Les voies aéro-digestives supérieures (VADS) représentent la partie haute du système respiratoire et du système digestif. Elles sont constituées de plusieurs organes qui assurent le passage de l’air jusqu’à la trachée, puis aux poumons ; ainsi que celui des aliments jusqu’à l’œsophage, puis à l’estomac. Elles sont drainées par plusieurs chaînes ganglionnaires situées au niveau du cou. Le corps est constitué de plusieurs types de cellules qui, habituellement se divisent spontanément en produisant autant de cellules dont le corps a besoin pour fonctionner. Parfois, le processus de division s’enraye, et le nombre de cellules n’est plus contrôlé par l’organisme. Cette prolifération cellulaire peut devenir une tumeur ; celle-ci peut être bénigne ou maligne. Les tumeurs malignes ou cancéreuses contiennent des cellules anormales qui se multiplient de façon incontrôlée.
Les cancers des VADS sont développés aux dépens de la muqueuse de celles-ci. Ils représentent la majorité des cancers de la région cervico-faciale. En France, en 2015 on estimait à près de 14706 nouveaux cas les cancers des VADS, dont plus de 72% chez les hommes, et à 3788 décès dont 77% chez les hommes, liés à ces cancers. La plupart des cancers des VADS sont des carcinomes épidermoides ou épithéliomas malpighiens, plus ou moins bien différenciés et plus ou moins kératinisant. Ils sont le plus souvent secondaires à une consommation excessive d’alcool et/ou de tabac. Les virus peuvent également être impliqués dans la survenue de ces cancers. La consommation excessive de boissons chaudes a aussi été aussi incriminée. D’autres types de cancers peuvent exister tels que les lymphomes et les adénocarcinomes, mais sont plus rares.
Il sera question pour nous d’évaluer le pourcentage de décès, d’évaluer les principaux facteurs de risque liés aux cancers des VADS, et de décrire les principes thérapeutiques de ceux-ci dans le service d’ORL et de CCF de FANN entre 2010 et 2014.
Rappels anatomo-physiologiques
Anatomie
La région cervico-faciale est composée de plusieurs territoires pouvant tous être le lieu de développement d’une tumeur. On sépare la cavité buccale (la bouche), l’oropharynx (en arrière de la bouche), les fosses nasales et les sinus de la face, le cavum ou rhino-pharynx (en arrière du nez), le larynx (au niveau des cordes vocales), et l’hypo-pharynx (au dessus de l’œsophage).
La cavité buccale
Entièrement tapissée par la muqueuse buccale, elle est limitée en avant par les lèvres (supérieure et inférieure), sur les côtés par la face interne des joues, en haut par le palais et en bas par la langue et le plancher de la langue. Elle communique en arrière avec l’oropharynx, et contient les dents et la langue mobile. La langue mobile a une face ventrale, une face dorsale et deux bords, droit et gauche, et est séparée de la base de la langue par le V lingual, ouvert en avant. La lèvre supérieure se draine dans les ganglions sous-maxillaires et parfois dans les ganglions prétragiens et parotidiens ; la lèvre inférieure se draine dans les ganglions sous-maxillaires et sous-digastriques. Le plancher buccal et la gencive inférieure se drainent principalement dans les ganglions sous-maxillaires et sous-digastriques, rarement dans les ganglions sous-mentaux. La langue mobile se draine dans les ganglions sous-maxillaires et sous-digastriques.
Le pharynx
Conduit musculo-membraneux, le pharynx est un carrefour aéro-digestif, qui s’étend verticalement en avant du rachis cervical, depuis le sphénoïde, jusqu’à l’œsophage. Il intervient à des degrés divers dans la déglutition, la phonation, l’olfaction, la gustation, l’audition et la respiration car il est connecté aux fosses nasales, à la cavité buccale, à l’oreille moyenne, aux voies respiratoires inférieures et à l’œsophage. Sa musculature se dispose en une couche circulaire formée des trois muscles constricteurs et une couche longitudinale . La muqueuse est un épithélium cilié au niveau du rhinopharynx, qui devient pavimenteux et stratifié plus bas. Il contient des formations lymphoïdes constituant l’anneau de Waldeyer. De haut en bas, trois régions le composent :
● Le rhinopharynx ou épi pharynx ou cavum
● L’oropharynx
● L’hypopharynx
Le Rhinopharynx
Encore appelé nasopharynx, ou cavum, il est situé sous la base du crâne, en arrière des fosses nasales et du voile du palais, au-dessus de l’oropharynx, et en avant des deux premières vertèbres cervicales. Ses parois latérales sont musculo aponévrotiques ; et dans chacune d’elles, s’ouvre l’orifice du tube auditif (trompe d’Eustache). Celles-ci mettent en rapport le cavum avec l’espace maxillo-pharyngien (espace sous-parotidien postérieur et espace préstylien). Son toit, correspondant à la base du crâne, est osseux ; ainsi que sa paroi postérieure, qui répond aux deux premières vertèbres cervicales (l’Atlas et l’Axis). En avant, le rhinopharynx communique avec les deux fosses nasales par les choanes. Sa muqueuse est riche en éléments lymphoïdes, qui donnent naissance aux végétations adénoïdes (amygdale pharyngée), surtout développées chez l’enfant. Son drainage lymphatique est riche, bilatérale, vers les chaînes spinales et jugulo-carotidiennes.
L’Oropharynx
Situé en arrière de la cavité buccale, entre le voile du palais en haut, et le repli glossoépiglottique en bas. Latéralement, les piliers du voile du palais enserrent les loges amygdaliennes, en avant se trouve la base de la langue, derrière le V lingual. Ainsi, il comprend les éléments anatomiques suivants : La loge amygdalienne, le voile du palais, la base de la langue, les parois latérales et postérieures. Sa muqueuse est de type malpighien, riche en éléments lymphoïdes, notamment au niveau des amygdales linguales et palatines.
L’ Hypopharynx
Situé en arrière du larynx, avec lequel, il contracte des rapports étroits par les murs pharyngo-laryngés et la région rétro crico-aryténoïdienne ; il est limité en haut par le repli glosso-épiglottique, en bas par la bouche de l’œsophage, et en arrière par les dernières vertèbres cervicales. De chaque côte du larynx, la muqueuse, de type malpighien, s’invagine pour former les sinus piriformes. Son drainage lymphatique est riche, et se fait principalement vers les chaînes jugulo-carotidiennes.
Fosses nasales et sinus de la face
Les fosses nasales
Conduits horizontaux situés dans le massif facial de part et d’autre de la ligne médiane, les fosses nasales sont limitées en haut par le crâne, en bas par la cavité buccale, et sont situées en dedans des orbites et des maxillaires. Elles s’ouvrent en avant par les narines et en arrière par les choanes, vers le rhinopharynx. Elles mesurent 7 à 8 centimètres (cm) de long, pour 4 à 5 cm de haut ; plus larges en bas (1cm), plus étroites en haut. Elles sont séparées en avant par une cloison cartilagineuse, en haut par la lame verticale de l’ethmoïde, en bas et en arrière par le vomer. La paroi externe est caractérisée par des saillies osseuses, appelées cornets, délimitant des fentes : Les méats.
Les méats sont situés entre les cornets et la paroi externe ; ainsi on a :
– Le méat inférieur, où débouche l’orifice inférieur du canal lacrymal.
– Le méat moyen où débouchent : Le canal naso-frontal qui draine le sinus frontal, l’ostium du sinus maxillaire et les cellules ethmoïdales antérieures.
– Le méat supérieur où débouchent les cellules ethmoïdales postérieures.
La muqueuse nasale est différente suivant la localisation :
→ Au niveau de la cloison, l’épithélium est cylindrique, strié, sur une couche glandulaire. A la partie antérieure de la cloison, on a la tâche vasculaire ou zone de Kisselbach, qui est une anastomose des terminaisons de quatre artères .
→ Au niveau de la muqueuse des cavités nasales, ou muqueuse pituitaire, l’épithélium est cylindrique, cilié, pseudo-stratifié, avec des cellules ciliées et des cellules caliciformes ; et est en continuité avec la muqueuse des sinus et de la trompe d’Eustache.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I/ Rappels anatomo-physiologiques
I-1/ Anatomie
I-1-1/ La cavité buccale
I-1-2/ Le pharynx
I-1-2-1/ Le Rhinopharynx
I-1-2-2/ L’Oropharynx
I-1-2-3/ L’ Hypopharynx
I-1-3/ Fosses nasales et sinus de la face
I-1-3-1/ Les fosses nasales
I-1-3-2/ Les sinus de la face
I-1-4/ Le larynx
I-2/ Physiologie
II/ Epidémiologie
II-1/ La fréquence
II-2/ Le sexe
II-3/ L’âge
II-4/ Facteurs de risque
II-4-1/ Le tabac
II-4-2/ L’alcool
II-4-3/ Autres facteurs
III/ Diagnostic
III-1/ Circonstances de découverte
III-2/ Examen clinique
III-2-1/ Examen local
III-2-2/ Examen régional
III-2-3/ Examen général
III-2-4/ Biopsie et examen anatomopathologique
III-3/ Examens complémentaires
IV/ Bilan d’extension
V/ Classification
VI/ Bilan pré-thérapeutique
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I/ Objectifs
I-1/ Objectif général
I-2/ Objectifs spécifiques
II/ Matériels et méthodes
II-1/ Le cadre
II-2/ Patients et méthodes
II-2-1/ Critères d’inclusion
II-2-2/ Critères de non inclusion
II-3/ Analyse des données
III/ Résultats
III-1/ Aspect épidémiologique
III-1-1/ Répartition topographique des cancers des VADS
III-1-2/ L’âge
III-1-3/ Le sexe
III-1-4/ La zone de provenance
III-1-5/ La profession
III-1-6/ Facteurs de risque
III-2/ Aspect clinique
III-2-1/ Critère référé ou non
III-2-2/ Temps d’évolution de la symptomatologie
III-2-3/ Localisation
III-2-4/ Les signes
III-3/ Aspect para clinique
III-3-1/ L’endoscopie
III-3-2/ Le scanner (Tableau XXIII)
III-3-3/ La biologie
III-4/ Aspect histologique
III-5/ Classification
III-6/ Principes thérapeutiques
III-6-1/ Traitement palliatif
III-6-2/ Traitement curatif
III-7/ Aspect évolutif
III-7-1/ La mortalité
III-7-2/ Les perdus de vue
III-7-3/ La survie
IV/ Discussion
IV-1/ Aspect épidémiologique
IV-1-1/ L’âge
IV-1-2/ Le sexe
IV-1-3/ La profession
IV-1-4/ Facteurs de risque
IV-2/ Aspect clinique
IV-2-1/ Délai de consultation
IV-2-2/ Classification TNM
IV-2-3/ Signes
IV-3/ Aspect para clinique
IV-4/ Aspect histologique
IV-5/ Aspect thérapeutique
IV-5-1/ Traitement palliatif
IV-5-2/ Traitement curatif
IV-6/ Aspect évolutif
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES