Pour toutes opérations relatives aux transactions internationales, un pays a besoin de convertir sa monnaie nationale, en monnaie librement convertible que sont les devises. Le change joue ainsi des rôles importants dans une économie. Il peut être défini comme étant l’acte par lequel on échange la monnaie des différentes nations. Les monnaies prennent la même forme que la monnaie a l’intérieur d’un pays. Cet échange donne lieu à une formation de marché des changes où le taux de change est déterminé. Le taux de change ou cours de change est le prix de la monnaie d’un pays en termes de la monnaie d’un autre. Il peut être coté au certain ou à l’incertain selon le système de cotation adopté par le pays. Il peut également être fixe ou flottant selon le régime de change adopté par le pays. Le taux de change constitue actuellement l’un des instruments les plus importants de la politique économique d’un pays ouvert sur l’extérieur. Il est considéré à la fois comme un moyen de régulation monétaire (une courroie de transmission « tampon ») et un outil par excellence de compétitivité extérieure d’un pays. Dans la plupart des pays dans le monde où le système de change flottant prédomine, divers facteurs peuvent déterminer le taux de change. C’est ainsi que plusieurs économistes, notamment Williamson, Nurkse, Clark et McDonald, ou encore Mundell et Flemming ont tenté d’expliquer le taux de change à l’aide des modèles économiques et empiriques en tenant compte de plusieurs variables ayant de rapport avec les échanges internationaux. A Madagascar, avec la mise en place du marché interbancaire de devises en 1994, on a mis en place un système de change flottant où le taux de change est déterminé par l’offre et la demande de devises sur le marché. Mais cet offre et demande sont également conditionnés par plusieurs facteurs d’où il est nécessaire d’étudier d’une manière approfondie le taux de change à Madagascar à travers ses facteurs déterminant. C’est ainsi que dans cet ouvrage intitulé « Analyse de facteurs déterminants de taux de change à Madagascar », nous allons analyser les facteurs capables d’influencer le taux de change à Madagascar. L’objectif étant de mieux comprendre le mécanisme de fluctuation de taux de change à Madagascar, la question qui se pose ici est donc de savoir de quel manière le taux de change à Madagascar peut il être déterminé par les différentes variables tels que le terme de l’échange, les réserves de changes ou encore la masse monétaire.
LES MODELES DE DETERMINATION DE TAUX DE CHANGE
La détermination sur le long terme
La Parité du Pouvoir d’achat
Le modèle
La théorie de la parité des pouvoirs d’achat repose sur l’idée que le taux de change entre deux monnaies est l’expression du niveau de prix relatif entre les deux pays concernés. Autrement dit, la valeur d’une monnaie A par apport à une monnaie B est définie par la quantité de biens et services qu’elle permet d’acquérir dans le pays ou circule la monnaie B. Déjà exprimé par David Ricardo, cette approche a été popularisée par l’économiste suédois Gustav Cassel au début du XXe siècle. Il existe en fait deux versions de la théorie de la PPA :
– Une version dite absolue, dans laquelle le cours de change de la PPA assure un niveau de conversion tel qu’une unité de monnaie doit avoir un pouvoir d’achat identique dans le pays d’origine et à l’étranger. Le cours de change de PPA (St cotation à l’incertain) est défini comme le ratio des niveaux de prix du bien dans les deux pays concernés
Stabs = Pintt/PEtt
Int = le pays concerné
Et = L’étranger
– Une version dite relative, dans laquelle le taux de PPA se définit comme le taux de change bilatéral dont les variations par rapport à une période de base compensent les variations de prix (indices) entre les deux pays considérés. Le cours de la période observée est égal au cours de la période de base, qui vérifie la version absolue de la PPA multiplié par le rapport de la variation des indices de prix :
Strel = Stabs ⃰ (Indice Pintt/Indice Pett)
Les déterminants
Au total les tests empiriques montrent qu’il convient de retenir la version la plus restrictive de la théorie de la PPA, selon laquelle les taux de change varient en fonction des différentiels d’inflation entre les pays, ce qui conduit à une appréciation de la monnaie du pays au taux d’inflation le plus bas. De plus, les résultats s’avèrent meilleurs avec des indices de prix de gros ou de prix des exportations, plutôt que des indices plus généraux de prix à la consommation des ménages.
L’évidence empirique
Il existe de nombreux travaux sur la justification ou non de la PPA en tant que bon outil de prévision. Les écarts mesurés entre le cours de change historique et celui de la PPA sont importants sur le court et moyen terme. Le consensus parmi les économistes est que la vitesse de convergence des taux historiques vers la PPA est assez lente. Il n’y a pas de relation positive entre l’évolution des taux de change et celle de l’inflation sur 1 an. Cependant plus l’horizon de l’étude se rallonge (6 ans et plus) plus il existe une forte corrélation entre ces deux facteurs.
