Risques systémiques et stabilité/ fragilité du système financier

Le système financier tient un rôle important dans la mobilisation des fonds vers les investissements dans les activités économiques. En outre, en fournissant un système de paiement pour les acteurs économiques, il rend possible et facilite les transactions financières. En dépit de cette place importante que tient le système financier dans la conduite des activités économiques, les expériences de crises financières qu’ont traversé de nombreux pays ont montré que les défaillances du système peuvent non seulement perturber les activités économiques mais également apporter une récession économique brutale. Tout particulièrement, le système bancaire, par son rôle de collecteur de dépôts (court terme) et distributeur de crédits (long terme), est un secteur très vulnérable et nécessite une surveillance particulière pour la conduite de leurs activités.

Risques systémiques et stabilité/ fragilité du système financier 

Description du système financier

L’existence des systèmes financiers se justifie dans la nécessité d’organiser au mieux les transactions financières entre les épargnants et les autres agents qui ont besoin de financement. Les systèmes financiers ont pour rôle principal de diriger l’épargne disponible vers les investissements ayant la plus forte rentabilité économique. Selon les termes de Mishkin , « A financial system performs the essential function of channeling funds to those individuals or firms that have productive investment opportunities » L’épargne constitue les excédents d’argent auprès des agents économiques pouvant être mis de côté pour être dépensée dans le futur. Selon les termes de Anton Brender « Epargne sans finance affaiblit la croissance ». En effet, l’épargne disponible doit être utilisée pour enrichir l’économie et améliorer par la même occasion notre condition de vie. Comme le dit si bien l’auteur, « plus notre système financier est efficace et plus un franc épargné permettra de connaître, sur le long terme, une croissance élevée ». Il faut cependant que les épargnes soient affectées dans des investissements productifs ayant une forte rentabilité économique. Une allocation inefficace du capital tel qu’un surinvestissement dans un secteur non rémunérateur ne favorisera aucune croissance économique.

Un système financier doit donc être efficient. Pour ce faire, le système doit disposer de toutes les composantes indispensables à son bon fonctionnement et doit également fonctionner selon un mécanisme spécifique. Dans une approche opératoire simple, un système financier peut être défini comme l’ensemble d’agents et de mécanismes assurant la synchronisation des besoins et les capacités de financement.

Les différents intervenants des systèmes financiers

Selon la définition du FMI, « Un système financier consiste en des unités institutionnelles et des marchés qui sont en interaction, d’une manière complexe, dans le but de mobiliser les fonds vers les investissements et fournir des facilités dont les systèmes de paiement, pour le financement de l’activité commerciale. » Les principaux intervenants du système sont les intermédiaires financiers notamment les banques, la banque centrale, le Trésor public et, les ménages et les entreprises. Les banques sont des institutions financières dont la principale activité est de collecter des dépôts et octroyer des crédits pour son propre compte. La banque centrale a pour rôles de surveiller le bon fonctionnement du système financier et l’équilibre monétaire du pays en intervenant par des retraits ou des injections de liquidité sur le système. Le Trésor intervient sur le système financier par l’émission des bons de trésor pour financer les dépenses de l’Etat. Il doit travailler avec la banque centrale pour mieux gérer l’équilibre monétaire du pays. Quant aux ménages, ils agissent en tant qu’épargnants en passant par des intermédiaires financiers ou directement sur les marchés financiers. Les ménages peuvent aussi être des clients débiteurs des établissements de crédit à travers les crédits à la consommation. Enfin, les entreprises sont des participants très actifs du système dans leur rôle d’emprunteur de fonds mais également dans un rôle d’investisseurs lorsqu’elles se trouvent en situation excédentaire sur leurs capitaux propres.

Les mécanismes des systèmes financiers

Ces mécanismes sont composés des formes d’allocation des ressources vers les besoins de financement et, des infrastructures composant les conditions cadre des déroulements des transactions financières.

Les formes d’allocation du capital à travers le système financier :
La structure de financement de l’économie, plus précisément des entreprises, constitue le point d’ancrage réel du système financier. Dans une économie d’endettement, le système financier est caractérisé par la prédominance de la finance intermédiée. Les épargnants passent par des intermédiaires financiers à qui ils transfèrent les risques liés aux investissements. En revanche, dans une économie de marchés financiers, l’ajustement entre les besoins et les capacités de financement se fait principalement par une confrontation directe entre les agents non financiers sur les marchés financiers.

L’allocation du capital peut donc prendre différentes formes selon le type d’acteur qui accepte de prendre les risques. Les marchés financiers sont des marchés où les acteurs du système financier font des transactions sur des titres financiers. Ces marchés renferment six principaux marchés, à savoir
– le marché monétaire : c’est le marché où s’opèrent principalement les prêts et emprunts à court terme. Tout particulièrement, le Trésor agit sur le système financier par son rôle massif d’emprunteur. Il a pour fonction principale de gérer les flux de recettes et de dépenses de l’Etat. Le financement à court terme de l’Etat se fait par émission de BT sur le marché monétaire. La banque centrale est aussi un participant actif de ce marché par son opération de « open market ». Le marché interbancaire est un marché monétaire spécifique où les banques qui ont des déficits de liquidités empruntent à d’autres banques qui ont des surplus de liquidités.
– le marché des actions : c’est le marché où les entreprises se financent en faisant appel à des partenaires financiers qui auront droit à des dividendes en contrepartie de leur participation dans le capital de l’entreprise. Les acheteurs des actions sont motivés soit par la recherche d’une plus value (motif de spéculation) grâce à la revente de l’action avec un montant supérieur à son prix d’achat dans le futur, soit par la recherche d’un rendement (dividende) en fonction des résultats de l’entreprise.
– le marché des obligations : c’est le marché où les entreprises cherchent des financements pour leurs projets en promettant aux prêteurs un intérêt dont le taux peut être fixe ou variable. Contrairement aux actions, ces intérêts ne dépendent pas des résultats de l’entreprise.
– le marché de change : c’est le marché où les agents s’échangent les devises. Trois opérations peuvent s’effectuer sur ce marché, à savoir les opérations d’arbitrage (acheter à taux bas et revendre à taux élevé), les opérations de couverture contre le risque de variation du taux de change (acheter des titres qui promettent de recevoir une somme fixe dans le futur) et, les opérations de spéculation (accepter de prendre les risques de change dans l’espoir d’obtenir un gain).
– le marché dérivé : c’est le marché des produits financiers dont la valeur dérive de sous-jacents. Ces produits correspondent aux exigences de couverture, d’arbitrage et de spéculation perçus tant par les intermédiaires financiers que par les acteurs économiques non financiers, face aux risques inhérents aux placements financiers (notamment les risques de change et de taux d’intérêt).

Ces produits sont apparus avec la globalisation financière qui allait de pair avec un univers de changes flottants et de volatilité des taux d’intérêt.

– le marché des matières premières : c’est le marché où sont cotés les prix des matières premières (pétroles, métaux, sucre, vanille, céréales, cacao, caoutchouc, coton, café,…) . Ce marché fonctionne à la fois par le biais de contrats à long terme entre les grands producteurs et utilisateurs, et sous forme de négoce à court terme s’exerçant au niveau des bourses de commerce.

C’est à travers les marchés financiers que se rencontrent directement les agents qui ont besoin de financement et ceux qui ont la capacité de financement. Les épargnants agissent ici comme des demandeurs de titres et échangent des actifs liquides (monnaie) contre des actifs financiers avec les emprunteurs. Les actifs financiers sont qualifiés de « valeurs mobilières » qui prennent la forme d’actions ou d’obligations. Ces marchés sont hiérarchisés en marché primaire et marché secondaire. Sur les marchés primaires sont émis les titres. La négociation des titres antérieurement émis s’effectue sur le marché secondaire. Une entreprise qui a besoin de recourir à un financement externe a le choix entre émettre des actions et des obligations ou emprunter à la banque. Le financement par titre implique que chaque prêteur évalue la solvabilité de l’entreprise qui demande de financement. Ce qui nécessite des coûts de transaction (coûts de négociation des conditions financières, coûts de recherche de la contrepartie de la transaction, coûts d’acquisition d’informations, coût de contrôle de la bonne exécution des échanges, etc). Et puisque les détenteurs de titres peuvent être nombreux, le problème de comportement de « free rider » (passager clandestin) peut survenir : des agents comptent sur le contrôle des autres. En effet, certains prêteurs peuvent juste observer les achats et ventes de titres effectués par d’autres agents qu’ils estiment être informés et suivent ainsi leur comportement. Si tous les prêteurs se comportent ainsi, l’entrepreneur n’est plus du tout contrôlé. C’est pourquoi le financement par émission de titres est généralement le fait des entreprises connues ayant une réputation de solidité tel que les risques de faillite sont quasiment nuls. En revanche, les PME (petites et moyennes entreprises) dont la réputation de solvabilité n’est pas encore assurée doivent être plus étroitement contrôlées, le plus souvent, par les banques.

L’existence des intermédiaires financiers se justifie par la présence des frictions sur les marchés tels que les coûts de transaction et surtout les asymétries d’information. Ces frictions empêchent les prêteurs ultimes d’acheter directement des titres primaires (contrats de crédit) aux emprunteurs ultimes sans passer par l’intermédiation. On distingue deux principaux sortes d’intermédiaires financiers : les établissements de crédit et les investisseurs collectifs. Les établissements de crédit sont des institutions financières qui sont spécialisées dans la collecte de fonds et dans l’octroi de crédits (banques, caisses d’épargne et de prévoyance,etc). Les investisseurs collectifs (organismes de placement collectif, compagnies d’assurance, fonds de pension) agissent également comme des intermédiaires financiers dans le sens qu’ils collectent les épargnes de ses adhérents pour pouvoir les investir dans des projets qui offrent des rendements espérés attrayants. La collecte et l’emploi des ressources par les intermédiaires financiers bénéficient d’une économie d’échelle : à mesure que les services financiers offerts augmentent, le coût unitaire de production diminue. En outre, l’importance du volume des opérations financières effectuées par les intermédiaires financiers permet une meilleure diversification des risques inhérents aux emplois des ressources. Les banques ont un avantage irréductible par rapport aux autres intermédiaires financiers dans la réduction des asymétries d’information du fait de la combinaison des services de paiement et d’intermédiation. La tenue des comptes des clients sont sources de recoupement d’informations (capacité d’épargne, éventuels accidents de paiement, etc) que les banques peuvent utiliser lors d’une demande de prêt.

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Table des matières

Introduction
CHAPITRE I : RISQUES SYSTEMIQUES ET ROBUSTESSE/FRAGILITE DU SYSTEME FINANCIER
Section I : Représentation du « système financier robuste »
1- Risques systémiques et stabilité/ fragilité du système financier
1-1 Description du système financier
a- Les différents intervenants des systèmes financiers
b- Les mécanismes des systèmes financiers
1-2 Risques systémiques, phénomène de contagion et stabilité/ fragilité du système financier
a- Les risques systémiques
b- Phénomène de contagion
c- Stabilité/ fragilité du système financier
2- crises financières comme affirmation de la fragilité du système financier et les conditions requises pour une stabilité financière
a- Les crises bancaires
b- Les crises de change
c- Crise jumelle (twin crisis)
d- Crise de la dette
3- Conditions requises pour un système financier stable
Section II : Mesure de la fragilité du système financier par les indicateurs de la stabilité financière (Financial stability indicators)
1- Les indicateurs de base
2- Les indicateurs « encouragés »
CHAPITRE II : EVALUATION DE LA ROBUSTESSE DU SYSTEME FINANCIER DE MADAGASCAR : APPROCHE PAR LES INDICATEURS ETABLIS PAR LE FMI ET LA BANQUE MONDIALE
1- Vue globale du système financier malgache
a- Infrastructure du système financier malgache
b- Structure du système financier malgache
2- Risques potentiels sur la stabilité du système financier
a- Conjoncture économique
b- Efficience du système d’évaluation des risques
c- Efficience et fiabilité d’un système d’information
d- Efficience du système juridique et judiciaire au niveau des recouvrements des créances
e- La microfinance à Madagascar : un secteur en pleine croissance mais encore structurellement fragile
3- Evaluation de la faiblesse/robustesse du système financier malgache : calculs des indicateurs de la stabilité financière
a- Collecte de données
b- Calculs des indicateurs de la stabilité du système financier
(1) indicateurs de l’adéquation du capital
(2) les indicateurs de la qualité de l’actif des institutions de crédit
(3) les indicateurs de la profitabilité
(4) les indicateurs de la liquidité
(5) les indicateurs de la sensibilité aux risques de marché
Conclusion
ANNEXE
Tableau 1 : Taux de croissance du PIB
Tableau 2. Variation annuelle des prix à la consommation
Tableau 3. Encours de la dette extérieure après allègement
Tableau 4: Bilans agréés des établissements de crédit (banques et établissements financiers)
Tableau 5 : Comptes de résultat du secteur bancaire (8 banques et 7 établissements financiers)
BIBLIOGRAPHIE

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