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Effets indésirables des antibiotiques
Comme tous médicaments, les antibiotiques comportent quelques effets indésirables, variables selon les molécules. La plupart sont bénins mais quelques-uns peuvent être sérieux, voire graves. En principe on peut énumérer : des réactions allergiques par hypersensibilité, des troubles digestifs et d’autres effets indésirables dus à la toxicité de certains antibiotiques au foie mais également des reins [30].
Indication des antibiotiques
Les antibiotiques sont pratiquement utilisés en médecine humaine, en médecine vétérinaire et dans l’agriculture. D’une manière générale ils sont indiqués pour lutter contre une infection bactérienne. Ces dernières pouvant être l’origine de plusieurs pathologies comme : l’angine d’origine bactérienne, la tuberculose, la syphilis etc. [31-32]
En médecine humaine
En médecine humaine les antibiotiques sont utilisés dans les infections [32] :
ORL d’origine bactérienne à savoir les infections pharyngées, les rhinopharyngites, les rhinites purulentes, les otites moyennes aigues et chroniques, les sinusites aigues et chroniques mais également dans l’épi glottite aigues.
Broncho-pulmonaires notamment dans les bronchites aigues, dans les exacerbations des BPCO, les pneumonies et pneumonies atypiques et dans l’abcès du poumon.
Ostéo-articulaires on a le cas des arthrites infectieuses, ostéites aigues et chromiques, ostéomyélites et spondylodiscitetes.
Cutanées et sous-cutanées on note : les impétigos, l’érysipèle ou dermo-hypodermite aigue bactérienne non nécrosante, la lymphangite, les folliculites, l’anthrax, l’hidrosadénite, Panaris, infections de plaie, cellulites superficielles et pyodermites.
Uro-génitales comme : cystite aigue, infection urinaire basse récidivante, pyélonéphrite aigue, prostatites, l’épididymite, l’orchi-épididymites, les salpingites, l’endométrite, l’urétrite non gonococcique, cervicite non gonococcique, vaginite non gonococcique.
Digestives avec des gastro-entérites, la colite pseudomembraneuse, diverticulites aigues, abcès péridiverticulaire, les sigmoïdites diverticulaires, les infections biliaires, les infections intra-abdominales.
Neuro-méningées avec les méningites bactériennes.
Dans l’agriculture
L’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture : concerne un nombre limité d’antibiotiques qui sont autorisé dans certains pays du monde pour lutter contre certaines infections bactériennes des plantes. C’est le cas en particulier de la streptomycine qui s’est révélée très efficace dans la lutte contre le feu bactérien causé par Erwinia amylovola, notamment chez les pommiers et poiriers. Mais cette utilisation est marginale comparée à l’usage des antibiotiques en élevage [33].
En médecine vétérinaire
Utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire : ressemble beaucoup à celle de la médecine humaine. Leur utilisation est bien réglementée. Les ATB sont utilisés chez les animaux producteurs de denrées alimentaires mais également chez les animaux de compagne.
Les antimicrobiens sont notamment employés pour traiter et endiguer les infections bactériennes en présence d’une maladie et pour prévenir les maladies et promouvoir la croissance en l’absence de maladie [34].
Résistance aux antibiotiques
Définition de la résistance aux antibiotiques
La résistance bactérienne est la capacité des bactéries à résister aux effets des antibiotiques et des biocides qui sont censés les tuer ou les contrôler [34-35].
Types de résistances
On note deux types de résistances : [29-34-35]
La résistance naturelle
C’est une insensibilité existant naturellement chez tous les membres d’un genre ou d’une espèce. Elle fait donc partie du patrimoine génétique normal du genre [35].
La résistance acquise
C’est l’acquisition de nouveaux gènes capables de rendre la bactérie insensible à un antibiotique ou à un groupe d’antibiotique. Elle résulte soit d’une mutation chromosomique soit de l’acquisition d’un ou de plusieurs gènes qui rendent la bactérie insensible l’antibiotique [35].
