Rétrospective des politiques urbaines américaines de 1950 à nos jours

Le paysage urbain américain a profondément changé au cours de ces 50 dernières années. L’alternance politique du pouvoir fédéral, le contexte socioéconomique mondial et national ou encore les courants urbanistiques ont influencé les politiques urbaines et les programmes fédéraux. Ces politiques urbaines, à l’origine de mutations pour les villes américaines, ont évolué au gré de ces configurations urbaines changeantes. Deux grandes périodes peuvent se distinguer :
• Des années 50 au milieu des années 70, caractérisée par des programmes et politiques fédérales interventionnistes
• Du milieu des années 70 aux années 2000, caractérisée par un retrait de l’état fédéral et l’émergence d’un développement local et communautaire.

1950-1970 : un Etat fédéral interventionniste

La ville américaine : entre banlieue blanche et ville centre en perdition 

Si la ville américaine peut évoquer en premier lieu la « skyline » ou le CBD cher aux géographes, et se distinguer en cela des villes européennes, elle se caractérise également comme étant une ville horizontale. Dès 1950, l’étalement urbain est une caractéristique type des villes américaines, la banlieue pavillonnaire en étant la composante clé. La ville américaine se décompose donc très vite en deux entités distinctes :
• La banlieue, destinée à accueillir les foyers blancs américains de la middle et upper class.
• Le centre ville à vocation principalement économique (CBD) et ses faubourgs accueillant les immigrés et les populations les moins favorisées.

Le mythe de l’idéal pastoral 

Ce type d’urbanisation privilégiant le développement de zones pavillonnaires est évidemment consommateur d’espace et, s’il est une caractéristique majeure de la ville aux Etats-Unis, c’est en partie car la nation américaine s’est construite sur un territoire vierge et particulièrement vaste. Le rapport à l’espace est différent, non fini, contrairement à l’Europe. L’urbanisation n’a sans doute jamais été abordée en tenant compte d’une éventuelle pénurie d’espace et la croissance démographique, dès l’industrialisation, s’est traduite davantage par un étalement urbain que par une densification, « caractéristique perçue comme source du désordre social » .

L’avènement de la culture du tout-automobile va par ailleurs être un vecteur de cette consommation d’espace toujours plus grande. La démocratisation de l’automobile marque en effet une étape dans l’histoire urbaine des Etats-Unis dans le sens où elle permet aux classes moyennes de s’éloigner du centre. Un centre ville qui par ailleurs est de plus en plus perçu comme un lieu de perdition, rassemblant tous les maux de la société, en opposition avec une nature primaire, vierge et idéale.

Comme le décrit Cynthia GHORRA-GOBIN : « La civilisation américaine a cherché à préserver en permanence ce mythe de l’idéal pastoral […] elle a donc inventé la banlieue, compromis entre la ville et la campagne ». Alors qu’en Europe la ville s’est construite autour d’une opposition à la nature, les Etats-Unis vont être l’occasion de réconcilier la société urbaine avec la société rurale. S’inspirant à la fois du transcendantalisme des philosophes Ralph W. Emerson et Henri David Thoreau, de la valorisation de la sphère familiale par le pasteur Horace Bushnell et du féminisme domestique prôné par les sœurs Catherine et Hariett Beecher cet idéal pastoral s’appuie sur la famille comme lieu de préservation des valeurs morales : il impose la maison et le jardin comme modèle pour la société blanche américaine. Enfin, cette banlieue qui s’adresse dans un premier temps aux familles riches devient au cours du XXème siècle de plus en plus accessible à la classe moyenne blanche à mesure que le gouvernement fédéral intervient, des les années 1930, à travers sa politique de logement et d’accession à la propriété proposant des emprunts à faibles taux d’intérêt.

La ville centre : entre dichotomie résidentielle et fonction économique 

Dans les années 50, si les centres villes américains sont de plus en plus délaissés par cette classe moyenne blanche qui s’installe en banlieue, leur vocation résidentielle n’est pour autant pas remise en question : ils sont désormais peuplés par les classes les plus défavorisées et les immigrés ainsi que par une partie de la classe blanche la plus aisée (upper class). La fonction résidentielle des centres est ainsi tiraillée entre ces deux extrêmes. Mais la ville-centre des années 50 se caractérise également par sa vocation économique et son CBD. Dès les années 1920 Ernest Burgess établit dans son modèle de ville organisée en cercles concentriques cette opposition centre ville – banlieue, avec comme centre le CBD. Ce quartier d’affaires central devient une caractéristique type de la ville américaine, réunissant complexes de bureaux, hôtels et se vidant la nuit venue.

