Les grands syndromes crânio-faciaux
L’infraclusion antérieure peut accompagner les grands syndromes crânio-faciaux. Il en est ainsi des maladies congénitales comme les fentes labio-alvéolaires et/ou palatines, l’acromégalie, la dysostose oto-mandibulaire, la microsomie hémifaciale, la dysostose cléido-crâniale, la dysostose maxillo-nasale, l’achondroplasie et le syndrome de Beckwith-Wiedemann. La trisomie 21 est également presque toujours associée { l’infraclusion. Les enfants atteints de trisomie 21 ont souvent un développement insuffisant des os crânio-faciaux associé { une hypotonie musculaire. Cela s’accentue avec l’âge et entraîne une occurrence plus importante des malocclusions (22, 95, 96). Certaines maladies dégénératives comme l’arthrose dégénérative des condyles et les faiblesses musculaires qu’on rencontre dans les syndromes myasthéniques congénitaux font le lit de certaines infraclusions antérieures. L’infraclusion antérieure localisée peut aussi être due à des traumatismes faciaux (fracture mandibulaire intéressant ou non les condyles, ou fractures Lefort I, II ou III) survenant lors de l’accouchement par forceps. Enfin, l’infraclusion antérieure accompagne presque toujours l’amélogénèse imparfaite (69, 70).
Dysfonctions linguales
Une pulsion linguale lors de la déglutition est souvent notée chez les sujets qui ont une infraclusion antérieure. Deux types de pulsion linguale ont été décrits : La pulsion linguale primaire (endogène) qui est souvent associée à une contracture excessive de la musculature péri-orale lors de la déglutition. En s’interposant entre les arcades durant la déglutition, la langue s’oppose { la mise en place fonctionnelle des dents antérieures sur l’arcade. Elle est pour cette raison souvent impliquée dans la genèse de l’infraclusion antérieure (184). La pulsion linguale secondaire (adaptative) qui représente l’immense majorité des dysfonctions de la langue est considérée comme une réponse adaptative à une infraclusion préexistante destinée à éviter les fuites d’aliments et de liquides (eau, salive) lors de la déglutition (113, 152, 173). Toutefois, selon certains auteurs, l’application de forces légères et continues est nécessaire pour déplacer une dent (146). Des forces importantes, mais intermittentes comme celles qu’exerce la langue sur les dents lors de la déglutition ne devraient pas pouvoir générer une infraclusion antérieure (113, 152). Proffit a suggéré que la position de repos de la langue a une influence plus grande sur la position des dents que n’importe quelle pulsion linguale dysfonctionnelle, dans la mesure où la durée de cette dernière est très courte pour produire un effet significatif (146). Quand la langue est positionnée en avant et au-dessus des incisives inférieures, on observe une courbe de Spee inversée { l’arcade mandibulaire particulièrement visible sur un céphalogramme de profil. Ceci constitue un signe d’alerte indiquant que la fermeture de l’infraclusion ne sera pas stable à cause du caractère défavorable des tissus mous. La position de la langue est aussi modifiée quelques fois pour faciliter l’élocution. Elle est susceptible dans ces situations de générer une infraclusion antérieure. Il arrive dans certains cas qu’on soit en présence d’une langue anormalement volumineuse (macroglossie) ne pouvant plus être totalement contenue par la cavité buccale (30). Elle est dès lors souvent poussée entre les arcades. La relation de cause à effet entre une fonction linguale anormale et l’infraclusion n’est pas élucidée (115). Des controverses existent toujours { cause de l’absence de preuves pour établir la relation.
L’examen endo-buccal
Les signes dentaires sont assez pauvres, mais on observe généralement (Figure 7): une arcade maxillaire réduite dans ses dimensions transversales (forme en v) ; une courbe de Spee très exagérée au maxillaire et au contraire, inversée à la mandibule ; une infraclusion antérieure souvent très sévère pouvant aller jusqu’aux dents de 6 ans. Il n’est pas rare d’observer une endognathie maxillaire avec une linguoclusion bilatérale sans latérodéviation ou une endognathie maxillaire unilatérale avec latérodéviation associée. Il y a également un décalage entre l’occlusion de relation centrée et l’occlusion d’intercuspidation maximale supérieur à 2mm. des dents antérieures avec souvent une hauteur coronaire importante. De fait, contrairement { l’infraclusion à composante dento-alvéolaire (généralement associée à une habitude déformante), dans laquelle il y a une entrave de l’éruption des incisives par l’interposition d’une structure quelconque, dans l’infraclusion squelettique, cette éruption peut être exagérée suite à des compensations dento-alvéolaires. Mais cesdernières ne sont jamais suffisantes pour compenser le décalage dans le sens vertical des maxillaires (24).
