Rôle actif des pères sur leur vécu de la prise en charge de leurs nouveau-nés prématurés

IMPLICATION DANS LA PROFESSION DE SAGE-FEMME

   Au cours de leurs pratiques professionnelles, les sages-femmes sont confrontées à la prématurité. Elles sont présentes tout au long de la grossesse. Dans le service de grossesses pathologiques, elles accompagnent les mères ainsi que les pères dans l’attente d’une naissance prématurée. Après la naissance, elles s’occupent des femmes ayant accouché. Lorsque les pères sont présents en maternité au moment des soins, les sages-femmes peuvent se préoccuper de leurs vécus et leur poser une simple question comme «Et vous comment allez-vous ? ». Cette question est une ouverture et laisse la possibilité aux pères de se confier, de se sentir inclus dans la prise en charge de leur nouveau-né, et de se sentir conforté dans leur rôle de pères. Pour nous sages-femmes, il est important de connaitre les besoins des pères pour pouvoir les aider à notre niveau et prendre en charge la triade mère-père-enfant dans sa globalité.

DISCUSSION DES RÉSULTATS

   Les différentes études nous ont permis de dégager certains résultats. Les pères ont un rôle qui leur est propre et ils ont des besoins spécifiques. Mais ils font face à des émotions complexes et peuvent se sentir exclus de la prise en charge. De plus, ils doivent mettre en place leur paternité dans un « lieu public » : le service de néonatalogie. Notre hypothèse était qu’une implication active des pères permettait un meilleur vécu de la prise en charge de leurs nouveau-nés prématurés et nous nous sommes demandés quels moyens facilitaient cette implication. Le peau-à-peau et la proximité avec leurs enfants permet l’inclusion des pères dans la prise en charge et leur donne un « rôle paternel » (22). Ils trouvent leurs places et sont actifs dans la prise en charge (19). Ils apprennent à connaitre leurs enfants (18). Cette proximité est aussi influencée par les soignants et par les informations transmises aux pères. En effet si l’équipe est soutenante et si les informations sont transmises de manière adéquate, la proximité sera facilitée (22) et une relation de confiance sera créée (19). Les soignants ont donc un rôle important dans le vécu et l’implication des pères dans la prise en charge. Les pères sont en quête d’informations directes de la part des soignants. Ils ont besoin de détails, de concret : des résultats biologiques, de réponses scientifiques (20). Les pères expriment le souhait de partager leur expérience avec des personnes qui vivent ou ont vécu la même expérience qu’eux. Nous parlons alors de soutien par les pairs. Ils ont besoin d’un soutien mutuel entre pères (22). Certains pères vivent l’hospitalisation de leurs nouveau-nés comme un temps « à part », ils vivent « au jour le jour » (16). Cette période permet la découverte de l’enfant en étant toujours aidés par les soignants. L’implication des soignants a un côté rassurant. Ils apportent une aide nécessaire dans l’apprentissage des soins. Ce temps et cette aide leurs permettent d’apprendre à prendre soin de leurs enfants. Passer du temps dans le service de néonatalogie permet ainsi aux pères d’être impliqués (18). Mais pour pouvoir rester dans le service de néonatalogie les pères ont besoin de temps et donc d’arrêter de travailler. Ils ont droit à un congé de paternité. La durée et le taux d’indemnisation sont différents en fonction des pays. Pour rappel en France, les pères disposent d’un congé de naissance de 3 jours auquel s’ajoute le congé de paternité d’une durée de 11 jours calendaires (24). Ces congés sont à prendre dans les 4 mois qui suivent la naissance de l’enfant. Les congés de paternité sont variables selon les pays dans lesquels les différentes études ont été menées. Aux Etats Unis, il n’existe pas de congé maternité ni de congé paternité. La loi autorise cependant les parents à s’absenter pour raisons familiales pendant une durée de 12 semaines sans rémunération (25). En Italie, le père a 4 jours de congés obligatoires et 1 jour facultatif (26).En Suède, les parents se partagent un congé parental de 480 jours, soit 2 mois chacun et 11 mois à se partager avec un maintien de 80% du salaire pendant les 390 premiers jours (27). En Norvège, 46 semaines sont à partager entre les 2 parents avec maintien du salaire à 100%. 