La Petite Ceinture est une ancienne ligne de chemin de fer circulaire, appartenant essentiellement à RFF (Réseau Ferré de France). Elle est la première ligne de chemin de fer entièrement située dans Paris et qui en fait le tour. C’est une ligne à double voie, de 32 kilomètres de longueur à l’origine qui ne fait plus que 23 kilomètres aujourd’hui. Elle traverse 9 arrondissements parisiens (du XIIème au XXème), ainsi que des quartiers tous très différents les uns des autres. Elle est aujourd’hui en grande partie abandonnée et laisse en friche des parcelles à Paris, ville où le foncier libre y est pourtant très rare. Comme nous le verrons, cet espace est une réelle opportunité pour les quartiers qu’elle traverse, car ce lieu pas comme les autres pourrait apporter quelque chose de nouveau à la ville. Malgré tout, cet endroit est complexe et de nombreux facteurs doivent être pris en compte pour son aménagement.
Depuis quelques mois, la mairie de Paris a décidé de palier l’abandon de cette friche urbaine et a demandé à l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) d’effectuer un diagnostic afin de pouvoir, par la suite, choisir les possibilités d’aménagement. Je me suis d’ailleurs intéressée à ce diagnostic pour mon analyse de la Petite Ceinture à grande échelle. Cependant, je me suis efforcée de garder une certaine distance et j’y ai ajouté de nombreux points, afin de compléter le diagnostic.
La Petite Ceinture, d’hier à aujourd’hui
Un point très important de la Petite Ceinture est son histoire. Beaucoup de choses ont évolué de sa construction à aujourd’hui, et ce qui appartient au passé à tendance à se perdre, à être oublié. Beaucoup de parisiens ont connaissance de l’existence de la Petite Ceinture dans leur quartier ou leur ville, mais peu savent ce qu’il s’y est passé et qu’elle a participé à l’élaboration de Paris telle qu’ils la connaissent.
Une évolution permanente de 1852 à 1993
La Petite Ceinture a été construite entre 1852 et 1869, dans un paysage en voie d’urbanisation, sous le Second Empire de Napoléon III, durant les grands travaux haussmanniens, qui transformèrent en grande partie Paris. Elle passe par les 9 arrondissements en périphérie de Paris qui correspondent aux derniers villages annexés à la ville à cette même époque. Elle suit d’ailleurs l’ancienne enceinte de Thiers, dite « les fortifs » par les Parisiens, construite de 1841 à 1844. Ce chemin de fer fait partie de l’identité de la ville. Il a permis le transport de marchandises mais aussi de voyageurs.
Une mise en place progressive
Ce fut le 10 décembre 1851 que la création de la Petite Ceinture a été décidée, par un décret d’utilité publique signé par Napoléon III. Ce chemin de fer avait pour but de relier, à l’intérieur de l’enceinte de Paris, les grandes lignes allant de la capitale vers la province. Il reliait alors les gares de l’Ouest, du Nord, de Strasbourg, de Lyon et d’Orléans. Cette section prendra le nom de « Petite Ceinture Rive Droite » (en bleu foncé sur la carte ci-après). C’est ensuite le 14 juin 1861 qu’une autre section prolongera ces voies ferrées, « Petite Ceinture Rive Gauche » (en vert sur la carte) reliant la gare d’Auteuil et la gare d’Orléans. Puis le 25 mars 1869, la Petite Ceinture fera le tour complet de Paris par la mise en service du raccordement dit de Courcelles (en rouge), reliant la ligne d’Auteuil (en bleu clair) à la Petite Ceinture Rive Droite. Ces voies ferrées ont tout d’abord servi de transport de marchandises dès le 11 décembre 1852, puis de transport de voyageurs à partir du 24 janvier 1854. Le développement de chaque transport s’est fait progressivement jusqu’à son apogée en 1900.
1900-1934 : l’apogée et le déclin
En 1900, année de l’exposition universelle, la petite ceinture connaît son record de fréquentation : près de 39 millions de voyageurs. Cependant, cette période marque aussi le début d’un déclin du service voyageur au profit d’une croissance du trafic de marchandises.
