Les grands travaux d’aménagement du 19e et du 20e siècle ont eu des impacts forts sur les cours d’eau. Leurs cours ont été rectifiés pour la navigation et pour le remembrement des parcelles agricoles. Les impacts de ces aménagements sont conséquents : incision du fond du lit accélérée, colmatage du substrat, uniformisation des écoulements, destruction d’habitats, intensification des inondations, dégradation de la qualité de l’eau, rupture de la continuité écologique (BIOTEC & Malavoi J.R., 2007). Depuis les années 2000, une prise de conscience a engendré une prise en compte de ces impacts dans la règlementation européenne et nationale. La Directive Cadre sur l’eau de 2000 définit des objectifs d’atteinte du bon état écologique des masses d’eau. Ces derniers sont intégrés aux documents de planification de la politique de l’eau tels que le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) et le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Pour y répondre, des Contrats Territoriaux pour les Milieux Aquatiques (CTMA) et des Contrats Territoriaux de Bassin Versant (CTBV) sont adoptés dans les syndicats de bassin versant et ont pour vocation de permettre la réalisation d’actions de restauration de cours d’eau. Un travail collaboratif entre un panel d’acteurs (agriculteurs, élus, financeurs, techniciens) est nécessaire pour la réalisation de travaux durables.
C’est dans ce contexte que le Syndicat Intercommunal du Bassin Versant du Chevré agit pour la préservation de la masse d’eau de son territoire qui se situe à l’est de Rennes, en Bretagne. Sousbassin de la Vilaine et du grand bassin hydrographique Loire-Bretagne, le bassin du Chevré s’étend sur 180 km2 . Un CTMA a été élaboré sur la période 2017-2021 dans le but d’atteindre les objectifs fixés par le SDAGE Loire-Bretagne et plus localement par le SAGE Vilaine. D’après le programme pluriannuel fixé, deux cours d’eau doivent être restaurés en 2018 : le Ruisseau de l’Etang et le cours d’eau Bertry ainsi que trois de ses affluents (La Touche Ronde, l’Etang de la Chaine et la Hantelle).
La restauration morphologique de ces cours d’eau, classés prioritaires par l’étude préalable, demande une succession de démarches à mettre en place. La concertation avec les riverains et les exploitants, l’expertise de terrain, les propositions d’aménagements ou encore le suivi du chantier et l’étude budgétaire sont nécessaires afin de réaliser des travaux de restauration efficaces et pérennes. Les grands objectifs du stage étaient de mener à bien ces missions afin que les travaux de restauration soient réalisés cette année, en cohérence avec les exigences du marché public et le budget attribué. Dans le même temps, des suivis biologiques (IBG-DCE ; IPR) ont été réalisés sur le bassin afin d’apprécier l’impact des travaux de restauration sur la qualité de l’eau, des habitats et des espèces qu’ils abritent. Une brève présentation de la structure introduira le présent rapport. Le contexte général et les enjeux du CTMA seront définis ainsi que les objectifs du stage. Ensuite, les besoins techniques et matériels nécessaires à l’étude seront expliqués. Les résultats seront présentés à l’aide de documents graphiques. Une discussion permettra d’analyser la pertinence des actions menées et d’en déceler les forces et les contraintes. Les travaux de restauration n’ayant eu lieu que sur le Ruisseau de l’Etang à cette date, seules les spécificités techniques prévues sur le cours d’eau du Bertry et ses affluents seront expliquées. Ce cours d’eau sera restauré au mois de septembre. Ce document ne constitue pas un rapport scientifique mais technique.
PRESENTATION DE LA STRUCTURE
Créé en 1980, le Syndicat du Chevré était alors un Syndicat de rivière. Il avait pour vocation l’amélioration de l’utilisation du patrimoine hydraulique du Chevré et de ses affluents. L’aménagement et l’entretien des cours d’eau en constituaient les principales actions. Durant les années 2000, les compétences et les objectifs du Syndicat, devenu alors un Syndicat de bassin versant, ont évolué vers la gestion et la préservation du patrimoine hydraulique et des milieux aquatiques associés. Les actions menées aujourd’hui visent à respecter la réglementation en vigueur et, notamment, à atteindre le bon état écologique des masses d’eau fixé par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE de 2000). Cela passe par la protection et l’amélioration de la qualité de l’eau afin de respecter les objectifs définis par le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) Loire-Bretagne et le Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) Vilaine. Le siège social du Syndicat du Chevré est situé à Val d’Izé, une des huit communes présente sur le bassin versant. Le comité syndical est composé de représentants (élus) de chacune des trois intercommunalités sur lesquelles s’étend le territoire du syndicat (Annexe 1). Thierry Travers en est son président et Frédéric Reichert le vice-président. Une équipe technique a en charge la mise en place des actions du contrat territorial. Elle est composée d’une animatrice-coordinatrice, Florence Casanova, en charge de la gestion des actions sur le bassin versant. Ses missions sont variées puisqu’elle s’occupe aussi bien des actions concernant les milieux aquatiques que les activités agricoles, mais aussi la communication auprès des collectivités et de la population pour la sensibiliser à la protection de l’environnement et à la gestion des milieux aquatiques. L’équipe technique compte également une animatrice rivière/bocage, Lévana Allain, qui est en charge des actions sur les milieux aquatiques d’une part et sur le programme Breizh bocage d’autre part. Intégré en 2011 aux actions du Syndicat, ce programme répertorie, évalue et met en place des solutions pour préserver et restaurer les haies bocagères autour des parcelles à l’échelle de la Bretagne. Maëva Bouvet traite les finances du Syndicat. C’est au sein de cette équipe que j’évolue, en appui aux deux animatrices.
Présentation du bassin versant du Chevré
PRESENTATION GENERALE ET LOCALISATION
Le bassin versant du Chevré (Figure 2) se situe en Bretagne, dans le département d’Ille-et-Vilaine, entre Rennes, Vitré et Fougères. Il fait partie du bassin de la Vilaine, lui-même intégré au bassin hydrographique Loire-Bretagne. Sa superficie totale est de 180 km2 . D’abord appelé « la Veuvre » depuis sa source à Saint-Christophe-des Bois, le cours d’eau prend le nom de « Chevré » au 2/3 de son parcours avant de se jeter dans la Vilaine (Figure 3). Il reçoit de nombreux affluents tout au long de son parcours dont les deux principaux sont le Changeon et la Barbotais. Le linéaire total de cours d’eau est de 178 km ce qui correspond à une densité d’1 km de cours d’eau/km2 de bassin versant.
TERRITOIRE COMMUNAL
Le bassin versant du Chevré s’étend sur trois intercommunalités (Annexe 3) : Rennes Métropole, Vitré Communauté, Liffré-Cormier Communauté et huit communes (Figure 3) : Acigné, Dourdain, La Bouëxière, Liffré, Livré-sur-Changeon, Mecé, Saint Christophe-des-Bois, Val d’Izé. La population présente sur le bassin versant est de 24 805 habitants. La densité de population entre les communes est très variable. En amont du bassin, les communes rurales ont une densité assez faible (20 à 60 hab./km2 ) tandis que les communes plus en aval, proches de l’agglomération Rennaise, accueillent une densité de population plus importante (100 à 200 hab./km2 ) (SEEGT, 2010). L’assainissement des eaux est principalement assuré par deux stations d’épuration de type boues activées, présentes dans la partie aval du bassin versant. Des systèmes de lagunage naturel sont utilisés pour épurer les eaux dans les stations à plus faible capacité.
OCCUPATION DU SOL
Le bassin du Chevré est un milieu rural où les terres arables, les prairies et les zones agricoles hétérogènes sont largement dominantes (71,6% du territoire) (Figure 4). Les trois principales cultures du territoire sont dans l’ordre : prairies, maïs, céréales à paille (avoine, blé, orge) (données PAC 2016). Néanmoins, depuis 2014 une augmentation de la surface des cultures annuelles (+ 12,1%) a été observée au détriment des prairies (- 11,7%) (EPTB Vilaine, 2018). Les zones boisées occupent 22,5% de la surface totale du bassin versant contre 3.8% par les zones urbanisées et industrielles (Corine Land Cover 2012).
HYDROGEOLOGIE
Les précipitations moyennes annuelles dans la région sont de 800 mm/an. Le régime hydrologique est de type pluvial (océanique) avec une période de hautes eaux en hiver et de basses eaux en été (Figure 5). Le régime d’écoulement des eaux est très irrégulier tout au long de l’année avec des variations journalières et mensuelles importantes induites notamment par la nature du sol. L’essentiel du bassin versant repose sur un socle constitué de schistes (SEEGT, 2010). Cette roche imperméable influence fortement le régime hydrologique des cours d’eau du bassin versant en constituant un très modeste aquifère. Une faible capacité de stockage d’eau au niveau des sols et du sous-sol, induisant un fort ruissèlement et une augmentation rapide des débits par temps de pluie, a été observée. A contrario, en période d’étiage les cours d’eau ne sont pas réalimentés par les nappes d’eau souterraines et les débits sont très faibles.
|
Table des matières
1. Introduction
2. Présentation de la structure
3. Matériel et méthodes
3.1 Présentation du bassin versant du Chevré
3.2 Contexte réglementaire
3.3 Objectifs du stage
3.4 Diagnostic pré-travaux
3.5 Lancement des travaux
3.6 Réalisation des travaux
3.7 Suivis biologiques
4. Résultats
4.1 Travaux réalisés sur le Ruisseau de l’Etang
4.2 Travaux complémentaires réalisés sur le Bertry
4.3 Suivis biologiques
5. Discussion
5.1 Interprétation des résultats
5.2 Analyse des contraintes rencontrées
Conclusion
Bibliographie
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des Annexes
Annexes
Télécharger le rapport complet