Retour d’expérience d’un pharmacien reconverti en professeur des écoles à l’heure du service sanitaire

La reconversion professionnelle est une démarche qui vise à changer de métier ou de statut professionnel. Quitter l’exercice de sa fonction pour évoluer vers de nouveaux projets professionnels constitue une étape importante et représente une source d’anxiété. D’après une étude menée par le site nouvelleviepro.fr (1) 9 personnes sur 10 ont déjà songé à cette possibilité pour trouver leur voie. Parmi elles, 28% se lancent dans l’aventure. Les raisons qui poussent à se reconvertir sont multiples: retrouver un emploi, lassitude au travail, exercer le métier de ses rêves, concrétiser un projet. A cela viennent s’ajouter le stress, la surcharge de travail, l’envie de corriger une erreur de parcours ou de s’adapter à des contraintes familiales et personnelles et plus simplement le besoin d’être heureux au travail. Par ailleurs, le contexte actuel de mutation du monde du travail, les nouvelles organisations au sein des entreprises, les réformes de la formation professionnelle favorisent la mobilité et poussent les actifs à changer radicalement. Le souhait d’une reconversion dans l’Éducation Nationale par un nombre croissant de professionnels est observé. Les valeurs, le sens, l’utilité sociale semblent parfois plus en accord avec leurs aspirations. C’est ainsi qu’en 2015, 25 % des admis aux concours de l’enseignement n’étaient pas étudiants mais salariés en activité dans le public ou le privé ou demandeurs d’emploi, engagés dans une démarche de reconversion professionnelle. Un lauréat sur quatre est ainsi concerné. Ces personnes reconverties constituent une indéniable richesse pour le corps enseignant. Cependant, le choix d’une reconversion dans l’enseignement implique un investissement personnel important qui nécessite d’être convaincu, d’être aidé moralement, financièrement et matériellement (2). Le domaine de la pharmacie est aussi impacté par cette mouvance. En effet, d’après le site pharmapreneur (3) de plus en plus de pharmaciens envisagent de donner un nouveau chemin à leur carrière. Sur le site le blog d’une pharmacienne (4) de nombreux témoignages expriment l’envie de changer de voie et les questionnements concernant différents secteurs potentiels; l’enseignement en CFA (Centre de Formation des préparateurs en pharmacie) et dans l’Éducation Nationale y sont couramment mentionnés. En ce qui me concerne, mon parcours professionnel dans une officine a débuté pendant mes études où j’ai été accueillie pour mon stage de deuxième année. J’y ai été employée en tant qu’étudiante puis comme assistante durant dix ans. Attirée par les compétences d’écoute, d’empathie et d’accompagnement des patients, le métier de pharmacien correspond à ce que j’ai toujours souhaité exercer. De plus, ces qualités doivent être associées à celles de la communication et de la transmission pour apporter au-delà des soins, du conseil et du bien-être. En effet le pharmacien a une responsabilité dans l’éducation thérapeutique du patient et dans la délivrance du médicament; de ce fait il transmet un certain savoir tout en faisant preuve d’une aisance oratoire au comptoir. Il se doit d’optimiser les prestations en proposant par exemple du matériel orthopédique ce qui nécessite une habilitation par un diplôme universitaire. Toujours motivée par le désir d’apprendre j’ai validé ce D U à la suite de mes études. Ces pratiques professionnelles assorties d’un plaisir d’étudier et d’apprendre m’ont amenée à l’envie de transmettre des savoirs pluridisciplinaires aux plus jeunes. La filiarisation en officine durant mes études ne m’a pas permis de me tourner vers l’enseignement à la faculté de pharmacie et plusieurs années ont été nécessaires pour faire « mûrir » ce choix de reconversion professionnelle comme professeur des Écoles. Il s’est imposé à la suite d’un remplacement de six mois en tant que professeur suppléant dans une classe de CM2 dans une école privée sous contrat. En effet, le niveau d’études (Bac + 6) le permet après un accord collégial faisant suite à une épreuve écrite et un oral devant un jury. Cette sollicitation accordée il  est alors nécessaire de demander une autorisation à l’employeur en l’occurrence le pharmacien titulaire. A la suite de ces six mois je me suis inscrite à l’ISFEC (institut supérieur de formation de l’enseignement catholique) afin de préparer le concours de recrutement de professeur des écoles (CRPE). Ce dernier qui requiert un niveau de master est très sélectif avec en moyenne un taux de 23% de réussite chaque année (5). La formation initiale de pharmacien est un atout considérable pour réussir. Néanmoins, cela nécessite un important travail de remise à niveau des connaissances acquises à l’Université et un effort d’apprentissage conséquent pour rivaliser avec d’autres candidats titulaires récents de masters. De plus, un concours génère beaucoup de stress et d’incertitude d’autant que lors d’une reconversion le questionnement sur le bienfondé de la démarche est récurrent. L’année de formation a été très enrichissante et concluante avec des rencontres de pharmaciens et dentistes inscrits dans la même démarche. Grâce à cette double compétence acquise, les métiers de pharmacien et de professeur des écoles ont fusionné dès le départ. Au sein de l’école Sainte Bernadette à Marseille, établissement scolaire dans lequel j’exerce depuis 10 ans l’étiquette de « professeur pharmacien » m’a été attribuée dès mon arrivée. Le terme « enseignant pharmacien» est aussi utilisé à mon égard. Je suis en effet la seule « reconvertie » dans une équipe composée d’enseignants de longue date ayant une formation de professeur des écoles ou d’instituteurs pour certains. Grâce à ce parcours, j’ai évolué à la fois dans l’enseignement délivré mais aussi dans la position professionnelle et la valorisation de cette dernière a toujours été une ambition. L’instauration du service sanitaire pour les étudiants en profession de santé, a été une motivation pour clôturer mes études de pharmacie. Ce cheminement m’a donc amené à réaliser ma thèse sur la valeur ajoutée de la présence de pharmacien reconverti au sein de l’école. Le service sanitaire à la rentrée 2018 vient faire le lien avec le parcours d’éducation à la santé préconisé dans les programmes  scolaires que je pilote dans l’école depuis 2015. Par ailleurs, la place de la santé dans le milieu scolaire s’intensifie. En effet les professeurs des écoles sont impliqués dans l’éducation des enfants, et sont chargés de développer une attitude responsable et éclairée des élèves vis-à-vis de leur santé pour qu’ils deviennent eux-mêmes les acteurs de leur propre santé. La valence de pharmacien prend aujourd’hui alors tout son sens.