Les limites
La PPA suppose vérifier la loi du prix unique selon laquelle chaque marchandise ne peut avoir qu’un seul prix (quelle que soit la monnaie utilisé pour l’exprimer) dans un ensemble de marché soumis à la concurrence internationale. Ceci suppose qu’il n’existe pas de biens non échangeables et non homogènes et que l’économie connaît une concurrence pure et parfaite. Or dans chaque pays cohabitent des secteurs exposés à la concurrence internationale. De plus, un grand nombre de services et de biens ne sont pas échangeables. Enfin, les frais de transport ne peuvent être négligés et les quotas et autres protections non tarifaires sont une réalité.
La Balance Macro-économique
Le modèle
Une des premières et des plus utilisées explications des mouvements cambiaires associe l’évolution des taux de change à celle de la balance commerciale et de la balance des transactions courantes d’un pays. La balance commerciale retrace les flux extérieurs nets de biens, alors que la balance des transactions courantes recense l’ensemble des échanges de biens et de services, les transferts publics et privés, c’est-à-dire le cumul de la balance commerciale et de la balance des services. Selon ce modèle, un déficit de la balance courante place un pays dans une situation nette acheteuse de devises contre la monnaie nationale, qui se déprécie alors mécaniquement. A l’inverse un surcroît d’exportations sur les importations génère des opérations de vente de devises contre la monnaie nationale sur le marché des changes, ce qui pousse la monnaie nationale à la hausse.
Les déterminants
En plus de déficit ou d’excèdent de la balance, il est important de souligner que c’est avant tout sont évolution et ses tendances qui sont à prendre en compte. Une évolution structurelle de la balance interne d’un pays peut jouer fortement sur la tendance des taux de change. Par exemple lorsque les Etats-Unis, dans la seconde moitié des années 1990 étaient en plein boom d’investissement, cela donna lieu à une révision à la hausse du taux de change d’équilibre. De même une évolution structurelle de la balance externe d’un pays peut aussi influencer le taux de change. Par exemple, un accroissement de la productivité et des innovations technologiques d’un pays, dans les secteurs des biens de consommation, peut engendrer l’augmentation de la balance courante de ce pays, et ainsi jouer sur le taux de change à la hausse. La balance courante japonaise longtemps en excèdent, joua un rôle prépondérant dans les années 1980 et début 1990 concernant la valorisation du yen. Beaucoup d’économistes considèrent que la croissance de la productivité américaine comparée à la croissance mondiale, au début de la seconde moitié des années 1990, est l’un des facteurs clé expliquant la valorisation du dollar par rapport a la majeure partie des monnaies mondiales. Une étude récente de la FED (Fédérale Réserve) montre que la productivité américaine augmentait pendant la seconde moitié des années 1990 alors que la productivité japonaise décèlerait et celle d’Europe restait stable. Une évolution des conditions commerciales d’un pays peut aussi influencer la direction que prendra le taux de change à long terme. Par exemple, pour les économies orientées marchandises industrielles tels l’Australie, la nouvelle Zélande, et le Canada, où l’exportation de marchandises représente une part relativement importante du PIB domestique, il est possible de trouver une forte relation entre la tendance de l’indice des prix de marchandises et celle du taux de change du dollar australien, canadien et de la Nouvelle Zélande.
Dans le cas de l’euro, le prix du pétrole s’avère être une variable explicative importante de ces mouvements cambiaires. Une augmentation des prix contribuera à affaiblir l’euro et vice versa. Une étude récente de la banque du Canada, trouve une relation similaire entre le prix des énergies et le dollar canadien, Une hausse des prix de l’énergie entraînera une baisse du CAD.
Les limites
En effet l’évolution de la balance courante dépend elle-même des taux d’intérêts, de la demande interne et des prix par le canal de la compétitivité. Les flux sur les biens et les services, qui sont comptabilisés dans la balance des transactions courantes, ne sont pas les seuls qui influencent la valeur d’une monnaie sur le marché des changes, les mouvements de capitaux comme les investissements étrangers peuvent aussi compenser les excédents ou les déficits des transactions courantes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : REVUE SUR LES THEORIES DE TAUX DE CHANGE
Chapitre 1 : LES MODELES DE DETERMINATION DE TAUX DE CHANGE
1- 1-La détermination sur le long terme
1-2- la détermination à moyen terme
Chapitre 2 : REVUE SUR LES THEORIES DU TAUX DE CHANGE D’EQUILIBRE
2-1- L’approche macroéconomique: le taux de change d’équilibre fondamental
2-2-. L’approche dynamique: le taux de change réel naturel
2-3- L’approche économétrique: le taux de change d’équilibre comportemental
PARTIE II : ANALYSE DE DETERMINANT DE TAUX DE CHANGE A MADAGASCAR
Chapitre 1 : CARACTERISTIQUE ET EVOLUTION DE TAUX DE CHANGE A MADAGASCAR
1-1-L’évolution de la politique de change à Madagascar
1-2- Les principaux déterminants de taux de change à Madagascar
Chapitre 2 : ANALYSE EMPIRIQUE
2-1- Choix du modèle
2-2- Estimation du déterminant de taux de change à Madagascar : Utilisation du Modèle VAR
2-3- Analyse en termes de décomposition de la variance et de fonctions de réponses aux chocs
2-4- Comparaison à une autre étude
CONCLUSION GENERALE