Rôle des plantes hôtes dans le maintien et la multiplication des mouches des fruits

Végétation des niayes

Du point de vue phytogéographique, Giffard (1974) range la région des Niayes dans le domaine sahélien, district des Niayes. C’est un carrefour biologique d’une complexité floristique rappelant à la fois les domaines guinéens et sahéliens. Cette flore résiduelle est favorisée par un bioclimat qui résulte des influences océaniques. La végétation qui en résulte est favorisée par des brouillards très fréquents et des condensations responsables d’un état hygrométrique toujours élevé (Trochain, 1940). La végétation subguinéenne des Niayes est constituée par les palmeraies à Elaeis guineensis Jacq. et Cocos nucifera L. dont la répartition dépend de la position de la nappe et de la teneur en sel. La strate herbacée est assez importante et est conditionnée par la topographie. Du centre de la dépression à sa marge externe, différentes espèces se déterminent sous l’influence de l’eau. On observe ainsi, au centre des dépressions, des espèces aquaphiles, en particulier Nymphaea lotus L., Phragmites vulgaris (Lam.) Druce et sur les marges, des espèces moins exigeantes en eau.
La couverture végétale naturelle de la dune rouge est très réduite par suite de l’extension de l’agriculture. La végétation spontanée est une savane arbustive à Parinari macrophylla,Guiera senegalensis Dans le système de dunes rouges ogoliennes, dominent les espèces ligneuses comme Parinari macrophyla Sabine., Faidherbia albida (Delile.) A. Chev., Acacia raddiana Savi., Acacia seyal Del. et Balanites aegyptiaca (L.) Del. plus présentes dans la partie septentrionale de la zone des Niayes. Les strates arbustives et herbacées sont essentiellement composées d’euphorbiacées (Euphorbia balsamiphera Ait.), de combrétacées (Guiera senegalensis J. F. Gmel., Combretum glutinosum Perr., etc.) et de graminées saisonnières (Cenchrus biflorus Roxb., Andropogon sp, etc.).
Sur le système de dunes jaunes et de dunes blanches, la végétation reste maigre, parfois même inexistante sur les dunes vives. En dehors de la végétation d’origine anthropique implantée dans le cadre du projet de fixation des dunes littorales (Casuarina equisetifolia), les rares espèces présentes sont Opuntia tuna (L.) Mill. et Maytenus senegalensis (Lam.) Exell.

Espèces fruitières échantillonnées

Un suivi de la phénologie des plantes fruitières présentes dans les vergers a été effectué pour noter leurs périodes de production.
Après la prospection des vergers, des échantillons de 10 fruits (10 fruits/échantillon) y ont été régulièrement collectés d’avril en décembre 2008, par semaine soit par terre ou cueillis sur arbre pour plusieurs plantes fruitières, selon leurs périodes de production. Ces espèces fruitières comprennent la mangue (Mangifera indica L.), les agrumes (Citrus aurantium L., C. aurantifolia (Christm.) Swing., C. maxima L., C. paradisi Macfad., C. clementina Hort. Ex Tan., C. reticulata Blanco, C. limon (L.) Burm. F., C. sinensis (L.) Osbeck, C. deliciosa Tan., Fortunella japonica Swing., F. margarita Swing.), la goyave (Psidium guajava L.), Eugenia uniflora L., Phoenix dactylifera L., Terminalia catappa L., Phyllanthus acidus (L.) Skeel. etc. et des espèces locales (Saba senegalensis (A. DC.) Pichon, Cordyla pinnata (Lepr.) Miln.-Red., Kedrostis hirtella Cogn., Zizyphus mauritiana Lam., Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst, Spondias mombin L., Capparis tomentosa Lam., Terminalia catappa L., Momordica balsamina L., Cucumus sativus L. etc.). Pour chaque échantillon, les fruits ont été pesés au laboratoire, les dimensions mesurées avant d’être répartis en classes de grosseur de 0-5cm, 5 10cm, 10-15cm, 15-20cm. Ce classement des fruits tient compte de la couleur, de l’état du fruit, du site de prélèvement, et de la vague de floraison pour la mangue.

