Généralités sur le paludisme
Définition
Le paludisme est une maladie infectieuse à transmission vectorielle et potentiellement mortelle, causée par des protozoaires parasites du genre Plasmodium. Ces parasites sont couramment transmis à l‘homme par la piqûre de moustiques femelles appartenant au genre Anopheles. Le nom «paludisme» dérive du mot «palud» qui signifie marais car on pensait à l‘origine que cette maladie provenait des zones marécageuses. C‘est en 1880 à Constantine que Charles Louis Alphonse Laveran a découvert la véritable cause de la maladie qui était un parasite protozoaire du genre Plasmodium, de la famille des Plasmodiidae, du phylum des Apicomplexa (Cox, 2010).
Taxonomie, morphologie et biologie du parasite
Taxonomie
L‘agent pathogène de cette érythrocytopathie est un eucaryote unicellulaire. Selon le système international de classification des êtres vivants en Taxon (Systématique) les plasmodiums sont classés comme suit:
Phylum : Apicomplexa
Classe : Sporozoea
Ordre : Haemosporida
Famille : Plasmodiidae
Genre: Plasmodium
Les espèces du genre Plasmodium sont regroupées en 9 sous-genres dont 3 sous-genres parasites des mammifères (Plasmodium (P.), Vinckeia (V.) et Laverania (L.)) (Garnham, 1964). Pour le cas du paludisme humain, on distingue les espèces suivantes: P. falciparum, P. malariae, P. vivax, P. ovale (renfermant les sous-espèces P. o. curtisi et P. o. wallikeri) (Oguike et al., 2011) (Plasmodies humains) et P. knowlesi, P.cynomolgi (Plasmodies des macaques pouvant parasiter l‘homme) (Singh et al., 2004), (Ta et al., 2014).
Morphologie des parasites et de l’hématie parasitée
Le phylum des Apicomplexa regroupent un ensemble d‘organismes unicellulaires caractérisés par l‘existence d‘une phase de sporogonie dans leur cycle évolutif ainsi que par la présence d‘un complexe apical. La sporogonie est un mode de multiplication asexuée aboutissant à la formation de sporozoïtes à partir d‘un zygote diploïde par une succession de méioses. Le complexe apical regroupe un ensemble d‘organites spécialisés que sont: rhoptries, micronèmes et granules denses (Bannister et al., 2000).
Les formes invasives pour l‘homme sont les sporozoïtes, les mérozoïtes et l‘ookinète; les autres (trophozoïtes, schizontes et gamétocytes) étant des formes de croissance. Ce parasite en l‘absence de ré-infestation, disparaît en quelques mois car il n‘y a pas d‘hypnozoïtes (Bannister et al., 2000).
Nutrition
Un parasite est un être vivant qui pendant une partie ou la totalité de son existence vit en se nourrissant aux dépens d‘un autre organisme (d‘une autre espèce) appelé hôte. Ce mode de vie (parasitisme) est obligatoire pour les plasmodies qui vivent et se nourrissent aux dépens de l‘homme (plasmodies humaines) ou de l‘anophèle. Chez l‘homme, ils se reproduisent de façon asexuée par schizogonie à l‘intérieur des hématies et des hépatocytes et satisfont partiellement à leurs besoins nutritionnels en ingérant l‘hémoglobine par son cytosome puis en le protéolysant dans sa vacuole acide afin d‘obtenir les acides aminés nécessaires à sa synthèse protéique. Cette dégradation de l‘hémoglobine libère l‘hème qui, sous sa forme soluble (ferriprotoporphyrine), est toxique pour le parasite. De ce fait, le parasite le concentre sous une autre forme non toxique en granules brun foncé appelés hémozoïne qui est un polymère constitué de monomères d‘hème (Francis et al., 1997). Pour la synthèse de son ADN, le parasite utilise les bases puriques de son hôte en convertissant l‘hypoxanthine érythrocytaire en inosine monophosphate puis en guanine et adénosine. Il synthétise de novo les bases pyrimidiques (Belen Cassera et al., 2011).
Cycle de développement du parasite
Le cycle biologique du Plasmodium passe par deux (02) hôtes: un hôte intermédiaire (l‘homme), chez qui se déroule la multiplication asexuée et un hôte définitif (l‘anophèle femelle) où a lieu la reproduction sexuée.
– Phase sexuée chez le moustique: Le sang, ingéré par l‘anophèle femelle lors du repas sanguin pris sur un sujet infesté par le Plasmodium, contient des trophozoïtes, des schizontes et des gamétocytes mâles et femelles du parasite. Seuls les gamétocytes sont invasifs pour le moustique et seront donc les seuls à continuer leur croissance. Dans l‘estomac de l‘insecte, les gamétocytes subissent une différenciation en gamètes. Chaque gamétocyte femelle s‘arrondie et devient un gamète femelle ou macrogamète. Les gamétocytes mâles subissent une exflagellation et donnent chacun huit (08) gamètes mobiles ou microgamètes. La fécondation a lieu dans l‘estomac, puis l‘œuf ainsi formé, ou ookinète (diploïde) mobile traverse la paroi gastrique et se fixe sur la face externe, bombant dans la cavité cœlomique. Après une étape de méiose, il devient alors un oocyste immobile et arrondi. Lors de ce passage de la diploïdie à l‘haploïdie, des «crossing-over» se produisent entre chromosomes homologues appariés, entrainant l‘émergence de nouveaux phénotypes. L‘oocyste, en se divisant à l‘intérieur de sa «coque» donne un grand nombre de sporozoïtes mobiles qui gagnent activement les glandes salivaires à travers la cavité générale; ce sont les formes infestantes (sporozoïtes), prêtes à être injectées à l‘homme lors d‘une prochaine piqûre (Robert and Boudin, 2003).
– Phase asexuée chez l‘homme: Les sporozoïtes inoculés dans le sang capillaire par l‘anophèle femelle (l‘injection de salive est indispensable pour empêcher la coagulation du sang) quittent rapidement la circulation pour pénétrer dans les hépatocytes. Le sporozoïte porte la protéine circum-sporozoitaire (CSP) impliquée dans l‘infectivité et l‘invasion de l‘hépatocyte. A ce stade, les sporozoïtes subissent des modifications morphologiques en perdant leur complexe apical puis s‘arrondissent, devenant ainsi des cryptozoïtes. Ces derniers augmentent de taille tandis que leurs noyaux se multiplient; il se forme ainsi des schizontes hépatocytaires contenant 10000 à 30000 noyaux; ce sont les futurs mérozoïtes. L‘hépatocyte éclate et libère les mérozoïtes qui passent dans la circulation. Cette phase hépatocytaire dure entre 6 et 9 jours chez P. falciparum. Chez certaines espèces, certains cryptozoïtes restent quiescents (hypnozoïtes) pendant longtemps avant de démarrer leur multiplication entrainant ainsi des rechutes à distance de la période d‘infestation initiale. C‘est le cas de P. ovale et P. vivax (Prudêncio et al., 2006).
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Table des matières
CHAPITRE 1: Introduction générale
I. Introduction générale
II. Objectifs de la thèse
III. Organisation de la thèse
CHAPITRE 2: Revue de la littérature sur le paludisme, le polymorphisme génétique et la chimioresistance de Plasmodium falciparum
I. Généralités sur le paludisme
1. Définition
2. Taxonomie, morphologie et biologie du parasite
3. Cycle de développement du parasite
4. Taxonomie et Biologie du vecteur
5. Cycle de développement des anophèles
6. La transmission du paludisme
7. Mesure de la transmission
8. Les manifestations cliniques du paludisme
9. Immunité anti –plamodiale: notion de prémunition
10. Diagnostic du paludisme
11. Traitement du paludisme
12. Prévention du paludisme
II. Polymorphisme génétique de P. falciparum
1. Le génome des plasmodiums
2. Origine de la diversité génétique de Plasmodium falciparum
3. Les gènes polymorphiques de P. falciparum
III. La chimiorésistance de P. falciparum et les marqueurs moléculaires de la résistance
1. Définition
2. Historique de la Chimiorésistance
3. Mécanisme de résistance de P. falciparum aux antipaludiques
4. Méthodes d‘études de la chimiorésistance
5. Facteurs favorisants la résistance aux antipaludiques
CHAPITRE 3: Efficacité et tolérance de artesunate-amodiaquine comparée a artemether-lumefantrine en conditions réelles d’utilisation au Burkina Faso
I. Introduction
II. Matériel et Méthodes
1. Site de l‘étude
2. Type, population et période d‘étude
3. Administration des traitements, suivi des patients et collecte des données
4. Examens microscopiques des lames de goutte épaisse et de frottis mince
5. Critères d‘évaluation de l‘efficacité thérapeutiques et de la tolérance des deux traitements
6. Analyses moléculaires
7. Traitement et analyse des données
III. Résultats
1. Les caractéristiques de la population à l‘inclusion
2. Efficacité thérapeutique à l‘issu des 28 jours de suivi
3. L‘influence de la saison sur l‘efficacité des traitements
4. Impact des deux traitements sur le portage des gamétocytes
5. La tolérance des deux traitements
IV. Discussion
Conclusion
CHAPITRE 4: Relation entre la diversité génétique de Plasmodium falciparum et la symptomatologie du paludisme chez les humains
I. Introduction
II. Matériel et Méthodes
III. Résultats
1. La densité parasitaire
2. La température corporelle
3. Le taux d‘hémoglobine
IV. Discussion
Conclusion
CHAPITRE 5: Conclusion générale
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