10 semaines sont réservées uniquement à la mère et 10 uniquement au père (28). Au Danemark, les pères ont droit à 2 semaines de congé paternité à prendre dans les 14 semaines suivant la naissance de leur enfant. Après les 14 premières semaines, les parents ont droit individuellement à 32 semaines de congé lors de la première année de l’enfant (29). Au Canada, le congé de paternité est d’une durée maximale de 5 semaines et doit être pris dans les 52 semaines suivant la naissance de l’enfant. Le revenu est maintenu à 70% pendant les 5 semaines (30). Ce récapitulatif nous a permis de comprendre les résultats de certaines études. Tous les pays ne permettent pas la même implication des pères. Comme le souligne OLSSON (et al) (19), les résultats retrouvés dans une étude où le pays a une politique familiale en faveur des congés parentaux ne sont pas généralisables. Notre étude n’ayant pas de limite géographique, elle nous a permis de mettre en évidence cette différence. L’évolution sociétale et la mise en place des congés de paternité permettent aussi aux pères d’exprimer le souhait d’être des « parents égaux » (20,22). Ils veulent une égalité dans la participation. Ce souhait fait référence aux « nouveaux pères ». Ce terme est apparu dans les années 1980 et témoigne d’un changement de la paternité. Le « nouveau père » remplit une fonction similaire à celle de la mère dans les soins de l’enfant. Son rôle ne se résume plus à inculquer les valeurs de l’obéissance et du travail à leurs enfants mais permet la construction d’une relation de proximité et de confiance, en étant présent, disponible et à l’écoute (31). Ainsi certains pères ont ressenti la naissance prématurée de façon positive (19). Ils se sont sentis plus impliqués que dans le cas d’une naissance à terme. Cette nuance est exprimée par des pères déjà parents. Nous nous sommes aussi demandés : quels sont les obstacles qui empêchent les pères de s’impliquer. La prématurité en elle-même pourrait-elle être un « obstacle » ? Le nouveau-né prématuré est petit, il tient dans « la paume d’une main » (16) et semble fragile. Les pères ont peur de les blesser, de leur faire mal en voulant les toucher ou les porter. Ce nouveau-né prématuré demande une adaptation supplémentaire des pères du fait de sa particularité : être né plus tôt. Le service de néonatalogie pourrait être aussi, paradoxalement un « obstacle » à l’implication des pères. Ce service est un « lieu public » où nous rencontrons un manque d’intimité et un sentiment de distance avec les nouveau-nés (« sac plastique, incubateurs, bruit ») (16,18,19,22). Mais comme cela est évoqué par SISSON (et al) dans leur étude (22), l’environnement en néonatalogie peut être très différent. En effet, lors de notre stage à Brest, nous avons observé qu’il n’y avait que des chambres seules. Or certaines études évoquent des pièces communes pour faire du peau à peau (19) cela est vécu comme un manque d’intimité. Malgré leur souhait d’implication, les pères font face à des obstacles culturellement ancrés. D’après Simone KORFF et François SACCO, le père fait l’objet d’une « hallucination négative : quand il n’est pas là on critique et quand il est là on ne le voit pas » (32). Cela rejoint le sentiment d’exclusion ressenti par les pères, cette impression que les soignants s’adressent préférentiellement à leurs compagnes (16,22). Il y a donc un paradoxe entre leur souhait d’être présent, la demande des soignants quant à leur présence et la place qui leur est réellement donnée. En néonatalogie, seuls les soignants sont garants de la santé des nouveau-nés hospitalisés. Les pères sont donc dans l’impossibilité de prendre des décisions concernant leurs enfants. Ils doivent faire confiance aux soignants, leur demander la permission de prendre leurs enfants dans les bras. Mais parfois ils n’osent pas. La notion de perte d’autonomie parentale est évoquée (22). Par ailleurs, les durées d’hospitalisation en néonatalogie sont souvent longues et comme nous l’avons relevé précédemment tous les pères ne bénéficient pas d’un congé de paternité. Certains doivent donc retourner travailler. Le travail permet de s’évader, d’être loin de l’hôpital mais procure aussi une source de stress (16). En effet, il fait surgir la culpabilité de quitter son enfant. En plus de leur travail, lorsqu’ils ont d’autres enfants, les pères ont aussi pour mission de s’occuper d’eux. Enfin, les normes socio-culturelles obligent les pères à être le partenaire le plus fort en ne montrant pas leurs sentiments. Exprimer leurs craintes serait une faiblesse (20,22). Nier leurs émotions et leurs besoins est une forme de protection (13).

