Rôle de la douleur et sa représentation dans la triade mère-enfant-médecin

Le recrutement des mères

Pour recruter la population ciblée par cette étude, le projet a été présenté aux mamans qui consultaient à la maison médicale de garde, pendant la permanence des soins à Laval, en Mayenne. Dans un deuxième temps, 4 mamans m’ont communiqué les coordonnées de leurs amies qui ont été incluses dans l’étude par effet boule de neige. Toutes les mères recrutées ont un médecin traitant différent. Ainsi, le discours des mamans ne risquait pas d’être influencé par une relation plus élaborée dans les cas où je les aurais consultées avant, ou vacciné leurs enfants, ni d’interroger des mamans indiquées par des confrères. Donc, j’ai tenté de réduire à priori, le biais de sélection éventuel, dans les limites du nombre restreint qu’une étude qualitative représente. Lors de consultations, je proposais aux mères éligibles de participer à cette étude, en expliquant que c’est une thèse sur la vaccination et très vaguement, le déroulement de l’entretien. Après avoir obtenu l’accord de participation, nous échangions nos coordonnées. Ultérieurement, je contactais la patiente par téléphone pour établir un rendez-vous. L’entretien pouvait se dérouler au domicile ou dans un endroit choisi par la mère. Chaque entretien a été enregistré avec un dictaphone puis retranscrit de façon anonyme. (Annexes)

Vacciner sur la table

La vaccination sur la table, avec séparation de la dyade mère-enfant, se pratique toujours de nos jours. La plupart des mères n’apprécient pas ces méthodes : « C’est sur la table. On fait d’abord l’examen (…) et puis après plouf ! il pique. Et il arrête de pleurer que quand on sort… » E5 Et aussi : « Donc le pédiatre (…) la mettait sur sa table d’auscultation et n’avait pas de gestes tendres ou… ou affectueux avec l’enfant, c’était vraiment très rapide, c’était vraiment… euh… mécanique. Il y a pas d’empathie en fait. E1 En parlant de vaccination, des mots signifiants surgissent, comme traumatisme : « Le fait d’allonger l’enfant sur la table, je pense que l’enfant prend conscience qu’il va se passer quelque chose et se met à pleurer, avant la piqûre. Mais je n’ai pas ressenti de… plus de traumatisme » E9 Ou barbare : « J’ai trouvé ça un peu barbare de… parce qu’il est… il est complètement inoffensif là sur la table et on arrive avec une injection… Oui, j’ai… j’ai un peu culpabilisé de lui imposer ça. » E5 Quand la question est explicitement posée à choisir entre table et bras : « Je préfère quand même, au niveau affectif, plus les genoux.» E6 Une maman apprécie la vaccination sur la table, mais dans un contexte de maîtrise et standardisation du geste et distraction concomitante par son MT : « Moi, je ne suis pas pour dans les bras. Pour moi, ausculter un enfant dans les bras, vacciner un enfant dans les bras : non. » E8

Vacciner dans les bras

Un bon nombre de médecins vaccinent les enfants sans séparer l’enfant de sa mère dans les bras de leurs parents ou sur les genoux. Après la vaccination sur table, la découverte de la vaccination dans les bras semble toujours être une belle surprise : « Alors du coup je l’ai gardé ma fille sur mes genoux. Et j’étais étonnée parce que je pensais qu’il fallait la mettre absolument sur la table d’auscultation. Donc là, je l’ai gardée sur mes genoux, donc moi ça m’a énormément rassurée… et elle aussi. Et elle n’a pas pleurée ni avant, ni pendant, ni après la vaccination. (…) Elle n’a pas pleuré. Elle a même souri. Donc j’étais très étonnée. Comme quoi, en fait : la tendresse, l’écoute et… l’empathie de la personne qui ausculte l’enfant est primordiale. » E1 Les souvenirs semblent moins précis quand cela se passe bien, mais l’appréciation est toujours la même quand il y a vaccination dans les bras après la vaccination sur la table. « Il était sur mes genoux. Il a un peu pleuré. Mais bon ça n’a pas duré… fin, il a pleuré 10 secondes et… voilà ! c’était… c’était terminé. (…) J’ai ressenti que sur des méthodes différentes, il avait beaucoup plus eu mal. » E10 Au Danemark, ils vaccinent aussi dans les bras : « La première vaccination on l’a fait en France à 2 mois. Donc c’était aussi dans les bras. Puis au Danemark c’était toujours dans les bras. Et en France, quand on est revenu, on a fait aussi dans les bras ; les vaccinations. » E11

