activités par les ONG, les services d’encadrement de l’Etat…. Ces OCB dans le domaine de l’environnement ont subi une formation de relais hygiéniste et ont mis en place un comité de gestion, un comité de salubrité des quartiers et pour chaque quartier il y a un représentant. Dans le domaine de l’éducation et de la santé des efforts ont été consentis par la création d’écoles alternatives (écoles privées) mais aussi par la création d’une mutuelle de santé. La localité de Pire fait état de plusieurs problèmes environnementaux du fait de l’absence de système d’assainissement.
Situation géographique
La Commune de Pire, couvrant une superficie de 192 km2, sur une population de 21492 habitants, est située dans l’arrondissement de Pambal, dans le département de Tivaouane et dans la région de Thiés qui compte trois départements (Tivaouane, Thiès et Mbour) et dix arrondissements. Elle est limitée :
➩ au Nord par la commune de Méouane ;
➩ au sud par les communes de Chérif Lo et Touba Toul ;
➩ à l’Est par la commune de koul ;
➩ à l’Ouest par les communes de taiba ndiaye et de Tivaouane
La commune est divisée en trois sous-zones
1°/ la sous-zone nord
2°/ la sous-zone centre
3°/ la sous-zone sud .
La sous-zone nord avec Ndiéguedj comme village centre, occupe 32% de la superficie de la commune. Elle est limitée à l’Ouest, au Nord et à l’Est par la commune de Méouane, au Sud par la sous- zone-centre, notamment les villages de Pire Gourèye, Bagne et Baïty Malaw.
La sous-zone centre avec Pire Gourèye comme pôle d’attraction, occupe 33% de la superficie totale. Elle est limitée au Nord par la sous-zone nord, notamment les villages de Pal Pire, Dogondou, Ndiengue et Yendounane, à l’Ouest par la commune de Taïba Ndiaye, la commune de Tivaouane et au Sud par la sous-zone Sud avec les villages (Tallène,KeurAmath Yacine) .
La sous-zone Sud avec Darou Cissé comme village centre, occupe 35% de la superficie de la commune. Elle a pour limites, la sous-zone centre au Nord (Pire Gourèye, Nguéwar, Ndieye et Keur Amadou Yacine), à l’Ouest par Chérif Lô, à l’Est par la commune de Koul et au Sud par la commune de Touba Toul et celle de Cherif Lo .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
1.1. Contexte
1.2. Justification
1.3. Etat de l’art
1.3.1. Analyse conceptuelle
1.3.1.1. Décentralisation
1.3.1.2. Le territoire
1.3.1.3. Le développement local
1.2.1.4. Le local
1.3.1.5. Organisations Communautaires de Base
1.3.1.6. Impact
1.3.1.7. Acteurs
1.4. Cadre opératoire
1.4.1. Question générale de recherche
1.4.2. Questions spécifiques
1.4.3. Hypothèse générale de recherche
1.4.4. Hypothèses spécifiques
1.4.5. Objectif général de recherche
1.4.6. Objectifs spécifiques
2. METHODOLOGIE
2.1. Recherche documentaire
2.2. La collecte des données
2.3. Les enquêtes et traitement de l’information
2.3.1. Les enquêtes qualitatives
2.3.2. Les enquêtes quantitatives
2.3.2.1. Les ménages
2.3.2.2. Organisations Communautaires de Base (OCB)
2.3.2.3. Services d’appui et d’encadrement
2.3.2.4. Les guides d’entretien
2.4. Traitement de l’information
2.5. Les difficultés rencontrées
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
1. Situation géographique
2. Historique
3. Milieu Physique
3.1. Relief
3.2. Climat
3.3. Végétation / faune
3.3.1. Faune
3.3.2. Végétation
3.4. Sols
3.5. Ressources en eau
4.2. Répartition par sexe de la population enquêtée
4.3. Répartition selon l’ethnie de la population enquêtée
4.4. Composition socioprofessionnelle des ménages enquêtés
5. ANALYSE SECTORIELLE
5.1. Secteurs productifs
5.1.1. AGRICULTURE
5.1.2. HORTICULTURE
5.1.2.1. Le Maraîchage
5.1.5. ELEVAGE
5.1.6. ARTISANAT
5.1.7. COMMERCE
5.2 SECTEURS D’APPUI A LA PRODUCTION
5.2.1 LE TRANSPORT
5.2.2. ENERGIE
5.2.3. HYDRAULIQUE
5.3. SECTEURS SOCIAUX
5.3.1. EDUCATION
5.3.1.1. L’enseignement préscolaire
5.3.1.2. L’enseignement élémentaire et secondaire
5.3.1.3. L’enseignement religieux
5.3.1.4. L’alphabétisation Fonctionnelle
5.3.1.5. L’Enseignement Professionnel
5.3.2 Santé / Hygiène
5.3.3. JEUNESSE / SPORT
5.3.4. CULTURE ET LOISIRS
5.3.5. ENVIRONNEMENT / ASSAINISSEMENT
5.3.6. URBANISME ET HABITAT
DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE
CHAPITRE 1 : IDENTIFICATION ET ROLE DES DIFFERENTS TYPES D’OCB DE LA COMMUNE DE PIRE
1.1. Identification des différents types d’association
1.1.1. Les Groupements à vocation économique
1.1.1.1. Les G P F
1.1.1.2. Les GIE
1.1.2. Les Associations sportives et culturelles (ASC)
1.1.3. Les associations d’appui aux secteurs de la santé
1.1.3.1. Présentation des différentes structures de santé
1.1.3.2. Le Comité de Santé
1.1.3.3. Le comité de gestion
1.1.4. Les associations d’appui aux secteurs de l’éducation
1.1.4.1. Le collectif des directeurs d’école (CODEC)
1.1.4.2. L’association des parents d’élèves
1.1.5. Le Groupement des transporteurs
1.1.6 .Les Dahiras
1.1.7. Rôle des OCB
CHAPITRE2 : LES ACTIONS MENEES PAR LES OCB ET LEURS IMPACTS DANS LE DEVELOPPEMENT DE PIRE
2.1. Activités Génératrices de revenus (AGR)
2.1.1. Présentation de l’association BOOLO LIGUEY PIRE
2.1.1.1. Historique et Présentation de l’association
2.1.1.2. Les objectif de l’association
2.1.1.3. Domaines d’intervention de l’association
2.1.1.4. Réalisations
2.1.1.5. Faiblesses
2.1.2. Femmes eaux et développement en Afrique (F.E.E.D.A)
2.1.2.1. Présentation et objectifs de la F.E.E.D.A
2.1.2.2. Réalisations
2.1.2.3. Projets
2.1.3. Le domaine agricole de la fédération des femmes de Sagnakhor
2.1.3.1. Présentation et objectifs du domaine
2.1.3.2. Réalisations
2.2. L’Environnement et le cadre de vie
2.2.1. Association and defar sunu avenir (A.A.D.S.A.)
2.2.1.1. Présentation et objectif de l’association
2.2.1.2. Réalisations
2.2.1.3. Projets
2.4. La santé et l’action sociale
Ces OCB sont appuyées par les partenaires mais aussi grâce aux cotisations des membres et à l’appui des bonnes volontés
1.5. Impact des activités des OCB sur le développement local
TROISIEME PARTIE : APPRECIATION DE LA POPULATION PAR RAPPORT AUX ACTIONS DES OCB
1.1. Connaissance des OCB
1.2. Faible pourcentage de la population membre d’OCB
1.3. Appréciations des populations sur le rôle des OCB
1.4. Taux de chômage élevé malgré les efforts fournis par les OCB
1.5. L’engagement des OCB dans la gestion de l’environnement et du cadre de vie
1.6. Opinion de la population sur les changements apportés par les OCB dans leur localité
Chapitre 2 : Perception des structures d’encadrement sur les OCB
2.1. Perception de l’équipe municipale
3. Forces et Faiblesses des OCB
3.1. Forces des OCB
3.2. Faiblesses des OCB
CONCLUSION