Méthodes

Suivi des fruits et identification des espèces de Tephritidae

Les fruits ainsi pesés et classés sont incubés dans des pots sur un substrat de sable grossier tamisé. Les récipients sont recouverts par un tissu bien attaché pour parer à toute sortie de larves et d’imagos ou entrée des fourmis et araignées. Le nombre de fruits par échantillons varie en fonction de l’espèce et de la disponibilité sur le terrain avec des moyennes de 7,2 ± 1,2 fruits pour le manguier, 13,4 ± 1,8 fruits pour les agrumes, 15,1 ± 1,1 fruits pour l’anacardier, 25,5 ± 1,0 fruits pour le caprier…
Après une à trois semaines d’incubation, les pupes extraites sont mises dans des boites de pétri et suivies jusqu’à l’émergence. Ces émergences sont identifiées et comptées par espèce, par sexe et répertoriées par échantillon suivant les paramètres spécifiés.
Des fruits d’espèces diverses sont collectés des vergers choisis d’avril à décembre 2008, couvrant les périodes de floraison, nouaison, grossissement et maturation de la mangue d’une campagne de production jusqu’à l’amorce des premières vagues de floraison de la campagne suivante.
Les observations ont porté sur le poids des échantillons de fruits récoltés au champ, la taille du fruit, sa couleur, son état, le nombre de pupes extraites par échantillon, le nombre de Tephritidae par espèce et par sexe et également le nombre de parasitoïdes issus des pupes.

Analyses statistiques effectuées

Les données ont été traitées avec Microsoft Excel et XLSTAT pour les analyses de variances, les tests de comparaison de moyennes. Spécifiquement pour la mangue les ANOVA ont porté sur l’effet des paramètres tels que la vague de floraison dont sont issues les mangues, leur endroit de prélèvement, leur taille, la couleur de leur épiderme, leur état et leur variété sur les émergences de C. cosyra et B. invadens. Les pourcentages de B. invadens et de C. cosyra a été calculé pour chaque variété de mangue par la formule (a/(a+b))×100 avec a=nombre d’individus de B. invadens et b=nombre d’individus de C. cosyra dans un échantillon.

Espèces de Tephritidae rencontrées dans les fruits hôtes

Les sorties de terrain ont permis de collecter 7 290 fruits toutes espèces fruitières confondues pour une quantité de 663,2 kg dont 50% proviennent de la zone des Niayes et 50% du plateau de Thiès. A l’image des proportions observées dans la production fruitière, 59% des fruits sont des mangues et 28% des agrumes. Les 13% restants sont constitués des autres plantes cultivées ou spontanées. La mise en observation de ces fruits a permis d’extraire 37 276 pupes dont ont émergé 22 972 mouches des fruits avec 52% de femelles et 48% de mâles. On a également noté l’émergence de 122 parasitoïdes de mouches des fruits. Parmi ces parasitoïdes figurent des spécimens du genre Psyttalia Walker élevés dans les jujubes les fruits où domine la mouche Carpomyia vesuviana Costa et dans les câpres où la mouche Capparimyia bipustulata domine C.capitata et C.cosyra.
Le Tableau 1.3 représente les espèces de mouches des fruits rencontrées en fonction des plantes hôtes.

Variabilité des émergences de Tephritidae pour les vergers traditionnels et les vergers modernes pour différentes variétés de mangue

Une étude comparée de la dynamique des émergences entre le verger de type traditionnel à Pout ‘‘Pt’’ et celui de type moderne à Sindia S1 montre des niveaux de population de B. invadens précocément plus importants à Pout ‘Pt’ qu’à Sindia entre avril et juillet (P<0,049 Tukey HSD). En même temps les émergences C. cosyra sont plus importantes dans le verger moderne S1 à Sindia que celles observées dans le verger traditionnel ‘‘Pt’’ à Pout (P<0,009 Tukey HSD). Ainsi il y a une variabilité des émergences d’un type de verger à un autre et dans un type de verger une variabilité de la composition spécifique dans le temps.

Verger de type traditionnel à Pout ‘‘Pt’’

L’étude a également concerné la variabilité spécifique des mouches des fruits au sein des variétés de mangue pour chaque verger. La figure 5 présente le nombre de Tephritidae/ kilogramme de fruits collectés par variété de mangue et la quantité de fruits prélevés pour chaque variété.
La figure 1.5 montre que les variétés locales (Boucodiékhal, Dieg bou gatt, Greffal) et greffées (Amélie, Keitt, Kent, Pêche et Sanguine) sont cultivées simultanément dans le verger de type traditionnel à Pout ‘‘Pt’’. La quantité de fruits collectée est plus importante pour les variétés Amélie et Boucodiékhal. Toutes ces variétés ont été plus infestées par B. invadens que par C. cosyra (P=0,0001 tests de comparaisons de Tukey (HSD) au seuil de 95%).
Cependant les variétés Pêche, Dieg bou gatt, Keitt, Sanguine, Kent, Boucodiékhal et Amélie semblent plus infestées que Sensation et Greffal mais la différence n’est pas pour autant significative pour 0,872 ‹P‹0,996 avec une valeur critique du test de Newman-Keuls (SNK) comprise entre 2,262 et 2,506 (tests de comparaisons multiples de Newman-Keuls au seuil de 95%). Il n’y a pas de différences significatives entre les infestations des variétés Keitt et Kent (P=0,984 test de Fisher à 95%) cependant les émergences de B. invadens restent plusimportantes que celles de C. cosyra P‹0,0001 Fisher LSD).

