RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : DES SYSTEMES DE CULTURE BIEN ENRACINEES SPATIALEMENT

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Une situation géographique assez favorable

Une accessibilité relative

La commune rurale de Mahavelona se situe à 30 km au Sud du chef-lieu de district, longeant la RIP103 qui relie Soavinandriana et Mahasolo. Avec un moyen de transport qui se fait par voie terrestre, la commune présente des pistes non bitumées. De ce fait, la zone se retrouve avec un accès difficile en période de pluie surtout pour les automobiles. Depuis 2002, la route n’est plus accessible sauf pour les véhicules à deux roues.
Face à ce problème d’inaccessibilité, les véhicules sont forcés d’emprunter la piste qui mène vers Ankadinondry. C’est un détour obligatoire pour atteindre le chef-lieu de district. Mais on peut admettre que la commune rurale de Mahavelona n’est pas vraiment isolée malgré le mauvais état de la route et la manque d’électricité. Administrativement, elle est reconnue parmi les sept communes comprises dans le district « Soavinandriana Andrefana » : Amparaky, Amberomanga, Ankisabe, Mahavelona, Ambatoasana centre, Tamponala et Ankarananana. Grâce aux trois chemins qui partent du chef-lieu de la commune, le RIP103et le RIP105 (cf. croquis n° 01), il y a la création de flux de transport voir commercial dans la zone. Avec l’installation du réseau téléphonique « CELTEL » depuis 2007 et avec le captage de six stations radio « FM », dont la radio Don Bosco qui émet directement d’Antananarivo, et un radio « AM », le RNM, la population locale reste informée.

Commune rurale de Mahavelona : une position centrale

Du point de vue géographique, la commune rurale de Mahavelona tient une position centrale par rapport aux trois communes alentours : Ankisabe, Mananasy et Ambatoasana mais également par rapport aux Fokontany notamment pour Miaramandroso, Masoandromaherana, Akonifiraisana, Miarinatsimo et Andohady.

Localisation de dix Fokontany de la commune de Mahavelona

Il existe des flux intercommunaux sur tous les plans. Sur le plan économique, il y a échange des produits agricoles c’est-à-dire à l’aide des collecteurs et ses intermédiaires : le jour du marché, des collecteurs des communes voisines mais aussi d’autres localités viennent sur place. La commune accueille également des grands événements religieux qui regroupent les croyants des églises aux alentours, c’est-à-dire en provenance des communes voisines faisant parties du même district. De plus en 2010, Mahavelona a été désigné comme étant le centre d’examen de CEPE du district « Soavinandriana Andrefana ».

Une formation toponymique récente

La formation toponymique du village de Mahavelona est un phénomène récent qui date de la période coloniale. En 1900, le village portait encore le nom d’Ambatomainty, une dénomination née de la présence d’un rocher noir surplombant le village, là où se trouve actuellement le CSB2 (cf. croquis n°05).En 1902, un « vazaha » s’aventurait dans la région et arrivait à Ambatomainty affamé et très épuisé. Un gargotier très accueillant lui donna à manger. C’est ce vazaha qui avait initiéde changer le nom du village en « Mahavelona » et le nom du village a changé.
Bref rappel de l’installation de la population
La majorité de la population de Mahavelona sont des migrants venant de Faratsiho vers 1900et de Miarinarivo et Arivonimamo vers 1935. C’est pourquoi la majorité de la population est à75% merina. Ce sont les paysans à la recherche de terrains à exploiter. Pendant la construction de la RIP103 et la route de Mahavelona-Ankisabe vers 1937, la population s’est installée massivement à construire des maisons le long des routes surtout pour faire des petits commerces tels que des épiceries ou bien des gargotes. Ainsi, en 2010, le nombre de la population dans la commune est estimé à un total de 21794 habitants.

LA DIVERSIFICATION DU SYSTEME DES CULTURES

La polyculture traditionnelle à dominance rizicole

Dans le cadre de la caractéristique du système agricole et de la pratique paysanne, la commune rurale de Mahavelona n’échappe pas à la tradition. Il s’agit d’un système complexe caractérisé par un manque de spécialisation où les paysans font un peu de tout pour subvenir. Les activités paysannes sont fortement diversifiées mais qui laisse tramer quand même un système de polyculture traditionnelle où la pratique rizicole constitue un dénominateur commun.

La riziculture

Les Hautes Terres de Madagascar sont les principales zones de production rizicole de Madagascar. La commune rurale de Mahavelona, faisant encore partie de cette tradition séculaire où les paysans vivent essentiellement de la riziculture généralement pratiquée dans les bas-fonds. Chaque ménage pratique la culture de riz principalement du riz irrigué que ce soit par faire-valoir directe ou indirecte.
Comme le riz constitue la base de l’alimentation de la population malgache, sa culture est pratiquée habituellement dans les terroirs des HTC malgache. On la trouve un peu partout dans les surfaces cultivées d’autant plus que les efforts des paysans sont consacrés à ce produit en termes de journée de travail. Au total une surface de 3 467 ha est occupée par la riziculture au sein de la commune, dont 2 227 ha par le riz irrigué et 1 240 ha par le riz pluvial qui sont, pour la plupart, destinés à l’autoconsommation. Dans ce système de production, le surplus commercialisable ne constitue qu’une partie infime de la production.
Si le riz pluvial tient une place moins importante, c’est parce que cette culture est souvent pratiquée sur « tanety », un terrain généralement utilisé chaque année pour la culture de maïs et des tubercules (manioc et patate douce). Ainsi, on peut dire qu’il y a en quelque sorte une rotation de culture entre le maïs et le riz pluvial. Toutefois, des détails pratiques handicapent certainement le riz pluvial auprès de la pratique paysanne. D’après les enquêtes, la culture du riz pluvial détériore plus vite le sol et demande beaucoup d’investissement financier. Cela constitue trop des dépenses et certain nombre de paysans doutent de cette pratique pluviale et préfère s’en tenir à la culture de maïs. Quoi qu’il en soit, le mode amélioré reste le plus pratiqué parce qu’avec le mode traditionnel, il y aura peu de rendement et la production sera mince.
Avec l’apparition du SRI (système de riziculture intensive) et du SRA (système de riziculture améliorée), le riz irrigué prend de plus en plus d’ampleur dans la commune. Par ailleurs, la paysannerie de Hautes Terres est un riziculteur avertis avec beaucoup d’expériences en la matière. Les rizières des bas-fonds sont alimentées par des sources d’eau naturelle et le système de maîtrise de l’eau repose sur une technique traditionnelle savante. De ce fait, les paysans peuvent pratiquer le « vary aloha » dans les parties où les rizières peuvent recevoir assez d’eau et sans difficulté, ce qui est un des atouts des cultures de bas-fond.
Grâce aux différents systèmes d’irrigation adoptés par les paysans, malgré que cela reste traditionnel, il est ainsi possible d’étendre les rizières pour avoir plus de surface cultivable voire plus de production. Mais le SRA reste le plus pratiqué avec une surface cultivée de 1 736 ha en 2010 si le SRI n’occupe que 182 ha seulement. Cette dernière technique est encore mal maîtrisée par les paysans à part le problème du manque de financement et de matérielles.