C’est l’exemple des bêta-lactamases qui hydrolysent le cycle beta-lactame des bêta-lactamines, désactivant ainsi les propriétés antibactériennes de la molécule.
On note également les enzymes inactivant les aminosides qui sont constitutives, intracellulaire, non diffusibles, codées par un plasmide donc transférable. Elles ne modifient l’antibiotique qu’après pénétration dans la cellule bactérienne.
C’est l’exemple des aminosides phosphotransferases APT, des aminosides adeninyliltransferases ANT et des aminosides acetyltransferases AAC.
Epidémiologie de la résistance aux antibiotiques
Prévalence
Au niveau mondial
D’après les données de l’OMS provenant de 114 pays on note [37] :
Région OMS des Amériques : l’organisation panaméricaine de la sante, bureau régional OMS des Amériques, cordonne la collecte de données sur la résistance aux antibiotiques auprès des hôpitaux et des laboratoires dans 21 pays de la région. Les résultats montrent des niveaux élevés de résistance d’E. Coli aux céphalosporines et aux fluoroquinolones de troisième génération.
Ce sont deux médicaments qui sont essentiels et fréquemment utilisés aux Amériques. La résistance aux céphalosporines de troisième génération de K. pneumonie est également importante et largement répandue. Dans certains lieux, les infections à Staphylococcus aureus résistantes à la méthicilline atteignent 90% des cas, ce qui signifie que le traitement par les antibiotiques classiques est inefficace.
Région européenne de l’OMS :
Le rapport révèle que les niveaux élevés de résistance de K. pneumonie aux céphalosporines de troisième génération ont été constatés dans l’ensemble de la région européenne de l’OMS. Dans certains lieux, jusqu’ à 60 % des infections à staphylococcus aureus sont résistantes à la méthicilline, entrainant ainsi un traitement inefficace par les antibiotiques classiques.
Région OMS de la méditerranée orientale :
On note une résistance aux antimicrobiens largement rependue dans l’ensemble de la région OMS de la méditerranée orientale. En particulier, les niveaux de résistance d’E. coli aux céphalosporines et fluoroquinolones de troisième génération sont élevés. La résistance de K. pneumonie aux céphalosporines de troisième génération est également importante et largement répandue. Dans certaine partie de la région, plus de la moitié des infections à Staphylococcus aureus seraient résistante à la méticilline.
Région OMS de l’Asie du Sud-Est :
Les données disponibles révèlent que la résistance aux antibiotiques est un problème en rapide expansion dans la région OMS de l’Asie du Sud-Est, qui abrite un quart de la population mondiale. Les résultats du rapport indiquent des niveaux élevés de résistance à E. coli aux céphalosporines et aux fluoroquinolones de troisième génération. La résistance aux céphalosporines de troisième génération K. pneumoniae est également largement répandue. Dans certaines parties de la région, plus d’un quart des infections à staphylocoque doré seraient résistante à la méthicilline.
Région OMS du Pacifique occidental :
Le rapport fait état de niveaux élevés de résistance d’E. coli aux fluoroquinolones un type de médicament antibactérien essentiel et fréquemment utilise dans la région. La résistance de K. pneumoniae aux céphalosporines de troisième génération est également courante. Dans certaines parties de la région, jusqu’ à 80 % des infections a Staphylococcus aureus sont signalées comme étant résistantes à la méthicilline.
En Afrique
Dans la région africaine de l’OMS le rapport fait état de lacunes majeures dans le suivi de la résistance aux antibiotiques. Une résistance importante est constatée pour plusieurs bactéries qui se sont propagées dans les hôpitaux et les communautés. Il s’agit notamment de la forte résistance d’E. coli aux céphalosporines et fluoroquinolones de troisième génération. Dans certaines parties de la région, jusqu’ à 8O% des infections a Staphylocoque dorées sont avères résistantes à la méthicilline (37). Des études aussi ont montré en Afrique de l’ouest l’émergence de la résistance aux antibiotiques de premières intention typiques, à savoir l’ampicilline, le cotrimoxazole, la gentamicine et amoxicilline/clavulanate. En Afrique de l’est on note également des niveaux de résistances à l’ampicilline et au cotrimoxazole allant jusqu’à 50% – 100%, la résistance à la ceftriaxone compris entre 46% – 69% et également des résistances a l’amoxicilline, au triméthoprime et à la gentamicine étaient respectivement de 88,1%, 80,7% et 29,8% (38, 39).