DISCUSSION

Les pics de populations de mouches des fruits ont été obtenus durant les périodes de fructification de certaines plantes spontanées, des mangues et des agrumes. Les fruits spontanés dans et autour des vergers jouent un rôle important sur la dynamique des populations de Tephritidae et leur diversité spécifique. La diversité des fruitiers hôtes offre des opportunités de survie et de reproduction aux populations de mouches des fruits entre les périodes de maturation des cultures fruitières majeures. De ces fruitiers hôtes on distingue les ligneux à épines comme Zizyphus mauritiana Lam et Capparis tomentosa utilisés dans les haies vives des vergers traditionnels qui arrivent en maturation avant la mangue. Ils présentent des niveaux d’infestation importants en termes d’espèces et de nombre d’individus au sein d’une espèce. Le jujube est hôte de B. invadens et Carpomiya sp. tandis que la câpre hôte principal du genre Capparimyia (Freidberg & Kugler, 1999) héberge Capparimyia bipustulata, C. capitata, C. cosyra et B. invadens. La liane Kedrostis hirtella qui les surplombe, abrite B. invadens en plus de Dacus ciliatus, D. vertebratus et Bactrocera cucurbitae. Ils interviennent au moment où l’offre en site de ponte est réduite pour les mouches des fruits. Le maintien de ces plantes épineuses dans les haies vives mérite d’être revu car elles participent à hisser les niveaux de populations de B. invadens à des seuils de nuisibilité avant la maturation des mangues. Cependant la recherche de parasitoïdes pour la lutte biologique contre les mouches des fruits pourrait cibler préférentiellement certaines plantes dont la câpre vu leur présence importante. La dynamique des émergences de mouches des fruits reste sous l’influence du type de verger. En effet les émergences sont plus importantes au niveau des vergers de type traditionnel que les vergers de type moderne. Ceci peut être lié aux traitements et soins culturaux, à la diversité des espèces fruitières et l’association des variétés locales et améliorées, tardives et précoces au sein de vergers traditionnels. Ainsi, la succession de vagues de maturation de différents fruits et variétés hôtes prolonge la durée d’abondance de nourriture et sites de ponte et par conséquent, maintient les niveaux de populations élevés. Par ailleurs l’absence des tailles d’entretien en fin de saison et l’irrégularité du ramassage des mangues avortées très infestées, font de ces vergers traditionnels des foyers favorables au développement des Tephritidae. Entre juin et juillet, plusieurs variétés précoces et de saison de mangue arrivent à maturité. Il s’agit de Séwé, Koy khar, Birane Diop, Greffal, Dieg bou gatt, David, Valencia, Colombo, Haden, Pêche, Amélie, Sensation, Early gold, Irwin, Zill et Ruby. Les variétés tardives prennent le relai à partir de fin juillet (David Haden, Palmer, Boucodiékhal, Divine, Heidy, Kent et Keitt). Ainsi ces v ergers atteignent très tôt des niveaux d’émergences plus importants que ceux des vergers dits modernes. En fin de saison des mangues, les fortes populations de Tephritidae sont brusquement confrontées à un déficit alimentaire et une rareté de sites de ponte. La stratégie de B. invadens se caractérise par une rapide augmentation de la population, une colonisation massive de nouveaux habitats et puis un rapide déclin des effectifs pendant les conditions défavorables (Mwatawala et al., 2006). C’est ainsi qu’une prédominance de B. invadens a été notée sur les émergences de Capparimyia sp., Dacus ciliatus (Loew), Ceratitis cosyra, Ceratitis capitata, Bactrocera cucurbitae, Carpomyia sp. Ceratitis punctata, et Ceratitis bremii. Nos résultats s’inscrivent dans la même dynamique que ceux de Drew et al. (2005) et de Mwatawala et al. (2006) qui ont montré que l’espèce B. invadens était présente en grand nombre dans plusieurs espèces fruitières. Sa capacité de ponte (794,6 œufs), sa fertilité nette (608,1 œufs), sa ponte moyenne de 18,2 œufs/jour, son caractère multivoltine et son temps de génération court (Ekesi et al., 2006) contribuent à son abondance. Son caractère polyphage justifie sa présence chez 34 espèces fruitières dans la zone des Niayes et du plateau de Thiès.
Ce caractère est développé par Bactrocera cucurbitae, Dacus ciliatus, Dacus vertebratus Bezzi, Dacus frontalis Becker, Ceratitis capitata, Ceratitis cosyra et Carpomyia sp. Par contre Ceratitis bremii, Ceratitis punctata, et Capparimyia bipustulata à caractère monophage ont été retrouvées dans les seules espèces fruitières respectives Cordyla pinnata, Achras sapota et Capparis tomentosa. En Tanzanie entre 2004 et 2005 B. invadens a été signalée dans la mangue, la loquat (Eriobotry japonica Lindl.), la goyave et le pomélo. Hormis le pomélo d’autres espèces du genre Citrus, des Cucurbitaceae, la papaye, et l’avocat se sont révélées moins favorables (Mwatawala et al., 2006). Au Bénin B. invadens cause des dommages sur Mangifera indica, Psidium guajava, Anacardium occidentale, Carica papaya, Annona muricata, Vitellaria paradoxa Gaertn., Capsicum annuum (Vayssières et al., 2005) ainsi qu’à Spondias mombin, Irvingia gabonensis (Aubr.) Baill., Citrus sinensis, Citrus reticulata, Citrus  paradisi, Citrus  tangelo, Terminalia catappa, Sclerocarya birrea et Chrysophyllum albidum G. Don. (Vayssières et al., 2009a). Au Cameroun B. invadens a été retrouvée dans la goyave (Ndzana Abadan et al., 2008). Parmi les agrumes, Fortunella japonica et Fortunella margarita ont été significativement les plus infestées par B. invadens (P‹0,0001 Tukey HSD). L’hybride Fortunella x Citrus aurantifolia (limequat) en a hébergé 86 spécimens/kg mais sans différence significative avec les espèces de Citrus. L’importance des infestations chez Fortunella