Les cultures pluviales : une pratique intensive sur le tanety

Les cultures pluviales occupent essentiellement les tanety pendant la saison chaude et humide comme le maïs et le manioc qui jouent un rôle vivrier à côté du riz. Ces sont des compléments des aliments de subsistance à part les cultures maraichères. En réalité, c’est une productivité vivrière qui peine à suivre la croissance démographique.
La majorité de la culture de maïs dans la commune rurale de Mahavelona se pratique chaque année sur tanety. Mais il y a quand même, une mineure partie qui se situe dans les bas-fonds asséchés ou sur la pente des collines. Souvent le maïs est associé avec le haricot pour les parcelles proches du village ou avec le riz pluvial ou encore avec l’arachide. D’après le classement par ordre d’importance des cultures habituellement pratiquées à part le riz, le maïs vient en premier rang au sein de la commune. Sur une surface de 3 432 ha en 2011, il est censé arriver en seconde place après le manioc dans l’ensemble de la production à Madagascar.
La plupart des paysans cultive le maïs pour l’autoconsommation d’abord mais également pour la vente en cas d’un besoin urgent en numéraire et éventuellement pour l’alimentation des animaux. Certains n’en cultivent que pour la consommation familiale, sur une petite parcelle, à cause de manque de terrain cultivable. Cependant la pratique reste, pour la plupart, traditionnelle, avec une production de 1,5t/ha et si on utilise des intrants agricoles, la production arrive jusqu’à2t/ha. Sur le tanety, les champs sont localisés sur le flanc des collines dont certains se présentent en longues bandes, tracés parallèlement aux courbes de niveau.
Si on fait référence à l’ensemble des Hautes Terres Centrales, la culture de manioc succède le riz selon le rang des cultures vivrières pratiquées par les paysans et traditionnellement, il était cultivé dans le but de substituer le riz en période de soudure. Dans le cas de la commune de Mahavelona, elle tient la troisième place dans le système de production. En fait, c’est souvent une petite exploitation familiale, dans une parcelle moins vaste, sur le tanety, localisée sur le versant des collines ou encore dans les bas-fonds asséchés. D’après les enquêtes, 90% des ménages cultivent le manioc et possèdent au moins une petite parcelle de 20m².
Le manioc sert en grande partie pour l’autoconsommation, sauf pour les quelques surplus qui sont destinés à la commerce. Mais il existe des paysans qui cultivent le manioc sur des terrains assez vastes en une année, justement pour essayer d’orienter la production au commerce local, surtout pendant la période de soudure. Ce qui est un cas rare dans la commune parce que seulement un paysan sur dix le pratique. Puisque généralement, le plus grand nombre des paysans consacrent les sols de tanety en culture de maïs. En 2010, la surface cultivée est de 2 071 ha, avec une production de 4 128 t ce qui est quand même insuffisante pour la consommation locale.
Pour le reste, dans l’ensemble des cultures pluviales les plus pratiquées dans la commune de Mahavelona, à part le maïs et le manioc, le pois de terres et l’arachide ne sont que des cultures de rotation avec le maïs et n’occupe qu’une mineure partie des tanety (cf. graphe n°01).Le pois de terre est généralement pour l’autosubsistance journalière tandis qu’une grande partie de l’arachide est destinée à la commerce pour être, ensuite, transformée en huile. La transformation artisanale d’huile d’arachide est une activité très développée au sein de la commune. Auparavant, les paysans peuvent obtenir jusqu’à cinq charrettes par hectare par an, mais à cause des maladies et de l’épuisement du sol, la production a diminué jusqu’à deux charrettes par an. De ce fait, les fabricants d’huile d’arachide de la commune de Mahavelona doivent s’approvisionner auprès des producteurs situés dans les autres communes les plus proches.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : MAHAVELONA, UN SOUS ESPACE DES HAUTES TERRES DE MADAGASCAR
Chapitre 1 : UNE POLYCULTURE TRADITIONNELLE A DOMINANCE RIZICOLE
A. UN MILIEU RURAL CARACTERISTIQUE DES HAUTES TERRES
1. Une situation géographique assez favorable
a. Une accessibilité relative
b. Commune rurale de Mahavelona : une position centrale