AU Sénégal
Au Sénégal l’apparition et la dissémination des souches bactériennes résistantes à un ou plusieurs antibiotiques sont une réalité préoccupante. La détermination de la sensibilité à différents antibiotiques de souches bactériennes a donné [39,40] :
Concernant les germes à Gram positif, Staphylococcus aureus fréquemment à l’origine de bactériémies nosocomiales avec un taux de 23,9 % de souches methicillino-résistantes. Dans les bactériémies sont retrouvées de plus en plus fréquemment les souches de Staphylocoques non aureus présentant un profil de résistance beaucoup plus marque aux bétalactamines.
Concernant les Entérocoques et autres Streptocoques : si les souches de Streptocoques A et B sont restées sensibles à la pénicilline G et à l’ampicilline tel n’est pas le cas des autres souches de Streptocoques apparues plus résistantes. Cependant une bonne alternative thérapeutique existe avec la gentamycine et la vancomycine. Ainsi aucune souche de Cocci à Gram positif n’a été retrouvée résistante aux glycopeptides qui restent une alternative thérapeutique principalement pour les souches d’Entérocoques résistantes aux aminosides et aux bétalactamines.
Pour le Streptococcus pneumoniae : une émergence de souches de pneumocoques résistantes à la pénicilline a été notée à 32%.
Concernant les entérobactéries : des souches de bacilles à Gram négatif connues pour leur rôle prépondérant dans les septicémies nosocomiales à savoir Klebsiella, Entérobactérie et Escherichia coli sont apparues résistantes à la plupart des molécules de bétalactamines. Les souches de Klebsiella qui hébergent fréquemment les betalactamases à spectre élargi, ne sont inhibées que par les fluoroquinolones.
Pseudomonas aeruginosa : il est connu par sa multi résistance rendant difficile la prise en charge thérapeutique des bactériémies dues à cet agent.
Facteurs de risque
D’après plusieurs sources, les facteurs de risque sont d’origine diverses.
Cependant on peut noter :
Automédication
L’automédication est de plus en plus pratiquée, en particulier dans les pays pauvres. Les médicaments sont généralement achetés en petites aliquotes. La distribution est généralement effectuée dans des conditions inadéquates. Chez les utilisateurs (patients), le taux élevé d’automédication est facilité par la vente libre des antibiotiques [41].
Inobservance du traitement
Les patients ne respectent pas les schémas posologiques et interrompent le traitement lorsque les symptômes disparaissent avant l’élimination de l’agent pathogène. Les recherches ont aussi montré que la plupart des malades ne terminent pas leur traitement antibiotique. Ce qui contribue nettement aux facteurs de risques de la RAM [41].
Prescriptions irrationnelles
Une prescription inappropriée Des antibiotiques mal prescrits contribue également à la promotion des bactéries résistantes. Des études ont montré que l’indication du traitement, le choix de l’agent ou la durée du traitement antibiotique est incorrecte dans 30% à 50% des cas. Une étude américaine a rapporté qu’un agent pathogène a été défini chez seulement 7,6% des 17 435 patients hospitalisés pour une pneumonie acquise en communauté. En outre, 30% à 60% des antibiotiques prescrits dans des unités de soins intensifs se sont révélés inutiles, inappropriés ou sous-optimaux. Ce qui contribue aux facteurs de risque de la résistance [41].
Dispensation irrationnelle
Dans de nombreux autres pays, les antibiotiques ne sont pas réglementés et sont en vente libre sans ordonnance. Cette absence de réglementation entraîne des antibiotiques facilement accessibles, abondants et peu coûteux, ce qui favorise la surutilisation. Ces actes jouent un rôle primordial dans la résistance bactérienne face aux antibiotiques [41].
