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Régime de change et croissance dans la littérature économique
Ce chapitre contient l’analyse des fondements théoriques de l’impact du régime de change dans la croissance. De plus, une revue de la littérature empirique sera aussi élucidée. Enfin, des avantages et des inconvénients des régimes de change seront expliqués.
Fondement théorique de l’impact du régime de change dans la croissance
Les théories économiques suggèrent que le régime de change adopté par un pays peut avoir des conséquences sur sa croissance par deux moyens : soit des effets directs sur les ajustements aux chocs, soit des effets indirects sur les déterminants principaux de la croissance économique comme : l’investissement, le commerce extérieur et le développement du secteur financier (Aloui et Sassi, 2005).
Effets directs
Selon la théorie économique, le régime de change existant ne peut avoir des impacts sur les valeurs d’équilibre de long terme des variables réelles. Toutefois, il intervient dans le processus d’ajustement. Donc, cet effet intervient dans la vitesse d’ajustement de l’économie face aux chocs. Selon Aizenman, une économie qui s’ajuste plus facilement aux chocs devrait jouir d’une croissance de sa productivité élevée, compte tenu du fait qu’elle tourne en moyenne autour des limites de sa capacité (Aloui et Sassi14, 2005).
Friedman et Mundell insistent sur le fait que le régime de change est un déterminant de la croissance économique. D’une part, Friedman se prononce en faveur du régime de change flottant, en soulignant les effets isolationnistes d’un tel système face aux chocs étrangers. Toutefois, le travail de Friedman s’inscrit dans le période de faible mobilité des capitaux. D’autre part, Mundell a démontré les propriétés isolationnistes diminuent si la mobilité des capitaux augmente (Aloui et Sassi15, 2005).
Boyer16 a montré que la variance et la covariance des chocs survenant dans l’économie importe beaucoup dans la détermination du régime de change. Ses études se portent sur une petite économie ouverte soumise à trois types de chocs : interne, monétaire et réels. Il a dit que la localisation des chocs n’est pas importante mais il faut se focaliser dans l’aspect réel ou monétaire des chocs. Si les chocs sont de type monétaire, alors le régime de change fixe est préférable. Si les chocs sont de type réel, alors le régime plus justifié est le régime de change flexible. En présence des deux chocs, le flottement géré est préconisé. Toutefois, Aizenman et Frenkel17 (1981) ont conclu que le choix de régime de change optimal dépend de la nature et de l’origine des chocs qui affectent l’économie.
Effets indirects
Les théories économiques indiquent que le régime de change adopté peut avoir des impacts sur la croissance à travers de ses déterminants principaux : investissements, commerce extérieur et développement du secteur financier.
impacts sur les investissements
Campa et Goldgerg18 (1998) ont étudié l’impact de la variabilité du taux de change réel sur l’investissement dans quelques pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, Canada et Royaume-Uni). Ils ont trouvé que l’impact du taux de change sur l’investissement varie selon le cas. La relation est positive dans le cas des secteurs reliant avec l’exportation. Elle est négative dans le cas des secteurs qui relient avec l’importation des inputs.
Guérin et Lahrèche-Revil19 (2001) ont étudié la relation entre la volatilité des changes intra-européens et l’investissement sur 15 pays de l’Union Européenne. Théoriquement, la volatilité des changes pénalise d’autant plus les décisions des entreprises d’investir, que celles-ci ont peu de marges de profits, lorsqu’elles sont exposées au commerce international. Leurs résultats empiriques tendent à affirmer la théorie. Ainsi, pour que la volatilité ait un impact positif sur l’investissement, il faut tenir compte du degré et de la nature de l’ouverture des économies. Ses résultats montrent que la volatilité des changes a un impact négatif et significatif sur l’investissement quand le commerce est horizontalement différencié20. Par ailleurs, la volatilité a un impact positif mais peu significatif sur l’investissement quand le commerce est verticalement différencié. Leur travail rappelle l’importance de l’idée, selon laquelle, il ne faut pas dissocier intégration commerciale et intégration monétaire.
Bénasy-Quéré, Fontagné et Lahrèche-Revil21 (2001) ont mis en évidence la relation entre le régime de change et l’investissement direct de l’étranger (IDE) dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM). Le choix de régime de change est généralement considéré comme un arbitrage entre flexibilité, c’est-à-dire la capacité à absorber les chocs macro-économiques, et crédibilité, c’est-à-dire la disponibilité d’une ancre en vue d’anticiper les prix. Dans les PSEM, un grand obstacle à la croissance économique est la faiblesse des IDE. Ces auteurs ont montré que le régime de change n’est pas neutre envers les IDE. En effet, la compétitivité, la volatilité et le comportement du taux de change contribuent à expliquer les stratégies d’implantation des firmes multinationales. La réduction de la volatilité, en adoptant un ancrage fixe qui est l’euro, a un impact important aux IDE. Toutefois, ce régime ne serait pas viable si l’écart inflationniste entre la zone euro et le PSEM ne se réduit pas.
Impact sur le commerce extérieur
D’après la théorie économique toujours, l’instabilité du taux de change peut avoir des impacts sur le commerce extérieur, de nombreuses recherches ont été faites et on va citer :
Rose22 (2000) a analysé d’effet d’une union monétaire sur le flux du commerce extérieur. L’auteur a pris un large panel de 186 pays allant de 1970 à 1990. Il a trouvé un effet positif important de l’union monétaire sur le commerce international. On a trouvé un effet négatif négligeable pour la volatilité du taux de change. Ces effets sont statistiquement significatifs. L’auteur avance alors que le commerce entre deux pays utilisant une même monnaie est trois fois plus important que s’ils avaient utilisé deux monnaies différentes. Glick et Rose (2001), avec 200 pays de 1948 à 1997, aussi ont trouvé qu’un effet économiquement et statistiquement significatif existe et il semble insensible pour un nombre de perturbation.
Baum et Caglayan23 (2009) ont pris les données pour la zone euro, pays industrialisés et nouveaux pays industrialisé (NPI) pour la période de 1980 à 2006. Ils ont trouvé que la volatilité du taux de change peut impacter un commerce bilatérale. Une volatilité du taux de change de 1% va impliquer une augmentation de 8% du commerce extérieur. Ces effets ne sont pas pareils pour les pays industrialisés et les NPI. Inversement, la volatilité du taux de change ne peut pas affecter le volume du commerce international soit pour les pays industrialisés soit pour les NPI.
Impact sur le secteur financier
Le développement du secteur financier pourrait influencer le choix de régime de change. En effet, un secteur financier bien solide et bien développé est une condition sine qua non d’adoption d’un système de change flottant. En effet, ce régime s’accompagne d’une volatilité amplifiée de change nominale. Donc si le secteur financier ne peut pas absorber les chocs, alors ce système de change peut nuire l’économie réelle. Selon Aizenman et Hausmann24 (2000), les gains d’adoption d’un régime de change fixe sont supérieurs pour les économies émergentes que pour les économies industrialisées. Ceci étant à cause de leur degré de développement financier respectif. Cependant, selon Chang et Velasco25 (2000) refuse l’idée de conjonction d’un secteur financier sous-développé et d’un taux de change fixe. En effet, un régime de change fixe diminue la probabilité des déséquilibres de la balance des paiements et augmente celles des crises bancaires. Un régime de change flottant peut être un instrument pour éviter les crises car les dépôts sont libellés en monnaie locale et la banque centrale joue le rôle de prêteur de dernier ressort.
II. Revue de littérature empirique sur l’impact du régime de change dans la croissance économique
De nombreux travaux empiriques traitent la relation entre le régime de change et la croissance économique. Les auteurs trouvent alors différents résultats. Parmi eux, on peut citer les travaux suivants :
Baxter et Stockman26 (1989) ont analysé statistiquement le comportement des agrégats macroéconomiques clés par rapport au régime de change adopté par un pays. Ils ont considéré un échantillon de 49 pays pour comparer le comportement de la production, la consommation, le commerce extérieur, la consommation de l’administration centrale et le taux de change réel sous les régimes de change. Les auteurs ont trouvé que le comportement des agrégats macroéconomiques dépend systématiquement du régime de change en place. C’est évident pour le cas du taux de change réel. Ils ont divisé la période d’études en deux : pré-1073 et post-1973. Les résultats pour ces deux périodes sont différents. Ainsi, la corrélation inter-pays de la fluctuation de la production est en baisse sur la période post-1973 par rapport à la période précédente. De plus, la corrélation entre la consommation domestique et la production nationale est forte sur la deuxième période par rapport à la première. Enfin, la corrélation inter-pays des achats du gouvernement a crû en 1973 pour tous les pays. Toutefois, il est difficile d’expliquer ces trois différences dans un seul modèle. En continuant la comparaison entre les périodes pré et post-1973, ces auteurs ont trouvé que la volatilité de l’exportation, de l’importation et du taux de change réel a augmenté durant la période post-1973 pour la plupart des pays dans l’échantillon. Une interprétation stipule que le choix de régime de change n’aura pas d’impacts sur la volatilité du commerce. Une autre explication aussi dit qu’un seul pays ne peut décider unilatéralement à adopter un régime de change fixe dans un monde caractérisé par un flottement généralisé.
Les politiques économiques et le régime de change flottant
Dans un régime de change flexible, la Banque Centrale ne doit pas intervenir pour fixer le niveau du taux de change. Cependant, ceci n’exclut pas les besoins d’achat ou vente des devises étrangères.
Politique monétaire
Considérons l’achat des titres domestiques dans un contexte de système de change flottant. Le résultat montre une augmentation des réserves bancaires, une expansion de la masse monétaire et du crédit et une pression à la baisse du taux d’intérêt. Mais la sortie des capitaux empêche le taux d’intérêt à tomber à la baisse. Cette sortie des capitaux va entrainer un déficit de la balance des payements du pays et une dépréciation de sa monnaie. Mais la dépréciation du taux de change améliore la balance commerciale et stimule la production et l’emploi. Un nouvel équilibre s’est établi quand le revenu augmente suffisamment pour résister aux effets de l’augmentation du stock de monnaie créé par le système bancaire. Puisque le taux d’intérêt est constant, c’est-à-dire que l’augmentation du revenu doit-être proportionnelle à la croissance de l’offre de monnaie, le facteur de proportionnalité est donné par le rapport entre le revenu et la masse monétaire. Dans le nouvel équilibre, l’épargne privée et l’impôt ont augmenté grâce à l’augmentation du revenu. L’équilibre sur le marché des capitaux requiert l’égalité entre la somme de l’emprunt privée et publique, et le taux d’exportation du capital. Ceci se réalise conjointement avec un équilibre de la balance des paiements impliquant un excédent de la balance commerciale. Donc, la politique monétaire possède des effets positifs sur le revenu et l’emploi grâce à la sortie des capitaux, la dépréciation du taux de change et au surplus d’exportation mais pas grâce à la diminution du taux d’intérêt.
Politique budgétaire
Considérons une augmentation des dépenses publiques financée par des emprunts publics. L’augmentation de la dépense crée un excès de la demande de biens et tend à augmenter le revenu. Mais ceci tend à augmenter la demande de monnaie, à augmenter le taux d’intérêt, à apprécier le taux de change qui, à son tour, entraine des effets négatifs sur le revenu. En fait, l’effet négatif sur le revenu de la dépréciation du taux de change compense exactement l’effet multiplicateur positif de la première augmentation du revenu issue de l’accroissement de la dépense publique. Le revenu reste inchangé à moins que l’offre de monnaie ou le taux d’intérêt change. Puisque le première est constante si la banque centrale ne fait aucune action et le second est fixé par le taux d’intérêt mondial, alors le revenu reste fixe. Puisque le revenu est constant, épargne et impôt restent inchangés parce que la condition d’équilibre sur le marché des biens implique que le changement des dépenses publiques est égal au surplus d’importation. Donc, l’équilibre sur le marché des biens et des capitaux est assuré par l’égalité entre le taux d’accroissement de la dette publique et le taux d’importation du capital, et entre le déficit budgétaire et le surplus d’importation. Ainsi, la politique budgétaire perd ses forces de stabiliser quand le taux de change est flexible et l’offre de monnaie est constante. Le graphique suivante montre l’efficacité de ces deux politiques :
Un gouvernement peut augmenter les dépenses nationales en augmentant les dépenses publiques ou en diminuant les impôts. Cette politique expansionniste déplace la courbe IS* vers la droite. Par conséquent, le taux de change augmente mais le revenu reste inchangé. Cette politique est donc inefficace dans ce cas. Par contre, la hausse de l’offre de monnaie fait augmenter le revenu et baisser le taux de change. En effet, l’accroissement de l’offre de monnaie par la Banque Centrale, en supposant le prix donné, se traduit par une hausse des encaisses réelles. D’où, LM* déplace vers la droite. Dans le cas d’une petite économie ouverte, la politique monétaire demeurer être efficace.
Les politiques économiques et le régime de change fixe
Sous un système de change fixe, la banque centrale intervient dans le marché des changes en vendant ou en achetant des réserves de devises. Cette section évoquera l’efficacité des politiques économique sous un régime de change fixe.
