Revue bibliographique sur Mangifera indica
Le manguier (Mangifera indica) est une plante issue de la flore africaine qui comprend environ 50 000 espèces de plantes supérieures parmi les 250 000 espèces présentes dans le monde [Fleurentin et al., 1990]. Comme toute plante médicinale, elle a au moins une de ses parties (feuilles, tiges, écorces, fruit ou graine foliaire) utilisée à des fins thérapeutiques.
DONNÉES BOTANIQUES
Position dans la systématique
Règne : Végétal
Embranchement : Spermaphytes
Sous embranchement : Angiospermes
Classe : Dicotylédones
Ordre : Sapindales
Sous-ordre : Anacardiinées
Famille : Anacardiacées
Genre : Mangifera
Espèce : indica
Description de la plante
Le manguier est un arbre fruitier de 9 m à 30 m de haut qui présente un fût trapu et une frondaison dense, ovoïde, bien équilibrée, donnant toute l’année un magnifique ombrage [Kerharo et al., 1974]. Les feuilles sont oblongues, lancéolées à elliptiques de 20 à 30 cm de long, large de 3 à 6 cm, glabres, vertes foncées, avec des bords parfois ondulés, un apex généralement aigu porté par de longs pétioles de 2,5 à 10 cm de long renflé à la base. Les feuilles dégagent une odeur de térébenthine lorsqu’elles sont froissées. Les inflorescences en panicule terminales portent de nombreuses petites fleurs jaunâtres ou verdâtres. Le fruit est une drupe ovoïde, légèrement réniforme à pulpe plus ou moins fibreuse selon les variétés [Kerharo et al., 1974].
Historique et répartition géographique
Originaires de la région indo-birmane, les manguiers se sont diversifiés ultérieurement dans deux autres zones d’Asie du Sud-Est :
– dans le Nord-Ouest de l’Inde en donnant des variétés monoembryonnées à épiderme plus ou moins coloré, sensibles à l’anthracnose. Le climat y est contrasté avec des étés chauds et humides alternant avec saisons sèches et fraîches ;
– en Birmanie, Thaïlande, Indonésie et dans le sud de la péninsule indochinoise en donnant des variétés polyembryonnées à épiderme verdâtre, peu coloré, présentant une relative résistance à l’anthracnose. Le climat y est plus régulièrement chaud et humide [Vanniere et al., 2013].
Depuis un siècle, ces deux types de mangue ont été rassemblés en Floride, où elles ont donné une nombreuse descendance par hybridation naturelle ou dirigée. Cette région est considérée comme un centre secondaire de diversification. La majeure partie des variétés de mangues présente sur le marché d’exportation est issue de ces hybridations. Dans les régions d’origine, les types primitifs avaient pour habitat les forêts tropicales de moyennes altitudes. Dans ces situations, la fructification est aléatoire : floraison peu intense, attaques cryptogamiques sur fleurs et jeunes fruits [Vanniere et al., 2013].
En zones subtropicales, des alternances de températures (25°C jour / 15°C nuit), ainsi qu’une saison sèche marquée, sont des conditions favorables pour induire une bonne floraison. Les températures basses constituent le principal facteur qui limite l’extension des zones de cultures au-delà des 36° latitude Nord et 33° latitude Sud. [Vanniere et al., 2013]. En Afrique, le manguier fut introduit au XIX éme siècle. Actuellement, il est cultivé dans toute la zone intertropicale du monde, à l’exception des régions où le climat lui est trop défavorable : pluviosité trop faible, climats sans saison sèche marquée. Dans quelques cas cependant, la zone de culture déborde le tropique Nord [Aouissa I.W., 2002 ; Kerharo et al., 1974].
Morphologie et biologie du manguier
Les manguiers sont des arbres à fort développement (9 à 30 m de haut), à feuillage persistant. Les inflorescences, en forme de grappes, apparaissent à l’extrémité des rameaux sur la périphérie de la frondaison. Elles sont constituées de fleurs mâles et de fleurs hermaphrodites. Chaque inflorescence porte plusieurs milliers de fleurs qui, après fécondation, donneront au mieux quelques fruits. Les taux moyens de nouaison sont très faibles, inférieurs à 1/1000. La pollinisation est assurée par des insectes : mouches, thrips…, très rarement par les abeilles [Vanniere et al., 2013]. Le fruit est une drupe. L’épiderme, peu épais, est couvert de lenticelles. Suivant les variétés, sa coloration sera variable : verte, jaune, orange, rouge violacée, seule ou en mélange sous forme de tâches [Vanniere et al., 2013]. A maturité, la chair se colore en jaune orange. Elle peut être ferme, mais est le plus souvent juteuse. Au voisinage du noyau, des fibres en abondance variable sont observées suivant les variétés. Les types les moins évolués, d’origine indienne, présentent un goût de térébenthine plus prononcé et sont plus riches en fibres [Vanniere et al., 2013].
Le noyau ou amande aplatie est protégé par un tégument lignifié. Chez les variétés monoembryonnées, elle est constituée d’un embryon zygotique unique (issu d’une fécondation et dont le patrimoine génétique est toujours diffèrent de la plante mère). Chez les variétés polyembryonnées, elle est constituée d’un ou plusieurs embryons nucellaires (issus des tissus du nucelle et dont le patrimoine génétique est toujours identique à celui de la plante mère). Le pouvoir germinatif du noyau ou amande est limité à quelques semaines [Vanniere et al., 2013].
Variétés
Mangifera indica présente de nombreuses variétés qui, suivant leur forme, peuvent être classées en 4 groupes :
– les variétés indiennes peu rencontrées en Afrique ayant une forme tortueuse,
– les variétés hybrides américaines de forme élancée comme les variétés Smith, Kent, Keit et Palmer,
– les variétés indochinoises qui sont intermédiaires entre les variétés indiennes et les hybrides ; Elles ont une forme élancée légèrement tortueuse c’est le cas de la variété Xoaîcatmytho,
– et les variétés antillaises de forme arrondie.
Dans les marchés du Sénégal, différentes variétés de mangues sont observées suivant la saison :
– les variétés hâtives, entre les mois de Mai et Juin, comme Divine, Irwin, Améliorée du Cameroun et Tommy Atkins,
– les variétés de pleine saison, entre Juillet et Août, comme Kent, Muscat ou Birane Diop, Pomme ou Dieg bou Gat, Julie, Séwé et Boukodièxal,
– et les variétés tardives, entre septembre et octobre, telles que Keitt, Zill et Valencia. Par ailleurs, il existe une diversité de variétés locales comme Guéréfal, Thiass, Djibélor I et II mais la plupart sont fibreuses [Mbaye et al., 2006].
Une bonne variété commerciale doit présenter les caractéristiques suivantes : une productivité importante, poids d’au moins 300 g et un petit noyau (60 à 80 % de pulpe). Ces critères sont remplis par certaines variétés qui produisent des fruits atteignant 500 à 600 g avec 80 à 90 % de pulpe ; c’est le cas des variétés Kent, Haden, Smith et Keit. En revanche, les variétés peu améliorées possèdent un goût prononcé de térébenthine qui rebute le consommateur [Mbaye et al., 2006].
Données toxicologiques
L’extrait éthanolique à 50 % de la partie aérienne de Mangifera indica, administré par voie intrapéritonéale aux souris conduit à une DL501000 mg/kg [Rukmini et al., 1984]. Toujours selon la même étude, l’huile extraite des graines à 10 % dans une ration alimentaire n’a pas présenté d’effets tératogènes ni toxiques sur des rats. Par ailleurs, l’expérience menée sur Salmonella thyphium TA100 et TA98, a montré que l’huile extraite de la graine ne possède pas de propriétés mutagènes [Polasa et al., 1987].
Composition Chimique
Mangifera indica est un arbre constitué d’un grand nombre de métabolites appartenant à diverses classes chimiques.
Polyphénols
Des polyphénols ont été isolés et identifiés, chez le manguier notamment des acides phénoliques, des esters phénoliques, des flavonoïdes, des xanthones comme la mangiférine [Chieli et al., 2009] et des tanins [Adjanohoun et al., 1993].
Acides phénoliques
Parmi les acides phénoliques présents au niveau du manguier, il existe principalement l’acide gallique, l’acide ellagique (figrure 3), l’acide procatéchique, l’acide quinique, l’acide shikimique [Adjanohoun et al., 1993], l’acide 3,4-dihydroxy benzoique et l’acide benzoique [Chieli et al., 2009].
Esters phénoliques
Les principaux esters phénoliques présents au niveau du manguier sont le galloate de méthyle, le galloate de propyle et le benzoate de propyle [Chieli et al., 2009].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Revue bibliographique
CHAPITRE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR MANGIFERA INDICA
I. DONNÉES BOTANIQUES
I.1. Position dans la systématique
I.2. Noms africains
II. DESCRIPTION DE LA PLANTE
II.1. Historique et répartition géographique
II.2. Morphologie et biologie du manguier
II.3. Variétés
II.4. Données toxicologiques
III. COMPOSITION CHIMIQUE
III.1. Polyphénols
III.1.1. Acides phénoliques
III.1.2. Esters phénoliques
III.1.3. Flavonoïdes
III.1.4. Xanthones
III.1.5. Tanins
III.2. Triterpènoїdes et stéroïdes
III.3. Caroténoїdes
III.4. Acides aminés
III.5. Acides gras
III.6. Sucres libres
III.7. Huiles essentielles
III.8. Gomme
III.9. Propriétés nutritives
IV. PRINCIPAUX USAGES DU MANGUIER
IV.1. Utilisation en cosmétologie (www.huiles-et-sens.com/Beurre-de-mangue)
IV.2. Les principaux usages traditionnels du manguier
IV.2.1. Pathologies de l’appareil digestif
IV.2.2. Pathologies de l’appareil génital
IV.2.3. Pathologies oto-rhino-laryngologie (ORL)
IV.2.4. Paludisme
IV.2.5. Autres pathologies
IV.3. Principales propriétés thérapeutiques
IV.3.1. Propriétés antioxydantes
IV.3.1.1. Propriétés antioxydantes d’extrait de feuilles
IV.3.1.2. Propriétés antioxydantes d’extraits de l’épicarpe de la mangue
IV.3.1.3. Propriétés antioxydantes d’extraits de la chair du fruit
IV.3.2. Propriétés antidiarrhéiques
IV.3.3. Propriétés anticancéreuses
IV.3.4. Propriétés anti-inflammatoires
IV.3.5. Propriétés antimicrobiennes
IV.3.6. Propriétés antivirales
IV.3.7. Propriétés hypoglycémiantes
IV.3.8. Propriétés hypotensives
IV.3.9. Propriétés hypolipidémiques
IV.3.10. Propriétés antiulcéreuses
CHAPITRE 2 : GENERALITES SUR LES RADICAUX LIBRES
I. DEFINITION
II. SOURCES ENDOGENES DES ESPECES REACTIVES DE L’OXYGENE (ERO)
II.1. Auto-oxydation des petites molécules
II.2. Production des ERO dans le peroxysome
II.3. Production d’ERO dans le réticulum endoplasmique
II.4. Production d’ERO avec la xanthine oxydase
II.5. Production d’ERO avec la lipoxygénase et l’acide arachidonique
II.6. Production de ERO avec la NADPH oxydase
II.7. Production des ERO dans la mitochondrie
III. SYSTEMES ANTIOXYDANTS
III.1. Système antioxydants enzymatiques
III.1.1. Superoxyde dismutase (SOD)
III.1.2. Glutathion peroxydase (GPX)
III.1.3. Catalase
III.2. Systèmes antioxydants non enzymatiques
III.2.1. Vitamine E
III.2.2. Vitamine C
III.2.3. Catéchines
IV- DEGATS CELLULAIRES DES DERIVES REACTIFS DE L’OXYGENE
IV.1. Peroxydations lipidiques
IV.2. Oxydation des protéines
IV.3. Dommage oxydatif de l’ADN
CHAPITRE 3 : LES DIFFERENTES METHODES D’EVALUATION DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
I- GENERALITES
II-LE TEST ABTS (2,2’ AZINOBIS-(ACIDE3-ETHYLBENZOTHIAZOLINE-6- SULFONIQUE) OU TEAC
III- LE TEST AU DPPH (2,2 DIPHENYLE-1 PICRYL- HYDRAZYLE)
IV- Le TEST ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity)
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : METHODOLOGIE GENERALE
I. CADRE D’ETUDE
II.MATERIEL
II.1. Matériel végétal
II.2. Matériel expérimental
II.3. Les réactifs
III. METHODES D’ETUDE
III.1. Extraction
III.2. Préparation des extraits
III.3. Tests phytochimiques
III.3.1. Caractérisation des flavonoïdes
III.3.2. Caractérisation des tanins
III.4. Etude de l’activité antioxydante
III.4.1. Mise en évidence de l’activité antioxydante par Chromatographie sur couche mince (CCM)
III.4.2.Evaluation de l’activité antioxydante par méthode spectrophotométrique avec le DPPH
III.4.3. Expression des résultats et analyse statistique
III.5. Détermination des indices
III.5.1. L’indice d’acide d’un corps
III.5.1.1. Principe
III.4.1.2. Protocole
III.5.2. L’indice de saponification
III.5.2.1. Principe
III.5.2.2. Mode opératoire
III.5.3. L’indice d’iode
III.5.3.1. Principe du titrage
III.5.3.2 Protocole
III.5.4. L’indice de peroxyde
III.5.4.1. Principe
III.5.4.2. Protocole
CHAPITRE II : RESULTATS
I. EXTRACTION
II. TESTS PHYTOCHIMIQUES
II.1. Caractérisation des flavonoïdes
II.1. Caractérisation des tanins
III- Activité Antioxydante
III.1. Chromatographie sur couche mince
III.2. Méthode spectrophotométrique avec le DPPH
IV. DETERMINATION DES INDICES
IV.1. L’indice d’acide d’un corps [AFNOR NF T60-204]
IV.2. L’indice de saponification [AFNOR NF T60-206]
IV.3. L’indice d’iode [AFNOR NF T60-200]
IV.4. L’indice de peroxyde [AFNOR NF T60-220]
CHAPITRE III : DISCUSSION
CONCLUSION
Références Bibliographiques