RÔLE DU PHYSIOTHÉRAPEUTE

RÔLE DU PHYSIOTHÉRAPEUTE

CADRE THEORIQUE

La performance 2.1.1 Généralités “Quelle importance la performance a-t-elle dans notre vie ? Nos comportements seraient-ils influencés par … la performance ?” (Vienna, 2014). Dans notre société moderne, il est fréquent de ressentir le besoin de montrer ses performances, d’essayer d’être le meilleur et l’unique. La recherche de la haute performance est également une réalité dans le milieu sportif où la compétition est l’essence de la pratique. 2.1.2 Les performances dans le sport Aujourd’hui, les performances sportives de l’élite mondiale sont très éloignées de ce dont est capable le ‘‘commun des mortels’’. Elles paraissent incroyables mais sont bien réelles. Le but de tout athlète est de battre des records (Héas, 2009). Une fraction de seconde sépare parfois, le bonheur de la victoire, de la désillusion d’une défaite. Selon Ferre & Leroux (2009), les capacités à améliorer chez l’athlète sont : Les capacités physiques : Divisées en capacités biologiques (masse grasse, capacité vitale…), conditionnelles (mécanismes énergétiques) et coordinatives (adresse, souplesse…). Les capacités technico-tactique : En rapport avec le sport pratiqué, soit la capacité de l’athlète à utiliser efficacement ses habiletés motrices spécifiques. Les capacités socio-psychologiques : Distinguées en capacités cognitives (traitement et analyse des informations), affectives (émotions, résistance au stress, motivation…) et morales (maîtrise du comportement). Toutes ces capacités sont mises à contribution dans le football. Page | 3 2. 2. Le football 2.2.1 Épidémiologie Avec 270 millions de joueurs, le football est de loin le sport le plus populaire dans le monde (Barengo et al., 2014). Pratiqué dans la plupart des pays et par la quasitotalité des catégories de population, il est possible de jouer sur n’importe quelle surface avec des objets les plus divers. Sa résonance identitaire et affective est capable d’être éprouvée à des échelles différentes (village, nation, continent) et renforce la représentation ‘‘d’un sport simple, pour des gens simples ” (Faure & Suaud, 1994). La fréquence de pratique de ce sport amène un jour les physiothérapeutes, qu’ils soient spécialisés ou non dans le sport, à prendre en charge un footballeur. 2.2.2 Les fondamentaux techniques du football La FIFA (Fédération Internationale de Football Association) reprend les fondamentaux techniques à maîtriser pour la performance dans le football. Ils sont répartis en quatre familles : la maîtrise du ballon, la conduite de balle, la passe et le tir. Notre travail s’intéresse spécifiquement aux deux points suivants : – La conduite de balle est une progression individuelle dans un espace libre. Elle demande un bon équilibre et un parfait contrôle des appuis. Nous y retrouvons le dribble, où la progression individuelle se fait face à des adversaires ou des obstacles. – Le tir est l’action tentant d’envoyer le ballon dans le but adverse. Il représente la finalité du football. Il nécessite des qualités techniques (bonne frappe de balle, précision dans les trajectoires), mentales (détermination, audace, confiance en soi) et physiques (puissance, équilibre, etc.). De plus, la coordination des différentes parties du corps est nécessaire pour l’apprentissage du contrôle du ballon (FIFA, 2016). 2.2.3 Importance de la performance et enjeux dans le football Dans le football de compétition, les blessures ne sont pas rares : une équipe peut s’attendre à en subir une dizaine, en moyenne, chaque saison. Leur impact financier est non négligeable comme vu auparavant. Une corrélation a été trouvée entre les blessures (absence de quatre semaines) et la diminution des performances (Ekstrand, 2008). Il existe également un lien entre les matchs de fin de saison et l’augmentation du risque de lésions et / ou de sous-performance lors des tournois mondiaux. Les connaissances approfondies des équipes de haut niveau sur le traitement et la prévention des blessures Page | 4 ont permis de réduire de 50 % certains types de lésions, telles que les entorses (Ekstrand, 2008). Un club de football professionnel aurait intérêt à s’entourer d’une équipe capable de gérer la prise en charge des joueurs, tant sur la prévention que la rééducation. 2. 