Revue des données FAO

Revue des données FAO

Le quinoa a été l’un des produits les plus dynamiques du commerce mondial au cours des dernières années (FAO, 2015)  . En effet, ses exportations ont progressé d’une manière fulgurante, allant d’environ USD700 000 (CHF 675’302.-) en 1992 à USD111 millions (CHF 107’083’669) en 2012, soit une croissance d’environ 28.8% annuellement ! Les ventes ont ainsi quadruplé entre 1992 et 2002, puis augmenté de 39 fois entre 2002 et 2012. Il y a également une croissance dans les exportations en termes de volume : de 600 tonnes en 1992 à 37 000 tonnes en 2012, ce qui représente une moyenne croissance annuelle de 22,8%. Par le graphique ci-dessous, nous pouvons constater que le prix du quinoa a évolué de manière supérieure à la quantité exportée. Cette augmentation est donc due au déséquilibre entre la production (offre) limitée et une demande en constante progression. De par ce quasi-monopole andin sur les marchés, les organisations paysannes peuvent négocier leurs prix, notamment en évaluant par la qualité et quantité des récoltes (Fischer, 2013). Le prix international de cette denrée, stable entre la période de 1992 à 2007, est passé de CHF 1.07.-/kg à CHF 2.80.-/kg en à peine 2 ans. En 2009, le prix s’est stabilisé à CHF 2.89.-/kg. Cette augmentation rapide des prix reflète la forte demande sur le marché international. En effet, les prix sont restés élevés malgré l’augmentation de la superficie cultivée, conduisant à une plus grande quantité offerte. Vu que le pouvoir d’achat dans les pays du « nord » est plus élevé, il est évident que les exportateurs trouvent un prix plus gratifiant sur ces marchés et ils sont donc motivés à y exporter.

Il n’a pas été possible de définir l’évènement qui a déclenché cette montée fulgurante du prix en 2007. L’argument historique de Benoît-Joseph Phons est toutefois défendable, disant qu’il y a eu une course de « tous les acteurs commerciaux de cette filière » … « sont entrés en concurrence pour acheter et stocker du quinoa, que ce soit sur le marché du commerce équitable et/ou biologique, ou sur le marché conventionnel ». « Le prix de vente du quinoa sur le marché local de Challapata (Bolivie) a augmenté ainsi brutalement au prix de CHF 96.-/quintal. » Ce serait donc cette demande fulgurante qui a déclenchée la montée des prix, l’offre des producteurs ne pouvant pas suivre. Un autre évènement important à prendre en compte est l’Année Internationale du Quinoa, en 20139. Celle-ci a donné une impulsion, non seulement sur la consommation, mais également sur la production mondiale, les pays évaluant les matériaux et cherchant à établir leurs propres champs de production. Certains, comme les Etats-Unis d’Amérique (EUA) vont réaliser de vastes cultures ce qui conduirait à une augmentation de l’offre internationale, rendant les prix plus abordables (FAO,2015). Cependant, il est attendu que la demande augmente encore pour les produits andins (pour une bonne partie biologiques et issus du commerce équitable), alors que l’offre andine stagnera (FAO,2015). Le prix pour le quinoa de cette région continuera donc probablement de croître. Toutefois, les consommateurs, ne voulant pas payer des prix très élevés, diminueront la demande pour ce type de quinoa biologique, favorisant probablement celui issu d’une agriculture conventionnelle. Les prix baisseront ainsi jusqu’au point d’équilibre.

Structure de l’offre

En 2011, la superficie dédiée au quinoa, dans les 3 principaux pays producteurs andins, soit la Bolivie, le Pérou et l’Equateur, était de 101’527 hectares, soit environ 90% de la surface ensemencée de quinoa dans le monde (Encyclopedia of food grains, 2016). Cette zone est donc 40 fois inférieure à la superficie de la Suisse10, ne représentant ainsi qu’une très petit espace de culture. La Bolivie est le premier pays producteur de quinoa dans le monde, ayant également le plus d’agriculteurs, soit environ 70’000. Sont implémentées dans ce pays 62 usines de transformation de quinoa, artisanales et industrielles, ce qui contribue à la valeur ajoutée pour ce produit à l’intérieur du pays. La production était d’environ 28’000 tonnes en 2007, alors qu’elle dépassait les 55’000 en 2013. La zone cultivée s’élevait, en 2007, à 49’000 hectares, auxquelles s’ajoutent 46’000 hectares de terres en repos. En 2013, la zone cultivée seule représentait déjà les 95’000 hectares. La demande interne de quinoa a été estimée, cette année-là à 7’000 tonnes / an, soit 25 % de la production totale. Au Pérou, deuxième plus grand producteur, 60’000 paysans y cultivent le quinoa. La plupart du temps, ce sont des producteurs indépendants avec des unités agricoles plus petites que 3 hectares11. Certaines associations plus organisées peuvent, parfois, atteindre plus de 100 hectares. La production totale de quinoa a enregistré une augmentation de 39’398 tonnes en 2009 à 44’207 tonnes en 2012 (MINAGRI, 2013). La surface cultivée, en 2013, était de 50’000 hectares, soit la moitié de celle de la Bolivie. La superficie plantée y a été multipliée par quatre par rapport à 1980. Au Chili, un petit pays producteur typique, le nombre d’agriculteurs est passé de 119 en 1997 à 246 en 2007. Cette augmentation, proportionnellement plus faible que pour d’autres pays en comparaison avec sa superficie, est expliquée par une surface agricole moyenne plus élevée.

Exportations Les principaux producteurs de quinoa sont ainsi la Bolivie et le Pérou. A eux seuls, ils représentent environ 80% des exportations mondiales.12La production et l’exportation de quinoa de l’Equateur, du Chili et d’Argentine est beaucoup plus faible. Dans une moindre mesure, les Etats-Unis comptent pour 10% des exportations mondiales. Son intérêt pour cette culture grandi et ce pays pourrait, dans le futur, faire concurrence aux pays andins ou, pour le moins, satisfaire sa demande interne. Parmi les pays andins, la structure des exportations a modérément changé au cours des deux dernières décennies. La Bolivie a gardé sa première place d’exportateur, malgré l’abaissement de sa participation de 90% à 75%, suivie par le Pérou, qui a augmenté sa part de 6% à 23%, alors que l’Équateur a réduit son poids, passant de 4% à 2%. Il est toutefois notable qu’en Bolivie, la valeur enregistrée des exportations de quinoa a augmenté de près de 40 fois au cours des 10 dernières années, allant jusqu’à USD 100 millions (CHF 96’5 millions).

Le volume officiellement exporté a moins progressé que la valeur, passant de 1’400 tonnes en 2000 à 10’400 tonnes en 2008, puis à 26’000 tonnes en 2012. La quantité exportée a ainsi été multipliée par environ 18 en 12 ans. Au Pérou, selon l’Association des exportateurs les exportations de quinoa en 2012 ont atteint 10’402 tonnes et USD 30,7 millions (CHF 29’6 millions). La chaîne de production de quinoa a contribué, cette année-là, au 0,14% du PIB dans le secteur agricole. En 2013, les exportations de quinoa ont atteint les USD 45 millions (CHF 43’4 millions) (FAO, 2015). Cependant, le ministère péruvien de l’agriculture a pris des mesures pour que ce pays devienne, jusqu’à la fin de cette décennie, le premier exportateur mondial de quinoa. Cela serait déjà arrivé en 2014, « après une production de 114’725 tonnes et des ventes d’environ 196 millions de dollars » (AFP, 2015). Cependant, ces résultats sont mis en doute par la Bolivie, qui critique les statistiques péruviennes (Vergnaud, 2015).

Il est cité dans le rapport de la FAO que la croissance tendancielle pour les exportations est de 19%, beaucoup plus élevée que la croissance tendancielle de la production, 5%, ce qui indique que dans le futur, le taux de croissance de la production régionale devra augmenter afin de répondre à la demande. Pour soutenir les projections des deux principaux producteurs et exportateurs mondiaux, la zone de culture (facteur dont le pays est richement doté) et la production devront doubler d’ici 2030, et la quantité de producteurs devrait aussi augmenter, mais avec des rendements de production décroissants. Le quinoa est encore en phase de pénétration dans les marchés internationaux (FAO, 2015). Il est ainsi raisonnable d’espérer qu’il y aura bel et bien une augmentation correspondante de l’offre internationale de quinoa, mais moins fulgurante que la demande. Par conséquent, une croissance modérée du prix peut être prévue à court et à moyen terme, mais se stabilisant ensuite étant donné que les courbes de l’offre et de la demande ont tendance à converger.

En 2015, nous avons pu constater cet effet avec une offre internationale péruvienne qui a fortement augmenté (Vergnaud L. 2015). Entretemps, la Bolivie et le Pérou sont en concurrence rude car les gains retirés de cette culture sont très alléchants pour leurs économies nationales. Avec les chiffres de 2013, j’émets l’hypothèse que la Bolivie se spécialisera dans le quinoa biologique, alors que le Pérou misera sur la culture conventionnelle. Cette dernière, voulant dépasser les exportations internationales de la Bolivie avant 2020, doit croître encore plus sa production. Telle augmentation n’est possible, à mon avis, qu’en passant par une culture industrielle. En effet, une culture certifiée oblige au respect de normes plus strictes, qui accompagnent le « rythme de la nature ». De plus, le processus de certification retarde la mise sur le marché. Cette hypothèse resterait possible sous condition que les sols au Pérou soient adaptés à la culture intensive. Dans le contraire, cela exacerberait les problèmes environnementaux et sociaux que nous traiterons, ce qui rendra cette culture peu viable à long terme. La Bolivie, de par son avance et produisant la meilleure qualité de quinoa sur son territoire (quinoa real), a intérêt à se spécialiser dans une production certifiée, de façon à retirer plus de revenus. Face à cette croissance, les pays andins doivent encore réfléchir à des initiatives publiques et privées visant à améliorer le potentiel du quinoa, initiatives principalement d’ordre technologiques et sociales.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des figures
1. Introduction
2. Analyse
2.1 Le marché international
2.1.1 Revue des données FAO
2.1.2 Structure de l’offre
2.1.3 Exportations
2.1.4 Destination de la production
2.1.5 Accès aux marchés
2.2 Consommateurs des pays importateurs
2.3 Entreprises
2.4 Consommateurs andins
2.4.1 Le prix national
2.4.2 Réalité culturelle
2.5 Cultivateurs
2.5.1 Développement commercial
2.5.2 Transition alimentaire
2.5.3 Diversification des activités
2.5.4 Distribution des terres
2.5.5 Structure familiale des agriculteurs
2.5.6 Protection du savoir
2.6 Environnement
2.6.1 Au niveau local
2.6.2 Au niveau international
2.6.3 Solutions
2.7 Voix futures pour le quinoa
2.7.1 Une concurrence andine ?
2.7.2 Aide humanitaire
3. Conclusion
Références bibliographiques
Annexe 1 : Questionnaire interview IP-Suisse
Annexe 2 : Résultat interview IP-Suisse
Annexe 3 : Questionnaire interview Mme Ophélie Schnoebelen

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