Le transport de voyageurs
En effet, à la fin du XIXème siècle, le prolongement de la Petite Ceinture à l’intérieur de la capitale fut envisagé pour la construction d’un réseau de chemin de fer métropolitain. Mais, lors de l’exposition universelle de 1900, la Ville de Paris mit en service le métro, qui fut finalement indépendant de la Petite Ceinture. Cette dernière, brutalement, subit les conséquences d’une telle concurrence. Ses points faibles étaient notamment l’ancienneté et le mauvais aménagement des stations, qui devraient alors toutes être refaites. En effet, les quais étaient mal abrités, les accès étaient en mauvais état, l’éclairage n’y était pas assez présent. De plus, les lignes de métro, plus centrales, plus modernes, plus rapides, plus confortables proposaient une tarification plus compétitive. Cependant, en 1910, la plupart des stations du métro étant inondées et donc fermées, dû à une forte crue de la Seine, la Petite Ceinture connut un regain de trafic. Mais peu après, le nombre de voyageurs diminua progressivement, puis, à partir de 1934, la suppression du service voyageur commença. Le trafic de transport en commun, à cette époque, était essentiellement concentré au niveau des portes de Paris, de la Petite Ceinture. Puis petit à petit les lignes de métro se sont prolongées vers la banlieue, rendant cette dernière plus accessible. La Petite Ceinture fut remplacée par une ligne de bus du même nom, le PC (pour Petite Ceinture), qui a emprunté jusqu’à aujourd’hui les boulevards des Maréchaux (boulevards marquant la limite de Paris), tout récemment remplacé par le tramway. La fonction de transport en commun faisant le tour de Paris est donc toujours existante grâce à ce dernier.
Le transport de marchandises
Cependant, durant cette même période de 1900 à 1934, le service de marchandises continua d’augmenter. La diminution du trafic de voyageurs a permis à l’exploitant de la ligne d’augmenter le nombre de trains de marchandises circulant et d’arrêter d’investir dans des projets de modernisation des installations et du matériel roulant pour le service voyageur. De plus, ce transport de marchandises était plus rentable que le transport en commun de voyageurs, pour les compagnies privées de chemin de fer qui exploitaient la Petite Ceinture. Ces compagnies existèrent en France jusqu’à la création de la SNCF en 1938. Ce trafic de la Petite Ceinture s’interrompt complétement en 1993. Pendant la seconde guerre mondiale, la Petite Ceinture fut utilisée pour le transport de marchandises ; de nombreuses attaques de trains allemands par des résistants y eurent lieu, en particulier à Charonne.
Afin de résumer ce que l’on vient de voir concernant la mise en place de ce chemin de fer, et pour avoir un regard plus global sur son histoire, voici des cartes, ci-après, qui représentent les différentes périodes de construction de la Petite Ceinture.
En synthèse, cette ligne de chemin de fer, abandonnée il y a 20 ans, a une histoire très particulière, participant à la fois à l’histoire de la commune mais aussi à celle du pays. Elle n’est, de nos jours, pas connue de tous. Ce sont généralement les habitants vivant à proximité qui ont connaissance de son existence. Les voisins peu éloignés, comme dans la proche banlieue ou dans les quartiers alentours, souvent, ne savent pas ce qu’est, ou a été, la Petite Ceinture. Ces mêmes personnes connaissent pourtant la Coulée Verte du XIIème, une ancienne voie ferrée aménagée aujourd’hui en promenade plantée. Cela s’explique facilement par l’interdiction d’accès à de la Petite Ceinture. Cependant, elle représente une grande identité pour certains parisiens, qui ont l’habitude de l’apercevoir sans vraiment en prendre conscience, car comme nous allons le voir, elle a une importance très particulière dans la ville.
Des réutilisations actuelles importantes
Depuis la fermeture des voies ferrées, beaucoup de choses ont évolué. En effet, certaines de ses parcelles ont été aménagées et de nouveaux occupants ont trouvé refuge sur ses voies.