Aspects règlementaires

Cadre sanitaire

Évolution dans le cadre scolaire
La mise en œuvre du parcours éducatif de santé (PES) est détaillée dans la Circulaire n° 2016-008 du 28 janvier 2016 (6). Son organisation concerne toutes les écoles et tous les établissements; son contenu est adapté aux besoins et demandes des élèves et aux ressources disponibles. Cette circulaire donne une visée opérationnelle de ce parcours en précisant comment ce dispositif est au service du contenu des projets déjà menés par les acteurs éducatifs.

En effet, de la maternelle au lycée, le PES vise à assurer l’éducation à la santé, la protection de la santé des élèves et la prévention des conduites à risques. Il est structuré autour de trois axes :
• L’éducation à la santé
• La prévention
• La protection
Ce PES prépare les élèves à prendre soin d’eux-mêmes et des autres et à devenir des citoyens responsables en matière de santé. L’ensemble des personnels travaillent en collaboration, en lien avec les familles. La coordination du PES se fait, dans le cadre du projet d’école ou d’établissement, au sein du Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC). Les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté s’assurent de la prise en compte des besoins des élèves et des caractéristiques territoriales, définissent les actions et mettent en œuvre les partenariats. La convention signée en 2016 entre les ministères en charge de l’Éducation nationale et de la Santé, ainsi que le plan Bien-être et santé des jeunes renforcent le cadre dans lequel les besoins des élèves en matière de santé et de bien-être sont pris en compte.

L’Éducation à la santé :
Il est important de signaler ici la première définition du mot éducation qui exprime le fait de former et d’instruire quelqu’un, et l’ensemble des moyens utilisés pour cette action. L’éducation à la santé a donc pour but que chacun acquière tout au long de sa vie les compétences et les moyens qui lui permettent de promouvoir sa santé et sa qualité de vie ainsi que celle de la collectivité; c’est un enjeu de santé publique. L’éducation à la santé, à l’école, contribue pour les élèves, à l’acquisition progressive de connaissances et de compétences qui leur permettront de réaliser des choix éclairés et responsables en matière de santé.