pourrait s’expliquer par une peau du fruit plus mince que les autres cultivars de Citrus étudiés. Les faibles niveaux d’infestations de B. invadens chez certains agrumes confirment les travaux de Mwatawala et al. (2009) en Tanzanie et Rwomushana et al. (2008). Cependant B. invadens domine C. capitata et C. cosyra chez les agrumes. En dehors de la mangue, C. cosyra s’attaque aux fruits cultivés [Psidium guajava L., Citrus aurantium L., Persea americana P. Miller, Annona senegalensis Pers. (Hancock, 1987 ; White et Elson-Haris, 1992 ; De Meyer, 1998 ; De Meyer et al., 2002), Citrus reticulata, C. sinensis, et Butyrospermum parkii (G.Don) Kotschy.] , et sauvages Sarcocephalus latifolius (Smith.) Bruce. et Landolphia senegalensis (Noussourou & Diarra, 1995). Avant l’arrivée de B. invadens, C. cosyra dominait C. quinaria (Bezzi) et C. silvestrii Bezzi, espèces précoces en campagne de mangue au Mali (Vayssières et al., 2004 ; Malio, 1979). Sur l’ensemble des variétés de mangues rencontrées dans la zone d’étude, C. cosyra est le deuxième ravageur Tephritidae après B. invadens. Cependant chez les baies sauvages de Cordyla pinnata, C. cosyra émerge en nombre plus important dominant ainsi les émergences de B. invadens. En effet ses infestations pouvaient atteindre 50 larves par fruit (Malio, 1979).
Le même phénomène est observé dans la câpre où une mouche locale Capparimyia bipustulata domine B. invadens et aussi dans les sapotilles où C. punctata émerge plus abondamment que B. invadens. Par contre Carpomyia sp. ravageur du jujube cultivé (Awadallak et al., 1975) et sauvage (Hendel, 1927) entre en compétition avec la nouvelle mouche qui développe un nombre de larves plus important dans le jujube gola. Nos résultats ont révélé des infestations du piment (Capsicum annuum et C. frutescens) et des agrumes par C. capitata confirmant les travaux de Vayssières et Carel, (1999), Vayssières et al., (2008), White et Elson-Haris (1992), Noussourou et Diarra (1995) et De Meyer (1998).
Les paramètres tels que l’état du fruit, la couleur, la taille, la vague de floraison, l’endroit de collecte et la variété ont une influence importante sur les émergences de B. invadens et C. cosyra chez la mangue. Le caractère envahissant de B. invadens fait qu’il n’y a pas de différence des infestations entre variétés contrairement à C. cosyra très importante dans les variétés précoces. Il faut souligner aussi que ces variétés tardives sont toutes importées dans ces systèmes de production. C. cosyra est important au niveau des mangues vertes avortées (tombées avant maturité) et les mangues mures de couleur jaune. L’insecte est important dans les fruits issus de la première vague de floraison. Cela confirme la précocité du pic C. cosyra par rapport à la campagne des mangues (Vayssières et al., 2008 ; Noussourou & Diarra, 1995). Par contre, l’espèce B. invadens dénombrée pour 58% de ses effectifs dans les mangues jaunes, est présente dans toute la gamme de couleur de mangue étudiée sans différence significative entre couleurs. En effet les femelles de cératites sont attirées par les fruits à la fois grâce à leur odeur et à leur couleur, surtout le jaune, l’orange et le rouge (Vayssières et al., 2008). Les Tephritidae émergent plus des mangues ramassées par terre que de ceux cueillies sur arbre. Ce phénomène renvoie au fait que certaines Dacini préfèrent pondre sur les parties des fruits situées à l’ombre plutôt que sur les faces ensoleillées (Syed, 1969). Cette observation renforce la justesse et l’importance des mesures d’hygiène du verger dans la lutte contre les mouches des fruits proposée par Verghese et al. (2003). Chez la variété Keitt, les fruits fendus sont significativement plus infestés par B. invadens. Cela se comprend car certaines espèces de Bactrocera pondent dans les ouvertures dues aux récentes piqûres de ponte d’autres femelles ou dans les blessures des fruits (Prokopy & Koyama, 1982). Les résultats ont montré que même les mangues de petite taille sont infestées. Plus la taille du fruit est importante plus les émergences de C. cosyra sont importantes. C’est le contraire pour B. invadens. Par ailleurs la forme et la couleur constituent un stimulus olfactif pour la visite du fruit, la piqûre et la ponte (Fletcher, 1987). B. invadens est plus important que C. cosyra dans les fruits tombés sénescents à couleur brune (marron). Les bactéries associées accélèrent la pourriture du fruit. En effet certaines Tephritidae entretiennent des relations trophiques avec des bactéries qui leur apporteraient des acides aminés et d’autres facteurs de croissance pendant que le diptère assure leur protection et leur dispersion (Drew & Lloyd, 1989). Les données sur l’influence de la variété, de l’état, de la couleur, de la taille et l’endroit de collecte de la mangue sur les émergences de B. invadens et C. cosyra ont révélé certaines préférences de ponte. En effet B. invadens est une espèce invasive, polyphage et colonisatrice qui entre en compétition avec les mouches des fruits autochtones. Chez certaines espèces la production de phéromones de marquage déposées par les femelles après la ponte (ou la capacité à percevoir les phéromones émises par d’autres espèces) semble constituer une façon d’éviter l a compétition interspécifique (Duyck et al., 2006).
Cependant la dynamique des émergences des deux espèces ne révèle pas des phénomènes d’exclusion (Mwatawala et al., 2006) dans la compétition entre B. invadens et C. cosyra. Au comportement opportuniste et invasif de B. invadens, s’oppose un caractère précoce de C.cosyra suscitant ainsi une forme de compétition qui se manifeste par le développement de l’une au niveau des cultivars et types de fruits où l’autre espèce est faiblement représentée.

CONCLUSION

Au total, 663,2 kg de fruits issus de 24 variétés de manguiers, 13 espèces d’agrumes, dont 5 variétés de limetier, 2 variétés d’orangers et 4 variétés de pomélos, ainsi que d’autres espèces fruitières cultivées ou spontanées, ont été échantillonnés régulièrement d’avril à décembre 2008, dans 19 vergers localisés dans les Niayes et le plateau de Thiès. Parmi les mouches issues des ces fruits, B. invadens a été significativement dominante sur Ceratitis cosyra, C. capitata, C. punctata, C. bremii, Bactrocera cucurbitae, Capparimyia bipustulata, Carpomyia sp. et Dacus sp. L’espèce Bactrocera invadens a été retrouvée chez 24 variétés de Mangifera indica, 19 cultivars d’agrumes, et chez d’autres espèces fruitières cultivées et spontanées. B. invadens infeste de nombreuses plantes fruitières dont 19 cultivars d’agrumes issus de Citrus aurantium, C. aurantifolia, C. clementina, C. deliciosa, C. reticulata, C. limon, C. paradisi, 30 C. sinensis, C. maxima, Fortunella japonica, F. margarita, Limequat, Tangor et Tangélo ; 24 variétés de mangues et 17 autres espèces dont l’anacardier, le câprier, le jujubier, le goyavier, le cerisier de Cayenne, le corossolier, Kedrostis hirtella, le papayer, le poirier du Sénégal, le badamier, le dattier, le sapotillier, la passiflore, le saba, le mobin jaune, le mobin rouge, l’avocatier et Sclerocarya birrea. Ces plantes sont issues des familles dont Rutaceae, Anacardiaceae, Apocynaceae, Capparidaceae, Rhamnaceae, Myrtaceae, Annonaceae, Cucurbitaceae, Caricaceae, Cesalpiniaceae, Palmaceae et Sapotaceae. Avec le manque d’hygiène et d’entretien des vergers, la diversité fruitière (plantes cultivées et spontanées) contribue au maintien et à la multiplication des Tephritidae en dehors de la période des mangues. Même les petites mangues en abscission avant la phase de maturation sont infestées par les mouches des fruits. Les émergences des mouches varient par espèce d’une localité à une autre selon le type de verger, sa composition spécifique et variétale. Le manguier est principalement infesté par B. invadens et C. cosyra. L’espèce C. cosyra est significativement importante surtout chez les variétés précoces, tandis que B. invadens est présente dans toutes les variétés quel que soit l’état du fruit, sa couleur, la vague de floraison et l’endroit de collecte. Du fait de la diversité des plantes hôtes et des variétés, les vergers traditionnels ont été plus infestés que les vergers modernes. L’état physiologique du fruit revêt une importance non négligeable dans les infestations dues aux Tephritidae. Ce paramètre du fruit doit être pris en compte dans les essais comparatifs (comparaisons variétales, essais agronomiques, comparaison entre sites). Il serait aussi important de compléter la liste des plantes hôtes dans une zone à forte biodiversité comme la Casamance et de faire l’état des lieux sur les parasitoïdes natifs de ces zones de production de mangue. La gestion de ce ravageur nécessite de définir un système de lutte intégrée basée sur la connaissance des mouches des fruits présentes, des parasitoïdes existants et de leurs hôtes.

Terroir

Les terroirs se différencient tant par les ressources naturelles qu’ils produisent que par leur mode d’exploitation. Cependant la plupart des activités de subsistance des populations sont directement liées à la forêt et aux bas-fonds. L’organisation des terroirs s’appuie sur un modèle centre-périphérie. A partir des zones d’habitation du village, s’observe graduellement une dynamique qui génère une mosaïque spatiale. Le schéma est le suivant : les champs sur défriche se juxtaposent à la zone d’habitat, puis suit la forêt régénérée et en profondeur des massifs moins anthropisés. Dans le nord, ces espaces sont soumis au défrichement périodique et s’offrent au développement des Combretaceae, des fruitiers sauvages et la culture du maïs et de l’arachide. Au sud dans le Cassa, les jachères sont pluriannuelles et les défriches riches offrent des rendements importants avec les spéculations de patate douce, concombre, arachide, manioc… Ces zones de terroir sont le siège des vergers de manguiers, d’agrumes et anacardiers et des friches qui offrent des fruits forestiers dont Annona senegalensis Sabasenegalensis, Icacina senegalensis, Landolphia heudelotii, …

La faune

La zone abrite des espèces animales considérables notamment dans les aires protégées (parc réserves, forêts classées et forêts sacrées). Ces espèces sont constituées de mammifères dont Panthera pardus (panthères), Hyaena hyaena (hyènes), céphalophes, guibs arnachés et plusieurs autres antilopes. Beaucoup de primates sont présents : Allenopithecus nigroviridis, Cercopithecus aethiops, Galago senegalensis, Galogo (Galagoides) demidovii, Colobus (Piliocolobus) badius, Erythrocebus patas, etc. Plusieurs reptiles sont également rencontrés Varanus niloticus (varans), Python sebae (pythons), Causus rhombeatus (vipères) et crocodiles du nil au niveau des zones franges ralliant les galeries et la mangrove. La zone abrite différents sites d’accueil des oiseaux migrateurs. Ainsi la faune aviaire est représentative comme en témoigne les espèces comme Celato gymna (calao), Stephanoetus coronatus (aigle couronné), Tigriormis leucoopha (héron tigré) etc.
L’ichtyofaune de la Casamance compte 75 espèces réparties en 18 familles. On y retrouve une quarantaine d’espèces marines, une trentaine d’espèces estuariennes et quelques-unes continentales (Pandaré & Capdeville, 1986). Dans cette diversité, s’individualisent les dauphins et lamantins.