Des aménagements, des fonctions variées
Depuis l’abandon de la fonction ferroviaire, le profil a quelque peu été modifié. Elle est maintenant divisée en plusieurs parties. Une d’elles a été déferrée, une autre utilisée pour un trafic ferroviaire, une partie aménagée en promenade plantée et quelques endroits accueillant des jardins partagés ou associatifs. On peut alors parler d’une Petite Ceinture morcelée par les différentes activités qu’elle propose.
Un retour à sa fonction d’origine
En effet, sur la partie ouest, une circulation ferroviaire a été réinstallée. Entre le 6 janvier 1985 et le 25 septembre 1988, la ligne d’Auteuil de la Petite Ceinture est fermée pour travaux dans la perspective de son intégration partielle à la ligne C du RER. Ces voies ferrées ont alors retrouvé depuis cette date, sur une petite portion, une de ses fonctions d’origine : le transport de voyageurs.
Une nouvelle fonction : espace vert
Toujours sur la partie ouest, une autre portion de notre ligne de chemin de fer a été déferrée et aménagée en promenade en 2007. Cette portion est située entre la porte d’Auteuil et la porte de la Muette, et nous offre aujourd’hui un espace public dans un cadre naturel inattendu en ville. Un parcours a été aménagé sur 1500 mètres, afin de faire découvrir au public sa biodiversité. De même, un projet en cours a le même objectif sur une portion de la partie sud. Dans le XIIème et dans le XVIIIème arrondissement (au sud-est et au nord), des jardins partagés ont été installés sur les bordures des voies. Voici d’ailleurs une photographie de ces jardins dans le XVIIIème arrondissement :
Afin de résumer ce que l’on vient de voir et de se représenter où se situent les différentes parties aménagées de la Petite Ceinture, voici une carte explicative.
Les portions non aménagées appartiennent toujours à RFF, alors que celles qui ont été aménagées ou en projet d’aménagement appartiennent aujourd’hui à la mairie de Paris. Bien que quelques portions aient de nos jours une utilité, la plus grande partie de la Petite Ceinture actuelle reste en friche et sans usage public.
Une nouvelle fonction : activité commerciale
Mais la voie elle-même n’est pas la seule à avoir trouvé une nouvelle utilité, les bâtiments de l’ancien chemin de fer ont aussi été réinvestis. De nombreuses gares ont été détruites, la Petite Ceinture possédait jusqu’à 30 gares de voyageurs, il n’en reste aujourd’hui plus qu’une quinzaine. Sur la carte ci après, les traits noirs sur le tracé de la Petite Ceinture représentent ces 30 gares.
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Table des matières
Introduction
1èrepartie : La Petite Ceinture, d’hier à aujourd’hui
I) Une évolution permanente de 1852 à 1993
1) Une mise en place progressive
2) 1900-1934 : l’apogée et le déclin
II) Des insertions dans la ville diverses
III) Des réutilisations actuelles importantes
1) Des aménagements, des fonctions variées
2) L’identité de la Petite Ceinture à travers ses occupants
IV) Une diversité des enjeux pour un lieu unique
1) Des paramètres à priori contradictoires à prendre en compte
2) Des attentes différentes selon les acteurs
3) Une grande variété d’enjeux, pas toujours compatibles
2ème partie : La portion du XXème arrondissement
I) Des paramètres propres à cette portion
1) Un quartier d’habitation
2) Une Petite Ceinture ouverte, artistique et cultivée
3) Des alentours variés qui constituent un atout
II) Les enjeux retenus
Synthèse
3ème partie : La Petite Ceinture, un futur espace public à forte mixité des usages
I) La Petite Ceinture, un itinéraire piéton intégrant également des lieux de repos et de convivialité
1) Les objectifs
2) Les propositions
II) Des extrémités attractives
1) Les objectifs
2) Les propositions
III) Saint-Blaise, un quartier mis en valeur
1) Les objectifs
2) Les propositions
IV) Un jardin ouvert
1) Les objectifs
2) Les propositions
V) Résultat final
Conclusion
Bibliographie
Index des sigles
Les Annexes
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