Partage d’ATB
Fais également parti des facteurs de risque de la résistance [41].
Utilisation des ATB en médecine vétérinaire
L’utilisation thérapeutique des antibiotiques est une partie importante de la gestion de la maladie et de la prévention du mal-être. Cependant, l’utilisation d’antibiotiques à la ferme est souvent prophylactique plutôt que thérapeutique. Cette dépendance à une utilisation fréquente, prolongée et à faible dose d’antibiotiques crée des conditions idéales pour le développement de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques. Les bactéries résistantes chez les animaux peuvent être transférées à l’homme par la consommation d’aliments, par contact direct avec des animaux producteurs d’aliments ou par propagation dans l’environnement [41-42-43].
Conséquences de la résistance aux antibiotiques
Conséquences cliniques
Quel que soit le mode d’action utilisé, la conséquence reste toujours la même. Que ce soit par modification de la cible, par camouflage, par blindage, etc… le résultat est là : l’antibiotique ne fait plus d’effet. Ainsi, les maladies dues aux infections bactériennes que l’on pouvait guérir facilement auparavant, redeviennent dangereuses. Les traitements se compliquent et les antibiotiques deviennent inefficaces ou alors, moins fiable d’où l’augmentation de la morbidité et de la mortalité [45]. Le risque de voir émerger des bactéries résistantes à tous les antibiotiques est donc possible. De plus, les bactéries trop résistantes peuvent entrainer des complications qui peuvent demander d’être emmené à l’hôpital.
Conséquences économiques
Une nouvelle étude de la Banque mondiale montre que la résistance aux traitements antimicrobiens risque d’aggraver la pauvreté dans le monde, avec un impact particulièrement sévère pour les pays les plus pauvres. Les principales conclusions de l’étude, qui reposent sur les projections économiques mondiales de la Banque pour la période 2017-2050, sont les suivantes [44-45] :
Impact sur le PIB : d’ici à 2050, le PIB mondial annuel subirait une baisse de 1,1 % selon un scénario « optimiste » (c’est-à-dire en supposant que la résistance aux antimicrobiens aurait un faible impact) et de 3,8 % dans le pire des cas ; dans ce scénario « pessimiste », les pays à faible revenu verraient les pertes s’accentuer au l des années, pour atteindre plus de 5 % du PIB en 2050.
Impact sur la pauvreté dans le monde : la résistance aux antimicrobiens ferait basculer 28,3 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici à 2050 (scénario pessimiste), dont 26,2 millions dans des pays à faible revenu. Alors que nous sommes globalement sur la bonne voie pour mettre n à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la cible étant de parvenir à ramener à moins de 3 % la proportion de personnes qui vivent au-dessous du seuil de 1,90 dollar par jour, cette perspective est compromise par la menace que constitue la résistance aux antimicrobiens.
Impact sur le commerce mondial : en 2050, le volume des exportations serait réduit de 1,1 % au mieux et de 3,8 % dans le pire scénario.
Impact sur le coût des soins de santé : à l’échelle mondiale, les dépenses de santé pourraient augmenter dans une fourchette comprise entre 300 milliards et 1 000 milliards de dollars par an d’ici à 2050.
Impact sur l’élevage : la production animale mondiale pourrait enregistrer un déclin compris en 2,6 % et 7,5 % par an d’ici à 2050.
Riposte face à la résistance bactérienne aux antibiotiques
Stratégie
On note :
Hygiène et assainissement : améliorer les bases de l’hygiène et de l’assainissement permettra de réduire la propagation des organismes résistants
La vaccination peut réduire la gravité de la maladie, fournir une protection contre l’excrétion des agents pathogènes et même augmenter le seuil de charge en agents pathogènes requis pour l’infection
Traitements alternatifs de nouveaux agents antimicrobiens nécessitent l’exploration de thérapies alternatives telles que les bactériophages, les probiotiques et les inhibiteurs de quorum
Education : les prestataires de soins de santé, les dispensateurs de soins et les patients doivent être informés de la maniéré dont l’utilisation d’antimicrobiens peut contribuer au développement de la résistance
Un contrôle adéquat des infections à l’hôpital peut empêcher la propagation d’agents pathogènes nosocomiaux et de microbes résistants qui pourraient facilement se répandre dans la communauté si ces mesures n’étaient pas en place [46].
Initiatives de lutte contre la résistance bactérienne
Au niveau international
Plan d’action de l’OMS [46-47]
Compte tenu de la menace croissante pour la santé publique, de son impact sur l’économie mondiale et de la nécessité reconnue de mener une action concertée, l’OMS a lancé une série d’activités liées à la RAM. En 2001, l’OMS a publié la Stratégie mondiale de limitation de la résistance aux antimicrobiens et plusieurs résolutions ont été approuvées par les États Membres de l’OMS afin d’atteindre les objectifs de la stratégie. Bien que la stratégie mondiale n’ait pas été mise en œuvre de manière exhaustive au niveau mondial, elle a inspiré un certain nombre de stratégies nationales et régionales de lutte contre la RAM dans les années suivantes. En 2008, l’OMS a mis en place le Groupe consultatif technique sur la surveillance intégrée de la résistance aux antimicrobiens (AGISAR) pour le conseiller sur la surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans la chaîne alimentaire, faisant de la résistance aux bactéries un problème. La Journée mondiale de la santé 2011 a ensuite été consacrée à la question de la résistance aux antimicrobiens, au cours de laquelle l’OMS a présenté un ensemble de mesures en six points appelant une action de la part de toutes les parties prenantes de la planète. En novembre 2011, la collaboration tripartite entre l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’OMS a défini la résistance aux antimicrobiens comme une question prioritaire à traiter dans le cadre des risques pour la santé chez l’homme et l’animal. Interface multi-écosystèmes. Enfin, le Plan d’action mondial de lutte contre la résistance aux antimicrobiens (GAP-AMR), mis en place pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens au niveau mondial, a été approuvé par la 68ème Assemblée mondiale de la santé de l’OMS en mai 2015. Il a été élaboré avec une large participation de parties prenantes de différents secteurs. Et en partenariat étroit avec la FAO et l’OIE. Ces deux organisations ont approuvé le GAP-AMR lors de leurs assemblées générales respectives en 2015. L’objectif du GAP-AMR est « d’assurer, aussi longtemps que possible, la continuité du traitement et de la pré Elaboration d’initiatives mondiales de lutte contre la RAM antimicrobiens, au cours de laquelle l’OMS a présenté un ensemble de mesures en six points appelant une action de la part de toutes les parties prenantes de la planète. Alarmée par cette crise, l’assemblée mondiale de la santé, tenue en mai 2015, a adopté un plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Ce dernier consiste à définir des objectifs qui sont les suivants :
Mieux faire connaitre et comprendre le problème de la résistance aux antibiotiques grâce à une communication, une éducation et une formation efficaces ;
Renforcer les connaissances et les bases factuelles par la surveillance et la recherche ;
Réduire l’incidence des infections par des mesures efficaces d’assainissement, d’hygiène et de prévention des infections ;
Optimiser l’usage des médicaments antimicrobiens en santé humaine et animale ;
Dégager des arguments économiques en faveur d’investissement durable qui tiennent compte des besoins de tous les pays et accroitre les investissements dans la mise au point de nouveaux médicaments, outils diagnostiques, vaccins et autres interventions.
Plan d’action de l’union européenne
Les principaux objectifs de ce nouveau plan s’articulent autour des trois grands axes suivants [48] :
1. faire de l’Union une « région de pratiques d’excellence » : comme l’évaluation du plan d’action de 2011 l’a mis en évidence, il faudra pour cela des bases factuelles de meilleure qualité, une coordination et une surveillance renforcées, ainsi que des mesures de contrôle plus efficaces. L’action de l’Union se concentrera sur les domaines essentiels et aura pour but d’aider les États membres dans l’établissement, la mise en œuvre et le suivi de leurs propres plans d’action nationaux fondés sur le principe « Une seule santé » pour la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, qu’ils ont accepté de mettre en place lors de l’Assemblée mondiale de la santé de 2015
2. stimuler la recherche, le développement et l’innovation en comblant les lacunes actuelles en termes de connaissances, apporter des solutions et des outils novateurs pour prévenir et traiter les maladies infectieuses et améliorer le diagnostic afin d’enrayer la propagation de la résistance aux antimicrobiens ;
3. intensifier les efforts déployés par l’Union à l’échelle mondiale en vue de donner corps aux objectifs mondiaux relatifs à la résistance aux antimicrobiens et aux risques qui y sont liés dans un monde de plus en plus interconnecté.
Le nouveau plan prévoit des actions concrètes dotées d’une valeur ajoutée européenne, que la Commission mettra sur pied et renforcera s’il y a lieu dans les années à venir. Toutes ces actions sont importantes individuellement, mais elles se renforcent aussi mutuellement et doivent être réalisées en parallèle afin de produire des résultats optimaux.
En Afrique
Les organismes résistants aux antimicrobiens (RAM) sont de plus en plus répandus à l’échelle mondiale, menaçant de rendre inefficaces les traitements existants contre les nombreuses maladies infectieuses. Il a déjà été établi qu’en Afrique la résistance aux antimicrobiens est un problème pour le VIH et les pathogènes responsables du paludisme, de la tuberculose, de la typhoïde, du choléra, de la méningite, de la gonorrhée et de la dysenterie. Reconnaissant le besoin urgent d’agir, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté, en mai 2015, le Plan d’action mondial pour la résistance aux antimicrobiens. Conformément à ce Plan d’action, et pour répondre aux besoins spécifiques de l’Afrique, les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont créé le Réseau de surveillance de la résistance antimicrobienne (AMRSNET). L’AMRSNET est un réseau d’institutions de santé publique et de dirigeants des secteurs de la santé humaine et animale qui collaborent pour mesurer, prévenir et atténuer les dommages causés par les organismes RAM [49].
Les quatre objectifs de l’AMRSNET pour les cinq prochaines années sont les suivants [49] :
1. améliorer la surveillance des organismes RAM chez les humains et les animaux ;
2. retarder l’émergence de toute RAM ;
3. limiter la transmission de toute RAM ;
4. atténuer les dommages chez les patients infectés par des organismes RAM.
Pour atteindre ces objectifs, l’AMRSNET mènera trois activités interdépendantes essentielles :
1. plaider en faveur de politiques et de règlementations permettant la prévention et le contrôle à long terme de la résistance aux antimicrobiens ;
2. engager la société civile ;
3. mettre en valeur les ressources humaines.
Au Sénégal
Le cadre de gestion des infections associées aux soins
Le Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens (GAPAMR), adopté par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2015, recommandait l’élaboration de plans d’action au niveau national par chaque État membre – une entreprise difficile sur le continent africain – et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait regretté les retards dans la mise en œuvre en 2016. Cependant le Sénégal a, dès le début, fait de grands progrès par rapport au reste du continent, et, en plus des campagnes sur le Bon usage des antibiotiques en santé humaine et animale, le pays a surtout avancé rapidement grâce à deux structures [50] :
1. Le Plan national pour le contrôle des infections nosocomiales, le PRONALIN, établi en 2004 et qui démontre son efficacité pour limiter la transmission des infections, notamment pharmaco-résistantes, en milieu de soin.
2. La direction des laboratoires qui établit un système de surveillance des infections résistantes aux antimicrobiens.
Evaluation externe conjointe du régime social des indépendants au Sénégal [51] :
Des laboratoires assurent la détection et la notification de certains agents pathogènes prioritaires résistants aux antimicrobiens au niveau du MSAS et des autres ministères. Des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de la santé humaine et de la santé animale, et la lutte contre la RAM suit une approche multidisciplinaire. Une inspection et des campagnes d’information et de sensibilisation sont réalisées (formation des pharmaciens pour la sensibilisation). Il existe un comité national interministériel chargé de la lutte contre la vente illicite des médicaments. Et des structures sont dédiées à la gestion des médicaments.