3. Rôle du physiothérapeute 2.3.1 Evolution et élargissement du rôle du physiothérapeute En Suisse, les décennies 1950 à 1980 ont montré une situation de pénurie en physiothérapie provoquée par le vieillissement de la population et une augmentation des besoins de soins (Hasler, 2012). Á cette période, si le contrôle du savoir était omniprésent, le contenu des discours a commencé à changer ainsi que la lutte contre ce contrôle. De nos jours, les préoccupations des physiothérapeutes évoluent vers une augmentation des niveaux de formation et une plus grande autonomie. Les diplômés helvètes privilégient une pratique indépendante ou en clinique privée. Parallèlement, les effectifs d’élèves augmentent, de façon progressive avec le maintien d’un numerus clausus. De plus, avec les innovations médicales et techniques, un personnel qualifié est recherché et le champ d’expertise des physiothérapeutes s’accroît. Ces derniers deviennent de plus en plus compétents avec l’ouverture de formations complémentaires (CAS, DAS, Masters) et leur rôle s’élargit (Hasler, 2012). Leur action au sein d’une équipe multidisciplinaire sportive augmente les possibilités d’intervention, permettant une prise en charge complète. Leur intégration dans le personnel technique permet de réduire les coûts d’éventuelles d’interventions de professionnels extérieurs à l’équipe. 2.3.2 Rôle du physiothérapeute dans les performances sportives La pratique de la physiothérapie répond à de nombreuses compétences répertoriées. Il s agit tout d abord d’une profession de santé axée sur le mouvement et les fonctions corporelles de l’humain (World Confederation for Physical Therapy, 1999). Dans une approche centrée sur le patient, les physiothérapeutes cherchent à améliorer, maintenir et / ou restaurer la mobilité et les capacités fonctionnelles altérées. L’engouement pour le sport atteint des sommets et le développement des activités sportives amène le physiothérapeute du sport à être sollicité. L’exigence est de mise puisque l’objectif de chaque sportif blessé est de retourner le plus rapidement possible sur le terrain, tout en recevant des soins adaptés, à la fois performants et Page | 5 pointus (Haute Ecole Condorcet, S.d.). Les limites étant toujours repoussées, les techniques d’entraînement se doivent d’être précises et spécifiques. Le développement de l’excellence athlétique entraîne un accroissement de la spécialisation en physiothérapie du sport. Le SPA (Sport Physiotherapy for All) Project a défini onze compétences [Annexe I] et normes attendues chez ces professionnels. Le rôle central est celui du manager, autour duquel s’articulent plusieurs autres rôles : novateur, leader professionnel, et conseiller. Le client / patient est placé au centre du processus décisionnel (Bulley et al., 2005). Les physiothérapeutes du sport travaillent, au sein d’une équipe multidisciplinaire, avec des athlètes, seuls ou en groupe, quelque soit leur âge ou leur niveau. Leurs rôles sont de prévenir les blessures, de rétablir une fonction optimale et de contribuer à l’amélioration maximale des performances sportives. Pour ce faire, ils évaluent le profil physique de l’athlète et utilisent leurs connaissances et compétences pour proposer une pratique clinique optimale. Ils apportent les informations nécessaires à l’efficacité du mouvement et des fonctions physiques par rapport aux exigences du sport (Bulley et al., 2005). La majorité des blessures résulte d’une surcharge exercée sur une partie du corps (Ekstrand, 2008). Le physiothérapeute peut aider à quantifier le stress mécanique et en cas de charge mécanique importante, l’IME peut être proposée pour ne pas surcharger l’athlète et diminuer le risque de blessure. Cette technique a montré une amélioration dans un large éventail de compétences sportives (Vealey & Forlenza, 2015). Elle permet à l’athlète d’affiner ses habiletés sportives sans avoir à les exécuter. Elle n’a pas vocation à remplacer la pratique physique1 (PP) mais plutôt de la compléter, et reste plus bénéfique qu’une absence de pratique sportive (Vealey et Forlenza, 2015). L’IME peut être utilisée pour aider les physiothérapeutes à agir pendant une période d’immobilisation, en complément des traitements standards, mais également dans le but d’améliorer le mouvement et les capacités fonctionnelles.