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Table des matières

Abstract 
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 1 : Rôle des plantes hôtes dans le maintien et la multiplication des mouches des fruits dans les Niayes et au plateau de Thiès
I.-INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES 
2.1. Matériel
2.1.1. Présentation de la zone d’étude
2.1.1.1. Localisation
2.1.1.2.-Les types de sols
2.1.1.3.-Végétation des niayes
2.1.2. Espèces fruitières échantillonnées
2.2. Méthodes
2.2.1. Suivi des fruits et identification des espèces de Tephritidae
2.2.2. Analyses statistiques effectuées
III. RESULTATS
3.1. Périodes de production des plantes fruitières des vergers
3.2. Espèces de Tephritidae rencontrées dans les fruits hôtes
3.3. Relation entre la dynamique des émergences de Tephritidae issues des fruits collectés et les périodes de maturation des plantes hôtes
3.4. Variabilité de la dynamique et de l’importance des émergences de Tephritidae entre différents vergers du plateau de Thiès
3.5. Variabilité de la dynamique et de l’importance des émergences de Tephritidae entre différents vergers des Niayes
3.6. Variabilité des émergences de Tephritidae pour les vergers traditionnels et les vergers modernes pour différentes variétés de mangue
3.6.1. Verger de type traditionnel à Pout ‘‘Pt’’
3.6.2. Verger de type moderne à Sindia ‘‘S1’’
3.7. Variabilité des émergences de Tephritidae chez la câpre, les agrumes et la mangue selon l’état du fruit
3.7.1. Cas de la câpre
3.7.2. Cas des agrumes
3.7.3. Cas de la mangue
IV. DISCUSSION 
V. CONCLUSION 
Chapître 2 : Inventaire des espèces natives de parasitoïdes de Bactrocera invadens et Ceratitis cosyra en Basse Casamance
I. INTRODUCTION 
II. MATERIEL ET METHODES 
2.1. Matériel
2.1.1. Localisation
2.1.2. Cadre physique du milieu
2.1.2.1. Le climat
2.1.2.2. Le réseau hydrographique
2.1.2.3. Le relief et les sols
2.1.2.4. La végétation
2.1.2.4.1 Forêt dense
2.1.2.4.2 Forêt claire
2.1.2.4.3 Forêt secondaire
2.1.2.4.4 Forêt dégradée
2.1.2.4.5 Palmeraie et rôneraie
2.1.2.4.6 Mangrove et bolongs
2.1.2.4.7 Tannes
2.1.2.4.8 Vasière
2.1.2.4.9 Vallées rizicoles (rizières)
2.1.2.4.10 Savane
2.1.2.4.11 Terroir
2.1.2.5. La faune
2.1.3. Cadre humain et socio-économique
2.1.4. Matériel végétal prélevé
2.1.5. Entomofaune
2.1.6. Matériel non biologique
2.2. Méthodes
2.2.1. Suivi de la dynamique des populations
2.2.2. Diversité des plantes hôtes
2.2.2.1. Inventaire floristique des plantes fruitières
2.2.2.2. Recherche des plantes hôtes des mouches des fruits et des parasitoïdes
III. RESULTATS
3.1. Dynamique des populations des Tephritidae
3.2.- Plantes hôtes potentielles
3.3.- Dynamique des émergences issues des fruits collectés
3.4.- Dynamique des infestations et espèces de Tephritidae responsables
3.5. Taux d’infestation des fruits par les ravageurs et leur parasitisme
3.6.- Plantes hôtes et espèces de Tephritidae ravageurs associées
3.7.- Diversité spécifique au sein des émergences par plante hôte
3.8. Relation entre plantes hôtes, ravageurs (Tephritidae) et parasitoides (Braconidae)
3.9. Analyse des infestations par plante hôte à fort indice de biodiversité
3.9.1. Annona senegalensis
3.9.2. Icacina senegalensis
3.9.3. Landolphia dulcis
3.9.4. Sarcocephalus latifolius
3.9. Compétition interspécifique des Tephritidae à l’intérieur d’un fruit
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION 
Chapître 3 : Effet des lâchers de Fopius arisanus (parasitoide) sur les mouches des fruits et de leurs parasitoïdes en Basse Casamance
I. INTRODUCTION 
II. MATERIEL ET METHODES 
2.1. Matériel
2.1.1. Matériel végétal
2.1.2. Entomofaune
2.1.2.1. Les mouches des fruits : Bactrocera invadens et Ceratitis cosyra
2.1.2.2. Les parasitoïdes des mouches des fruits
2.1.2.3. Cas de Fopius arisanus
2.1.3. Matériel non biologique
2.2. Méthodes
2.2.1. Suivi de la dynamique des populations dans les zones de lâchers
2.2.2. Suivi des infestations des fruits dans les zones de lâchers
III. RESULTATS 
3.1. Suivi des populations de Tephritidae dans les zones de lâchers
3.2. Suivi des infestations des fruits dans les zones de lachers
3.3. Cortèges de Tehritidae et de parasitoïdes suivant les plantes hôtes
3.4. Espèces de Muscidae rencontrées dans les fruits collectés
IV. DISCUSSION 
V. CONCLUSION 
CONCLUSION GENERALE 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES

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