L’idée d’éduquer à la santé est ancienne, en effet durant toute la première moitié du XXe siècle, la volonté hygiéniste transmise en partie par l’État à l’ensemble de la population tend à faire de l’école un espace d’exemplarité hygiéniste et un lieu de transmission de nouvelles pratiques de santé et de nouveaux savoirs. Les années 1980 marquent un tournant dans l’éducation à la santé. D’une part, elle évolue avec la modification de la conception de la santé d’une vision ancienne biomédicale, où la santé était perçue dans sa composante principale organique, à une vision nouvelle bio-psycho-sociale, où la santé apparaît dans sa globalité et comme un processus évolutif tout au long de la vie de l’individu. D’autre part, le concept de prévention s’enrichit du concept de promotion de la santé qui recentre son action sur l’élève devant gérer son potentiel de ressources pour se comporter vis-à-vis de soi et vis-à vis des autres de la façon la plus optimale possible. De 1998 à 2001 plusieurs circulaires précisent la nature de l’éducation à la santé et à la citoyenneté, de la prévention, du dépistage et du suivi des problèmes de santé dès l’école maternelle au travers de vingt mesures. La Circulaire n° 98-237 du 24 novembre 1998 précise les orientations pour l’éducation à la santé à l’école et au collège (7). Le parcours éducatif de santé a été créé par la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République et réaffirmé par la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. L’éducation à la santé est l’axe premier du parcours elle est en lien avec le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et le développement des compétences disciplinaires dans le cadre des programmes d’enseignement et des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Elle propose des activités intégrant l’alimentation, l’hygiène, les rythmes de vie, la prévention des addictions, la sécurité.

Les actions éducatives peuvent notamment reprendre les priorités définies dans la Circulaire n°2011-216 du 02 décembre 2011 (8) :
• Faire acquérir aux élèves des bonnes habitudes d’hygiène de vie ;
• Généraliser la mise en œuvre de l’éducation nutritionnelle et promouvoir les activités physiques (intégrant la prévention du surpoids et de l’obésité);
• Généraliser l’éducation à la sexualité (accès à la contraception et prévention des IST et du sida) ;
• Généraliser la prévention des conduites addictives ;
• Organiser la prévention des « jeux dangereux » et participer à la prévention et à la lutte contre le harcèlement entre élèves ;
• Repérer les signes d’alerte témoignant du mal-être et organiser le cas échéant la prise en charge des élèves repérés, notamment des victimes ou des auteurs de harcèlement ;
• Renforcer l’éducation à la responsabilité face aux risques (formation aux premiers secours).

Prévention :
L’axe Prévention regroupe les actions centrées sur une ou plusieurs problématiques de santé prioritaires ayant des dimensions éducatives et sociales (conduites addictives, alimentation et activité physique, vaccination, contraception, protection de l’enfance par exemple…). Ces actions doivent répondre aux besoins des élèves d’un territoire scolaire identifié et proposer des actions réalisables en fonction des ressources. Cela nécessite un travail de diagnostic. Lig’up (9) est un site ressource dédié à la prévention et l’éducation à la santé créé pour les jeunes à l’initiative de la ligue contre le cancer. Ce site comprend des vidéos, des articles, des quizz sur les thématiques suivantes : alimentation, addiction, activité physique, environnement, bien-être et soleil. Cette plateforme propose des outils utiles aux enseignants afin de préparer et mettre en œuvre des séances sur les thèmes choisis en fonction du public concerné.

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Table des matières

Introduction
I) Aspects règlementaires
1) Cadre sanitaire
a) Évolution dans le cadre scolaire
a-1 Éducation à la santé
a-2 Prévention
a-3 Protection
a-4 Mise en œuvre du PES
b) Évolution dans le cadre Universitaire
c) Transversalité des deux décrets École et Université
2) Rôle du « professeur-pharmacien » dans l’accueil des étudiants en pharmacie et autres professions de santé dans l’application du décret sanitaire
II) Utilisation des connaissances, des attitudes acquises lors du parcours de pharmacien dans le quotidien de professeur des écoles
1) Savoirs: contenu des études
2) Savoir-faire
a) Démarche scientifique, méthode d’investigation prônée dans l’enseignement dans tous les domaines dès l’école primaire
b) Neurosciences àcompréhension et utilisation
c) Travail en équipe
3) Savoir être
a) Posture
b) Vision des élèves par le « professeur pharmacien »
4) Missions transversales
III) Évaluation
1) Perception des personnes de mon entourage professionnel
a) Questionnaire adulte
b) Questionnaire enfant
2) Résultats et analyse
a) Tableaux de résultats et histogrammes des réponses aux questions par catégorie interrogée
b) Analyse des réponses du questionnaire adulte
c) Analyse des réponses du questionnaire enfant
3) Questionnement d’autres pharmaciens enseignants
Conclusion
Bibliographie
Annexe

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