Déterminants de l’imagerie mentale / motrice et types de pratique

Il existe plusieurs types d’images en fonction des afférences sensorielles : visuelle (consistant à se représenter visuellement la tâche, elle est la plus utilisée surtout dans le sport.), proprioceptive (basée sur la sensation d’une action), auditive, tactile, gustative, olfactive et plurimodale. La méthode PETTLEP, développée ci-après, utilise plusieurs de ces modalités sensorielles (Robin, 2005). Parmi les images visuelles, on retrouve (Gueugneau et al., 2009) : – L’imagerie motrice visuelle (IMOV) : le sujet produit une image visuelle du mouvement et il est comme spectateur de celui-ci (imagerie externe). – L’imagerie motrice kinesthésique (IMOK) : la tâche est simulée mentalement avec les sensations en lien. Le sujet est acteur du mouvement (imagerie interne). Page | 7 De nombreux facteurs, d’importance variable, jouent sur l’efficacité de l’IME (Hall, 2001). Il semblerait que les protocoles d’imagerie (déroulement d’une séance) et la capacité d’IME (facilité ou difficulté à pratiquer l’imagerie mentale (PM)) jouent des rôles plus fondamentaux que le moment de réalisation d’une séance, la durée de cellesci ou le degré d’expertise des sujets (Hall et al., 1992). Même si tout le monde semble posséder la capacité de produire une image mentale et d’utiliser la PM, des différences interindividuelles existent, telles que l’expérience ou des variabilités génétiques (Hall et al., 1992) (Paivio et al., 1998). 2.4.4 Théories et modèles explicatifs de l’imagerie motrice Plusieurs théories tentent d’expliquer les phénomènes d’IMO. Il existe deux grands courants : les théories cognitives et les théories neuromusculaires (Robin, 2005). Les théories cognitives : considèrent l’imagerie comme “une activité à caractère hautement symbolique” (Brunetti, 2016) permettant une répétition mentale de toutes les composantes de l’activité visée. Pour elles, le traitement de la tâche est cognitif et le seul lien avec l’exercice réel est la planification mentale (Robin, 2005). Les théories neuromusculaires (plus utilisées à ce jour) : s’intéressent aux schémas communs d activation cérébrale entre l’IMO et l’action motrice. Les études d’imagerie cérébrale ont révélé l’activation des régions cérébrales suivantes : le cortex visuel (Warner & Mc Neill, 1988), prémoteur et moteur primaire, les aires motrices supplémentaires, les lobules pariétaux supérieurs et inférieurs, le cervelet, les ganglions de la base, les aires préfrontales, le gyrus frontal inférieur, cingulaire antérieur et temporal supérieur, le cortex sensitif primaire et secondaire, l’insula (Loison et al., 2013) et dans certains cas, la moelle épinière (Gueugneau et al., 2009). Des similitudes entre les actions réalisées et imaginées existent (Gueugneau et al., 2009). Lorsqu’on imagine l’action, les régions cérébrales activées sont les mêmes que lorsque le mouvement est réellement exécuté. De plus, pour l’IMOK, une activité électromyographique correspondant à l’exécution du mouvement est présente dans les muscles utiles à la tâche. Le recrutement des aires cérébrales associées à l’IMO est corrélé à la capacité du sujet à s’imaginer le mouvement et dépend de sa façon de l’imaginer. Plus un sujet est capable de se représenter mentalement le mouvement, plus les aires cérébrales impliquées dans le système moteur sont activées, ce qui pourrait expliquer des différences interindividuelles (Loison et al., 2013). Page | 8 2.5. Les applications de l’imagerie motrice Les recherches sur l’IMO se sont longtemps focalisées sur la psychologie avant de se tourner vers le sport (Warner & Mc Neill, 1988), la musique (Holmes, 2005), puis la rééducation (Dickstein & Deutsch, 2007). Néanmoins, ses bénéfices dépendent de la capacité du sujet en IME et du type d’intervention réalisée (Hall et al., 1992). 2.5.1 Imagerie motrice et rééducation L’application des savoirs et principes de l’IMO en rééducation a débuté dans les années 1980 et s’est beaucoup développée dernièrement suite aux études supportant ses effets (Dickstein & Deutsch, 2007). Les données neurophysiologiques ont ainsi permis le développement de nouvelles stratégies rééducatives en complément des interventions conventionnelles (Ferchichi & Opsommer, 2015) pour des atteintes neurologiques (lésés médullaire, AVC, maladies de Parkinson) (Dickstein & Deutsch, 2007), des rachialgies, des douleurs chroniques, des immobilisations et des brûlures (Harris & Hebert, 2015). L’intérêt de l’imagerie comme méthode de rééducation repose sur l’activation de différentes aires corticales, favorisant la neuroplasticité (Hidalgo-Peréz et al., 2015). 2.5.2 Imagerie motrice et sport La réalisation de toute activité sportive nécessite un apprentissage qui évolue jusqu’à atteindre un certain degré de maîtrise. Les travaux réalisés en psychologie cognitive montrent qu’il existe de nombreux moyens d’apprendre ou d’améliorer des habiletés motrices comme la pratique sportive réelle, l’apprentissage par observation et la PM (Dickstein & Deutsch, 2007). Le pouvoir de la pensée a été illustré dés les années 1950. En effet, en 1954, Roger Bannister courut le 1500 mètres en moins de quatre minutes ce qui paraissait à l’époque physiquement impossible. Il expliqua qu’il avait dans la tête le fait d’être capable de battre le record (Warner & Mc Neill, 1988). L’IMO est donc utilisée en sport depuis longtemps et s’est avérée, d’après les études, efficace pour améliorer le “mental” en empêchant les pensées perturbatrices ou négatives (Gueugneau et al., 2009) d’un sportif. 2.5.3 Les limites des approches d’imageries motrices classiques dans le sport La littérature met en évidence de nombreuses techniques d’IME. Souvent éloignées de la PP de la discipline, la plupart sont non protocolées et donc non reproductibles. Contrairement à celles-ci, le modèle PETTLEP a été mis au point afin de Page | 9 déterminer de façon précise le contenu des séances (Dermine, 2009). De plus, les chercheurs se sont intéressés à comparer l’efficacité du PETTLEP avec celle des approches traditionnelles. Ces recherches ont soutenu l’efficacité de l’imagerie PETTLEP, et l’ont trouvée plus efficace que les méthodes traditionnelles basées sur la visualisation (Smith et al., 2007).

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. CADRE THEORIQUE
2. 1. LA PERFORMANCE
2.1.1 Généralités
2.1.2 Les performances dans le sport
2. 2. LE FOOTBALL
2.2.1 Épidémiologie
2.2.2 Les fondamentaux techniques du football
2.2.3 Importance de la performance et enjeux dans le football
2. 3. RÔLE DU PHYSIOTHÉRAPEUTE
2.3.1 Evolution et élargissement du rôle du physiothérapeute
2.3.2 Rôle du physiothérapeute dans les performances sportives
2.4. LA PRATIQUE MENTALE
2.4.1 Performance et imagerie
2.4.2 Imagerie mentale et imagerie motrice
2.4.3 Déterminants de l’imagerie mentale/motrice et types de pratique
2.4.4 Théories et modèles explicatifs de l’imagerie motrice
2.5. LES APPLICATIONS DE L’IMAGERIE MOTRICE
2.5.1 Imagerie motrice et rééducation
2.5.2 Imagerie motrice et sport
2.5.3 Les limites des approches d’imageries motrices classiques dans le sport
2.6. LE PETTLEP
2.6.1 PETTLEP : une pratique particulière
2.6.2 Le PETTLEP dans le sport
3. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
4. METHODOLOGIE
4.1. ÉQUATIONS DE RECHERCHE ET MOTS CLÉS
4.2. CRITÈRES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
4.3. SÉLECTION DES ARTICLES
4.4. ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DES ÉTUDES
4.4.1 Choix des échelles
4.4.2 Niveau de preuve des articles
4.5. EXTRACTION DES DONNÉES
5. RESULTATS
5.1. RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
5.2. RÉSULTATS DE L’ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DES ÉTUDES
5.2.1. Validité interne
5.2.2. Validité externe
5.3. NIVEAU DE PREUVE DES ARTICLES
5.4. PRÉS ENTATION DES ÉTUDES RETENUES
5.4.1. Généralités
5.4.2. Population
5.4.3. Outcome
5.4.4. Interventions
5.4.5. Résultats
6. DISCUSSION
6. 1. SYNTHÈS E ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
6. 2. CONFRONTATION AVEC LA LITTÉRATURE
6. 3. POINTS FORTS ET POINTS FAIBLES DE NOTRE REVUE
6. 4. AUTOCRITIQUE DE NOTRE TRAVAIL
6. 5. RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE ET LES FUTURES RECHERCHES
7. CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
ANNEXES
ANNEXE I
ANNEXE II
ANNEXE III
ANNEXE IV
ANNEXE VI
ANNEXE VII
ANNEXE VIII
ANNEXE IX
ANNEXE X
ANNEXE XI
ANNEXE XII
ANNEXE XIII

 

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