L’immobilisation pendant la piqûre

L’immobilisation de l’enfant s’effectue par la maman le plus souvent, par le papa s’il est présent, mais aussi par un tiers, IDE ou puéricultrice. Les mamans sont très impressionnées par l’immobilisation de leur enfant pendant l’injection : « En fait, elle lui tenait fortement la cuisse pour pas qu’elle bouge… (…) c’était déjà brutal (…) Donc la petite déjà, elle pleurait déjà d’avance et quand la piqûre était faite, c’était encore pire et là, elle hurlait du coup… et moi, forcément je pleurais. E1 Parfois les médecins se mettent à plusieurs pour contenir un bébé… « Elle lui tient… le… le haut du corps et la… la puéricultrice qui tient le bas du corps. Parce que moi, je refuse de maintenir mon enfant pour ça, parce que je suis en général en pleurs. » E2 D’autres fois c’est le papa qui intervient : « Et au moment de la vaccination, elle m’a demandée de maintenir les cuisses de ma fille, ce que moi, m’a beaucoup choqué fin… c’est un geste quand même assez… assez fort. Donc c’est mon mari plutôt qui l’a fait, et moi j’étais en train de caresser la tête de ma fille et d’essayer de la… de la rassurer » E3

Les vieux stéréotypes de l’imaginaire collectif surgissent : « De tenir sa cuisse comme… c’est… on a l’impression que c’est comme les malades mentaux qu’on enchaîne avec des… avec des… vous savez avec des ceintures là… » E3 La participation de la mère à la vaccination sur la table, où une séparation de la dyade mère enfant se produit, est vécue comme une participation abusive et imposée. Alors que dans les bras, quand la mère pareillement immobilise son enfant, elle se sent comme figure d’attachement à part entière et pas seulement spectatrice du geste. « Il était allongé sur la table d’examen, (…) c’est moi qui le tenais pareil, mais ce n’était pas sur les genoux. (…) je préfère quand même, au niveau affectif, plus les genoux … » E6 Même pour une infirmière la vaccination de ses enfants la ramène à son statut de maman : « L’enfant ne participe pas aux soins, on le tient on le pique, il ne comprend pas trop ce qui se passe quoi ! (…) Pour la professionnelle, je sais que les vaccins sont nécessaires et importants ; pour une maman je trouve que ce n’est pas… je ne connais pas beaucoup de mamans qui soient ravies d’aller faire vacciner ses enfants. » .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
MATÉRIEL ET MÉTHODES
1. POPULATION
1.1 Critères d’inclusion et d’exclusion
1.2 Le recrutement des mères
2. GUIDE D’ENTRETIEN ET DONNEES
2.1 L’étude
2.2 Réalisation des entretiens
2.3 Déroulement de l’entretien
2.4 Critères de jugement
3. ANALYSE
RÉSULTATS
1. POPULATION
1.1 Caractéristiques de la population d’étude
2. DONNEES
2.1 CE QUE L’ON FAIT
2.1.1 Technique du geste
2.1.2 Vacciner sur la table
2.1.3 Vacciner dans les bras
2.1.4 L’immobilisation pendant la piqûre
2.1.5 Distraction concomitante
2.1.6 Vaccin = Traumatisme
2.1.7 Mémoire traumatique à long terme
2.2 CE QU’ON EN DIT, OU COMMENT LES MERES PARLENT DE LA VACCINATION
2.2.1 Le langage des mères
2.2.2 Parler à son bébé ou à son enfant
2.2.3 Parler à son médecin
2.2.4 Parler avec son entourage
2.2.5 Déléguer la vaccination
2.3 CE QU’ON EN PENSE, VACCINATION IDEALE ET PROPOSITIONS
2.3.1 Idéal de formation des étudiants en médecine à la technique vaccinale, à l’empathie et à une meilleure prise en charge non médicamenteuse de la douleur
2.3.2 Idéal de maîtrise du geste dans les bras avec distraction
2.3.3 Idéal d’écoute et personnalisation de la technique par rapport à la méthode standard
2.3.4 Idéal de vaccin non invasif
DISCUSSION
1.1 FORCES ET FAIBLESSES
1. LES PRINCIPAUX RESULTATS
1.1.1 Des pratiques hétérogènes
1.1.2 Rôle de la douleur et sa représentation dans la triade mère-enfant-médecin
1.1.3 Rôle du soignant et le transfert de confiance parentale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Tableau de synthèse N°II
Carte conceptuelle des résultats pour l’analyse
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
I. Présentation du projet
II. Consentement
III. Grille d’entretien

Rôle de la douleur et sa représentation dans la triade mère-enfant-médecinTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *