Risque côtier, un concept émergent

Risque côtier, un concept émergent

Au cours de ces dernières années, le changement climatique est au cœur des préoccupations. Au vu de ces facteurs climatiques et humains , on observe une amplification des événements naturels et l’impact des risques côtiers (regroupant la submersion marine, les tsunamis, et l’érosion côtière qui sera traitée dans ce mémoire). Aujourd’hui, selon le Ministère de la Transition écologique et solidaire, plus de 8 communes littorales sur 10 sont sujettes aux risques naturels majeurs et près d’un quart des côtes françaises sont soumises à un phénomène d’érosion . Actuellement, il est difficile de faire la distinction entre deux phénomènes : l’aléa “recul du trait de côte” et l’aléa “mouvement de terrain”. Cependant, l’aléa “recul du trait de côte” n’est pas reconnu par la sphère institutionnelle ce qui entraîne de nombreuses difficultés. Il y a alors une forte nécessité de mesurer ce risque en tant que phénomène et en tant que probabilité aléatoire.

Qu’est-ce que l’érosion côtière ?

L’érosion côtière sera analysée sous l’angle du phénomène physique. Il sera possible de constater par le biais d’une analyse que l’érosion côtière présente de fortes similitudes avec un risque naturel : le mouvement de terrain, mais ils ne sont pas reconnus de la même façon. Une première sous-partie montre l’érosion sous l’angle du phénomène et ensuite les impacts qu’elle peut avoir sur le territoire.

Sous l’angle du phénomène : érosion ou mouvement de terrain ? 

Pour commencer, il est important de donner les définitions génériques des termes d’érosion et de mouvement de terrain, afin de savoir ce qui distingue l’une de l’autre.

L’érosion est un phénomène naturel qui se traduit par un recul du trait de côte et/ou un abaissement du niveau des plages avec la disparition progressive des stocks sédimentaires. L’érosion côtière se définit comme « une perte graduelle de matériaux vers la mer touchant tous les types de littoraux, qu’ils soient sableux, vaseux ou rocheux. Il résulte des effets combinés de la marée, de la houle et des courants induits des vents et des processus continentaux (par exemple pluie, ruissellement, etc), ainsi que du déficit des sédiments côtiers » (Observatoire Côte Aquitaine, 2016) (cf. Figure 10 Erosion marine, 2017).

Cependant, si la côte est sableuse ou bien rocheuse elle ne subira pas le même aléa (pour qualifier l’érosion côtière, les experts du BRGM parlent d’aléa). L’aléa est un “événement d’origine naturel, potentiellement dangereux, dont l’intensité et l’occurrence varient” (Cours de Mme Arnaud enseignés à l’IUAR, 2018). Lorsqu’elle touche les falaises rocheuses, on parle plutôt de mouvements de terrain.

Le mouvement de terrain regroupe un ensemble de « déplacements, plus ou moins brutaux, du sol ou du sous-sol, d’origine naturelle ou anthropique. Les volumes en jeux sont compris entre quelques mètres cubes et quelques millions de mètres cubes. Les déplacements peuvent être lents (quelques millimètres par an) ou très rapides (quelques centaines de mètres par jour) » (Observatoire National des Risques Majeurs, 2015). Parmi ces différents phénomènes observés, on distingue en région Provence-Alpes-Côte d’Azur par exemple :
– Les glissements de terrain ;
– Les chutes de pierre et éboulements ;
– Les affaissements et les effondrements de cavités ;
– Les coulées de boue ;
– Le retrait-gonflement des sols argileux (cf. Figure 11 Mouvement de terrain, 2017).

Impacts de l’érosion côtière

Dans un contexte de changement climatique, l’élévation actuelle et à venir du niveau de la mer et l’intensification des évènements tempétueux laissent prévoir une exposition de nouveaux secteurs à ces aléas. En effet, ces phénomènes pourront s’accompagner d’un renforcement de la problématique des risques côtiers . Les “spécificités naturelles et anthropiques de l’espace littoral français“ (Observatoire du littoral, 2010) ont mené à l’adoption d’une législation et d’une stratégie spécifiques en termes d’aménagement et de gestion des risques sur le littoral : la loi Littoral ou encore la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte de 2012 qui encourage la relocalisation des enjeux.

Les communes littorales maritimes accueillent 10% de la population métropolitaine et près de 7 millions de lits touristiques sur seulement 4% du territoire en 2010 . Cette très forte densité humaine correspond à un niveau élevé d’artificialisation des côtes. Selon le Conservatoire du Littoral, “il y a une pression démographique et d’urbanisation énorme qui s’abat sur la frange littorale et dans l’arrière-pays Aquitain” (Entretien réalisé en 2016 : Arnaud et al, 2019) . Environ 25% du littoral situé à moins de 500m de la mer est urbanisé. L’essor du tourisme côtier est un facteur d’augmentation de la vulnérabilité face aux risques. La concentration de biens et d’activités sur le littoral exposé à l’érosion côtière présente des enjeux financiers considérables et dont la protection in situ comme leur relocalisation génère des coûts importants. On considère que certaines activités humaines et aménagements du territoire peuvent avoir un rôle aggravant sur l’érosion côtière. Les nombreux équipements qui jalonnent la côte ont fortement contribué à modifier la morphologie du littoral. L’homme est ainsi, en plus des éléments naturels, un des facteurs de son évolution, caractérisé par l’érosion des côtes.

Il a depuis longtemps participé à la transformation des côtes selon des objectifs sociaux et économiques. Une partie des équipements qui ont modifié la morphologie du littoral sont des aménagements de protection dit “durs” (cf. Figure 12 Les systèmes de défenses “durs”, 2015) imposants et coûteux, dont on doute parfois de l’efficacité.

Par exemple, à Lacanau suite aux tempêtes hivernales de 2014, l’enrochement qui servait de rempart devant le front de mer n’a pas tenu.

La protection du littoral se réalise via des aménagements de défense dits “lourds/durs”. Ces techniques se basent sur deux principes différents :
– les aménagements perpendiculaires à la côte, comme les épis, permettent de réduire le transport du sable par les courants latéraux. Les plages se chargent en sable en amont et l’énergie des vagues est amoindrie dans le même temps.
– les aménagements parallèles à la côte (digues, brise-lames, enrochements …) font obstacle aux vagues et fixent le trait de côte .

Mais des aménagements “souple” (cf. Figure 13 Les systèmes de protection “souples”, 2015). Ils permettent d’opposer à la mer une stratégie basée sur la diffusion de l’énergie des vagues et une moindre modification de l’écosystème” (Surfrider, 2016) . Ces aménagements “souples” permettent de “garder une plage sèche à marée haute contrairement aux aménagements en durs” (Surfrider, 2016) . L’impact paysager et le coût financier de ces aménagements dits “souple” est largement inférieur aux aménagement “durs”. De plus, les activités de loisirs sur le littoral ne sont pas perturbées.

Depuis quelques années, le littoral recul du fait de l’érosion côtière. Cela entraîne cependant peu de risques pour les personnes. En revanche, la perte de terrain continental induit un risque conséquent pour les habitations, installations et infrastructures existantes. Cette vulnérabilité forte à l’aléa érosion entraîne un certain nombre d’impacts tels que écologiques et socio-économiques :
– Impacts écologiques : disparition de plages et de milieux dunaires, dégradation des cordons littoraux et des milieux lagunaires
– Impacts socio-économiques : les infrastructures, les habitations et les activités (touristiques, industrielles…) sont nombreuses à être menacées par le déplacement du trait de côte.

Suite aux grands événements climatiques, tels que récemment la tempête Xynthia et les fortes marées de 2010, le phénomène d’érosion s’accélère (Public Sénat 17 janvier 2019). L’installation totale met en danger les habitants et leurs biens menacent de s’effondrer. Le Signal, immeuble concerné à Soulac-sur-Mer en Nouvelle-Aquitaine, construit en 1967 à 200 mètres du front de mer (cf.Figure 15 Immeuble le Signal à Soulac-sur-Mer avant 1967 et après 2014) a été rattrapé par l’érosion côtière sableuse située aujourd’hui à seulement une dizaine de mètres de la falaise.

En raison du risque d’effondrement de l’immeuble, ses habitants ont donc dû être évacués, et l’immeuble interdit à l’habitation.

L’application de l’expropriation visée par les articles L 561-1 du code de l’Environnement aurait permis aux propriétaires de cet immeuble de bénéficier d’une indemnisation au titre du fond de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM) dit “fond Barnier ” issu de la loi Barnier de 1995 dédiée aux risques naturels majeurs, en vue de l’indemnisation des propriétaires à hauteur de 75 % du prix de leur bien. Cependant, le préfet a refusé d’engager la procédure d’expropriation. En effet, il n’est pas considéré par les pouvoirs publics que l’érosion côtière justifierait l’application de l’expropriation et de la procédure d’indemnisation visée par les articles L 561-1 du code de l’Environnement. En effet, l’érosion côtière constitue, selon la secrétaire d’Etat POIRSON Brune Ministre de la Transition écologique et solidaire, un phénomène “prévisible, quantifiable, cartographiable”.

Cela veut dire que le fond Barnier exclut de l’indemnisation les propriétaires de biens sur le littoral affecté par l’érosion côtière, ce qui prive ces propriétaires d’une indemnisation de leur bien en cas d’expropriation. Nous serions donc ici en présence, non d’un simple risque, mais d’un événement dont la survenance est certaine et qui n’a pas vocation à être indemnisé car ce risque n’est pas assimilable aux risques de submersion marine, ni aux risques de mouvements de terrain et afin d’éviter, si cette intégration a lieu, que le fond Barnier ne se vide rapidement .

“Avec l’élévation du niveau de la mer et de la recrudescence d’événements climatiques extrêmes dus aux changements climatiques, cette dichotomie paraît aujourd’hui difficilement tenable en ce qu’elle génère des situations socialement inégales” (LAMBERT et al,2019) . En effet, les riverains qui habitent sur les littoraux ne comprendront pas que sur le cas de submersion marine, le fond Barnier ne se mobilise et que dans le cas de l’érosion côtière. Ce fond ne puisse pas être mobilisé. Il ne permet alors pas aujourd’hui de traiter l’intégralité des situations de vulnérabilité aux risques littoraux.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
NOTE MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1 : RISQUE ET DURABILITÉ DANS LEUR DIMENSION THÉORIQUE
I. RISQUE CÔTIER, UN CONCEPT ÉMERGENT
1. QU’EST-CE QUE L’ÉROSIONCÔTIÈRE ?
1.1. Sous l’angle du phénomène : érosion ou mouvement de terrain ?
1.2. Impacts de l’érosion côtière
2. LA NOTION DE PROBABILITÉ DANS LE RISQUE ÉROSION
2.1. L’érosion sous l’angle de l’aléa : des calculs bien réels
2.2 Nécessité deparlerderisque érosion prenantencompte ladimensiondeprobabilité?
II. UNE ADAPTATION VERS LAQUELLE IL SERAIT SAGE DE TENDRE
1. LES ORIGINES DU CONCEPT DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
1.1. Emergence du concept de durabilité découlant d’une réflexion théorique
1.2. Un développement durable vers les générations futures
2.CHANGEMENTCLIMATIQUEETDURABILITÉ:D’UNEPRISEDECONSCIENCEAUNEVOLONTÉD’AGIR ENSEMBLE (RISQUE – DURABILITÉ)
2.1. Prise de conscience planétaire pour optimiser la durabilité
2.2. Risque – durabilité : Volonté d’agir ensemble
3. VERS UN URBANISME DURABLE DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE
3.1. Urbanisme durable, nouveau modèle urbain
3.2. La relocalisation : une urbanisation durable ?
CHAPITRE 2 : URBANISME DURABLE ET RISQUES : DES ALLIÉS ?
I. CARRY-LE-ROUETETBIARRITZÀL’ÉPREUVEDE“L’ALIÉNATION”-URBANISMEDURABLEETRISQUE
1. UNE ÉROSION SUR CÔTE ROCHEUSE ET UNE ÉROSION SUR CÔTE SABLEUSE
1.1 Le phénomène d’érosion des deux communes
1.2. Le calcul d’une probabilité naissante et instable
1.3. Uneprotection difficile à piloter
2. UNEURBANISATIONDIFFUSE-UNEURBANISATION CONCENTRÉE
2.1 Un urbanisme réglementé sur la bande des 100 mètres
2.2 Lamiseenapplicationdelabandedes100mètres
3. ÉROSIONETDURABILITÉ:QUELLEARTICULATION ?
3.1 Leurmoyendegérerlerisqueenprotégeant
3.2 Unevolontéd’allerau-delà,versduplusdurable
II. PROPOSITIONSURBAINESNOVATRICES
1. VERSUNERECONNAISSANCEDURISQUED’ÉROSION
1.1 D’une non-reconnaissance àuneimpossible indemnisation
1.2 Ébauche d’un dénouement plus acceptable : un fond financier pour ce phénomène
2. D’UNEGESTIONDESRISQUESFLOUEÀUNECO-CONSTRUCTIONLIANTRISQUE/DURABILITÉ
2.1 Restrictions réglementaires et opérationnelles : une gestion des risques floue
2.2 Des issues à penser : vers une co-construction des acteurs basée sur une articulation risque/durabilité
3. URBANISME DURABLE: DESOBSTACLESÀSURMONTER ET DES RÉPONSES URBAINESINNOVANTESÀAPPORTER
3.1 La relocalisation : des obstacles opérationnels à surmonter
3.2 Vers de nouvelles formes urbaines innovantes pour pallier les obstacles de la relocalisation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE
ANNEXES

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