CHOIX DE LA MÉTHODOLOGIE

   Pour notre travail, la première idée était d’interroger les pères et de réaliser une étude qualitative dans le service de néonatalogie. Mais en raison du calendrier du mémoire cela n’était pas possible. Il a donc été choisi de s’intéresser à la littérature sur le sujet. Nous avons fait le choix de réaliser une revue simple de la littérature. Nous avons choisi de garder uniquement des études qualitatives s’intéressant aux vécus des pères, à leurs expériences. Les études qualitatives nous permettent de recueillir leurs points de vue. Aussi, les études concernant les parents et donc les mères n’ont pas été sélectionnées. Ce choix est une des limites de notre étude car il peut entrainer une perte de résultats. En effet, les études concernant les parents pourraient apporter des résultats supplémentaires concernant le point de vue des pères. Nous avons fait le choix de ne pas sélectionner d’étude quantitative. Les facteurs observés : le vécu émotionnel des pères et leurs implications sont difficiles à mesurer objectivement. L’interprétation de données numériques n’est pas adaptée à notre projet d’étude. Lors de nos premières recherches, nous avons trouvé une revue de la littérature publiée en 2015 par Provenzi (15). Cette étude a été réalisée à partir d’études publiées entre 2000 et 2014, nous avons donc fait le choix de nous intéresser aux études publiées après cette date. C’est pourquoi nous avons étudié les études publiées après février 2015.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
MÉTHODOLOGIE
OBJECTIF PRINCIPAL
PICO
HYPOTHÈSES
MÉTHODE
Type de la méthode
Les sources de données
Dates de l’étude
Recherche
Critères d’inclusion
Grille d’analyse des études
RÉSULTATS
SÉLECTION DES ÉTUDES
DIAGRAMME DE FLUX
PRÉSENTATION DE LA LITTÉRATURE
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Tableau I – Etude n°1 : Finding my way : a phenomenology of fathering in the NICU
Tableau II – Etude n°2 : Fathers’ experience with their preterm babies admitted to neonatal intensive care unit : A multi-method study
Tableau III – Etude n°3 : Fathers’ experience of starting family life with an infant born prematurely due to mothers’ severe illness
Tableau IV – Etude n°4 : Skin to skin contact facilitates more equal parenthood – A qualitative study from fathers’ perspective
Tableau V – Etude n°5 : Fathers’ needs and masculinity dilemmas in a neonatal intensive care unit in Denmark
Tableau VI – Etude n°6 : Développement de la relation père et enfant prématuré : un défi pour l’unité néonatale
Tableau VII – Etude n°7 : Metaethnographic synthesis of fathers’ experiences of NICU environment during hospitalization of their premature
ANALYSE
LE RÔLE DES PÈRES
LES BESOINS DES PÈRES
LE DÉVELOPPEMENT DE LA PATERNITÉ DANS UN « LIEU PUBLIC »
DES ÉMOTIONS EN « MONTAGNES RUSSES »
L’EXCLUSION
DISCUSSION
CHOIX DU SUJET
CHOIX DE LA MÉTHODOLOGIE
FORCES ET LIMITES DE L’ÉTUDE
DISCUSSION DES RÉSULTATS
IMPLICATION DANS LA PROFESSION DE SAGE-FEMME
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE I – Méthodologie PRISMA
ANNEXES II à VIII – TABLEAUX D’EXTRACTION DES DONNEES
ANNEXE II – ETUDE n°1 : Finding My Way: A Phenomenology of Fathering in the NICU
ANNEXE III – ETUDE n°2 : Fathers’ experience with their preterm babies admitted to neonatal intensive care unit : A multi-method study
ANNEXE IV – ETUDE n°3 : Fathers’ experience of starting family life with an infant born prematurely due to mothers’ severe illness
ANNEXE V – ETUDE n°4 : Skin-to-kin Contact Facilitates More Equal Parenthood – A Qualitative Study From Fathers’ Perspective
ANNEXE VI – ETUDE n°5 : Fathers’ needs and masculinity dilemmas in a neonatal intensive care unit in Denmark
ANNEXE VII – ETUDE n°6 : Développement de la relation père et enfant prématuré : un défi pour l’unité néonatale
ANNEXE VIII – ETUDE n°7 : Metaethnographic synthesis of fathers’ experiences of NICU environment during hospitalization of their premature

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *