Définition du sujet et objectifs
Le sujet choisi est donc intitulé « Restructuration de la zone artisanale de Ravine Creuse ». Mais qu’est-ce qu’une restructuration ? Qu’est-ce qu’une zone artisanale ? Nous allons donner ici quelques éléments de définition afin de mieux cerner les objectifs du projet. D’après les recherches effectuées, une restructuration se définirait comme la démarche permettant la réorganisation d’une structure quelconque afin d’en modifier les fonctions. C’est une notion souvent employée en aménagement du territoire, urbanisme ou architecture pour désigner le réaménagement d’une entité urbaine quelle qu’elle soit (mais également dans d’autres secteurs comme la psychologie ou l’économie par exemple). Pour définir la zone artisanale, il convient de commencer par définir la zone d’activités. Une zone d’activités désigne un emplacement réservé { l’implantation d’entreprises, de taille plus ou moins importante. Les collectivités locales du territoire concerné sont chargées de la gestion et de l’aménagement de cette zone. Les zones d’activités peuvent être subdivisées en différentes catégories, comme les zones artisanales, commerciales, industrielles, mixtes, spécialisées, etc. La plupart du temps, elles se situent en périphérie des centres urbains (dont elles permettent le développement économique), et à proximité des grandes infrastructures de transport, près d’un bassin de main d’œuvre et de services. Plus précisément, une zone artisanale désigne l’agrégation de toutes sortes d’activités artisanales. L’artisanat regroupe divers corps de métiers, allant du boulanger au plombier, en passant par les orfèvres, les ambulanciers, les coiffeurs… Ceux-ci ont en commun un chef d’entreprise qualifié, qui prend en charge toutes les échelles d’organisation de son entreprise (production, gestion, commercialisation). L’apprentissage est la voie principale de formation des artisans. On associe souvent l’artisanat { une image culturelle, intégrée { un territoire particulier, c’est une preuve de qualité. « L’artisanat réalise l’union entre le travail et le capital. Plus facile à connaître qu’à définir, l’artisanat est un secteur vivant qui s’adapte en continu aux mutations économiques et sociales. » L’objectif premier de la zone d’activités de Ravine Creuse était donc de favoriser le rayonnement de Saint André. Nous allons tenter de voir tout au long de ce projet, si ce but est aujourd’hui atteint ou non. Sachant que cette zone est soumise { un projet de ‘restructuration’, certaines améliorations peuvent donc sans doute être apportées afin d’optimiser son fonctionnement. Pour cela, il nous faut établir un diagnostic précis de la zone ; cela passe par l’étude des autres zones d’activités de Saint André, l’étude des activités présentes sur le terrain choisi, l’étude des réseaux, l’étude de la population et de ses besoins, etc. Il est également important de prendre en compte les différentes contraintes qui se trouvent sur ce terrain, le POS (Plan d’Occupation des Sols), le PPRI (Plan de Prévention du Risque d’Inondation), la présence de Patrimoine, etc.
Contexte historique
Le territoire a été peuplé dès la fin du XVIIè siècle. Au XIXè siècle, ses principales activités étaient constituées par les cultures de vanille, de canne, et par des usines sucrières, dont le nombre a diminué au fil du temps (il n’en reste qu’une aujourd’hui { Saint André). Saint André est devenu commune en 1790. L’abolition de l’esclavage a été proclamée { La Réunion en 1848. Par la suite, de nombreux travailleurs engagés venant du Sud de l’Inde ont été attirés et se sont surtout installés à Saint André.
Economie
Les secteurs d’activités de la commune sont assez nombreux et constitués par (du plus représenté au moins représenté) : services, commerces, construction, industrie, artisanat et transport. La production de sucre est d’environ 100 000 t par an, grâce { l’usine sucrière de Bois Rouge. Celle-ci permet également la production d’énergie (30% des besoins énergétiques de La Réunion). En effet, elle alimente une centrale thermique de bi-combustible (charbon-bagasse), qui absorbe l’intégralité de la bagasse issue du traitement de la canne. Cette centrale est implantée sur le site de Bois-rouge. La commune fait également partie d’une Zone Franche Urbaine (ZFU), ce qui lui permet de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales afin de favoriser l’implantation d’entreprises et donc la création d’emplois.
Un Quartier au sein d’un projet de rénovation urbaine
Depuis novembre 2009, un grand projet de rénovation urbaine de 3 quartiers délaissés de Saint André a été lancé par la Mairie, en partenariat avec l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU). Il s’agit de la Cressonnière, Mille Roches et Ravine Creuse, qui font également partie d’une Zone Urbaine Sensible (ZUS). Les ZUS sont des zones se trouvant en-dehors de la ville, délimitées par les pouvoirs publics et désignées pour être prioritaires dans les politiques urbaines de la commune concernée. Leur prise en compte dépend des difficultés effectivement rencontrées par les habitants de ces territoires. Ce projet de rénovation urbaine se place donc en continuité de l’inscription de ces quartiers en Zone Urbaine Sensible (ZUS), dont ils font partie en raison de leurs indicateurs sociaux, plus faibles que la moyenne départementale. Par exemple, le taux de chômage dans la ZUS de Saint André est de 48,4% (42% dans le département) et le taux de non diplômés est de 63,3% (56,6% au total dans l’île). Les objectifs de la rénovation sont multiples. Il s’agit tout d’abord de rendre ces quartiers ‘’attractifs, actifs et interactifs sur le plan du logement, de l’économie, des déplacements, et de la réussite éducative’’15, mais également de permettre à leurs habitants de se les réapproprier. Cela passe par un désenclavement (une meilleure accessibilité par les réseaux de transports par exemple), une réhabilitation d’équipements publics impulsée parfois avant même l’officialisation du projet de rénovation (une école de la Cressonnière a été rénovée en 2009, un pôle d’équipements publics y sera inauguré courant 2011, etc) et l’implication des habitants et leur insertion grâce aux emplois créés pour la réalisation des travaux. Lors de la signature de la Convention avec l’ANRU pour la mise en place du projet, le financement global était estimé à 79 732 143 €, et le montant des opérations sous maîtrise d’ouvrage communale directe ou déléguée { 44 505 144 € HT, dont l’ANRU devait financer 48%. La commune s’était également engagée { réserver 38% de son budget pour la réalisation des travaux liés au projet sur la période 2009-2013. Pourtant, si des actions ont d’ores-et-déjà été engagées, elles ont surtout ciblé la Cressonnière, et très peu d’opérations ont été réalisées à Ravine Creuse. Bien qu’un ‘’programme d’aménagement engagé, notamment pour des activités dans un éco-quartier’’ ait été évoqué en 200917, rien dans ce domaine n’a été lancé sur le quartier au jour d’aujourd’hui, en avril-mai 2011. La rénovation d’une école a malgré tout été impulsée en 2009 et n’est pas encore terminée.
Quelques éléments de l’Histoire sucrière de la Réunion et de Ravine Creuse
Dès 1665, la Compagnie des Indes, représentante du roi de France (alors Louis XIV), gère le commerce entre la France métropolitaine et l’île Bourbon (ancien nom de la Réunion). Le passage de l’administration de la Compagnie des Indes à la monoculture de la canne à sucre (dès le début du XIXè siècle) a été aussi brutal pour l’île que celui de la monoculture de la canne à la société de service et de consommation d’aujourd’hui. Le deuxième changement a cependant été encore plus rapide, car il s’est effectué en 30 { 40 ans seulement. Certains articles concernant des éléments de l’Histoire sucrière de la Réunion et de la sucrerie de Ravine Creuse ont pu être récupérés aux Archives Départementales de la Réunion. La fabrication de sucre { partir du traitement de la canne est très ancienne. Tout d’abord née en Inde, cette technique a ensuite été transmise dès l’Antiquité en Asie Mineure puis autour de la Méditerranée. A la Réunion, la culture de café fut réalisée avant celle de la canne à sucre, impulsée par la Compagnie des Indes qui n’encourageait pas la culture de la canne. Les premières traces de l’existence de sucreries sur l’île Bourbon semblent remonter aux années 1780. Après le passage de cyclones au début du XIXè siècle qui détruisirent les cultures de café, le nombre d’usines sucrières augmenta de façon considérable. La naissance de l’industrie sucrière intervint d’ailleurs en même temps que l’apparition de techniques nouvelles de mécanisation. En 1848 est proclamée l’abolition de l’esclavage dans l’île. Les usines sucrières se vident car les affranchis quittent les exploitations. C’est { ce moment-l{ que l’on fait venir des engagés indiens pour les remplacer. A la fin du XIXè siècle, le nombre d’exploitations cannières augmente tandis que le nombre d’usines diminue. La production diminue, puis augmente de nouveau tout au long du XXè siècle grâce à de nouvelles techniques de modernisation. En 1985, date { laquelle a été rédigé l’article, la crainte de voir disparaître l’image forte des anciennes usines était grande. Voici un extrait de cet article : « Voici plus de 150 ans que l’économie réunionnaise repose dans sa presque totalité sur la production de sucre. Tout ici nous parle du sucre et son histoire est profondément inscrite dans celle de l’île. Les usines { sucre font partie du paysage réunionnais : les usines envahies par la végétation, les cheminées, les installations désertées. » Voici à présent quelques éléments concernant la sucrerie de Ravine Creuse. Au début du XXè siècle, quelques usines dont celle de Ravine Creuse enchaînent les grèves et les révoltes pour dénoncer des conditions de travail trop difficiles. Ces faits ont pour conséquence de nombreux licenciements. En 1969, 3 usines sucrières, dont celle de Ravine Creuse, sont vendues aux collectivités concernées. Il s’agissait d’établir une ‘politique de morcellement’ afin de favoriser ceux qui cultivent réellement les terres. Les propriétés de taille importante utilisaient des moyens mécaniques pour exploiter les champs de canne et employaient ainsi de moins en moins de main d’œuvre, ce qui a accru le taux de chômage. La CANE (Coopérative des Agriculteurs du Nord-Est) est considérée comme un ‘moteur de l’économie agricole’. C’est après un changement de présidence et de Conseil d’Administration qu’elle s’installe dans le silo { sucre de la vieille usine de sucre de Ravine Creuse dès 1980. Elle diversifie ensuite progressivement ses activités, rénove d’autres bâtiments de la zone et s’y installe. Aujourd’hui se trouvent sur la zone non seulement le siège social de la coopérative, mais également une jardinerie et du matériel agricole lui appartenant.En 1986, un article est consacré { la zone de l’ancienne usine sucrière de Ravine Creuse. L’introduction de cet article est la suivante : « Etrange atmosphère que celle qui baigne l’ancienne sucrerie de Ravine Creuse, fermée en 1969. En s’approchant par la route départementale 47, on n’aperçoit d’abord qu’une cheminée massive sur le corps délabré de l’usine. Une fois sur place, on découvre de nombreux bâtiments annexes, aux façades souvent décrépites. Parmi les herbes folles et les carcasses d’autobus, ils abritent des activités que la tranquillité et l’anonymat du lieu ne laissent guère soupçonner ». Les couleurs vives du temple ‘malbar’ (Indien) sont opposées { la « sévérité des pierres moisies de l’usine ». Très peu d’entreprises sont alors installées. On y trouve la CANE (la seule { avoir réussi à cacher le mauvais état du bâti où elle se trouve), le centre municipal de Ravine Creuse depuis 1978, l’église (comparée dans l’article { un baraquement militaire), un dépôt de vin, un atelier de la SCAABA (Société Coopérative Artisanale d’Affûtage de Bois et d’Ameublement), un terrain vague (où se trouve une grue inutilisée), la société de bus Carpaye (entourée de cuves, « épaves rouillées et déchues »), la société de transports SOBA, la LEB (Electronique de Bourbon) et les bâtiments des ateliers municipaux « aux allures de pénitencier désaffecté derrière ses grilles rouillées ». La vue d’ensemble de la zone est donc plutôt négative. Elle n’a pas été rénovée après la fermeture de l’usine sucrière, paraît très peu entretenue et peu animée. L’article se termine ainsi : « A peine s’est-on éloigné que la canne ravale la micro-zone industrielle. Seule continue { émerger, déchue mais comme protectrice, la hautaine silhouette de la vieille cheminée… ».
Eléments de diagnostic du futur PLU Plan Local d’Urbanisme
En 2009, après le changement d’équipe municipale, le projet d’élaboration d’un PLU a été repris par la Commune de Saint André et est actuellement en cours. En effet, un premier PLU avait été proposé avant 2001, et accepté en 2005. Mais en 2007, suite à un déféré préfectoral, le Tribunal Administratif a décidé d’en suspendre la validité. La Commune vient de terminer la phase de réalisation de son diagnostic. Dans ce projet de restructuration de la zone artisanale de Ravine Creuse, il s’agit donc de répondre aux contraintes actuelles du POS, mais également de tenir compte des exigences futures du PLU. Le PLU représente un projet qui s’inscrit dans l’ensemble d’un territoire, ici la Commune de Saint André. Certaines des principales orientations données par ce document nous concernent directement dans ce sujet : il s’agit de la ‘mise en exergue de l’identité des territoires’, de l’ ‘organisation de la cohésion territoriale autour de bassins de vie, vecteurs d’équilibre’, ou encore de la ‘conception d’un aménagement basé sur l’adéquation besoins/ressources’. Le Schéma de la Mise en Valeur de la Mer (SMVM) a répertorié plusieurs éléments remarquables du littoral, dont certains se trouvent à Ravine Creuse : l’usine à cannes du XIXè siècle (dont il ne reste que des bâtiments en ruine, et qui a été progressivement remplacée par les activités que l’on peut aujourd’hui trouver sur le site de la zone artisanale), la grande cheminée et un entrepôt du Second Empire à charpente de fonte d’acier. Ces éléments doivent donc être protégés et mis en valeur. L’artisanat est un secteur d’activités cité dans le diagnostic de la manière suivante : « l’artisanat tend { évoluer favorablement sur la commune. Cette dynamique économique s’explique principalement par le dispositif Zone Franche Urbaine (ZFU) mis en place sur la commune en janvier 2007 et par la présence d’une multitude de micro-entreprises familiales. » Ce qui sous entend que le caractère artisanal de Ravine Creuse devrait être conservé, non seulement pour l’identité du quartier mais également pour la Commune toute entière. Si l’Est reste la micro-région de la Réunion la mieux pourvue en zones d’activités (dont la moitié de ces dernières se trouve à Saint André), elles sont encore en nombre insuffisant, toujours selon le diagnostic du PLU. Ces zones d’activités sont de petite taille, et pour certaines très mal équipées et entretenues. La plupart sont très difficiles d’accès non seulement { cause de la congestion aux heures de pointe (mais pas uniquement) et à cause d’une mauvaise signalisation. Ces éléments ont d’ailleurs pu être confirmés, ils seront vus plus loin dans ce sujet, que ce soit dans l’étude de la zone artisanale de Ravine Creuse même, ou dans l’étude de 3 autres zones d’activités de la Commune. Enfin, la zone d’activités de Ravine Creuse est citée de cette façon : « Créée en 1991, elle s’est développée dans les anciens locaux de l’usine sucrière sans aménagement d’ensemble. Cette zone artisanale de 4 hectares est accessible depuis la RD 47 par l’Est mais est mal reliée { l’Ouest. Depuis la Cressonnière, la ZA est accessible uniquement par un ensemble d’habitation. La vitrine économique de cette zone n’a pas été soignée et le développement au coup par coup fait défaut à la zone. » Ce passage introduit déjà certaines difficultés que rencontre la zone, et qui seront détaillées un peu plus loin dans ce projet.
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : Présentation générale du projet
I) Définition du sujet et objectifs
II) Méthode de travail
III) Description du site étudié
A/ La Réunion
B/ Saint André
C/ Ravine Creuse
PARTIE II : Diagnostic ciblé
I) Quelques éléments de l’Histoire sucrière de la Réunion et de Ravine Creuse
II) La zone artisanale de Ravine Creuse aujourd’hui
A/ Localisation et vue d’ensemble
B/ Caractéristiques générales
C/ Contraintes et règlementations en vigueur sur le territoire d’étude
D/ Etude des activités présentes et du bâti correspondant
E/ Etude des réseaux
F/ Etude de perceptions et de représentations
G/ Atouts et Faiblesses
III) Les autres zones d’activités de Saint André
A/ Localisation des zones
B/ Zone artisanale Maunier
C/ Zone de la Cocoteraie
D/ Zone Andropolis
E/ Synthèse
IV) Rappel de quelques-uns des enjeux à prendre en compte
PARTIE III : Solutions envisagées
I) Avant-propos
II) Toute une signalétique à mettre en place
III) Des voiries à repenser
IV) Des parkings à implanter, une meilleure desserte de bus à concevoir
A/ Les parkings
B/ Les bus
V) Un Environnement à respecter et à apprécier
A/ Une zone à entretenir
B/ Un espace vert à implanter, de la végétation à planter
VI) Une cheminée à mettre en valeur, une histoire à rappeler
VII) Un bâti à rénover et à repeindre, des activités à conserver
A/ Bâti repeint en couleur
B/ Bâtiment des Transports Carpaye et du magasin Gamm Vert
VIII) Un bâti dans le style « cases créoles »
A/ Un patrimoine historique et architectural côtoyant la modernité
B/ Une entreprise de construction de cases créoles
IX) Une vie nouvelle à donner aux bâtiments municipaux
X) Un espace de rencontre à créer
Conclusion
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