2. Une formation toponymique récente
B. LA DIVERSIFICATION DU SYSTEME DES CULTURES
1. La polyculture traditionnelle à dominance rizicole
a. La riziculture
b. Les cultures pluviales : une pratique intensive sur le tanety
c. L’élevage à cycle court
2. Les autres activités
a. Les innovations culturales : cultures maraichères
b. L’artisanat
3. Une ébauche d’un surplus commercialisable ?
Chapitre 2 : LA RIGIDITE ENDOGENE DU SOUS ESPACE DE MAHAVELONA» 
A. LA DEFAILLANCE DES INFRASTRUCTURES DE BASE
1. Les infrastructures sociales
a. Le rayonnement du système scolaire
b. L’accès aux soins
c. Les maladies fréquentes
2. Les infrastructures productives
a. Problème de l’électrification rurale
b. Les barrages d’irrigation
B. LES ASPECTS SPATIAUX DE CONDITION D’ACCESSIBILITE
1. Les infrastructures routières
a. La qualité de l’infrastructure de circulation
b. Une condition d’accessibilité difficile
c. L’importance des pistes charretières
2. Un mode de transport moins performant et traditionnel
3. Les autres moyens de communication : la téléphonie mobile
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : UN SYSTEME FIGE
Chapitre 3 : LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES
A. LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES FAVORABLES
1. Un système d’aménagement dicté par le relief
2. Des conditions agro-environnementales favorables aux diverses cultures
a. Un climat favorable pour l’agriculture vivrière
b. Conditions pédologiques favorables
c. Classification empirique des sols
d. La maîtrise de l’eau et système d’irrigation
B. LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES
1. De système d’exploitation tributaire de l’appropriation du sol
a. La domination de petites exploitations
b. La complexité du mode de faire-valoir
c. La dimension foncière de la parcelle : rizière et champs de maïs
Chapitre 4 : RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : DES SYSTEMES DE CULTURE BIEN ENRACINEES SPATIALEMENT
A. UN SYSTEME DE PRODUCTION MOINS EVOLUE
1. Un système traditionnel bien enraciné malgré l’innovation
a. Un mélange du traditionalisme et de modernisme
b. Le rendement : en fonction de soins et de la technique culturale
2. La dimension économique du riz irrigué et cultures pluviales
a. Besoin de main d’oeuvre varié
b. L’enjeu de la période de soudure
B. LA DIMENSION SPATIALE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES
1. Des terroirs de bas-fonds et de tanety
2. Une zone de production concentrée dans le secteur central
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : LA PERSPECTIVE D’UNE FILIERE LOCALE DE CULTURES VIVRIERES
Chapitre 5 : LA CONSTITUTION D’UNE FILIERE LOCALE DES CULTURES VIVRIERES
A. CULTURE VIVRIERE : UNE FILIERE CLASSIQUE ET TRADITIONNELLE
1. Le schéma de la filière
2 Des filières dominées par le riz et le maïs
3. Beaucoup des acteurs intermédiaires
a. Les principaux acteurs commerciaux
b. Origine des commerçants et collecteurs
c. Existence de transformation artisanale
B. DES CIRCUITS COMMERCIAUX DOMINES PAR LES SYSTEMES DE COLLECTE
1. Une économie de subsistance
a. Le maïs : un produit à vocation commerciale?
b. Le problème de la période de soudure
c. Des budgets des ménages basés sur le fonctionnement
2. Le schéma général des échanges
a. Collecteurs et relais des collecteurs principaux
b. Les acteurs dominants
3. Des lieux de transaction assez denses
a. Les marchés hebdomadaires ruraux
b. Les points de collecte
C. ORIENTATION DES FLUX
1. Flux entrants
2. Flux sortants
Chapitre 6 : UNE MUTATION DIFFICILE MALGRE L’ENCADREMENT
A. LES STRUCTURES D’ENCADREMENT DES PAYSANS
1. Les organismes d’encadrement
a. PSDR et SECAM
b. PROSPERRE/PARECAM et “Land O’Lakes”
c. Le rôle du CSA
B. LE ROLE DE LA COMMUNE ET DE L’ETAT
1. Promouvoir la capacité des acteurs communaux
2. Création des infrastructures économiques
a. Amélioration du mode de transport rural
b. Multiplication des lieux de transaction
C. PERSPECTIVE D’AVENIR
1. Les facteurs déterminants pour la mutation du système
a. Des innovations qui se conjuguent à plusieurs facteurs
b. Renforcement de la stratégie commerciale
2 Perspectives du développement économique local
3. Milieu rural de Mahavelona : une situation complexe
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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