RITUELS RELIGIEUX TRADITIONNELS A FADIOUTH ET PARTICIPATION FEMININE

LES TRADITIONS SOCIALES ET CULTURELLES

     Fadiouth est doté d’une richesse culturelle. La société fadiouthienne est basée sur neuf lignées maternelles qui sont les Diahanora, les Yokam, les Fédior, les Simala, les Dian-Diany, les Soce, les Fata-fata, les Siwaña et les Laboor. C’est donc un système fondamentalement matrilinéaire ce qui fait la particularité de la femme et lui donne une importance capitale pour la sauvegarde du groupe. Les tims13 ont comme fonction principale de renforcer la valorisation de l’unité et de la solidarité du groupe, de respecter la parenté et de fortifier la communion entre individus ayant la même ancêtre mythique. Chaque lignée maternelle à sa spécialité. Le système social à Fadiouth donne à chacun d’occuper une place bien définie. La société est de type égalitaire et elle met tous les groupes sociaux à un même pied d’égalité, autrement dit à un même niveau horizontal. Le processus de socialisation est fondamental dans toute société d’où l’importance de donner à chaque individu qui naît dans une structure des normes, des valeurs et une éthique propre à chaque famille d’abord puis à l’ensemble du groupe social. Ce dernier se doit de guider, d’orienter et de régir le comportement de chacun de ses membres. Le système social fadiouthien repose en quelque sorte sur la femme qui, dans la vie culturelle fait tourner presque tout autour d’elle. Son engagement, son dévouement et sa disponibilité dans la vie culturelle et sociale lui ont valu le maintien de son rôle au sein du groupe. La structure lignagère est donc telle que la femme constitue le poumon même de l’organisation sociale. Le long refus de s’ouvrir au monde extérieur a conduit les fadiouthiens à la consolidation de leurs traditions. Parmi ces dernières, nous pouvons noter les rites que ce soit lors d’un baptême, d’un mariage ou d’un décès. L’initiation quand à elle se déroule selon le sexe. Elle était un moyen de partager des connaissances et des savoirs. Bref, la femme est et reste un élément incontournable dans la vie sociale et culturelle à Fadiouth. Son pouvoir et sa prédominance dans ces domaines demeurent incontestables et ceci, malgré toute l’évolution qui a été enregistrée dans sa condition et ses habitudes en tant que femme. L’adoption progressive d’un mode de vie urbain a réussi à changer beaucoup de choses dans la vie quotidienne des fadiouthiens. Cependant, elle n’a pas réussi à faire disparaître les pratiques religieuses traditionnelles particulièrement les rites consacrés aux pangol au profit des religions dites révélées.

Le roi de la mer

      Les diahanora sont les maîtres de la mer. Le roi de la mer doit appartenir à l’une des deux branches royales. Autrement dit, il doit être de Ndiaré Sarr ou de Tiboye Demba. Il est appelé en sérère « Maad no Maah ». Il est Saacuur, prêtre roi de la mer. Si l’ancien roi de la mer était de Ndiaré Sarr, le suivant sera de Tiboye. L’actuel est un diahanora de Tiboye et la cérémonie de son sacre a eu lieu le vendredi 06 juillet 2001. Il n’a aucune origine divine seulement, il dispose des pouvoirs qui côtoient sans cesse le sacré. Sa personne n’est pas sacrée, mais ses pouvoirs le sont. Il côtoie aussi en permanence le monde de la magie. En effet, c’est à travers une capacité magique qu’il assure la prospérité en jouant un rôle générateur. Sa fonction est magico-religieuse. Il est tenu responsable de toute catastrophe sur les eaux des mers. Le Saacuur doit être l’aîné du « tim » et se doit de se vêtir en blanc toute sa vie, à partir du jour de l’investiture officielle. Le prêtre, « Maad no Maah » doit faire des sacrifices aux génies de la mer afin de rendre les côtes poissonneuses, particulièrement au fangol de la mer à savoir « o njuc ». Ce dernier se manifeste sous forme d’une énorme gueule Tapée. Son autel se situe aux pieds d’un baobab, sur la plage, à la pointe de Ngazobil, entre Joal et Ngazobil. Il a aussi un autel dans un ilôt inhabité appelé Tindine. « O njuc » apparaît aussi comme un vieil homme toujours vêtu en blanc. C’est le principal fangol de la mer et c’est à lui que le Saacuur fait des libations pour exercer ses pouvoirs. Une femme ne peut pas lui faire des libations. Le roi de la mer est détenteur d’un pouvoir de prédiction, d’explications mais surtout de contrôle du monde aquatique. Même s’il ne peut rentrer dans la mer, ni la toucher, il la domine et la soumet à son contrôle. C’est donc grâce à sa fonction rituelle, à sa fonction magico-religieuse que le groupe survit.

Les branches sacerdotales

     Les « Ndumbu ndumbu » sont considérés comme étant des « amasseurs de richesses. » Ils sont peu nombreux à Fadiouth. Cependant, on nous dit qu’ils sont en général riches et très intégrés dans le domaine de l’occultisme. Les diahanora de Diaher Gorane sont très impliqués dans le sacre du « Maad no Maah ». Leur principal fangol est de sexe féminin et se nomme « ñofandi » qui signifie « fais vite. » Son autel se trouve à Fassanda. A la veille de la cérémonie d’investiture du nouveau roi de la mer, la prêtresse accompagne le futur Saacuur au lieu de culte de « ñofandi » afin qu’il bénéficie de sa bénédiction et de son appui. Lors de cette visite rituelle, le futur roi ne procède à aucun rite. C’est plutôt à la prêtresse de diriger la séance en offrant en sacrifice deux poulets, deux litres de vin et du « sangap ». Cette visite a toujours eu lieu un jeudi, veille du « ndot ». Le sang des poulets immolés permet au fangol d’agir de façon favorable sur la nature. Le sang est le signe de la vie tandis que le rouge symbolise la force vitale. Quand au vin, il renforce cette énergie vitale. Les diahanora de Diaher Gorane et de Téning Codou sont très dévoués dans les rituels mystiques et religieux consacrés aux pangol, notamment aux pangol de leur « ndeen yaay ». Quant aux sacrifices offerts lors du sacre du roi de la mer, ils en sont les principaux responsables. Il s’agit là d’un véritable sacerdoce qu’ils ont dû s’approprier et qu’ ils tâchent d’accomplir en s’intégrant dans un monde fondamentalement basé sur l’occultisme et le mysticisme. Comme autre fangol des diahonora, il y a « Fakaw ». Il se transforme en varan ou lézard géant et très souvent précède la prêtresse sur le chemin qui mène à son autel où sont faites les libations qui lui sont destinées. La prêtresse lui offre généralement du « sangap » et du lait. Quant à « Mamanguedj », il loge au niveau du bras de mer qui sépare le Finio de Fadiouth. Lui aussi apparaît comme un géant varan. La prêtresse qui s’en occupe lui prépare une offrande de « sangap » qu’elle dépose à son lieu de culte les samedi avec à l’appui tout un ensemble de rituels. A part « O njuc » et « Mama Ndagne » qui ont comme responsables des prêtres, presque tous les autres pangol des diahanora sont pris en charge par des femmes. Cela montre encore une fois l’importance du degré d’implication des fadiouthiennes dans le domaine religieux traditionnel, sans pour autant négliger celle des hommes.

LES FEDIOR

    D’après un mythe raconté à Fadiouth, un couple Kian et Tiboye s’étaient retrouvés à la pointe de Sangomar après avoir été chassés du Gabou. Ce mythe d’installation raconte qu’ils étaient arrivés à Sangomar après une très longue marche, puis ils remontèrent jusqu’à Joal, plus précisément au puits « Pipa », à la recherche d’eau potable. Par la suite, ils s’installèrent à l’île de Fafdiouth. Toujours d’après le mythe, Tiboye était diahanora et kian fédior et plus tard, leurs enfants se partagèrent le pouvoir sur la mer et sur la terre. Partant de là, les diahanora sont devenus les maîtres de la mer et les fédior les maîtres des terres. C’est la raison pour laquelle on dit qu’à Fadiouth, les diahanora et les fédior sont parents. Dans la lignée maternelle des fédior de Fadiouth, nous pouvons noter une petite subdivision qui a donné naissance à deux branches. Certaines vieilles femmes fédior racontent que la subdivision ne vient pas de aïeules, raison pour laquelle aucune distinction n’est faite sur l’appellation. Ce sont tous des fédior et aucun nom d’aïeule n’est donné pour marquer la subdivision. Dans le langage courant, on entend souvent dire que les uns sont les « bons fédior » et les autres les « mauvais fédior » et, évidemment, aucune branche n’accepte d’être qualifiée de mauvaise. Ils s’accusent sans pour autant que cela ne dégénère en conflit. Notons que le terme « mauvais » dans ce contexte se rapporte plus ou moins à la sorcellerie. Une femme fédior nous a raconté que « dans la branche considérée de mauvaise, il y a un nombre considérable de « naq ou sorciers ». Ces derniers sont assimilés à des « mangeurs d’hommes. » Le principal fangol des fédior se trouve dans le village de Fadial. Il se nomme « O bang Fadial » et le prêtre chargé de lui faire des libations habite dans le village de Mbissel.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL D’ETUDE
Chapitre I : Cadre Thèorique 
1- Problématique
2- Les objectifs
3- Les hypothèses
4- Définition conceptuelle
5- Revue de la littérature
6- Modèle théorique d’analyse
7- La Méthodologie
a- Les entretiens
b- Le focus group
c- Le questionnaire
8- Le déroulement de l’enquête
9- Les difficultés rencontrées
Chapitre II : Le cadre d’étude
1- Brève présentation du milieu d’étude
2- Les traditions sociales et culturelles
3- Les traditions religieuses
DEUXIEME PARTIE : FEMMES ET PRATIQUES CONSACREES AUX PANGOL 
Chapitre III : Femmes et Pangol à Fadiouth
I- Les pangol des lignées maternelles Diahanora et Fédior
I.1- Les Diahanora
I. 2- Les Fédior
II- Les pangol de quelques autres lignées maternelles
II-1- Les yokam
II.2- Les simala
II.3- Les fata-fata
II.4- Les soce
Chapitre IV : Femme-médecine traditionnelle et Pangol
I- Pangol et médecine traditionnelle
I.1- La pratique de « Hahia »
I.2- « Go nap » et « Tripano »
II- Médecine traditionnelle sans influence des pangol
II.1- « Nga Newandale »
II.2- Le « Sothet »
II.3- Le « Bil bop »
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES DE L’ENQUETE PAR QUESTIONNAIRE / POSITION ET PERCEPTIONS DU CHRISTIANISME ET DE L’ISLAM 
Chapitre V : Analyse des données de l’enquête par questionnaire
I- Les pangol
II- La medecine traditionnelle
Chapitre VI : Position et perceptions du Christianisme et de l’Islam
I- Points de vue chretiens sur religions révélées et religions traditionnelles
II- Point de vue islamique
III- Peut-on parler de syncrétisme religieux ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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