Outre l’illustration du phénomène de suburbanisation, Burgess, à travers son modèle, présente la ville centre comme le « territoire où les immigrés ont fait l’apprentissage de la nation, au travers de l’assimilation culturelle et de l’intégration économique » (C. Ghora-Gobin 1998). Il s’appui sur les observations qu’il mène dans le cadre de l’Ecole de Chicago et sa théorie de l’écologie urbaine. Les différents groupes sociaux se répartissent naturellement dans la ville comme l’explique Boquet en 2003 :

« La concurrence entre groupes humains pour les ressources urbaines conduit, selon eux, à une différenciation de l’espace urbain en zones « naturelles » selon les affinités ethniques des résidents et leur niveau social. Les zones les plus recherchées commandent les loyers les plus élevés : à mesure qu’ils prospèrent, individus – et entreprises – s’éloignent du centre-ville où ils sont remplacés par de nouveaux venus, selon un processus d’ « Invasion-domination-succession », termes empruntés à l’écologie des plantes. »

D’une politique d’aide à la pierre à une politique d’aide à la personne

En 1956, en adoptant le Federal Interstate Highway Act, le gouvernement fédéral finance la création de 90% du réseau d’autoroutes, long de 60.000 km, qui relie les principales villes américaines. Il fait suite au Federal Highway Act de 1921 dont le but était de subventionner la construction de routes à rayonnement national dans les Etats fédérés. La seconde guerre mondiale fera prendre conscience au gouvernement fédéral qu’il est nécessaire de doter le pays d’un réseau de routes de qualité, le chemin de fer ne suffisant plus pour assurer le transport de marchandises dans une économie en pleine croissance. Par ailleurs, la démocratisation de l’automobile à partir des années 1920 rend la construction de ce réseau encore plus nécessaire.

Les dépenses pour les autoroutes passent de 79 millions de dollars en 1946 à 429 millions en 1950 et 2,9 milliards en 1960. Si le but premier de ce réseau est de connecter les grandes villes du territoire américain, il est également une des causes de l’étalement urbain et du développement de la banlieue pavillonnaire que connaissent les Etats-Unis au milieu du XXème siècle. En effet, comme l’explique Cynthia Ghora-Gobin (2003), l’Etat fédéral « a subventionné la construction du réseau routier interurbain et infra-urbain, ce qui a considérablement facilité la tâche des promoteurs réalisant des lotissements. »

A l’inverse des années 50, marquées par une aide à la pierre symbolisée par ce Federal Interstate Highway Act, la décennie des années 60 voit l’apparition des premières politiques fédérales sociales. L’entrée en fonction le 20 Janvier 1961 du 35ème président américain John Fitzgerald Kennedy marque le début de cette politique d’aide à la personne. Si l’arrivée d’un président démocrate en lieu et place d’un président républicain (Eisenhower) peut être perçue comme la raison de ce changement de politique, elle révèle surtout la situation socio-économique du pays.

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Table des matières

Avertissement
Formation par la recherche et projet de fin d’etudes
Remerciements
Introduction
PREAMBULE
Partie 1 : Rétrospective des politiques urbaines américaines de 1950 à nos jours
1. 1950-1970 : un Etat fédéral interventionniste
2. 1975-2000 : de la montée en puissance de la communauté à un retrait de l’Etat
fédéral
3. Récapitulatif des politiques urbaines américaines de 1950 à nos jours
Partie 2 : La ville américaine du XXIème siècle
1. Des villes aux schémas de développement différents
2. Emergence de la problématique
Partie 3 : La politique urbaine de Barack OBAMA
1. Une politique urbaine appuyée par le plan de relance
2. Une armada de programmes ciblés
3. Une stratégie urbaine nationale ?
Partie 4 : Comparaison par étude de cas : Phoenix, Las Vegas, Portland et Pittsburgh
1. Méthode de comparaison
2. Phoenix : un pari sur l’avenir
3. Las Vegas rattrapée par la crise
4. Portland : une réputation de ville verte
5. Pittsburgh : une ville en éternelle reconversion
6. Synthèse des résultats
Conclusion
Bibliographie

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