Un patrimoine dont les conditions de survie sont menacées
Les Ait Soukhmanes, comme les autres tribus du Maroc Central, sont dépositaires d’un patrimoine riche mal connu mais qui est actuellement en mutation et qui s’accompagne à la fois d’enrichissements et de déperditions. Ces régions montagneuses, de par leur inaccessibilité, leur enclavement, ont gardé leur cachet particulier en faisant valoir leurs valeurs, leurs croyances, leurs traditions concernant la gestion des rapports à l’environnement, des relations communautaires, des rapports et conflits interpersonnels et intertribaux. Certes, la tradition orale ne survit que parce qu’elle s’adapte sous l’influence de facteurs endogènes et exogènes. Même si cette région a subi des changements sur le plan environnemental (déforestation, rétrécissement des alpages au profit de l’agriculture), et au niveau du mode de vie (sédentarisation croissante de la population, exode rural et émigration des jeunes), elle a continué à mener son mode de vie de pasteurs et de cultivateurs modestes jusqu’à une date très récente car cette zone n’avait que très peu bénéficié des programmes nationaux de développement. Ce n’est que ces deux dernières décennies que s’y est développé un réseau routier, s’y sont implantées des écoles et s’y est élargie l’électrification des villages et douars. En effet, suite à ses prises de positions politiques, à sa résistance aux différents pouvoirs – qu’il s’agisse de la période du protectorat ou des monarchies au pouvoir de la période post coloniale- cette région du Maroc a fait l’objet d’une marginalisation systématique ; ce qui l’a empêchée de prendre son essor. Mohammed Aderghal et Romain Simenel expliquent : « Car les régions berbères sont alors aussi perçues comme peuplées d’insoumis, d’où sont issus les militaires auteurs des complots des années 1970 et 1971, et les responsables des émeutes de 1973 ». De son côté, Michael Peyron rappelle certains faits historiques qui n’ont pas joué en sa faveur.- . À la fin du 19e siècle, sous la houlette de Sidi ‘Ali Amhaouch, ils ont eu maille à partir avec les troupes « sultaniennes » : éléments dissidents chez les Ayt Daoud ou ‘Ali (région d’Anergui) qui défient avec succès un caïd makhzen que l’on cherche à leur imposer ; guet-apens du Tizi n Tighanimine (1885) où Moulay Srour, cousin de Hassan Ier, est tué ; bataille de l’Isrouta (1889), enfin, qui voit les guerriers du coin barrer la route à la mehalla chérifienne. Force est de constater que la région des Ait Soukhmanes, malgré les efforts consentis ces derniers temps, est toujours pauvre en infrastructures de base : le trafic routier y est encore très réduit, l’électrification n’est pas encore généralisée. Les écoles, les centres de santé font encore défaut dans bien des localités. Ce qui pourrait expliquer pourquoi, jusqu’à une date récente, elle n’a pas connu de changements notables dans son mode de vie. Aussi estimons nous que son espace géographique et social serait propice à l’exploration quant au thème retenu pour cette recherche et qui se rapporte aux changements qui impactent la pratique contemporaine.
Des pratiques culturelles en mutation
Aujourd’hui, cette région du Moyen Atlas connait des changements à tous les niveaux ; ce qui, comme déjà avancé, n’a pas manqué d’avoir des répercussions sur son patrimoine matériel et immatériel qui s’érode, se transforme, s’enrichit ou disparaît. Les pratiques ancestrales avec leurs particularités locales – qui s’inscrivent dans la continuité d’une tradition sans cesse reformulée et réadaptée pour être conservée et perpétuée de génération en génération – sont actuellement bousculées, désorientées par « la modernisation ». Le désenclavement amorcé, l’accès aux médias, la scolarisation qui tend à se généraliser et le développement des moyens de communication sont tous des facteurs qui facilitent les contacts tout en opérant une ouverture sur de nouvelles valeurs et pratiques qui viennent perturber les traditions existantes, se greffer sur elles ou les remplacer. De surcroit nous constatons que, pendant ces dernières décennies, les représentations de ces tribus vis-à-vis de leurs coutumes et de leur langue ont beaucoup évolué. L’attachement inconditionnel et superstitieux aux pratiques ancestrales s’est affaibli. Il y a une grande frange de la population, surtout parmi les jeunes sédentaires, qui montrent une grande disposition à renoncer aux pratiques anciennes, à s’ouvrir sur le monde extérieur, à emprunter des pratiques nouvelles. Tout laisse croire que nous nous trouvons face à la dernière génération dépositaire du patrimoine ancestral. Actuellement, la cérémonie de mariage constitue pour les familles récemment sédentarisées, un examen redoutable. Elles sont tiraillées entre le rituel bien intégré, bien assimilé mais souvent jugé archaïque, dépassé ou inadéquat étant donné les changements qui ont affecté la société, et le désir de se voir « émancipé », « modernisé ». Et il arrive que les rituels des grandes villes n’arrivent pas à s’intégrer ni leur mode de vie, ni à leur vision du monde. Comment expliquer un tel revirement concernant l’attachement à des pratiques ancestrales, considérées jusqu’à une époque récente non seulement comme sacrées mais dont la violation est susceptible de provoquer non seulement la colère de ses détenteurs mais aussi celle des forces occultes ? Et qui sont les acteurs sociaux de ces changements ? S’agit-il d’une évolution qui se fait dans la continuité des pratiques anciennes qui s’adaptent ou au contraire d’une rupture avec le passé ? Toutes ces modifications et changements qui se rapportent à la culture populaire seront analysés dans notre cas pour essayer d’en comprendre les tenants et les aboutissants, de souligner les pertes et les acquis et de voir s’il s’agit d’adaptation ou d’aliénation. D’où la nécessité d’interroger cette mutation à la lumière des changements survenus au niveau local dans leur interaction avec le contexte global
L’oralité est prédominante
L’oralité est très présente dans le rituel du mariage et s’exprime dans des formes diverses. Telle qu’elle est investie dans le cérémonial, elle requiert une attention particulière. Composante essentielle du rituel, elle sera analysée dans ses genres, sa littérarité, et sa fonction. Ainsi, les différents genres inhérents au rituel, seront repérés, analysés et les caractéristiques de chacun relevées. Leurs fonctions rituelles et sociales seront soulignées. Mais étant donné leur prééminence dans le rituel, c’est la poésie et le chant qui nous intéressent en premier lieu. Le but est de voir quels sont les éléments conjugués dans la performance, quels sont les critères esthétiques qui entrent en jeu dans la production et l’exécution. Nous serons donc attentive aux conditions d’exécution, au rôle de l’auditoire et au discours critique des natifs. Le macro- contexte régional sera sollicité quand il influe sur le contexte d’exécution.
La situation linguistique et culturelle
Comme notre sujet se rapporte à un espace géographique amazighophone, il nous a semblé important de donner quelques repères historiques et un aperçu sur le statut de la langue berbère ou amazigh au Maghreb et particulièrement au Maroc car on ne peut pas étudier une culture et à fortiori l’oralité en faisant abstraction de la langue qui la véhicule,l’ imprègne de ses caractéristiques et en constitue la mémoire. Les Berbères ou Imazighen (Amazigh au singulier) constituent le fond ancien de la population de l’Afrique du Nord. Ils occupèrent l’espace nord-africain qui s’étend de la Mer Rouge aux îles Atlantiques et du Niger à la Méditerranée. La langue berbère serait l’une des plus anciennes langues de l’humanité. Elle est la langue des plus anciens habitants de l’Afrique du Nord Les Berbères sont connus, dès le temps des Pharaons égyptiens, sous les noms de Lebou et Temehou comme l’affirme Gabriel Camps (2002). Aujourd’hui, de ces populations, il ne subsiste que des lambeaux linguistiques et des groupes parfois importants mais séparés les uns des autres. Cette survivance de la langue berbère malgré les dominations successives subies, intrigue les chercheurs. Gabriel Camps (2002) cherche à comprendre comment, malgré toutes les influences que les Berbères ont subies (punique, romaine, africaine, arabe…), ils ont pu rester fidèles à leurs coutumes, à leur langue. Il est à noter que ce sont les termes de ‘chleuh’ (l’amaziphophone) et ‘tachelhit’ (la langue amazighe) qui étaient utilisés dans la langue populaire qu’il s’agisse de l’arabe dialectal ou du berbère. Les gens se définissent comme des ‘chleuhs’. L’ethnonyme « berbère » est largement rejeté par les militants du mouvement amazigh non seulement par sa désignation exogène mais aussi par sa connotation péjorative. Ils lui préfèrent celui d’amazigh dont le pluriel est imazighen et qui est francisé en ‘amazighs‘. Ce terme fait aujourd’hui l’unanimité parmi les intéressés dans l’ensemble de Tamazgha (pays des Imazighens) et de la diaspora. Il a été élu par une intelligentsia berbère pour ses connotations qui sont ressenties comme positives, pour se substituer à celui de berbère(s) qui serait moins valorisant et qui était donné aux habitants d’Afrique du Nord qui ne parlaient pas le latin. L’origine du mot, selon Ibn Khaldoun, serait le nom du patriarche du peuple berbère : Amazigh. L’étymologie répandue dans la littérature et parmi les militants du Mouvement culturel berbère est celui ‘d’homme libre ‘ ou même ‘d’homme rebelle’. Mais on pourrait faire le rapprochement avec un mot de la langue amazigh : ‘izagh’. Ce terme caractérise une personne ‘indisciplinée, ‘rebelle’, ‘ indomptable’. Il peut être substantivé en ‘ amazigh’. Mais le sens précis du terme reste à découvrir car comme le rappelle Salem Chaker (1986 : 566-567 )44 :
– Au niveau sémantique, de nombreux chercheurs ont pensé et écrit qu’Amazigh signifiait « homme libre, noble » (ce qui est du reste le cas de beaucoup de noms d’ethnies dans le monde) […]. Elle n’est pourtant certainement pas fondée… Le féminin du nom est tamazight. Il est traditionnellement utilisé pour désigner le dialecte du Maroc Central et par extension aujourd’hui la langue berbère dans son ensemble. Bien que la langue amazighe soit la langue commune des anciens habitants de l’Afrique du Nord, il n’en demeure pas moins vrai que la langue n’est pas unifiée et le monde berbérophone est diversifié et présente des modes de vie et des expressions artistiques différents. Paulette Galant Pernet (1998) a bien souligné cette particularité en le qualifiant de « compartimenté » et de « dispersé », composé de groupes avec des conditions et modes de vie très variés, et qu’aucun état ne réunit. En somme, le monde berbérophone n’est pas unifié, la langue non plus. Et les chercheurs comme Paulette Galant –Pernet (1998) ou S. Chaker (1992) ont souligné cette vérité, à savoir qu’il n’y a pas une langue qui soit commune à l’ensemble des groupes berbérophones. La raison d’une telle désagrégation, mais aussi du rétrécissement de l’espace amazigh, est à chercher dans l’histoire de ce peuple qui a essuyé des défaites et subi la domination d’autres peuples. Said Guennoun, cité par Michel Lafon45, fait ce constat accablant: Ce dont [la langue berbère] souffre le plus, ce dont elle périra, c’est qu’elle appartient à un peuple éternellement vaincu et dominé, et que, par suite, elle n’est jamais seule dans son propre pays, il y a toujours au-dessus d’elle la langue d’un vainqueur. Pays le plus berbérophone de l’ensemble de l’Afrique du Nord, le Maroc occupe l’angle nordouest du continent africain. Il fut ainsi depuis les âges anciens, un lieu de rencontre des cultures et des migrations venues d’Afrique, d’Orient et d’Europe. Notons toutefois que des dynasties berbères régnèrent sur le Maghreb jusqu’au XVI° siècle. Leur conversion à l’Islam les a inscrites de façon irréversible dans l’aire politico-culturelle de l’arabité. Toutefois, les montagnes sont restées- jusqu’à une date récente, un domaine inexpugnable de la berbérité. Elles ont su, là plus qu’ailleurs, conserver l’usage de la langue et subir moins d’influences extérieures. Aujourd’hui, l’arabe- considéré comme langue officielle- s’y est enraciné et a pris de l’ampleur au moment où l’espace du berbère ne cesse de perdre du terrain. Nombreux sont les amazighs qui revendiquent l’origine arabe dès lors qu’ils parlent arabe. Langue marginalisée, culture méprisée pendant des décennies, aujourd’hui, les dirigeants arabo-islamiques nord africains doivent faire face au réveil berbère et à la prise de conscience identitaire des peuples amazighs.
Le mariage musulman
Le mariage musulman est à la fois une alliance et un rituel se rapportant à une situation de passage qui implique un changement de statut. Selon Marie Virolle (2001 : 27 ) 58 : Un mariage est d’abord un acte d’alliance accompagné d’une série de transactions ; c’est aussi un rite de passage mobilisant un potentiel symbolique et des pratiques sacrées ; c’est enfin une cérémonie ostentatoire où se donne à voir l’honneur et le rang de la famille. Il est évident que lorsqu’on parle de la société marocaine rurale ou citadine, on parle d’une communauté religieuse et de valeurs spirituelles musulmanes. Il est tout à fait normal que ses faits et gestes soient imprégnés de religiosité et que ses différentes pratiques s’inspirent des principes et préceptes de la religion musulmane. Ainsi, avant d’aborder le mariage chez les Ait Soukhmanes, nous avons estimé nécessaire de rappeler brièvement ce que préconise la charia islamique dans ce domaine. En effet, le Maroc, étant un pays musulman dont le code de la famille s’inspire de la charia islamique, il conviendrait de définir le mariage dans ce cadre et de rappeler les conditions de sa validité. Le mariage est l’union légitime de deux personnes dans les conditions prévues par la loi. C’est un contrat officiel qui unit deux personnes de sexes opposés. IL est socialement un rite de passage primordial et sa validité sociale n’est acquise que par une implication massive du groupe auquel appartiennent respectivement les deux conjoints. Le terme désigne évidemment une institution importante de la société : il ne recouvre pas simplement un concept sentimental, mais définit aussi une structure très précise faite pour aider les conjoints à vivre et à s’intégrer à la communauté. L’union matrimoniale vise avant tout la procréation qui est nécessaire à la pérennité du groupe et permet de canaliser les pulsions sexuelles d’une manière réglementaire qui soit conforme à l’idéal social. Dans le mariage musulman, l’hétérosexualité et la perspective de la procréation sont les conditions essentielles pour que le mariage puisse être conclu. Dans cette société, le célibat qu’il s’agisse de la fille ou du garçon, est contre nature. La jeune fille et le jeune garçon, mûrs sexuellement doivent se marier : ils sont un facteur de désordre pour la famille et la communauté et présentent un grand risque de sexualité illicite, hors mariage. Un hadith du prophète rapporté par Ahmed Ibn Ali Hajar Al Asqalani (1986) confirme cette idée : « Jeunes gens, que ceux d’entre vous qui le peuvent se marient ; c’est le meilleur moyen de préserver vos yeux des regards impurs et votre corps des orgies ». Le mariage est la seule condition pour que deux individus s’unissent sexuellement : les seules relations sexuelles admises étant celles qui résultent d’un mariage entre un homme et une femme, essentiellement dans un but de procréation. Toute relation sexuelle en dehors de cette institution est non seulement prohibée par la religion mais punie par la loi marocaine. Le mariage est donc l’institution qui canalise les pulsions sexuelles. Mais, souvent, il n’est pas le point de départ d’une nouvelle famille autonome constituée par le père, la mère et les enfants. C’est plutôt un contrat entre deux familles préexistantes qui, par ce biais, modifient leurs structures respectives, par adjonction d’un membre pour l’une et soustraction pour l’autre. L’usage veut que le sadak (la dot), soit évoqué oralement lors de la prononciation du consentement au mariage de chacun des deux conjoints devant le adul (le notaire dans la législation islamique) qui les marie. Pour que le mariage soit valide, le contrat de mariage doit être conclu devant deux témoins. Il est recommandé de citer à cette occasion la fatiha pour attirer la bénédiction de Dieu. C’est pourquoi, on appelle un mariage sans acte de mariage, un mariage par la fatiha ou le mariage coutumier: il est valide sur le plan religieux. Par ailleurs, en principe, le consentement de la femme est obligatoire. Elle ne peut pas être mariée sans son consentement. Mais comme la fille est éduquée à faire preuve de pudeur, il se peut que par honte, elle soit incapable d’exprimer ouvertement son consentement. C’est pourquoi le silence de la femme est toujours considéré comme un consentement, comme le préconise un hadith du prophète. Sahih Muslim (2544) rapporte une discussion qu’Aicha, la femme du prophète, a eue avec ce dernier à ce sujet : « -je demandai à l’Envoyé d’Allah si les vierges doivent être consultées par leurs parents au sujet de leur mariage. « Oui « répondit le prophète.
– Mais, répliquai-je, si l’on demande son consentement à la vierge, elle aura honte et gardera le silence.
– Eh bien, reprit-il, son silence sera un consentement.»
Le mariage tel qu’il se présente dans la société marocaine est une institution à part entière. La situation qui en découle implique l’existence de droits et de devoirs des personnes concernées par cette union : parents, enfants, beaux-parents, etc… Vu de cette manière, les relations entre personnes dans le mariage ne concernent pas seulement les conjoints, mais aussi leurs groupes de parenté. D’un point de vue juridique, le mariage est consacré par la conclusion d’un acte adulaire, établi par un adul, celui qui applique la charia islamique en faisant office de notaire. L’acte est établi en présence des témoins et des intéressés. Mais il y a quelques années, l’établissement de l’acte de mariage n’était pas la règle. En effet, la bénédiction d’un taleb – homme de religion musulmane, en présence de témoins, faisait office de contrat fondateur de la famille. C’est le mariage par la fatiha qui se contracte oralement et se dissout oralement. En effet, il est appelé ainsi car pour sceller leur union, les candidats au mariage se contentent de la lecture de la fatiha par un taleb en présence de quelques témoins. On n’avait pas besoin d’acte car, sur le plan religieux, ce mariage qui nécessite la bénédiction d’un homme de religion musulmane ( un fquih) est valable à partir du moment où l’accord des deux conjoints est établi en présence deux témoins. Outre cela, en cas de litige, l’acte de mariage n’était pas important pour prouver les liens de mariage ou régler les problèmes qui en résultent. Car la djemaa se suffisait à elle-même : elle était dotée d’un pouvoir incontestable ; elle était là pour statuer. Mais l’ascendant que la communauté avait sur l’individu est remis en question : le pouvoir de la djemaa est actuellement très limité et ne peut garantir les droits inhérents à ce mariage : reconnaissance des enfants par le père, droit à l’héritage pour la femme et les enfants, indemnisation et pension alimentaire en cas de divorce,… Malgré ces problèmes qui sont devenus récurrents, et malgré les campagnes de sensibilisation organisées par le gouvernement et la société civile et en dépit de la campagne lancée par le ministère de la justice pour officialiser les mariages contractés par la fatiha, ce mariage continue de prévaloir dans le milieu rural, en particulier dans les régions montagneuses ; et ce, pour plusieurs raisons. Il s’agit d’abord de contourner la loi. En effet, contrairement à la coutume qui préconise le mariage précoce des enfants, le mariage des mineurs n’est pas autorisé par la loi. L’âge minimum légal exigé par le code de la famille était de quinze ans. Depuis 2004, avec la révision de ce code, l’âge du mariage pour les deux sexes est actuellement de dix-huit ans ; ce qui va à l’encontre de la tradition de cette population qui marie ses filles voire ses garçons très jeunes. De plus, pour établir un acte adulaire, les intéressés doivent constituer un dossier comportant entre autres des pièces d’identité, l’attestation de célibat ou de divorce, documents que beaucoup de personnes, jeunes et adultes, ne possèdent pas encore pour des raisons nombreuses. S’agissant d’une des zones les plus pauvres du Maroc, tout le monde n’est pas en mesure de supporter les frais, les déplacements et les tracasseries que l’établissement de ces pièces exige.
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Table des matières
Remerciements
Table des matières
Signes phonétiques
Introduction
1- Introduction générale
2- Cadres théoriques et approches
3- Les conditions de la collecte
4- Les difficultés rencontrées
5- Plan du travail
Première section : le contexte
Chapitre 1 :Le contexte global
1-La confédération des Ait Soukhmanes
2- La situation linguistique et culturelle
3-Le mariage musulman
Chapitre 2 : le contexte immédiat : le rituel du mariage
1- Le rite et le rituel
2- Quelques pratiques et croyances se rapportant au corps de la fille
3- La terminologie locale se rapportant au mariage
4- Choix de l’épouse
5- le rituel de la demande en mariage
6- Les démarches préalables aux festivités
6-1-L’organisation et la concertation
6-2- les démarches de réconciliation et de courtoisie
6-3- Les préparatifs
7- Les festivités et les rituels
7-1 – Le premier jour
– l’envoi du trousseau et des isnayns
– La première cérémonie du henné
7-2 – Le deuxième jour
– La préparation de la mariée
– Le départ du cortège de la mariée
– Le rituel d’adoption
– La deuxième cérémonie du henné
7-3 – Le troisième jour : chants et danses
– Rituels et chants du lendemain de la nuit de noces
– Le bain, l’embélissement de la mariée
– La sortie de la mariée vers la source
– La danse d’ahidous
– La clôture des festivités
7 4- Le septième jour : sorti de la mariée vers la source
7-5- Le devoir envers le jeune couple
7-6- La liberté de mouvement de la mariée
8- La gestion de la discorde
Deuxième section : textes et performances
Chapitre III : ‘Etudes et représentations relatives à l’oralité
1- L’oralité
2- Les Ait Soukhmanes : études relatives aux chants et poésie amazighs
3- Oralité et littérature berbère : quelles représentations ?
Chapitre IV : l’oralité et la poésie
1 -L’importance de l’oralité chez les Ait Soukhmanes
2- La place et la fonction de la poésie dite et chantée chez les Amazighs
Chapitre V: le chant, la danse et la poésie dans le cérémonial
1- Introduction
2- Les chants rituels
2-1- Typologie et contexte d’actualisation
2- 2- Les chants féminins ou asnimmer
2- 3- Les chants rituels rythmés
3- La danse d’ahidous
3-1- Descriptif de la danse d’ahidous
3- 2- Le rôle et la symbolique de la danse d’ahidous
4- Le rythme et la prosodie des chants
5- Les genres poétiques et musicaux communs
5-1 – Introduction
5-2- Lmâyt ou tamâwéyt
5-3- Tamdyazt
5-4 – Chants et danses divers
5-5- Les thèmes récurrents
5- 6 -La poésie : reflet, mémoire et conscience de la communauté
5-7- La poésie au service de l’identité
6- Les mutations constatées
Troisième section : Analyse et interprétation
Chapitre VI- Les actes de parole et la thématique dans les chants rituels
1- Introduction
2- Les actes de parole et la thématique dans les chants rituels
2-1- Les formules propitiatoires
2-2- La présentation de l’événement
2-3- Le défi de la mariée face aux parents
2- 4- Les prières et les invocations
2-5- Les souhaits et les éloges du mari
2-6- Les souhaits et les éloges de la mariée
2-7- Les complaintes et les adieux
2-8- L’exaltation des qualités physiques et morales de la mariée
2-9- Les recommandations et les mises en garde faites à la mariée
2-10- Les chants d’hostilité ou du courtois au grivois
2-11- Les chants des étrennes
3- Conclusion
Chapitre VII – la stylistique littéraire des chants rituels
1-Introduction
2- Approche et concepts théoriques
3- Les caractéristiques formelles du chant rituel et les figures de style récurrentes
3-1- La structure globale des chants
3-2- Les procédés et les figures de style récurrents
3- 3- Les caractéristiques lexicales et syntaxiques
3- 4- Synthèse
Chapitre VIII – Les thèmes transversaux
1-Introduction
2- La fécondité
3-L’importance du relationnel
4-Les forces occultes
4-1- les rites en rapport avec croyances répandues
4-2- La symbolique des objets et produits présents dans le rituel
4-3- Les lieux dans le cérémonial
4- 4- La source et la symbolique de l’eau
4-5- La spiritualité
4-6- Conclusion
Chapitre IX- Les croyances qui imprègnent le corps
1- Introduction
2- La coiffure
3- Le rituel du blocage
4- Le tatouage
5- Le henné
6- Conclusion
Chapitre X : Les mutations constatées et leur rapport aux valeurs
1- Introduction
2- les changements et leur impact sur la pratique cérémoniale
2-1- les changements générés par le nouveau mode de vie
2-2- Les changements affectant l’aspect vestimentaire et le maquillage
2-3- les pratiques qui imprégnent le corps de la femme
2-4- De nouvelles pratiques rituelles
2-5- Les mutations relatives aux chants et danses
3- Les changements imputés au facteur matériel
4- Le regard porté sur la tradition
5- Les valeurs impactées
5-1- la place de la femme et les rapports entre les deux sexes
5-2- la discrétion
5- 3- la solidarité
4- Conclusion
Chapitre XI – La mondialisation et la conscience identitaire
1- Introduction
2- L’attraction ou le rejet de l’Autre ?
2-1- L’Autre est un modèle à imiter
2-2- L’Autre est diabolisé
3- L’exacerbation du sentiment identitaire
Chapitre XII: Les mesures visant la préservation de l’oralité
1- Introduction
2- Le rôle des institutions dans la préservation des spécificités locales
3- L’oralité, les médias et les nouvelles techniques de communication
3-1- L’apport des médias et la nouvelle technologie
3-2- Les limites de la technologie
3-3- La réalité enregistrée peut être biaisée
4- le retour vers l’oralité
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
1-Les chants rituels
– les chants d’asnimmer
-Les chants rituels rythmés
2-Les principaux informateurs
3- Résumés + mots clés
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