Politique monétaire
L’achat des titres par la banque centrale crée un excès des réserves et diminue le taux d’intérêt. Cette baisse du taux d’intérêt fait fuir les capitaux et dégrade la balance des paiements. Pour prévenir la diminution du taux de change, la banque centrale intervient sur le marché en vendant des devises et en achetant de la monnaie domestique. Le processus continue jusqu’à ce que l’offre de monnaie revienne à son niveau initial. Ceci montre que l’effet de la politique monétaire sous un régime de change fixe sur le revenu n’est pas soutenable.
Politique budgétaire
Supposons une augmentation de la dépense publique dans un système de taux de change fixe. L’accroissement de la dépense publique possède un effet multiplicateur sur le revenu, l’augmentation de l’épargne, des impôts et de l’importation. Après l’établissement du nouvel équilibre, le marché des biens et ce des capitaux doivent-être en équilibre. Sur le marché des biens, le déficit budgétaire possède comme contrepartie la somme de l’excès de l’épargne par rapport à l’investissement et le déficit commercial. Sur le marché des capitaux le secteur privé et le secteur extérieur doivent-être prêt à accumuler le nouveau flux des dépenses gouvernementales. Mais puisque l’excès d’épargne est égal à l’emprunt privé et le déficit budgétaire est égal au nouveau flux des dépenses, l’équilibre sur le marché des capitaux requiert l’équivalence entre le déficit d’importation et le flux entrant des capitaux, la balance des payements sera en équilibre après ajustement. Le graphique suivant montre l’efficacité de ces politiques sous un régime de change fixe Supposons que l’Etat augmente les dépenses intérieures en augmentant les dépenses publiques ou en diminuant les impôts. Cette politique déplace IS* vers la droite. Pour maintenir le taux de change inchangé, la Banque Centrale augmente l’offre de monnaie et LM* se déplace alors vers la droite. D’où, la production augmente et l’efficacité de cette politique constitue la conclusion. En outre, un accroissement de l’offre de la monnaie pousse à la baisse du taux de change. Mais pour maintenir le taux de change, l’offre de monnaie et la courbe LM* doivent revenir à leurs positions initiales. D’où, la politique monétaire n’a pas d’effets dans un régime de change fixe.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA RELATION ENTRE LE REGIME DE CHANGE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre 1 : Généralité sur le change
I. Définition du taux de change
II. Régime de change
1. Définition
2. Différentes classifications
a. Classification de jure
b. Classification de facto
i. Classification de Levy Yeyati et Sturzenegger (LYS)
ii. Classification « naturelle » de Reinhart et Rogoff
III. Les déterminants du choix de régime de change
1) Zone Monétaire Optimale et nature des chocs
a) Théorie de la zone monétaire optimale
b) Nature des chocs
2) Approche de l’intégration économique et financière
a) Trinité impossible
b) Approche de vulnérabilité structurelle
Chapitre 2 : Régime de change et croissance dans la littérature économique
I. Fondement théorique de l’impact du régime de change dans la croissance
1) Effets directs
2) Effets indirects
a) impacts sur les investissements
b) Impact sur le commerce extérieur
c) Impact sur le secteur financier
II. Revue de littérature empirique sur l’impact du régime de change dans la croissance économique
III. Avantages et Inconvénients respectifs des régimes de change
1) Avantages et inconvénients du régime de change fixe
2) Avantages et Inconvénients du régime de change flexible
Chapitre 3 : les politiques économiques en économie ouverte selon les régimes de change
I. Construction du modèle de Mundell-Flemming
II. Les politiques économiques et le régime de change flottant
1) Politique monétaire
2) Politique budgétaire
III. Les politiques économiques et le régime de change fixe
1) Politique monétaire
2) Politique budgétaire
PARTIE II : VERIFICATION EMPIRIQUE DE L’IMPACT DU REGIME DE CHANGE DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre 1 : performance macroéconomique de la région d’étude
1) Croissance et prix
3) Finances publiques
4) Secteur extérieur
Chapitre 2: Modélisation économétrique de l’impact du régime de change sur la croissance économique
I. Spécification du modèle et tests préliminaires
1) Spécification du modèle et sélection des variables
2) Test de stationnarité
3) Test de cointégration
II. Investigation économétrique et tests post-estimations
1) Méthode d’estimation économétrique
1) Test d’effets fixes
2) Test post-estimation
3) Interprétation et recommandations
a) Interprétation des résultats
b) Recommandations
CONCLUSION
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