Les appareils fixés
Ces dispositifs fixés appelés « Grille anti-pouce » sont constitués d’une grille de taille et de forme variable, solidarisée à des bagues ajustées sur les 1ères molaires permanentes ou lorsque l’évolution de ces dernières ne le permet pas, sur les 2èmes molaires temporaires. L’emplacement normal de la grille répond { la partie antérieure du palais (Figure 8). Quelques fois, un Quad’ hélix est adjoint à la grille (Figures 9 et 10). Cela permet non seulement de faire cesser la succion digitale, mais aussi élargir le maxillaire car les sujets qui sucent le pouce ont aussi souvent une arcade maxillaire étroite. Une fois l’appareil mis en bouche et les bagues scellées sur les dents de 6 ans, la grille va interférer avec le ou les doigt (s) objets de la succion. Ces dispositifs fixés vont gêner l’alimentation pendant quelques jours, mais les enfants s’y habituent très vite et en dehors du stress provoqué par le sevrage de la succion digitale, aucun autre effet secondaire indésirable n’est noté. L’arrêt de la succion digitale est effectif dès le premier jour. En outre une correction spontanée de l’infraclusion antérieure est observée progressivement à chaque rendezvous de contrôle. Cette amélioration progressive va continuer à la transition entre la denture mixte et la denture permanente (52). Dans certains cas une correction plus tardive a été rapportée avec une normalisation pouvant survenir 3 à 5 ans après la cessation de l’habitude déformante (21). En général, la pose d’un dispositif dissuasif permet une correction spontanée de l’infraclusion chez des patients âgés de moins de 10 ans (Figure 11). Chez des patients plus âgés, les dents des secteurs antérieurs sont poussées en avant par les dents des secteurs latéraux et l’infraclusion peut être entretenue par les tissus mous ou par un hypodéveloppement vertical des procès alvéolaires. Cette constatation est illustrée par les travaux de Larsson qui ont montré que lorsque la succion est prolongée au-del{ du pic de croissance pubertaire, l’infraclusion n’a pas tendance à se corriger spontanément (102). Dans ces circonstances, un traitement orthodontique peut être indiqué, mais il est essentiel que toute succion digitale soit arrêtée avant sa mise en œuvre. Dans le cas contraire, non seulement le traitement ne sera pas couronné de succès mais aussi il y a des risques accrus de résorption radiculaire en raison de la sommation des forces orthodontiques avec les forces exercées par le doigt. En résumé, la prise en charge du facteur étiologique représenté par les HSNA doit prendre en compte de nombreux paramètres comme l’âge de l’enfant, la sévérité de la succion, son niveau de coopération etc.
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Table des matières
Introduction
1 ère Partie : Considérations sur l’infraclusion antérieure
1. Epidémiologie
2. Étiopathogénie
2.1. Facteurs congénitaux
2.1.1. Les facteurs héréditaires
2.1.2. Les facteurs non héréditaires
2.2. Facteurs environnementaux
2.2.1. Les facteurs extrinsèques
2.2.2. Les facteurs intrinsèques
3. Signes
3.1. Signes cliniques
3.1.1. L’infraclusion à composante dento-alvéolaire
3.1.2. L’infraclusion à composante squelettique
3.2. Signes paracliniques
4. Prise en charge de l’infraclusion antérieure
4.1. Objectifs
4.1.1. Esthétiques
4.1.2. Fonctionnels
4.2. Le traitement étiologique
4.2.1. La prise en charge des HSNA
4.2.2. La prise en charge des dysfonctions linguales
4.2.3. La prise en charge des dysfonctions ventilatoires
4.3. Le traitement curatif
4.3.1. Appareils myofonctionnels
4.3.2. Les appareils orthodontiques fixes
4.3.3. La chirurgie orthognathique
5. La contention et le pronostic
6. Stabilité
2 ème Partie : Revue systématique sur la stabilité post – thérapeutique de l’infraclusion antérieure
1. Cadre contextuel et justification de l’étude
1.1. Contexte scientifique
1.2. Justification et objectifs de l’étude
1.2.1. La revue narrative (ou journalistique)
1.2.2. La revue systématique
2. Matériel et méthodes
2.1. Le problème de recherche
2.2. Critères d’éligibilité des études pour une inclusion dans cette revue
2.2.1. Types d’études
2.2.2. Types de participants
2.2.3. Types d’interventions
2.2.4. Résultats/issue
2.3. Stratégie de recherche pour la localisation des écrits
2.3.1. Recherche électronique
2.3.2. Recherche manuelle
3. Sélection des études
3.1. Analyse de la qualité des études
3.2. Extraction des données
4. Résultats
4.1. Sélection des articles
4.2. Evaluation de la qualité des articles
4.3. Extraction des données
5. Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
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