Toutefois l’absence ou l’insuffisance des données due à une faiblesse des capacités des laboratoires à réaliser des études systématiques intégrées de surveillances des agents pathogènes constitue un problème pour l’évaluation des risques et l’élaboration des politiques de lutte. Par ailleurs, l’utilisation irrationnelle des antimicrobiens et notamment des antibiotiques (mauvaise prescription, automédication, marché illicite et contrefaçon) est encore constatée et est aussi la conséquence des niveaux élevés de résistance observée chez les humains et les animaux.
Des mesures prioritaires ont été recommandées :
Elaborer un plan national de lutte contre la RAM en tenant compte du plan mondial de lutte conte la résistance aux Antimicrobiens qui couvre la santé animale et la santé humaine.
Mettre en place un mécanisme de coordination des différentes interventions multisectorielles sur la RAM.
Renforcer la surveillance multisectorielle intégrée sur la RAM.
Renforcer la coordination des différentes interventions multisectorielles sur la RAM et établir des liens entre les laboratoires de santé publique et les laboratoires de santé animale.
Ainsi on peut noter qu’au Sénégal, il existe une plateforme sur la réduction des risques majeurs de catastrophe dirigée par le premier ministre par l’intermédiaire d’un comité Interministériel sur la réduction des risques de catastrophes. Néanmoins, cette plateforme n’est pas encore fonctionnelle.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE DES ANTIBIOTIQUES
I. Généralité sur les antibiotiques
I.1. Définition d’un antibiotique
I.2. Historique des antibiotiques
I.3. Classes d’antibiotiques
I.4. Mode d’action des antibiotiques
I.5. Effets indésirables des antibiotiques
II. Indication des antibiotiques
II.1 En médecine humaine
II.2 En agriculture
II.3 En médecine vétérinaire
III. Résistance aux antibiotiques
III.1. Définition de la résistance aux antibiotiques
III.2. Types de résistances
III.2.1. La résistance naturelle
III.2.2. La résistance acquise
III.3. Epidémiologie de la résistance aux antibiotiques
III.3.1. Prévalence
III.3.1. a. Au niveau mondial
III.3.1.b En Afrique
III.3. 2. Facteurs de risque
IV. Conséquences de la résistance aux antibiotiques
IV.1. Conséquences cliniques
IV.2. Conséquences économiques
V. Riposte face à la résistance bactérienne aux antibiotiques
V.1.Stratégie
V.2 Initiatives de lutte contre la résistance bactérienne
V.2.1 Au niveau international
V.2.1.1 Plan d’action de l’OMS
V.2.1.2 Plan d’action de l’union européenne
V.2.2 En Afrique
V.2.3 Au Sénégal
V.2.3.1 Le cadre de gestion des infections associées aux soins
V.2.3.2 Evaluation externe conjointe du régime social des indépendants au Sénégal
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. But
II. Objectifs
II.1 Objectif général
II.2 Objectifs spécifiques
III. Cadre d’étude
IV. METHODOLOGIE
IV.1. Type et période d’étude
IV.2. Population d’étude
IV.3. Echantillonnage
IV.3.1. Critères de sélection
IV.3.2. Taille de l’échantillon
IV.3.3. Procédures d’échantillonnage
IV.4. Collecte des données
IV.4.1. Outil de collecte
IV.4.2. Méthode de collecte
IV.4.3. Données collectées
IV.4.4. Définition opérationnelle des variables
IV.5. Saisie et analyses des données
IV.6. Considérations éthiques
V. RESULTATS
V. 1. Taux de participation
V. 2 Question filtre
V.3. Partie descriptive
V.3.1 Caractéristiques socio-démographiques
V.3. 2 Connaissances
V.3. 3. Classification du niveau des connaissances
V.3.4. Sources d’informations
V.3.5 Opinions
V.3.7 Sources d’approvisionnement
V.3.8 les raisons
V.4. Partie analytique
V.4.1. Relation entre niveau de connaissance et CSD
V.4.2 Relation entre l’utilisation des ATB et CSD
VI. Discussion
Conclusion
Reference
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